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Critiques de Jacky Schwartzmann (525)
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Demain c'est loin

« Je lui ai dit que j'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais qu'en fait j'étais normal », « Je m'appelle François Feldman, comme l'aut'con. Mais je suis pas chanteur. »



Avec Jacky Schwartzman, pas question de faire dans la dentelle (« c'est pour les tapettes »). Et on n'est pas prêt de se laisser bercer par "Les Valses de Vienne", François il serait plutôt du genre IAM : le titre du livre étant aussi une chanson dudit groupe.



François Feldman, le personnage principal, vient du quartier des Buers, à Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise. À 39 ans, il a ouvert une boutique de t-shirts détournants des citations, réelles ou imaginées, dans le but de créer une situation comique. Il veut se sortir des magouilles de la cité et devenir « enfin un Français. Un vrai. ».



« Bonjour, c'est bien ici Charlie Hebdo ? », signé Chérif Kouachi, est sa dernière création. Mais, apparemment son humour macabre ne passe pas dans le centre-ville. Ça ne marche pas. Son humour des banlieues n'arrive pas à passer le Rhône.



« Ce genre de vannes, aux Buers, ça faisait marrer tout le monde. Mais dans la presqu'île, pas du tout, et à la Banque populaire encore moins. »

Car évidemment, sa petite entreprise connaissant la crise, il a maille à partir avec les agences de prêts financiers, notamment sa conseillère, « la Bacardi », Juliane de son prénom. À travers son mépris, il se verra telle qu'elle le considère, avec la condescendance que lui impose son poste : un « teubé » vulgaire et ignare.



C'est pourtant avec elle, une fois qu'elle se sera mise toute seule dans « une merde apocalyptique » qu'il partira dans une fuite effrénée à travers les rues de la ville lumière, tentant d'échapper autant à la flicaille qu'aux petites frappes de la cité.



Même si son aide est au départ intéressée, c'est un véritable duo de choc qui va se former sous nos yeux de lecteur, pour leur survie, mais aussi pour notre propre bonheur.



Sur un rythmé enlevé, allié à un humour décapant, nous voilà embarqué dans une course poursuite délirante à laquelle il est difficile de résister. Mêmes les petites incohérences scénaristiques sont vite oubliées, dépassés que nous sommes par la verve et style inimitable du bonhomme.



Entre un humour mordant à la Desproges, et une ironie sociale qui fait penser à Iain Levison, si Jacky Schwartzmann ne fait pas dans la demi-mesure (« c'est pour les pédés »), c'est au contraire pour nous offrir une écriture fine et maline.

Le mépris des nantis, la décolonisation, les cités-ghettos ou la peur du déclassement, tout y passe.



Intelligent, vif, et drôle, je ne me souviens pas m'être autant marré en lisant un roman !

À condition d'apprécier le deuxième, voire le troisième degré, les fous rires sont garantis.



Un roman social noir, à l'humour... noir, forcément, qui ne pourra vous laisser indifférent.



« C'est quand même un joyeux bordel la vie » ;-)



Lu en novembre 2018.



Et spécial dédicace à Renod, grâce à qui, par sa chronique, j'ai découvert ce livre et cet auteur. Donc, merci à lui ! ;-)



Ma chronique sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Demain-..
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Shit !

Originaire du Jura, Thibaut Morel a passé toutes ses années universitaires à Besançon. Sa première affectation est au collège Voltaire de Planoise, comme Conseiller Principal d’Éducation. Il sait que Planoise, la gigantesque cité de Besançon, située à cinq bons kilomètres de cette ville ressemble plus à une cité autonome qu’à un de ses quartiers, mais il pense que pour se faire accepter dans ce quartier, la meilleure façon est d’y vivre, d’en partager le quotidien, les affres.

À peine a-t-il emménagé qu’il constate que l’appartement en face du sien est un four tenu par des trafiquants albanais, les frères Mehmeti et qu’ils ont la baffe facile. Dans ce four, ni héroïne, ni cocaïne, que du shit.

Lorsque ces derniers se font descendre lors d’un règlement de comptes et que Thibault découvre où était planqué le shit, lui et sa voisine Myriam Ramla prennent rapidement la décision de relancer le trafic : « On coupe, on compresse, on découpe, on emballe, on vend », et de distribuer une part des bénéfices aux plus démunis du quartier. Une sorte de Robin des bois ! Un Robin des bois qui, plus tard fera preuve de pas mal d’esprit capitaliste et sera un vrai logiciel d’entrepreneur !

Le portrait brossé de la vie à Planoise, cette ville dans la ville, est effarant. Mais Jacky Schwartzmann, avec ce talent inimitable qu’on lui connaît, réussit le tour de force de nous le présenter crûment, sans fard, dans toute sa réalité mais avec fantaisie et surtout cet humour caustique qu’il manie si bien qu’il n’en est que plus efficace et sérieux.

Très fort, trop fort ce Jacky Schwartzmann ! Il parvient à nous faire trembler pour Thibault, ce CPE improvisé dealer à une échelle de plus en plus croissante, et à nous faire redouter que son commerce on ne peut plus illicite ne soit découvert et qu’il soit appréhendé. Nous voilà aux côtés des cailleras ! Mais bon, à notre décharge, des cailleras qui œuvrent pour les plus démunis…

« … l’argent de la drogue va compenser les carences de la société, qui laisse sur le carreau les gamins pas plus cons ou plus mauvais que les autres. »

C’est d’ailleurs toute la vie de ce quartier presque une zone de « non droit » que l’auteur décrit avec détail de même que la vie à l’intérieur du collège. Beaucoup de psychologie et de bienveillance aussi lorsqu’il parle des collégiens, la difficulté pour le corps enseignant d’expliquer à des gamins de quinze ans qu’il est préférable de travailler dur à l’école quand ils peuvent assouvir leur rêves pleins de fric en se lançant dans le trafic.

