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EAN : 9782330060541
176 pages
Actes Sud (02/03/2016)
3.67/5   84 notes
Résumé :
Un soir d’hiver, dans un RER qui traverse la capitale et file vers une lointaine banlieue au nord-ouest de Paris. Réunis dans une voiture, sept passagers sont plongés dans leurs rêveries, leurs souvenirs ou leurs préoccupations. Marie s’est jetée dans le train comme on fuit le chagrin ; Alain, qui vient de s’installer à Paris, va retrouver quelqu’un qui lui est cher ; Cigarette est revenue aider ses parents à la caisse du bar-PMU de son enfance ; Chérif rentre dans ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 84 notes
Un froid glacial de février. Des rues grises et détrempées. Des quais quasi-déserts que la nuit enveloppe. Au loin, le sifflement du RER, strident.
Marie, une jeune femme, fonce dans le couloir, dévale les escaliers et s'engouffre dans la rame avant que les portes ne se referment. Elle traverse le wagon vide et s'installe près d'une fenêtre vers laquelle sa tête se tourne. Elle ne tarde pas à s'assoupir, bercée par l'écoulement des rails. Que fuit-elle ainsi ? À quoi pense-t-elle, étrangère au monde qui l'entoure ? Alain, une fois installé sur son siège, remarque aussitôt cette jeune femme blonde. Il faut dire que son manteau rouge détonne dans ce paysage tout gris. Un rouge qui lui rappelle la Provence qu'il a quittée. Depuis quelques mois, il vit dans le gris de Paris. Aujourd'hui impatient de retrouver sa fille. Tout plongé qu'il est dans sa grille de sudokus, il ne remarque pas la jeune femme longiligne qui entre, quelques stations plus loin, et s'installe derrière lui. Cigarette retrouve la banlieue, qu'elle a toujours rêvé de quitter, et le café de ses parents. le RER poursuit sa trajectoire et c'est au tour de Chérif, tête enfouie dans sa capuche, de pénétrer dans la rame, l'air inquiet et l'oeil vissé sur son portable. Laura, quand à elle, quitte son bureau plus tôt. Comme tous les mardis. Elle prend le RER pour se rendre à la clinique. Un rendez-vous que son entourage ignore. Elle s'assoit au fond du wagon, suivie de près par Liad, un Israëlien qui a quitté son pays le matin même et qui remarque l'élégance de Laura. Franck pénètre à son tour, engoncé et étriqué dans son pull, râlant intérieurement, obligé d'emprunter le RER depuis qu'il a perdu son permis...

Ils sont sept dans cette rame de métro qui quitte, immuablement, Paris pour rejoindre la banlieue. Une banlieue presque immobile, des rues tristes et désertes, des immeubles haut perchés. Ici et là quelques voitures sous une pluie fine qui glace le coeur et les âmes. Un paysage mat et trouble dans lequel se perdent et se confondent ces sept voyageurs. Marie, Alain, Cigarette, Chérif, Laura, Liad et Franck ne se connaissent pas, ne se sont sûrement jamais croisés. Et pourtant, ils sont là, tous ensemble mais ô combien seuls. Marie qui semble fuir sa vie, Alain qui regrette son passé, Cigarette qui voudrait construire son futur et Chérif qui redoute le sien, Liad qui croit en un avenir meilleur et enfin Franck, étriqué dans son présent. Au fil des stations, du temps qui passe, imperturbable, le profil de chacun se dessine. Des regrets, des désillusions, des erreurs, des rancoeurs, des frustrations ou encore des inquiétudes refont surface. C'est dans ce wagon qui les emmène vers un ailleurs incertain, telle une parenthèse, que chacun repense à sa propre vie. Des vies somme toute ordinaires, faites de lumières et d'ombres. À fleur de peau, Anne Collongues dépeint, avec sensibilité et une justesse, des portraits touchants, profondément intimes et délicats, des moments ordinaires de la vie qui, sous nos yeux, deviennent rares et précieux. Un roman tel un tableau de ces vies que l'on croise sans regarder, de ces êtres que l'on aperçoit à peine et de ces solitudes si ancrées. L'écriture, gracile, presque fragile, insuffle un vent de mélancolie.
Un roman sensible et saisissant.
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Un wagon de RER qui surgit hors de la nuit ,
Court vers la banlieue au galop ...

