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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En mai 2022, le père de Nina est admis en soins palliatifs au centre Jeanne-Garnier, dans la chambre 119 ; il est entouré de sa femme et de ses deux filles et il va y séjourner pendant une dizaine de jours.

Cela va induire une réflexion de Nina sur la souffrance, la maladie, la mort, le deuil mais en parallèle les souvenirs d'enfance remontent à la surface. Elle évoque ainsi cet homme brillant et cultivé qu'est son père, l'exil, car il a dû quitter son pays natal, l'Algérie, au moment où sévissait la violence.

Elle évoque aussi ses absences, elle guettait ses retours avec impatience, car comme elle le dit si bien il était « l'homme de sa vie », et ce sera le seul en fait, celui qui l'a aidée à se construire. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait dès le plus jeune âge pour qu'il soit fier d'elle, même s'il l'a élevée en garçon.

Nina Bouraoui parle de ce « grand seigneur » avec tendresse et respect, évoquant au passage l'exil, le déracinement, le couple qu'il formait avec sa mère, Bretonne, la double culture, et également son homosexualité et comment il la percevait.

Elle livre dans ce récit intimiste la progression vers la fin de vie, la manière dont son père est devenu l'ombre de lui-même, rongé par la maladie, ainsi que ses réactions vis-à-vis de la mort qui approche, ainsi que toutes les démarches qui accompagnent : choisir « la tenue » organiser le grand départ.

J'ai été touchée par sa pudeur aussi, quand elle n'ose pas le toucher ou quand elle lui parle, ainsi que la relation qui se noue avec Georges dont la soeur occupe la chambre d'en face et ne veut plus se battre.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a permis de découvrir la plume de Nina Bouraoui et je vais rester dans la même thématique avec « Kaddour » de Rachida Brakni.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m'ont permis de découvrir ce livre et la plume de son auteure.

#GrandSeigneur #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Dès les premières lignes, les mots de Nina Bouraoui bouleversent de sincérité et de tendresse. Son père est placé en soins palliatifs, cette “antichambre de la morgue, elle-même antichambre du cimetière “.

Et, pendant une dizaine de jours, lui et sa famille vont ensemble partager des moments d'une extrême intensité. L'écrivaine les évoque en même temps que les souvenirs ressurgissent !

Jeanne-Garnier a un étage particulier, le Sacré-Coeur. Non, rien à voir avec un quartier chargé d'histoire ! Juste un étage d'une maison médicale et surtout une chambre, celle du numéro 119, qui est devenue le lieu de l'agonie d'un homme, une chambre de souffrance et de douleur pour sa famille.

Les écrits de Nina Bouraoui s'attachent généralement aux thèmes du déracinement, de l'enfance et de l'homosexualité. Ayant hérité d'une double culture, algérienne par son père, bretonne par sa mère, l'écrivaine s'attache souvent par l'autofiction à analyser ses rapports au monde.

La perte d'un père
Au début, j'ai eu peur que les mots de Nina Bouraoui soient trop difficiles, ravivant des images qui font encore mal certains jours, ou, qu'ils ne soient présages de séparations redoutées. Et, puis, quelques bribes entendues sur une radio m'ont convaincue de ne pas faire l'impasse devant un tel texte. Alors je me suis plongée dans cet océan de signes !

Cet écrit où une écrivaine prend les seules armes qu'elle maîtrise pour apprivoiser la mort de son père m'a saisie. Je l'ai lu presque d'une traite, m'enfermant dans une coquille pour en goûter toutes les nuances. Difficile d'en décrire la portée générale, puisque chacun le recevra avec son intime singularité.

Pourtant, par l'amour des mots, Grand seigneur entraîne vers ce lien invisible et pudique entre une fille et son père en décrivant leurs histoires, leurs expériences et leurs vécus. Car, Nina Bouraoui réussit à nous hisser, hors de nos histoires.