Si l’auteur excelle à évoquer ce monde de dealers, il parvient tout aussi bien à décrire la famille de Thibault et à l’immiscer dans l’aventure. Ainsi nous ferons connaissance avec ses parents, le père et ses deux passions la lutte des classes et l’équipe de France de foot, la mère professeure des écoles à l’âme prolétaire et surtout ce frangin Simon dont l’unique valeur est le travail.

Après m’être régalée avec Pension complète et Kasso de Jacky Schwartzmann, cela a été un vrai bonheur de me plonger dans son dernier livre Shit ! dont l’intrigue se déroule dans le quartier où il a grandi, ce qui confère à mon sens un supplément d’âme à ce polar humoristique et tellement jouissif!

Un immense merci à Babelio et aux éditions du Seuil/Cadre noir pour ce merveilleux moment de lecture.

À noter une couverture très suggestive et un bandeau signé Thomas VDB « Un Breaking Bad hilarant à Besançon » faisant référence à une série télévisée américaine multi récompensée.


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Shit !

Le bandeau « Un Breaking Bad hilarant à Besançon », faisant référence à l’excellente série Netflix relatant les déboires de Walter White, résume parfaitement le contenu du roman et annonce immédiatement la couleur. Après lecture, je confirme d’ailleurs avoir passé un excellent trip…c’est de la bonne !



Le Walter White version française de Jacky Schwartzmann se nomme donc Thibault Morel, Conseiller Principal d’Éducation au collège Voltaire de Planoise, un quartier, disons « sensible », de Besançon. Bien décidé à pleinement s’intégrer dans cette banlieue défavorisée, il emménage dans un HLM, malheureusement réputé pour être un « point de deal » de cannabis. C’est d’ailleurs dans l’appartement en face du sien que les Mehmeti, les deux frères albanais à la tête du réseau, ont élu domicile. Lorsque les deux caïds se font descendre par la concurrence, Thibault Morel et sa voisine Myriam Ramla décident de reprendre ce business très lucratif en main et d’utiliser les profits pour venir en aide aux plus démunis de la cité…



En voulant jouer au Robin des Bois du quartier, Thibault Morel va évidemment mettre le doigt dans un engrenage particulièrement loufoque, mais également très didactique pour ceux qui envisageraient éventuellement de se lancer dans le trafic du cannabis. Du recrutement au blanchiment d’argent, en passant par les problèmes de logistique et même de marketing, « Shit ! » s’attaque avec beaucoup d’humour à l’univers des narcotrafiquants.



Mais, ce roman d’initiation aussi burlesque que rocambolesque brosse cependant également un portrait assez précis de cette cité mêlant plus de 50 nationalités différentes et de l’établissement scolaire dont Thibault est le CPE. Des associations d’entraide aux zones de deal, en passant par le soutien scolaire et l’insécurité, Jacky Schwartzmann propose une immersion, certes sans concession et parsemée d’un humour particulièrement caustique, mais alliant également justesse et finesse.



Enfin, à l’aide d’une plume acide et foncièrement drôle, de personnages attachants et d’une intrigue burlesque et parfaitement rythmée, « Shit ! » dresse surtout le bilan catastrophique d’un système totalement défaillant en termes d’intégration et de mixité.
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Pension complète

Cet auteur est complètement frappa dingue. Mais j'adore ce style d'humour sans concession. Il se moque, il pique mais tout le monde en prend pour son grade.

Son humour est a plusieurs niveau, parfois un peu gras ou alors très subtil c'est selon.

Mais une chose est sûre c'est qu'on est obligé de reconnaître certaines situations de notre vie qui sont au final très drôle.

J'ai passé la quasi totalité de mes vacances avec mes parents en camping.. et c'est tout a fait ça. Parfois l'auteur se sert de clichés mais qui ils sont bien réels et franchement ça me fait marrer



J'aime bien ces auteurs qui osent.. frapper sur tous. Sans politiquement correct ( ça ça me fait kiffer .. parce franchement si il y a bien un truc qui me gonfle profondément c'est l'hypocrisie et le politiquement correct en ce moment).



Bon après on est dans un polar , les férus, pur et dur du polar ne s'y retrouveront pas parce que franchement ce n'est pas crédible du tout... Mais c'est ce qui rend les choses cocasses.. et malgré tout l'intrigue est prenante.

Je crois que c'est là où réside tout le talent de l'auteur.



Et puis j'adore ces auteurs couillus, qui osent et ici je crois que j'ai trouvé une espèce en voie de disparition.
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Shit !

Un « accident du travail » brise la carrière prometteuse de deux trafiquants de drogue albanais implantés dans le quartier de Planoise au sud de Besançon … les voisins de palier raflent le cash et repèrent (avant l'arrivée de la police) la planque astucieuse où sont armes et stupéfiants.



C'est ainsi que Thibault Morel et Myriam Ramla, locataires dans la même cage d'escalier, héritent d'un joli capital. Généreux et désintéressés, ils aident leur entourage, épongent les dettes les plus criantes et constatent rapidement que la pauvreté des familles vivant dans cette ZUS exige des mesures concrètes et non des annonces ou des discours sur « la politique de la ville ».



Pragmatiques et soucieux du bien-être de leur entourage, Thibault et Myriam, à l'insu de leur plein gré, mettent le doigt dans un engrenage qui les conduit à devenir chefs d'entreprise, à recruter, à importer, à déployer une supply chain amont et aval, aussi discrète que sure. Créatifs et doués en marketing ils innovent et proposent de nouveaux services (livraison à domicile) et offrent une carte de fidélité. Ils incarnent la dynamique entrepreneuriale de la France en marche.



Un tel succès ne laisse pas indifférentes la police et la concurrence, et oblige Thibault à brouiller les cartes et muscler son dispositif pour survivre dans ce monde de brutes et offrir au lecteur un dénouement aussi imprévu que mérité !



Cette intrigue sous-titrée « Un breaking Bad hilarant à Besançon » pourrait être promue comme « devenir narcotrafiquant pour les nuls » car SHIT est très didactique et ce n'est pas un hasard si Thibault Morel est un CPE (Conseiller d'Education) apprécié par l'éducation nationale.



A mi-chemin entre Frédéric Dard et Olivier Norek, Jacky Schwartzmann réussit un polar cocasse, passionnant, original, avec une fin particulièrement réussie.



