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Critique de ChaiandPages


 " le plus dur n'est pas la mort, c'est l'attente de cette mort. "

Nina Bouraoui écrit un texte bouleversant sur l'attente de la mort et le deuil. Sur l'amour d'un être qui est en train de devenir un étranger à lui-même. Sur le souvenir de ce Grand Seigneur qu'est son père. 

J'ai vraiment adoré Grand Seigneur, mais j'ai détesté le lire. Je m'explique, j'ai aimé parce que l'écriture de Nina Bouraoui est toujours aussi délicate et immersive, les mots choisis sont précis et la réalité de ses phrases résonne avec subtilité. le travail de mise en mots de ses souvenirs est vraiment incroyable. J'ai été chamboulée par les passages de ses incertitudes sur les souvenirs autant de son grand-père que de son père, des « histoires » et des actes qui colportés d'années en années par la parole deviennent des souvenirs qui peuvent faire preuve autant d'imagination que de vérité au bon vouloir de celui qui est près à les recevoir. 

Toutes ses réflexions sur le renoncement, la colère, la détresse et l'acceptation de la mort sont d'une grande intelligence ! Je garde en tête tout un passage sur sa conception de la vie qui résonne si fort et nous incite malgré nous à faire une liste de tous ces petits rien qui font que la vie est si belle dans son ensemble si on s'y attarde.  Un souffle qui nous rappelle de vivre ! (Pages 86/87)

Mais j'ai détesté car j'ai très mal vécu sa lecture. Je n'ai pas accompagné quelqu'un en fin de vie, mais j'ai le souvenir très précis, enfant, de ma mère et de ma grand-mère accompagnant mon grand-père mourir d'un cancer alors qu'il n'a même pas cinquante-cinq ans. Je ne pensais pas avoir fait de projection avec le récit de Nina Bouraoui, d'ailleurs je n'y ai pas pensé pendant la lecture, j'y pense en écrivant ce retour…ça a dû me replonger, inconsciemment, dans cette tranche de ma vie fragile… Que nous ayons été intimement ou pas confrontées à l'attente de la mort, si comme moi, nous avons du mal à créer une mise à distance avec un texte, ça peut être très mal vécu et plonger la lectrice dans un état de troubles désagréables quand la démarche de la lecture ne vient pas de soi. 

Je pense sincèrement qu'il y a des lectures qui peuvent faire du mal si elles ne sont pas lues au bon moment, par désir et nécessité, ce texte m'a fait du mal. Les non-fictions d'autrice sur la perte d'un très proche et le processus de deuil comme  L'Année de la pensée magique  de Joan Didion, je ne pourrais les lire que lorsque je serai confrontée à la mort d'un très proche et en plein deuil car les lire, j'ai essayé plusieurs fois, me plonge dans l'angoisse de la perte, de la mort.

** Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle - lauréat février, catégorie " Non Fiction "
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