Remerciant la virilité que cet homme lui a donnée, cette agonie lui permet de faire un travail de mémoire qu'elle partage. Car l'homme de plus en plus décharné, devenu mutique au fil des jours, ne ressemble pas à l'homme qu'il fut. Et ce sas, représenté par cette chambre, lui permet de rechercher d'autres images, d'autres souvenirs, d'autres présences qui lui ressemblent vraiment.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Un récit intime et d'une grande émotion. Dans ce livre, Nina Bouraoui évoque la fin de vie de son père entré en soins palliatifs en mai 2022. Elle revient sur ses souvenirs d'enfance, d'adolescence, de jeune femme dans les années 1980. Elle retrace l'histoire de son père, essaie d'imaginer ses pensées et le remercie pour ce qu'il a pu lui apporter. Au sein des souvenirs algériens et français, elle se confie également sur sa relation amoureuse avec A.

C'est un très bel hommage à son père, ce Grand Seigneur à la vie trépidante.

J'ai ressenti une forme d'apaisement dans ce livre. Habituellement, l'écriture est plus violente, plus vive. Ici, il y a beaucoup de tendresse et de douceur. Les mots deviennent des phares dans l'obscurité du deuil.

Pour faire face à la douleur, l'écriture est-elle un remède face aux blessures de la perte d'un père, et plus largement d'un proche ? L'écriture, peut-elle réparer les maux par les mots ?

COUP DE COEUR !
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Ceux qui ont accompagné un proche savent ce que les soins palliatifs (hélas) représentent, cette “antichambre de la morgue, elle-même antichambre du cimetière “. Grand seigneur, c'est l'hommage poignant d'une fille à son père, c'est une déclaration de tendresse et de fidélité. Ce sont aussi des interrogations lorsque ce dernier emporte avec lui une part de ses secrets, son identité, le lien avec l'Algérie. Tout ce qui a permis à Nina Bouraoui de devenir la femme qu'elle est. Oui, il y a de la gratitude, au-delà d'une certaine admiration.
Voici un texte sobre, douloureux, délicat qui mérite d'être lu.
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Les inconsolables. Ceux qui sont amputés d'un parent.

Inconsolable, Nina Bouraoui le devient. Son père a fermé les yeux.

Son Grand Seigneur.

Cet homme charismatique, arborant souvent un long trench, et n'hésitant jamais à prendre la défense de sa fille.

À travers les souvenirs qu'elle partage, elle le fait revivre. Même si elle couche à nouveau sur le papier sa fin de vie, Nina Bouraoui offre à son père l'éternité.

Un récit poignant, que j'ai lu le coeur serré, jusqu'aux 20 dernières pages qui m'ont profondément bouleversée.
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Un témoignage émouvant d'une élégance rare.

Nina Bouraoui nous raconte les 10 derniers jours de son père, entré aux soins palliatifs de la maison médicale Jeanne Garnier, dans l'étage nommé le Sacré Coeur, celui des mourants.
C'est l'occasion d'évoquer la vie de cet homme toujours digne et élégant, de convoquer les souvenirs, d'Alger à Paris, de celui qui n'hésitait pas à réarranger les présentoirs de livres dans les magasins pour mettre en valeur celui de sa fille.
Nous suivons le quotidien "hors la vie normale" de la famille qui l'entoure dans cette chambre pleine d'amour et de tendresse.

C'est un très beau livre, aux mots justes, ciselés, toujours empreints d'une grande pudeur, d'une grande délicatesse, à l'image de Nina Bouraoui qui m'a beaucoup touchée et émue lors de son passage dans La Grande Librairie. J'ai eu la chance d'assister à l'enregistrement de l'émission à Marseille, au Mucem et je suis repartie, sûre que je lirais ce livre.
C'est un livre touchant, parfois bouleversant même, forcément, mais ce n'est pas un livre morbide.
A l'image du Livre de ma mère d'Albert Cohen, c'est un livre d'amour et de gratitude pour le parent disparu.
Ceux qui ont déjà vécu cette perte inconsolable seront touchés en plein coeur.
"La maladie, la mort bâtissent une communauté, celle des Inconsolables qui se reconnaissent, s'entraident, avancent main dans la main dans une obscurité étrangère à celui que le sort n'a pas frappé."