C'est aussi un reportage au coeur d'un quartier sensible habité par plus de cinquante nationalités, une plongée dans un établissement scolaire accueillant des élèves qui ne maitrisent ni la langue, ni la culture française, une immersion dans le monde associatif investi dans le soutien scolaire et l'aide à des familles souvent éclatées. L'auteur a vécu dans cet environnement dont il possède les codes et les mots car c'est un observateur attentif et objectif.



C'est enfin une excursion en Franche Comté, à Besançon, au cœur de ma région, dont Jacky Schwartzmann parle le dialecte et décrit l'accent sans glottophobie.

Alors, certes, tout ceci n'est pas très légal, et la fin ne justifie pas les moyens, mais ce roman met en scène des personnages, astucieux, charitables, dynamiques, généreux, optimistes, pro actifs, sympathiques et çà fait du bien en ce contexte anxiogène et sinistre que l'actualité déverse quotidiennement sur nos têtes.

Le style très oral de l'auteur ne sera probablement pas honoré d'un prix décerné par L Académie Française mais pourrait lui valoir un prochain Prix Nobel de Littérature.



SHIT m'a stupéfait et est meilleur (à mes yeux) que KASSO que j'avais beaucoup apprécié. Merci à SEUIL et BABELIO de m'en offrir la primeur.



PS : ma lecture de KASSO
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Kasso

Les fans de Jacques Brel, nostalgiques de Vesoul et de J'arrive, ou les lecteurs de Pierre Pelot liront avec jubilation le dernier opus de Jacky Schwartzmann qui les mène à Besançon avec Mathieu Kassovitz préparant le tournage, tant attendu, du second épisode de la Haine.



Bonne occasion pour découvrir le fabuleux destin de Jacky Toudic, sosie de l'acteur, de retour en Franche-Comté, pour aider sa maman atteinte de la maladie d'Alzheimer. Plongée nostalgique dans les années 80/90, au volant d'une Ford Taunus dotée de fauteuils en cuir, en découvrant les méandres du Doubs et une ville qui a peu changé depuis que Victor Hugo y est né….



Précisons que L'ordre et la Morale ne sont pas les guides de Jacky et que cet accro de Tinder ne se contente pas de regarder les femmes tomber … au risque de se perdre dans les pièges de Zoé et les tromperies d'Airbnb et se faire plumer par plus diabolique que lui.



Je me suis régalé avec ces deux cents pages qui se lisent en 2h06, le temps d'un trajet TGV entre Besançon et Paris, entre le bas monde des Beaufs et l'univers huppé des Bobos, entre la Cancoillotte et les meringues du neuvième arrondissement.



Mais cet agréable divertissement, écrit par un véritable Rabelais, aborde, sans avoir l'air d'y toucher, les enfers de notre époque en révélant les brutalités d'un EHPAD, de la morgue et du crématorium et le romancier, fin connaisseur de l'univers cinématographique, s'inscrit dans la lignée d'Edgar Hilsenrath, auteur de l'inoubliable autobiographie « le Nazi et le Barbier ».
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Kasso

C'est parce que l'une de mes librairies préférées recevait l'auteur ce weekend que je me suis penchée sur ce roman. Je ne connaissais l'auteur ni d'Eve ni d'Adam, mais la pub était si bien faite que je me suis laissée tenter. Et j'ai franchement bien fait.



Moi qui aime l'humour noir et caustique, j'ai été gâtée. Ça pique, ça fait sourire, ça détend et ça dépayse. Enfin pas tout a fait parce que l'intrigue se passe chez moi... Et puis là où se situe l'appart de haut standing ou habite Jacky le sosie de Mathieu Kassovitz, c'est là où est placé mon ophtalmo.... Et puis un tel roman ça fait revivre les troquets. Il rend hommage aux gens de la nuit, aux figures emblématiques de la ville, aux libraires a sa façon... Enfin a tout ce que j'aime dans cette ville.



L'histoire en elle même est sympa, mais décapante a souhait.



J'aime cette écriture incisive, ce monde burlesque.

Un énorme moment de bonheur en ce qui me concerne.

Je vais bien sûr me plonger avec avidité sur les autres romans de l'auteur.
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Shit !

T’en veux ?

Besançon n’est pas Medellin, mais on n’y deale quand même pas que de la cancoillotte. Dans le quartier de la Planoise, on verse aussi dans le stupéfiant et pas que pour assaisonner des saucisses de Morteau. Du blé en herbe, aurait dit Colette.

L’immeuble dans lequel s’installe Thibault, le nouveau CPE du collège de ce charmant territoire, se situe au cœur de la cité et d’un trafic de shit piloté par des caïds du drive qui ont le sens des affaires mais pas celui de l’hospitalité. L’humaniste voulait vivre dans le même biotope que ses élèves. Il va être servi et son immersion devient vite une parodie de Voyage en terre inconnue, mais sans le retour à la nature, la nuit dans la yourte, le bol de lait de yack et le générique braillard. Dans le hall d’entrée de son immeuble, le jeune idéaliste doit présenter un justificatif de domicile pour rejoindre son appartement avec quelques baffes en guise de bises au bizuth.

Vous connaissiez Robin des Bois, vous n’oublierez pas Thibault de la Cité. Le gars fan d’accrobranche qui se baladait dans un collant vert difficile à porter en dehors de quelques soirées volait les riches pour donner aux pauvres. Qui a dit comme le fisc ?

Bon, profitant d’un règlement de comptes est bon, le Candide du préau met la main sur la cache de drogue et il va se lancer dans le trafic avec une voisine pour financer des voyages scolaires, les études de certains ou aider les ménages surendettés. Si l’enfer est pavot de bonnes intentions, l’idéaliste va vite adopter les mœurs locales et ne pas hésiter à se salir les mains pour défendre son sovkhoze. Haschich à la hache.