A bord, ce ne sont pas des héros , juste des hommes et des femmes que le hasard a réuni pour un bref instant mais qui ressemble à une petite vie en raccourci, et qui même s'ils s'épient , restent chacun dans leur bulle .

Ce trajet dans un paysage gris et pluvieux où tout se fond et s'obscurcit , bercé par le ronronnement des roues, troublé par le reflet sur la vitre qui renvoie une image déformée, scrutateur sans pitié, déclenche pour chaque passager une rétrospection pour la plupart douloureuse, c'est le moment où les souvenirs affluent , parfois anciens , de ceux qu'on avait eu du mal à enfouir et qui reviennent comme une gifle .

Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie, chacun se pose la question et entraine le lecteur dans cette même interrogation ?

Anne Collongues par petites touches donne la parole à ces 7 passagers : des vies chaotiques, des événements tragiques et au bout, souvent des impasses.

Beaucoup de mélancolie dans ce huis clos muet .

Puis, au fur et à mesure que les voyageurs avancent vers leur destination, le rythme s'accélère, les récits se bousculent, se mélangent, s'entrechoquent , on range fébrilement ses pensées comme on rangerait ses bagages avant l'arrivée imminente sur le quai, fort des résolutions prises, une lueur d'espoir ou le bout du tunnel , on n'en saura pas plus et c'est bien comme cela.

Le lecteur aussi débarque sur le quai, un peu ébouriffé par ce moment intime , un peu triste aussi d'avoir quitté ce wagon mais un autre roman l'attend, un nouveau départ vers une destination inconnue ...
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Ce qui nous sépare de Anne COULLONGUES



Un soir dans un RER, sept personnes rêvent, s'observent, réfléchissent, se souviennent. Il y a Marie et son chagrin, Cigarette qui va retrouver ses parents, Alain qui vient s'installer à Paris, Chérif qui rentre chez lui, dans sa banlieue après une journée de travail, Laura qui comme chaque mardi va dans une clinique, Liad qui arrive d'israel et Franck qui rentre chez lui.
Cela créé un roman où chaque personnage va vers son destin et nous dessine des tranches de vie aussi différentes que réalistes.
C'est beau, c'est bien écrit. J'ai eu parfois du mal à rester dedans et je m'y suis même perdu, ayant quelques difficultés à suivre et à passer d'un personnage à l'autre.

Extraits :

C'est seulement quand il a posé son bagage sur le tapis roulant pour qu'il soit enregistré que sa mère, remarquant l'inscription, s'est soudain affolée : mais pourquoi as - tu pris ce sac - là ? - faisant tourner vers eux plusieurs têtes de la file d'attente. Je t'ai dit pourtant de cacher tout signe d'identité ! de ne pas parler Hébreu dans la rue, de ne pas dire aux gens d'où tu viens. Regarde, c'est écrit en grand sur ton sac. C'est pas croyable.


C'était si simple de parler à Céline, si doux de la taquiner puisqu'elle avait été d'emblée dans leur quotidien, chez les parents, là où il ne pouvait rien cacher. Dans l'intimité qu'on ne partage pas avec les potes parce que ça ne s'accorde pas avec la virilité et cette image est dure à entretenir.

Aujourd'hui que reste - t- il de ce qu'ils partageaient avant ? Pas même l'étreinte sans laquelle ils n'auraient jamais pu s'endormir. À quoi pense - t - il de son côté du lit ? À quoi pêne - t - il quand il prend le RER le matin pour aller en cours ?

Des citernes, des cheminées, des graffitis, les voies soudain s'élargissent, les rails se dédoublent, se multiplient, des pylônes, des dizaines et des câbles, le bruit du train sur les rails, le silence dans le wagon. Et puis l'espace se rétrécit, de nouveau il n'y a plus qu'une voie, ces deux parallèles de fer, le RER accélère, trace droit.



