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Critiques de Jacky Schwartzmann (539)
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Kasso

Ce roman noir n’en a que le nom car il est totalement jouissif. Mélange d’humour noir et d’un brin de burlesque, c’est avec une écriture acérée que Jacky Schwartzmann nous offre son dernier bouquin.



Ne nous voilons pas la face, Jacky Toudic est un pauvre type. Pas forcément très intelligent, opportuniste par nature, manipulateur, il est, toutefois, doté d’une particularité physique qui lui offre une aide considérable dans sa vie : il est le sosie parfait de l’acteur Mathieu Kassovitz. Grâce à cet attribut, il accumule les menus larcins. À la suite du diagnostique de maladie de sa mère, il retourne à Besançon où il retrouve ses anciens amis. C’est là que son dernier plan machiavélique se met en place mais il faut toujours se méfier des apparences car la proie n’est pas forcément celle que l’on croit !



Alors que parfois, j’ai un peu de mal avec le côté burlesque dont certains écrivains attifent leurs écrits, ici, il m’a conquis ! C’est à la fois finement pensé et drôle, sans tomber dans le caricatural de mauvais goût. Les personnages déjantés sont truculents et l’histoire est rapidement captivante avec son côté loufoque.



J’ai particulièrement aimé l’approche choisie par l’auteur au sujet de la relation entre le héros principal et sa mère, atteinte d’Alzheimer. Alors qu’on se croit en plein roman noir ou qu’on nous vend comme un polar, une touche intelligente d’émotions et de sensibilité trouve sa place.



La plume légère et incisive de l’auteur font que le livre se lit facilement. Sans dénombré trop de personnages, cela permet aux lecteurs de savourer leurs caractéristiques.



Les rebondissements inattendus m’ont donné encore plus de saveur à cette lecture.



Alors que la ville de Besançon n’est pas très souvent utilisée comme décor dans mes lectures, voilà que c’est la deuxième fois en moins d’un mois qu’elle revient après « Le manteau blanc » de Nicolas Leclerc. Cette originalité de ne pas avoir planté l’histoire dans Paris ou autres grandes villes françaises n’est pas négligeable.



J’ai vraiment passé un très bon moment de détente avec ce bouquin atypique qui soit vous séduira complètement, ou au contraire vous laissera de marbre. Je ne connaissais pas cet auteur, mais il ne s’agira certainement pas de ma dernière lecture à son sujet.
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Mauvais coûts

En commençant ce livre, j’étais persuadée de tenir en mains un policier américain à la couverture moche. Pas du tout. Non seulement l’auteur est français, mais le contenu relèverait plutôt d’une étude sur le capitalisme galopant.



Gaby Aspinall nous raconte son quotidien de célibataire désabusé, sa vie, ou plutôt sa non-vie, son non-amour, son travail d’acheteur pour une boîte en crise sur le point de se faire racheter par un groupe américain. Ecrit à la première personne, à se demander si ce récit ne serait pas en grande partie autobiographique.



Nous comprenons mieux pourquoi l’auteur a choisi de citer une phrase de Houellebecq pour débuter son livre : ‘Tout peut arriver dans la vie, et surtout rien’. (Plateforme) Sur un ton cynique, Jacky Schwartzmann nous donne une vision anticonformiste et pointe les dysfonctionnements de notre société. Il réussit le tour de force d’être diablement drôle et plein d’humour sans se prendre trop au sérieux. Une satire à savourer.













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Shit !

Attention, cet auteur a encore frappé !

Encore un bon cru du grand Jacky Schwartzmann.

Je guette maintenant les sorties avec grande fébrilité. Avec mon peu de temps disponible, je sélectionne mes lectures avec grand soin et je ne manque jamais de faire une place pour ce genre de polar : humour, ironie, causticité,mordant....

Une ville de province : Besançon (je pense que l'auteur y est comme chez lui).

Une bande de malfrats un peu "branque". Un challenge, un produit à écouler et des em.......

Bref, rien de bien folichon vous me direz. Oui, mais avec le talent de Mr Schwartzmann, cela donne une bonne dose de rire jaune.

Cela fait du bien, on s'amuse, on a peur pour ces personnages cabossés si attachants.

*

Vous avez envie de légèreté mais pas "tarte", lisez cet opus.

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Demain c'est loin

François Feldman, pas celui qui fait lever les paraplégiques au téléthon , l'autre , est un débrouillard qui ne se débrouille pas très bien. Issu de la banlieue lyonnaise , il est soumis aux bonnes volontés de cette conasse de Bacardi, pas le rhum, sa banquière.

Tragique clin d'oeil du destin , la Bacardi va déconner avec sa pédale de frein et finir sur un gamin de la cité , sous les yeux de Feldman . Comme on dit chez Playmobil, en avant les histoires.