Avec Jacky Schwartzmann, dealer de bons mots, je ne suis jamais en manque de sourires. Ses comédies policières ne sont jamais sérieuses et j’ai été une nouvelle fois accro à cette histoire originale, mordante comme un roman de Gérard Mordillat, mais sans le côté pamphlétaire un peu pénible de ce dernier.

Enfant, l’auteur a passé ses étés dans ce quartier et on sent son attachement à ces tours bétonnées. Il humanise les lieux sans en masquer la violence. Les personnages sont bien ficelés (et pas seulement ceux ligotés dans les caves) et le mauvais esprit du romancier nous épargne une overdose de victimisation.

Dans la lignée de « Kasso » et de « Pension complète », Jacky Schwartzmann poursuit sa galerie de portraits de sympathiques truands.

De la résine à la sauce bisontine.

C'est de la bonne !

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Stop work

En entreprise, le travail d'équipe est essentiel. En cas d'erreur, on peut accuser l'autre... (Pardon!) "Existe-il une catégorie de managers idiots?" Frédéric Fougerat, Focusrh.com





Vous le connaissez: fayot, manipulateur, terriblement bête ou redoutablement intelligent...





Mia est la nouvelle responsable des achats, le poste que convoitait Fabrice...





Fabrice, l'image même du fayot... Il n'aime pas trop les femmes, à part la sienne... (Au vu de son goût pour les sites pornos).





Il va se heurter à Mia et à Ludivine, la responsable de l'E.H.S, Environnement Hygiène et Sécurité.





Mia, parce que c'est sa chef et Ludivine, parce que c'est une harpie en jupons, qui édicte des règles idiotes, pour éviter les... problèmes.

1/ Une formation afin de ...descendre les escaliers (tenir la rampe, éclairer les marches et mettre...des chaussures anti-dérapantes!)





2/ Se garer en marche arrière, afin de n'écraser personne en quittant l'entreprise...





3/Avant la réunion du matin, une formation sur "Comment s'échauffer!" (Des exercices comme en... Chine!)

Selon moi, il n'est pas nécessaire d'être fou pour travailler dans ce genre d'entreprise, mais... ça aide !





Fabrice va évoluer, de beauf et de fayot, il va devenir l'âme de la résistance aux règles idiotes de son entreprise, avec l'aide Christophe le syndicaliste et grâce à Guillaume, le nouveau stagiaire de 15 ans...





Grâce aussi à sa découverte sur un site porno! Et enfin grâce à sa fille Lili qui a tagué, sur les murs de son lycée :

"La vie est trop courte pour..."





-"Dis la phrase en entier, Lili. La vie est trop courte pour se raser la..."





"Je ne veux pas être entouré de béni Oui-Oui, je veux qu'on me dise la vérité." Samuel Goldwin, co-fondateur de la MGM.

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Kasso

Alors que Jacky Toudic a retrouvé Marseille avec plaisir, qu'il est sur le point d'atteindre son unique objectif, son projet ultime, disposer de cinq cent mille euros pour une retraite dorée dans les îles Marquises, voilà que sa mère, d'une certaine façon, vient tout foutre en l'air. Il vient d'apprendre qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzeimer et que le mieux pour elle, d'après le gériatre Paul Jeune qui vient de l'appeler, serait d'être placée en maison, c'est à dire en Ehpad, pour la somme de trois mille euros par mois. Impensable pour lui d'abandonner sa mère à son sort. Il va donc devoir retourner à Besançon, cette ville qu'il a fuie il y a presque vingt-cinq ans parce qu'il y étouffait !

Jacky s'était trouvé un job très particulier. En parfait sosie de Mathieu Kassovitz et surtout en parfait escroc qu'il est, il se faisait passer pour l'acteur et montait ainsi des arnaques très lucratives, réussissant à extorquer de l'argent à des pigeons assez crédules pour investir dans la production cinématographique.

Il profite donc de son retour au bercail pour revoir quelques potes bisontins, draguer des femmes sur Tinder en se faisant passer pour l'acteur, faire une petite pause en quelque sorte… C'est alors la rencontre avec la belle Zoé, cette avocate fiscaliste aux dents longues. Entrant dans son jeu, elle l'incite à monter un coup beaucoup plus lucratif, mais évidemment, plus risqué…

J'avais beaucoup apprécié Pension complète de Jacky Schwarzmann, aussi, quand j'ai vu Kasso sur les rayons de ma médiathèque, n'ai-je pas hésité et bien m'en a pris car j'ai passé encore un excellent moment avec cet auteur.

Difficile de ne pas être captivé par toutes les situations rocambolesques et cocasses dans lesquels se démène notre héros et séduit par le regard acéré que porte Jacky Schwartzmann sur ses contemporains. L'auteur, en effet n'a pas la langue de bois et n'hésite pas à tirer à boulets rouges sur tout ce qui l'exaspère dans notre société et les sujets ne manquent pas. Mais il n'a jamais « La haine » ; pas de méchancetés mais beaucoup de moqueries et de railleries.

Quand la mère de Jacky Toudic, cette ancienne prof de philo, atteinte d'Alzheimer bien prononcé, prend Nagui pour son fils et son fils pour son médecin, cela donne lieu à quelques dialogues particulièrement jouissifs.

Sans être arrogant et en aucun cas donneur de leçons, il appuie de façon souvent irrévérencieuse, là où ça fait mal ! C'est toujours de manière humoristique, inattendue et très drôle qu'il brosse les portraits de ses personnages ou de la société, chacun en prenant pour son grade.

Si Jacky Toudic est le sosie parfait de Mathieu Kassovitz, d'où le titre Kasso, il est également un peu le clone de Jacky Schwartzmann. Comme lui, à la cinquantaine, il revient sur sa terre natale Besançon où il est né et où il a grandi.

Si Kasso est un polar absolument décapant, souvent déjanté, avec de nombreux rebondissements inattendus, il est aussi un fabuleux roman, drôle, caustique, à l'écriture rythmée, incisive, dans lequel on va de surprises en surprises, la plus grosse, dans tous les sens du terme étant pour la fin !


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Shit !

Il y a déjà quelque temps que Ghislaine me conseille la lecture des livres de Jacky Schwartzmann : « Ça dépote ! » paraît-il… Alors, je me suis enfin lancé avec Shit ! et je ne l'ai pas regretté.