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Un soir dans un RER, sept personnes rêvent, s'observent, réfléchissent, se souviennent. Il y a Marie et son chagrin, Cigarette qui va retrouver ses parents, Alain qui vient s'installer à Paris, Chérif qui rentre chez lui, dans sa banlieue après une journée de travail, Laura qui comme chaque mardi va dans une clinique, Liad qui arrive d'israel et Franck qui rentre chez lui.
Cela créé un roman où chaque personnage va vers son destin et nous dessine des tranches de vie aussi différentes que réalistes.
C'est beau, c'est bien écrit. J'ai eu parfois du mal à rester dedans et je m'y suis même perdu, ayant quelques difficultés à suivre et à passer d'un personnage à l'autre.

Extraits :

C'est seulement quand il a posé son bagage sur le tapis roulant pour qu'il soit enregistré que sa mère, remarquant l'inscription, s'est soudain affolée : mais pourquoi as - tu pris ce sac - là ? - faisant tourner vers eux plusieurs têtes de la file d'attente. Je t'ai dit pourtant de cacher tout signe d'identité ! de ne pas parler Hébreu dans la rue, de ne pas dire aux gens d'où tu viens. Regarde, c'est écrit en grand sur ton sac. C'est pas croyable.


C'était si simple de parler à Céline, si doux de la taquiner puisqu'elle avait été d'emblée dans leur quotidien, chez les parents, là où il ne pouvait rien cacher. Dans l'intimité qu'on ne partage pas avec les potes parce que ça ne s'accorde pas avec la virilité et cette image est dure à entretenir.

Aujourd'hui que reste - t- il de ce qu'ils partageaient avant ? Pas même l'étreinte sans laquelle ils n'auraient jamais pu s'endormir. À quoi pense - t - il de son côté du lit ? À quoi pêne - t - il quand il prend le RER le matin pour aller en cours ?

Des citernes, des cheminées, des graffitis, les voies soudain s'élargissent, les rails se dédoublent, se multiplient, des pylônes, des dizaines et des câbles, le bruit du train sur les rails, le silence dans le wagon. Et puis l'espace se rétrécit, de nouveau il n'y a plus qu'une voie, ces deux parallèles de fer, le RER accélère, trace droit.



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Un soir dans un RER, sept personnes rêvent, s'observent, réfléchissent, se souviennent. Il y a Marie et son chagrin, Cigarette qui va retrouver ses parents, Alain qui vient s'installer à Paris, Chérif qui rentre chez lui, dans sa banlieue après une journée de travail, Laura qui comme chaque mardi va dans une clinique, Liad qui arrive d'israel et Franck qui rentre chez lui.
Cela créé un roman où chaque personnage va vers son destin et nous dessine des tranches de vie aussi différentes que réalistes.
C'est beau, c'est bien écrit. J'ai eu parfois du mal à rester dedans et je m'y suis même perdu, ayant quelques difficultés à suivre et à passer d'un personnage à l'autre.

Extraits :

C'est seulement quand il a posé son bagage sur le tapis roulant pour qu'il soit enregistré que sa mère, remarquant l'inscription, s'est soudain affolée : mais pourquoi as - tu pris ce sac - là ? - faisant tourner vers eux plusieurs têtes de la file d'attente. Je t'ai dit pourtant de cacher tout signe d'identité ! de ne pas parler Hébreu dans la rue, de ne pas dire aux gens d'où tu viens. Regarde, c'est écrit en grand sur ton sac. C'est pas croyable.


C'était si simple de parler à Céline, si doux de la taquiner puisqu'elle avait été d'emblée dans leur quotidien, chez les parents, là où il ne pouvait rien cacher. Dans l'intimité qu'on ne partage pas avec les potes parce que ça ne s'accorde pas avec la virilité et cette image est dure à entretenir.

Aujourd'hui que reste - t- il de ce qu'ils partageaient avant ? Pas même l'étreinte sans laquelle ils n'auraient jamais pu s'endormir. À quoi pense - t - il de son côté du lit ? À quoi pêne - t - il quand il prend le RER le matin pour aller en cours ?

Des citernes, des cheminées, des graffitis, les voies soudain s'élargissent, les rails se dédoublent, se multiplient, des pylônes, des dizaines et des câbles, le bruit du train sur les rails, le silence dans le wagon. Et puis l'espace se rétrécit, de nouveau il n'y a plus qu'une voie, ces deux parallèles de fer, le RER accélère, trace droit.