Deuxième Jacky pour moi et même constat enjoué que pour le précédent : C'est très drôle, avec toute la subjectivité que l'on met lorsque l'on parle d'humour, hyper rythmé, c'est indéniable.

L'histoire, on en pense ce que l'on veut, moi elle m'a porté avec ses rebondissements, ses morts , sa love story. Mais ce livre propose sous ses aspects très divertissants une approche très intéressante de la place des populations d'origine étrangère en France.

Sans tomber dans le cliché , la démago, on a ici une image qui me parait assez réaliste de la vision du monde par un jeune désoeuvré. Certes, le trait est sans doute un peu grossi mais il y a quand même des passages qui interrogent comme le dialogue entre un jeune coiffeur tunisien et un "bourgeois" après les attentats de Charlie Hebdo.

L'auteur utilise plusieurs prismes pour étudier ses personnages et cela fait aussi le charme de l'ouvrage.

Un très bon moment de lecture sans prise de tête, mais sans doute plus profond que l'histoire ne peut le laisser paraitre.

J'aurais bien mis cinq étoiles , mais le héros est un supporter de l'OL qui crache sur "mes " verts, il y a des limites à la tolérance :))).

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Pension complète

♫ It's never as good as the first time ♪

♪ Never as good as the first time (never as good as the first time) ♫

(J’ai toujours été neuneu quand je la vois et que je l’entends chanter)



https://www.youtube.com/watch?v=TgrmqBgW4wY&ab_channel=Ellis



Ayéééééééééé, j’ai eu ma première fois, mon premier Kyky.

Depuis trop longtemps les billets de Pecosa et de Koalas sur l’œuvre de Kyky me mettaient l’eau à la bouche et puis vous savez ce que c’est, on repousse because nouvelle « urgence » à lire et puis le temps passe et… et il était temps de montrer enfin à ma pal qui est le patron !!!

Depuis un bon moment j’attends le nouveau Le Guilcher pour repartir avec lui dans ses délires de fracassé du bulbe et bien je peux vous dire que Kyky, ça vaut bien la méthadone pour oublier l’état de manque.

S’il faut appeler un chat, un chat, alors disons que si vous avez l’humour sponsorisé par Biafine dès que vous entendez parler de deuxième ou troisième degré, alors oubliez Kyky. Par contre si le politiquement incorrect vous met en joie, si vous raffolez du genre pince sans rire ou gueule d’ange à qui on donnerait le bon dieu sans confession, disant ou faisant les pires horreurs avec un air de pas y toucher, alors l’heure du déniaisement est arrivée. Il faut vous plonger dans les pages de Jacky.



Pension complète, c’est voyage en terre inconnue à Ploucland, pour le duo improbable que forment par hasard un gigolo venu de Luxembourg et d’un prix Goncourt aux ressources insoupçonnées et insoupçonnables.

Dino vivant depuis vingt ans aux crochets d’une richissime Luxembourgeoise de trente ans son aînée, part en pénitence quelques temps à Saint Tropez. La punition est terrible, surtout quand il se trouve obligé de passer quelques jours dans un camping de La Ciotat. C’est là qu’il va rencontrer Charles, écrivain en immersion pour connaître les gens, lui qui plane dans d’autres sphères. Pour le meilleur et pour le pire, pour un grand panard de lecture.

De la vanne en veux-tu en voilà tout comme j’aime, ça n’arrête pas. Ca défouraille sec, pas de répits, rire assuré pour les aficionados de l’humour noir, de l’ironie, de la dérision.

C’est pas tout ça mais « Demain c’est loin » alors je vais y aller. Oui c’est un autre titre de Kyky et je vais enchainer direct parce que si je sais ne pas commencer, une fois que c’est parti, quand j’aime, je sais plus m’arrêter.



Ah oui, cette pension complète, y avait pour moi comme un p’tit air de paradis (oui j’ai placé ça juste parce que j’ai toujours craqué pour elle et ses rythmes, aucun rapport avec Kyky).



https://www.youtube.com/watch?v=WAQct-ItZoU&ab_channel=SadeVEVO

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Shit !

« Kasso », le précédent roman noir de Jacky Schwartzmann m’avait beaucoup plu, il y a de ça deux ans, lors de sa parution en 2021. L’humour noir déjanté avait eu le don de me faire passer un excellent moment de lecture. Cette année, l’auteur revient avec un nouveau titre, « Shit ! », toujours aux Editions du Seuil dans leur collection Cadre Noir.



Jacky Schwartzmann a le génie de mettre en scène un personnage principal, somme toute banal, puisque Thibault Morel est CPE (conseiller d’éducation) dans un lycée de banlieue et d’en faire un héros des temps modernes, ô combien attachant.