D'emblée, Jacky Schwartzmann m'a happé avec son style direct, son humour sans filtre et son tableau hyper réaliste de notre société avec, ici, cette addiction à la drogue qui cause tant de dégâts.

C'est Thibault qui raconte. Il vient d'être nommé CPE (Conseiller principal d'éducation) dans un collège de Planoise, quartier dit « sensible » de Besançon, à cinq kilomètres du centre-ville, où la mixité sociale est un leurre.

Justement, il a décidé de loger et de vivre rue du Piémont, au coeur de Planoise, au cinquième étage, dans la cage d'escalier 3. Problème, en louant, il ne savait pas qu'il s'installait tout près d'un « four », lieu de vente de ce fameux shit, très prisé, même par des gens bien comme il faut.

Pour pénétrer dans son immeuble, il doit même présenter à chaque fois un justificatif de domicile à Réda, le cerbère de garde. Un comble !

Le récit de la vie au collège est impressionnant, éloquent même dans les relations avec certains parents mais tout tourne vite autour de l'appartement situé en face du sien où les frères Mehmeti gagnent beaucoup d'argent et sont généreux en gifles…

Après nous avoir présenté sa famille dont Simon, son frère, restaurateur qui se veut haut de gamme, jouera un rôle important, l'histoire s'emballe et devient haletante.

Shit ! est une véritable plongée dans le monde du trafic de drogue, trafic qu'on a laissé se développer et qui rapporte beaucoup d'argent. Comme je l'ai souvent entendu, s'il n'y avait pas de clients, il n'y aurait pas de règlements de compte, pas d'atmosphère invivable dans ces quartiers où les jeunes tenteraient de gagner leur vie de manière licite.

De rebondissements en grosses surprises, Jacky Schwartzmann prouve qu'il connaît très bien son sujet. Thibault et Myriam, sa voisine, réussissent ce que les pouvoirs publics ne peuvent ou ne veulent pas faire. L'auteur me gratifie en plus de réflexions très pertinentes sur le comportement en société. Son humour trash et réaliste fait mouche à chaque fois comme lorsqu'il dénonce « deux assassins : la solitude et la misère sociale » ou encore lorsqu'il remarque « des fringues dessinées par un styliste de la maison Emmaüs ».

Impossible, pour moi, d'en dire plus à propos de Shit ! sous peine de divulgâcher alors que tout le plaisir de ma lecture addictive – en toute légalité et c'est meilleur que le… shit ! - a été de me régaler ou de sursauter au fil des nombreux rebondissements qui émaillent l'histoire bien menée
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Mauvais coûts

“Mauvais coûts” est un mauvais coup de mon pote babeliote koalas, assené par le coup d'une unique citation ! Décidément les billets et les citations de ce site me rendent de plus en plus vulnérable....

Mais revenons aux choses plus sérieuses.

Le sujet du bouquin est un mec, Gaby, acheteur dans une grande boîte qui passe son temps “à gratter des pourcentages sur des fournisseurs souvent pris à la gorge qui ne peuvent pas lutter contre un grand groupe et qui s'allongent, toujours, systématiquement.” Quarante ans passé, célibataire, il passe le reste de son temps à tester sa résistance à l'alcool et aux plaisirs de la chaire. Rien de bien original et de rigolo dans le fond. Mais c'est sans compter sur le langage familier un brin vulgaire, à l'humour grinçant de l'auteur et la philosophie existentialiste légère de misogyne cynique ( ouille! j'ai forcé, mais je ne trouve pas mieux ) qu'il attribue à Gaby, qui réussissent à merveille à nous faire rire et divertir. Mais faut que j'avoue, le cynisme et la misogynie du mec m'ont lessivée 😹!

Une excellente satire du monde des affaires et de nos vies contemporaines, laquelle sans le superbe emballage désopilant de Jackie serait d'une infinie tristesse. Avec un petit suspens en prime, un très bon moment de lecture !
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Kasso

Babélio est décidément une mine de découvertes via sa communauté de lecteurs et leurs avis !

Pour commencer il y a eu ces billets enthousiastes, et puis il y a eu aussi (et surtout) le fait que l'intrigue se déroulait à Besançon, il n'en fallait pas plus pour le bisontin de naissance et de cœur que je suis ;)

J'ai doublement aimé cette lecture car disons le, il s'agit d'une super bonne pioche, le style de l'auteur m'a procuré exactement tout ce que j'aime dans une lecture et pour commencer une "accroche" rapide.

Le scénario n'est certes pas original mais il est parfaitement rythmé et d'une vraisemblance réelle sans aucune outrance, les personnages sont d'un naturel parfait et... Bon d'accord, il sont aussi un peu "barrés" mais juste ce qu'il faut.

J'adore ce type de scénario conté à la première personne avec un narrateur lucide sur lui-même et pratiquant volontiers l'auto-dérision, j'adore cet humour omniprésent et ce regard pertinent sur la société, j'adore cette façon de semer quantité d'anecdotes philosophico-sociétales qui nous instruisent en passant l'air de rien.

Jacky Toudic est le parfait sosie de Mathieu Kassovitz, ce qui constitue son gagne-pain et sa principale activité. Après des années d'absence, il est de retour à Besançon car on peut être un escroc et avoir une conscience malgré tout, or il se trouve que maman Toudic est malade...

J'ai adoré retrouver Besançon raconté par l'auteur qui est lui-même natif de cette ville, aimé retrouver tous ces noms de rues ou d'endroits que j'ai connus, ces anecdotes autour des quelques célébrités locales (il y en a eu !) et cette ambiance si bien décrite accent en prime :)

J'aurais aimé que l'auteur parle du magasin "Surboum", qui fut longtemps le seul magasin de "farces et attrapes" de l'Est de la France et pour lequel j'ai gardé une affection particulière...