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Un soir dans un RER, sept personnes rêvent, s'observent, réfléchissent, se souviennent. Il y a Marie et son chagrin, Cigarette qui va retrouver ses parents, Alain qui vient s'installer à Paris, Chérif qui rentre chez lui, dans sa banlieue après une journée de travail, Laura qui comme chaque mardi va dans une clinique, Liad qui arrive d'israel et Franck qui rentre chez lui.
Cela créé un roman où chaque personnage va vers son destin et nous dessine des tranches de vie aussi différentes que réalistes.
C'est beau, c'est bien écrit. J'ai eu parfois du mal à rester dedans et je m'y suis même perdu, ayant quelques difficultés à suivre et à passer d'un personnage à l'autre.

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C'est seulement quand il a posé son bagage sur le tapis roulant pour qu'il soit enregistré que sa mère, remarquant l'inscription, s'est soudain affolée : mais pourquoi as - tu pris ce sac - là ? - faisant tourner vers eux plusieurs têtes de la file d'attente. Je t'ai dit pourtant de cacher tout signe d'identité ! de ne pas parler Hébreu dans la rue, de ne pas dire aux gens d'où tu viens. Regarde, c'est écrit en grand sur ton sac. C'est pas croyable.


C'était si simple de parler à Céline, si doux de la taquiner puisqu'elle avait été d'emblée dans leur quotidien, chez les parents, là où il ne pouvait rien cacher. Dans l'intimité qu'on ne partage pas avec les potes parce que ça ne s'accorde pas avec la virilité et cette image est dure à entretenir.

Aujourd'hui que reste - t- il de ce qu'ils partageaient avant ? Pas même l'étreinte sans laquelle ils n'auraient jamais pu s'endormir. À quoi pense - t - il de son côté du lit ? À quoi pêne - t - il quand il prend le RER le matin pour aller en cours ?

Des citernes, des cheminées, des graffitis, les voies soudain s'élargissent, les rails se dédoublent, se multiplient, des pylônes, des dizaines et des câbles, le bruit du train sur les rails, le silence dans le wagon. Et puis l'espace se rétrécit, de nouveau il n'y a plus qu'une voie, ces deux parallèles de fer, le RER accélère, trace droit.




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Un soir dans un RER, sept personnes rêvent, s'observent, réfléchissent, se souviennent. Il y a Marie et son chagrin, Cigarette qui va retrouver ses parents, Alain qui vient s'installer à Paris, Chérif qui rentre chez lui, dans sa banlieue après une journée de travail, Laura qui comme chaque mardi va dans une clinique, Liad qui arrive d'israel et Franck qui rentre chez lui.
Cela créé un roman où chaque personnage va vers son destin et nous dessine des tranches de vie aussi différentes que réalistes.
C'est beau, c'est bien écrit. J'ai eu parfois du mal à rester dedans et je m'y suis même perdu, ayant quelques difficultés à suivre et à passer d'un personnage à l'autre.

Extraits :

C'est seulement quand il a posé son bagage sur le tapis roulant pour qu'il soit enregistré que sa mère, remarquant l'inscription, s'est soudain affolée : mais pourquoi as - tu pris ce sac - là ? - faisant tourner vers eux plusieurs têtes de la file d'attente. Je t'ai dit pourtant de cacher tout signe d'identité ! de ne pas parler Hébreu dans la rue, de ne pas dire aux gens d'où tu viens. Regarde, c'est écrit en grand sur ton sac. C'est pas croyable.


C'était si simple de parler à Céline, si doux de la taquiner puisqu'elle avait été d'emblée dans leur quotidien, chez les parents, là où il ne pouvait rien cacher. Dans l'intimité qu'on ne partage pas avec les potes parce que ça ne s'accorde pas avec la virilité et cette image est dure à entretenir.

Aujourd'hui que reste - t- il de ce qu'ils partageaient avant ? Pas même l'étreinte sans laquelle ils n'auraient jamais pu s'endormir. À quoi pense - t - il de son côté du lit ? À quoi pêne - t - il quand il prend le RER le matin pour aller en cours ?

Des citernes, des cheminées, des graffitis, les voies soudain s'élargissent, les rails se dédoublent, se multiplient, des pylônes, des dizaines et des câbles, le bruit du train sur les rails, le silence dans le wagon. Et puis l'espace se rétrécit, de nouveau il n'y a plus qu'une voie, ces deux parallèles de fer, le RER accélère, trace droit.