Merci Nina Bouraoui de nous avoir confié cette part si intime de votre vie, qui donne envie de vous étreindre.
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La fin de vie d'un proche, la fin de vie de son propre père, sommes nous prêt à ce bouleversement ?

L'autrice Nina Bouraoui nous livre un récit très personnel sur ces souvenirs auprès de son père, un regard aimant, bienveillant, auprès de ce père qu'elle doit aujourd'hui laissé partir, comment supporter de le voir different, si fragile, dans ce lit..dans cette chambre d'EHPAD...

Lui qui a toujours pris soin d'elle, lui si fort et charismatique...aujourd'hui c'est elle qui doit prendre soin de lui, et de sa mère qui restera à son chevet jour après jour, jusqu'à son dernier souffle.

La maladie, la fin de vie, l'amour et la mémoire d'un être proche..des thèmes difficiles qui ont fait écho en moi.

Je découvre cette autrice, à la plume directe, sans détours, qui m'a embarqué dans son récit de vie poignant!

Vous l'avez lu?
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 " le plus dur n'est pas la mort, c'est l'attente de cette mort. "

Nina Bouraoui écrit un texte bouleversant sur l'attente de la mort et le deuil. Sur l'amour d'un être qui est en train de devenir un étranger à lui-même. Sur le souvenir de ce Grand Seigneur qu'est son père. 

J'ai vraiment adoré Grand Seigneur, mais j'ai détesté le lire. Je m'explique, j'ai aimé parce que l'écriture de Nina Bouraoui est toujours aussi délicate et immersive, les mots choisis sont précis et la réalité de ses phrases résonne avec subtilité. le travail de mise en mots de ses souvenirs est vraiment incroyable. J'ai été chamboulée par les passages de ses incertitudes sur les souvenirs autant de son grand-père que de son père, des « histoires » et des actes qui colportés d'années en années par la parole deviennent des souvenirs qui peuvent faire preuve autant d'imagination que de vérité au bon vouloir de celui qui est près à les recevoir. 

Toutes ses réflexions sur le renoncement, la colère, la détresse et l'acceptation de la mort sont d'une grande intelligence ! Je garde en tête tout un passage sur sa conception de la vie qui résonne si fort et nous incite malgré nous à faire une liste de tous ces petits rien qui font que la vie est si belle dans son ensemble si on s'y attarde.  Un souffle qui nous rappelle de vivre ! (Pages 86/87)

Mais j'ai détesté car j'ai très mal vécu sa lecture. Je n'ai pas accompagné quelqu'un en fin de vie, mais j'ai le souvenir très précis, enfant, de ma mère et de ma grand-mère accompagnant mon grand-père mourir d'un cancer alors qu'il n'a même pas cinquante-cinq ans. Je ne pensais pas avoir fait de projection avec le récit de Nina Bouraoui, d'ailleurs je n'y ai pas pensé pendant la lecture, j'y pense en écrivant ce retour…ça a dû me replonger, inconsciemment, dans cette tranche de ma vie fragile… Que nous ayons été intimement ou pas confrontées à l'attente de la mort, si comme moi, nous avons du mal à créer une mise à distance avec un texte, ça peut être très mal vécu et plonger la lectrice dans un état de troubles désagréables quand la démarche de la lecture ne vient pas de soi. 

Je pense sincèrement qu'il y a des lectures qui peuvent faire du mal si elles ne sont pas lues au bon moment, par désir et nécessité, ce texte m'a fait du mal. Les non-fictions d'autrice sur la perte d'un très proche et le processus de deuil comme  L'Année de la pensée magique  de Joan Didion, je ne pourrais les lire que lorsque je serai confrontée à la mort d'un très proche et en plein deuil car les lire, j'ai essayé plusieurs fois, me plonge dans l'angoisse de la perte, de la mort.

** Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle - lauréat février, catégorie " Non Fiction "
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