Voici donc un avis résolument positif même s'il est en partie très partial :)

Cette histoire dont je dis bien sûr le minimum est bigrement bien menée, crédible et suffisamment surprenante pour vous emmener au bout sans que votre intérêt se relâche, pour ce qui me concerne c'est 5 étoiles parfaitement méritées, je suis ravi de cette rencontre avec Jacky Schwartzmann.
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Pension complète

Deuxième rencontre avec Jacky Schwartzmann après "Kasso" et plaisir renouvelé !

J'apprécie le regard de l'auteur sur le monde et les gens, son humour et sa lucidité mais aussi sa "philosophie".

Le rythme est parfait avec une entame rapide et cohérente, on est très vite "dans le bain", et l'on retrouve là encore un personnage au statut plutôt original avec Dino.

Un scénario vraiment prenant et cohérent, l'histoire débute au Luxembourg où vit Dino dans l'insouciance et le luxe et se poursuit dans un camping de La Ciotat où Dino va faire la connaissance de Charles Desservy, un écrivain célèbre venu chercher l'inspiration au contact des gens normaux.

Un camping pas si tranquille qu'il n'y paraît si l'on considère le nombre de décès suspects qui se produisent à un rythme assez régulier...

L'auteur semble se faire une spécialité de l'analyse sociétale et son regard sur le fossé qui sépare les nantis des pauvres est acéré et réjouissant, j'ai pris beaucoup de plaisir à écouter Dino parler ou penser tout au long de ce roman que je qualifierais de décalé et déjanté.
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Demain c'est loin

Ceux qui me connaissent bien savent que le politiquement correct ça m'emmerde...

Alors des petits romans avec cet humour piquant, décalé, parfois de mauvais goût mais surtout hors du politiquement correct sont faits pour moi.



Je suis fan de l'humour Charlie Hebdo et je suis maintenant fan de l'humour schwartzmannien.

J'ai éclaté plus d'une fois de rire.

Si le scénario est déjanté et les personnages complètement cramés, ça se lit bien et vite.



J'ai quand même peur que la bienséance, la bienpensance... Enfin tous ces phénomènes à la mode qui me sortent par les trous de nez... Finissent par avoir la peau de ces auteurs qui prennent des risques.



Et pourtant Jacky Schwartzmann n'épargne personne et n'est absolument pas parti pris dans son discours.

Son humour est dispensé avec brio et de façon astucieuse.



En bref, j'adore lire ce type de roman : ça met le smile et ça détend.
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Shit !

Thibault Morel est CPE dans un quartier sensible de Besançon. Il loge dans un bâtiment délabré à Planoise au pied duquel, malheureusement pour lui, se trouve un four, un point de deal, tenu par des Albanais. Pour pénétrer dans le hall de son immeuble, Thibault doit tous les jours montrer patte blanche et se faire humilier, voire frapper par les dealers. Il songe avec nostalgie à l'époque où il vivait avec sa copine dans le centre-ville de Besançon: « Avant, j'étais heureux, je savais où j'allais dans la vie, comment et avec qui. Après ça, j'ai basculé dans la peau du personnage d'un roman pas terrible de Michel Houellebecq. » Mais le destin est facétieux. Un soir, alors qu'il est claquemuré comme tous les habitants, dans son petit logement, Thibault entend des rafales de Kalashnikov. Des dealers viennent de s'entretuer devant chez lui. Se rendant sur la scène du crime avec sa discrète voisine madame Ramla, il tombe sur du liquide et surtout sur une cache remplie de chichon, qu'ils décident, sans vraiment savoir pourquoi, de dissimuler à la police.



Variation sur le thème de l'individu lambda qui, par un coup du hasard , se transforme par nécessité ou par opportunisme en trafiquant de drogue, ambiance La Daronne de Hannelore Cayre ou Breaking Bad, Shit nous plonge avec délice dans la vie du sympathique Thibault, dont le rythme passe d'un moteur diesel à un V6 bi-turbo dès qu'il décide de faire siennes les barrettes de shit des Albanais défunts. Comme toujours chez Jacky Schwartzmann, c'est drôle, caustique et rythmé. Il aime jouer sur le contraste, ici un Blanc perdu dans une cité sensible, un Blanc fonctionnaire qui plus est, qui doit s'adapter aux normes en vigueur à Planoise, codes et rites de ce nouvel habitus populaire. Mais aussi un individu plutôt sympathique avec le coeur à gauche, qui doit soudain se transformer en « entrepreneur », en Marcheur Blanc de la Macronie, s'il veut se lancer dans le business, bref, en tout ce qu'il exècre. Pour Thibault, l'argent facile doit être d'utilité publique, mais cette histoire est-elle morale, et ne risque -t-elle pas de déteindre sur lui et sur ses proches?



Au delà d'un bon thriller enlevé, Shit est aussi une radioscopie de Planoise, 3,5 km² ceinturé, 50 nationalités différentes, dont les habitants sont parmi les plus pauvres de la région. La Sociologie des quartiers sensibles selon Schwartzmann étant plus amusante à lire que celle éditée dans la collection Que sais-je? mais tout aussi pertinente, on aurait tort de s'en priver. Je remercie les Editons du Seuil et Babelio pour ce roman reçu dans le cadre de l'Opération Masse critique, qui se lit d'une traite, avec cette question qui vous titille. Est-ce que tout ça va mieux se terminer pour Thibault que pour Walter White?
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Shit !

J'ai bien du mal à faire mon petit billet sur ce roman car je suis un peu tiraillée entre deux feux.



Étant bisontine d'adoption, mais depuis plus de 25 ans, je peux aisément dire que je fais partie des murs.

Alors même si j'habite dans le quartier "ennemi" de Planoise point de vue bizness, Planoise est un coin que je connais bien.



Tout ce que Jacky Schwartzmann raconte est vrai, ou presque.

En tout cas sa description du quartier, sa population, ses commerces, son food truck sont vrais.

J'ai même halluciné car il n'a même pas changé les prénoms des gens: le propriétaire du club de boxe la Local s'appelle belle et bien Morad.

Enfin tout ça m'a bien fait rire, tout comme le reste du scénario.



J'adore la plume caustique de l'auteur, sa façon de voir les choses, ses personnages.