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Belle maîtrise pour ce premier roman. Une langue fluide, des personnages fouillés à la psychologie fine, un fil conducteur original. Je me suis régalée, portée par le talent narratif de l'auteure qui dessine à l'aide de traits fins un petit monde de gens ordinaires et pourtant singuliers. Vous, moi, ceux que nous côtoyons tous les jours. Passionnant.

Un wagon de RER, quoi de plus impersonnel ? Sur fond de paysages de banlieues-dortoirs, on s'y croise sans se voir, on y affiche un masque qui tient les autres à distance, on y est anonyme parmi les anonymes. Et pourtant, derrière les visages lisses et fermés, il y a des vies, des désirs, des souffrances. Sous les bonnets et les casques audio, des pensées affluent, s'agitent, s'étirent. Dans ce wagon, ils sont sept passagers, ne se connaissent pas, empruntent ce train pour des raisons et dans des états d'esprit éminemment différents. Marie, Laura, Alain, Cigarette, Chérif, Liad, Franck. Au gré des mouvements et des arrêts, leurs esprits vagabondent et leurs vies défilent entre volonté de fuir, espoir de renouveau, tristesse, regrets, peurs, envies d'ailleurs.

Ce wagon les rassemble pour un court moment et leur offre une sorte de sas de décompression, une parenthèse hors du temps et loin de leurs contraintes si pesantes. Comme un refuge. L'occasion de faire le point, de repenser à ce qui aurait pu être, à ce qui peut encore être, pourquoi pas ?

Anne Collongues nous offre un concentré d'humanité en posant un regard juste sur toutes ces vies rassemblées et pourtant livrées à elles-mêmes. Car chacun se retrouve seul face à ses choix. La communauté n'est qu'une illusion. Chacun peut sentir sur ses épaules un fardeau de culpabilité qu'il est seul à supporter. Au cours de ce trajet, certains destins pourront peut-être se modifier, des décisions se prendre, mais la solitude, elle, demeure.

Même si le sujet et le traitement sont très différents, je n'ai pu m'empêcher de penser pendant toute ma lecture au livre de Pierre Charras, Dix-neuf secondes qui continue à résonner en mois malgré les années. Je retrouve ici cette façon de soudain donner vie à celui qui nous semble anonyme au point que nous ne le regardons même pas. Celui avec lequel nous partageons pourtant la même planète. Cette façon aussi d'interroger le principe de destin. Et si… ?. Et si, dans ce wagon, quelqu'un avait parlé avec Marie ?...

Avec beaucoup de finesse, ce livre nous parle de notre solitude au milieu de la multitude. Et laisse planer un fin voile de tristesse sur ces quelques destinées à peine entrevues. C'est joliment fait, très convaincant et sacrément agréable à lire.

« On peut essayer d'interpréter les apparences, y associer des occupations, des caractères, mais ce que chacun pense, ressent, rêve, toute cette agitation invisible, cela reste mystérieux et inaccessible, aussi intime soit l'autre (…). »
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Au gré de récentes lectures de critique sur Babelio, j'ai découvert le terme de "littérature blanche". Si j'ai bien compris, "Ce qui nous sépare" en fait partie.
Un soir, région parisienne, dans une rame de RER ...
Sept passagers ...
Aucun ne se connaît, aucune parole ne sera échangée ...
Et pourtant, tous sont si proches.
Proches les uns des autres, à travers un simple regard échangé, les préjugés sur ce jeune homme basané qui vient de monter dans le wagon, les gestes nerveux de tel autre, l'apparente mélancolie de cette jeune fille ...
Proches de nous, aussi, surtout. Qui n'a jamais fait cette expérience, de s'imaginer la vie de compagnons d'un instant ... Ou de se demander ce que son voisin de banquette pense, de ma lecture, de ma barbe de trois jours, de mon sourire béat ...
Anne Collongues, dans ce court roman, excelle à donner vie à ses personnages, à leurs pensées. Par petites touches imperceptibles, par saut de puce d'un personnage à l'autre, elle décrit une humanité vibrante, pleine de douleurs, de petites joies aussi. Même si il faut bien reconnaître qu'il vaut mieux ne pas être trop mélancolique avant de prendre ce RER ...
Mais malgré cette tristesse qui s'installe, par la grâce de mots ciselés par l'auteur (l'autrice ?), c'est la vie qui s'étale devant nos yeux. Parce que Anne Collongues décrit notre humanité.
Et on laisse à regret les passagers, sans avoir de réponse à toutes les questions, les interrogations qui sont les leurs ...
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critiques presse (1)
Culturebox
06 avril 2016
Premier roman virtuose d'Anne Collongues.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Il faudrait un interrupteur pour éteindre les villes, le soir à heure dite tout le pays serait plongé dans le noir comme lorsqu'on éteint la lumière dans la chambre des enfants en leur souhaitant bonne nuit et qu'au plafond sont révélées les étoiles phosphorescentes invisibles en journée. À neuf heures bonsoir, comme disait l'allumeur de réverbères, la nuit serait rendue à la nuit. Mais la consigne a changé. Le monde reste allumé jour et nuit. Il n'y a plus ni repos, ni noir, ni silence et quelque chose même en dormant dans la tête continue de grésiller.
Commenter  J’apprécie          290
Ils sont rares les jours où elle se plaît. Dans le miroir ne voit que ce qu'elle aimerait changer. Hier elle a remarqué que ses oreilles n'étaient pas exactement à la même hauteur, c'est épuisant cette obsession. Laura tente parfois de se raisonner, c'est superficiel et idiot, on lui a souvent dit qu'elle était jolie, mais c'est plus fort qu'elle, elle jalouse les autres filles comme Marie qu'elle examine de la tête aux pieds : jean informe, sac de collégienne, aux pieds de vieilles Converse, et le caban rouge bon marché ; c'est le privilège des jolies de pouvoir s'habiller avec négligence. La décontraction réhausse la beauté.
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Ils avaient descendu la première tournée de bières debout au comptoir, venaient de commander deux autres verres quand, en la contournant pour aller aux toilettes, il avait posé sa main sur le creux de sa taille. Ce geste, comme si elle était déjà à lui, aurait pu la raidir, l'avait surtout décontenancée, et séduite aussi par sa fermeté, par le courage des devants qu'il prenait. Cette main mettait en place toute une machinerie, celle des gestes qui se suivent et savent où ils vont, qu'il fallait arrêter maintenant d'une réaction claire, ou bien qui continuerait leur cours vers une fin connue d'avance.
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Cela n’arrivait qu’une fois l’an et Alain guettait dès avril le moment de l’éclosion. Le matin où il découvrait les champs devenus vermillon pendant la nuit, c’était chaque année la même agitation, les mêmes gestes devenus rituels avec le temps. Il s’approchait du lit, murmurait à l’oreille d’Hélène encore endormie, c’est le jour des coquelicots, ce qui faisait affleurer sur son visage un sourire qu’elle esquissait sans ouvrir les yeux. D’un pas rapide il sortait de la chambre, depuis le couloir ameutait les enfants, Aurore, Lucas, debout!, devançant la sonnerie du réveil de presque une heure. Sans leur laisser le temps de mettre leurs chaussons, il les pressait, vite, vite, allez, jusqu’à la chambre ou Hélène se levait en le regardant, amusée, glisser une chaise sous la fenêtre et y jucher les enfants, pour qu’ils voient, malgré leurs yeux encore gonflés, les coquelicots fleuris. Vous avez vu comme c’est beau !
Ensuite c’était la course, pas question de regarder les dessins animés, il se rappelle leurs plaintes, attends, papa, j’ai pas fini mon lait, qu’il n’écoutait pas, trop impatient de les emmener voir les champs avant de les déposer à l’école, dépêchez-vous, je vous achèterai un pain au chocolat sur la route. Dans la hâte, ils oubliaient le sac de sport pour l’après-midi ou un cahier sur le buffet du salon.
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Pendant quelques secondes la lumière du dehors éblouit Marie, ses yeux se plissent légèrement, mais ne se détournent pas. C'est fou ce qu'on peut avoir encore d'enfantin au début de la vingtaine, les joues surtout, alors que c'est le moment où l'on est le plus certain d'être adulte. On ne remarque cette rondeur que des années après, quand la distance entre soi et celui de la photo donne l'impression de regarder quelqu'un d'autre.
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