Mais comme je disais plus haut tout est vrai

Ces jeunes qui font du pognon facile pour que leurs cadets puissent étudier , etc....



Mais en même temps ce roman m'a aussi fait beaucoup de mal parce que ma si belle ville de Besançon devient très laide par ce trafic de stup ( et qui ne se contente pas du shit).

Nous sommes rattrapés par des tirs réguliers dans les quartiers, par le décès de gamins de 16 ans, par des règlements de comptes, par des zones de non droit.... Et il y en a tellement que cela devient la norme.



Et très sincèrement, si le scénario prête à rire, la réalité est toute autre.



Donc j'ai apprécié ce roman, la qualité de l'auteur dans son scénario, dans son humour, mais sans doute je suis trop proche du thème abordé pour l'apprécier a sa juste valeur.



Et puis il faut avouer que les récents faits divers ( entre autre l'exécution d'un caïd de mon quartier, la découverte d'un corps calciné avec une balle dans la nuque dans la forêt,...) ont mis tous les quartiers de Besac en émoi , mais surtout en alerte.... Et je pense qu'il va être compliqué que cette belle ville retrouve sa sérénité.



Je remercie Babelio et les éditions Seuil pour cet envoi.



En tout cas Jacky Schwartzmann est un auteur a découvrir sans hésitation.
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Shit !

Tout d'abord , un grand merci aux éditions Seuil et à toute l'équipe de Babelio qui , par l'intermédiaire d'une Masse Critique Privilégiée , m'ont permis de découvrir "Shit " , la dernière production de l'excellent , l'inimitable Jacky Schwartzmann : un pur bonheur , une délicieuse friandise de comédie déjantée qui vous porte au sommet de l'art au second degré .

Bon , pour ceux qui connaissent un peu le bonhomme , pas question de s'irriter contre ce style à l'emporte- pièce , marque de fabrique dont on ne se lasse pas au point qu'on aurait bien envie de le faire sienne pour adresser une requête à son directeur des impôts ou à son employeur , enfin tous ceux qui peuvent attiser notre courroux .Pas certain que ça marche , mais ça aurait " de la gueule " tout de même ....Pas cap ? Non , j'avoue ...non pas que j'aie peur mais n'est pas Schwartzmann qui veut !

Ce garçon ose tout , même inventer un sujet qui a autant de chances de se produire que le gain de la super cagnote de l'Euromillion ( oui , y'en a beaucoup qui essaient , ils en ont paumé du pognon !!! )Le pire ? c'est qu'on plonge en deux coups de cuillère à pot dans un univers dont on parle souvent mais , il faut bien le dire , pour la plupart d'entre nous , on ignore les codes et que l'on fuit pour des raisons de morale , certes , mais aussi , et peut-être surtout , par instinct de survie . " faut pas toucher au grisbi " .

Le héros ? Ah , non , ne me dites pas que cela ne vous surprend pas , un CPE du collège de secteur , homme intègre et porteur de messages pacifiques auprés de jeunes générations de cités déshéritées et sous la coupe de quelques " malabars "sans foi , ni loi .Pour en avoir cotoyé un certain nombre dans ma vie professionnelle ( des CPE , pas des malabars ... ) , je me suis vraiment beaucoup amusé en les imaginant dans " la peau " de Thibault Morel . Mort de rire . Un personnage de BD à l'air sérieux mais timoré ....mais attention , pas que et plutôt " bon " en affaires ."Il est sympa et attirant mais , mais ..." vous connissez la suite . Un gentil garçon de gauche que le monde du capitalisme ne rebute que bien modérément .

Bref , je ne vais rien vous dire de plus , la quatrième de couverture du roman , que vous lirez forcément , ne serait-ce que par curiosité , lors de votre prochaine visite en librairie , vous en dira suffisamment pour vous faire " craquer " , j'en suis convaincu .

Pour ma part , " je valide " comme le dit cette nouvelle petite phrase utilisée dans les milieux autorisés .J'ai passé un excellent moment , et ce d'autant plus que sous toutes ces géniales trouvailles du "sieur Jacky " , sous cette croûte burlesque et hilarante se trouve la description d'un monde parallèle qui suscite plutôt un petit " rire jaune " des plus ....Jacky Schwartzman observe le monde tel qu'il va , avec dérision , sans porter de jugement , avec justesse , lucidité et finesse . Cela me rappelle un peu ces fabliaux du Moyen âge dont la seule prétention était de faire rire les gens aux dépends de leurs semblables ... Rira bien qui rira le dernier ....Moi , c'est fait . Ce garçon a le talent des troubadours à la " sauce XXIème siècle ".

Je le retrouverai , c'est certain .

Quant à vous , amies et amis , je vous dis à trés bientôt et...prenez soin de vous , pas de blagues avec le " Shit ".
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Kasso

Un sosie nostalgique.

Jacky Schwartzmann n’a pas la plume triste et côté volatile, son personnage aime plumer les bons gros pigeons, ceux qui sont prêts à dégainer le carnet de chèques comme un exhibitionniste ouvre son imperméable dès qu’on leur fait miroiter un sésame pour le septième art et la célébrité. Miettes de pains devant les bancs publics et miroir aux alouettes dans la volière.

Jacky Toudic, son avatar, est aussi le sosie de Mathieu Kassovitz, une ressemblance comme deux gouttes d’eau et trois verres de Suze, qui lui permet de vendre des projets de films bidons à des entrepreneurs de province.

Problème, il doit interrompre son tour de France de la magouille et rentrer dans sa ville de Besançon pour s’occuper de sa mère qui a la mémoire qui flanche. Ses principaux symptômes : elle le prend pour son toubib et se persuade qu’un animateur célèbre de jeux télévisés est son fils.

Ce retour aux sources permet à Jacky Schwartzmann de nous raconter la jeunesse de son héros et la sienne par la même occasion, dans le Doubs. Comme Victor Hugo, l’auteur est né à Besançon. Pas évidente, la succession littéraire. Bon, on comprend vite que si tous les chemins mènent à Rome, ce n’est pas le cas de la préfecture de la cancoillotte. Néanmoins, les pages consacrées aux vieux copains dans les deux trois spots incontournables de la ville sonnent justes, comme un vieux tube sur Radio Nostalgie dans un embouteillage, au retour de la transhumance estivale.

Comme le romancier a plus d’appétence pour les bras cassés que pour les misérables, son sosie rencontre une ravissante créature, dotée d’autant de scrupules que lui, et elle l’incite à changer de braquet dans la vente de rêves hors de prix. Les yeux deviennent plus gros que le ventre, ce qui est souvent le cas, quand le cerveau migre dans le pantalon et à la manière du Dortmunder de Donald E Westlake, le plan ne va pas manquer d’accrocs.

Dans la famille décomposée de la comédie policière, Schwartzmann brille une nouvelle fois par l’originalité de son histoire. Sans prendre grand-chose au sérieux, il ne se cantonne pas à des clones fatigués qui chantent en playback dans des costumes à paillettes trop serrés.

Il n'a pas la vanne gratuite ou discount et si le dénouement est un peu prévisible au royaume des arnaqueurs, je me suis laissé porter par le rythme léger du récit.

Kasso ne devrait pas trop avoir la haine s'il lit ce roman amusant.













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Pension complète

Je vous l'avais bien dit , aucune amélioration du temps , grisaille et pluie , nouvelle dépression en vue , dans le ciel et surtout pour le " bonhomme "...Il faut agir et vite , hors d'un bon moment de détente, point de salut .....Vite , la PAL , c'est pas la peine d'avoir trois mètres de haut de bouquins à lire si pas un ne peut me faire rire , rien qu'un peu , sourire même , ça irait , ce serait bien réconfortant après mes dernières lectures qui m'ont " mis la tête dans le seau " ....

Quelques minutes et une " chute non contrôlée " de livres plus tard , il me semble l'avoir trouvé, mon sauveur . Oui , Jacky Schwartzmann , j'ai déjà lu "Mauvais coûts "et , franchement , j'avais bien aimé. Si " pension complète "est de la même veine , me voici à coup sûr sur le chemin d'une renaissance que je n'espérais plus ...

Allez , on y va .L'action se passe au Luxembourg . Dino , un petit lascard de la banlieue lyonnaise y a , un jour , rencontré Lucienne et il vit avec elle depuis plus de vingt ans .Bon , franchement , c'est pas trop original comme début....Ah , élément que j'allais oublier ...La Lucienne , elle a 70 ans et le Dino , 40 . Oui , et alors ? L'amour , c'est quand même pas forcé de rassembler que des gens du même âge , non ? Et puis , si c'était le contraire , on trouverait ça normal , alors ...Oui , et puis , en France , on a l'esprit ouvert , en même temps (!) ....Certes , certes , mais le Dino , il n'a pas un rond alors que la Lucienne , du pognon , elle en a à ne pas savoir quoi en faire, pas d'enfants , juste sa vieille mère de 100 ans .... Et comme ça , c'est plus clair ? Gigolo ? Moi , j'dis ça , j'dis rien....

Après une bévue, Dino est prié d'aller se mettre un moment " au vert " à Saint Trop , sur un yacht à la Lucienne , bien sûr ...En route , sa Mercedes ( enfin celle de Lucienne ), fait rarissime , tombe en panne et le voilà contraint de passer quelques jours au camping " les Naiades " de la Ciotat . Ce camping , comment dire , c'est un mélange du "Camping Paradis " et du " Camping des flots bleus " . Le premier pour ses animatrices de charme , le second pour Patrick ....euh , non , Charles . Bien entendu , la rencontre va avoir lieu entre " Charles et Dino " mais vous connaissez déjà , bien sûr. " Charles et Dino " c'est quand même pas si vieux...Charles , écrivain , ancien prix Goncourt en mal d'inspiration ....Entre les deux , osmose parfaite et dans le même temps , la mort rôde....Après , faut lire ...

Franchement , les puristes du polar vont sans doute tiquer un peu car , pour du pas conventionnel , c'est le top du top . L'auteur possède un talent fou pour nous faire rire devant un cadavre lacéré à coups de couteau en céramique , par exemple , ou à l'évocation d'une anglaise "passant devant nous , un rouleau de papier - toilettes à la main et repassant quelques minutes après avec la marque de la lunette des toilettes imprimée sur les cuisses..( juste une info , l'anglaise , on la retrouvera encore aux toilettes un peu plus tard... Gastro ? Non , assassinat ) .Alors , autant vous le dire tout de suite , l'intrigue policière n'est pas , mais pas du tout crédible et pourtant , je vous l'assure , on tourne les pages de ce roman avec un intérêt qui ne perd jamais en intensité . Si cet auteur à un caractère proche de ce qu'il écrit , nul doute qu'il doit être invité à nombre de réunions réclamant un bout en train , même pour des obsèques , mais je ne vous en dis pas plus ...Y'a des morts , donc , si y'a des morts ( et pas qu'un ) y'a...y'a ....ben oui , y'a des enterrements!.

L'humour n'est jamais lourd, jamais discourtois , jamais grossier , non , toujours bien maîtrisé, souvent très fin et , au - delà, il y a encore bien mieux , la description fine et pleine d'esprit d'une société gangrenée par le fric , avec les riches , les pauvres , s'épiant les uns les autres , les uns depuis le pont du yacht , les autres depuis le quai du port , et puis , dans un camping , on en rencontre des gens , il s'en passe des choses.

Très honnêtement, j'ai dévoré ce roman qui a bien illuminé cette nouvelle journée de grisaille , j'ai passé un très savoureux moment de détente, sans ennui , surpris d'arriver déjà à la dernière page . Certes ma vie n'en sera pas changée , ma journée , si .L'humour, on le sait , c'est très difficile à rendre dans des écrits . Jacky Schwartzmann a une nouvelle fois montré qu'il avait ce talent .

En son temps , j'ai adoré San Antonio .En tout il faut raison garder mais j'ai retrouvé quelques petites ressemblances .Mais ça , hein , ce n'est que mon modeste avis.
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