Ce Thibault va s’installer dans un quartier sensible de Besançon, à la Planoise, cité désœuvrée où les habitants ont été complètement oubliés des politiques. Dans son immeuble se trouve un four. Qu’est-ce que c’est que ça me direz-vous ? Eh bien, il s’agit d’un lieu fixe de vente de drogues où les acheteurs se présentent en quête de leurs doses de shit. Cet endroit est géré par les frères Mehmeti, deux crapules qui font régner la terreur dans le quartier avec une armée à leurs ordres. Ces deux-là vont se faire tuer lors d’un règlement de compte avec une bande rivale et c’est ainsi que le bien sage Thibault et sa bonne voisine, Mme Ramia, vont tomber sur un stock de drogues. Quand ils vont se rendre compte combien tout ça pourrait leur rapporter, ils vont choisir de modifier quelque peu leur destin ainsi que celui de toute la cité….



Encore une fois, j’ai complètement adoré ce roman noir, parfois un brin burlesque, mais savamment dosé et surtout une bonne dose d’ironie et d’humour. Connaissant très bien le quartier puisqu’il y a lui-même grandi, l’auteur offre un roman noir excellent où l’on se met à trembler pour ce brave Thibault qui semble parfois oublier dans quoi il s’est lancé…



Alors qu’on pourrait s’imaginer que les émotions seraient absentes d’un polar de ce type, j’ai trouvé qu’au contraire, on ne pouvait qu’en éprouver : que ce soit bien entendu pour ce personnage central mais aussi pour les autres habitants comme Mme Ramia. J’ai trouvé cette dernière exquise ainsi que ces anonymes qu’au final, on pourrait croiser à bien des coins de rues.



Dotés d’un style très fluide, le livre nous apporte des événements cocasses qui s’enchaînent et on ne voit pas le temps passer. Agréablement surprise par une fin qui a été terriblement bien pensée, je n’ai eu au final qu’un seul regret : arriver à la fin de cette lecture que j’ai tout simplement a-d-o-r-é-e !



Je remercie les Editions du Seuil et le site Babelio pour l’envoi de ce livre décapant et tellement jouissif !
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Kasso

Après quelques lectures exigeantes ces derniers temps, grosse envie d’une parenthèse en mode « lecture facile ». Bingo (si, si, on dit toujours bingo) avec Kasso de Jacky Schwartzmann : 200 pages de lâcher prise en roue libre, détendant et même drôle, et qui n’a – heureusement – rien à voir avec le polar annoncé en 4e de couv’.



Quand tu t’appelles Jacky Toudic, que tu es originaire de Besançon mais que tu es le sosie parfait de Mathieu Kassovitz, tu comprends vite qu’un de ces éléments t’offre davantage d’opportunités d’avenir que les deux autres. Et depuis des années, notre Jacky enchaîne les arnaques au sosie aux quatre coins de la France, amassant illégalement mais laborieusement de quoi se retirer dans les îles le moment venu.



Mais fuyez Besançon et Besançon vous rattrapera bien un jour ! Et voilà notre Jacky de retour au bercail pour s’occuper de sa mère Alzheimer, se retrouver confronté avec ses racines pas si enfouies et se voir offrir sur un plateau L’ARNAQUE ultime qui lui permettra de se ranger définitivement des voitures.



Si l’histoire est parfois un brin faiblarde, l’essentiel dans Kasso n’est pas là, mais dans le style jubilatoire et défoulatoire (si, si, ça se dit) employé par Schwartzmann. Cet homme-là n’aime pas son époque, ou s’il l’aime, c’est avec le regard sans concession de celui qui sait que la plupart de ses concitoyens ne la mérite pas.



Cela donne une grosse déconnade littéraire où Schwartzmann dénonce avec drôlerie les travers de ses concitoyens, tout en semant ici-et-là quelques traces intimistes et nostalgiques avant de vite retourner à la poilade de peur qu’on le démasque. Vite lu, vite oublié, mais ça fait du bien. Et c’était le but !
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Demain c'est loin

Les classes sociales coexistent sans jamais se mêler jusqu'au jour où le hasard provoque une rencontre explosive. C'est l'idée de départ de nombreuses comédies comme « La vie est un long fleuve tranquille » que l'on retrouve ici. D'un côté, François Feldman, « comme le chanteur », est un jeune de banlieue. Ne vous fiez pas à son patronyme et à sa tête, il n'est ni juif, ni maghrébin. De l'autre, Juliane, sa conseillère financière, fille unique d'une famille bourgeoise. François a créé une boutique de tee-shirts comiques qui rencontre des difficultés de trésorerie. Heureusement, il a un nouveau projet très lucratif en tête. Mais sans argent, rien n'est possible, alors direction la Banque Populaire pour un entretien avec Juliane. Tout oppose le jeune de cité et la cadre BCBG, le mauvais payeur et la banquière inflexible. Mais un événement tragique va les contraindre à prendre la fuite et à partager des aventures déjantées. Le récit est nerveux et le bandeau ne ment pas : la plume de Jacky Schartzmann est corrosive. Il touche à tous les types d'humour : la raillerie, le graveleux, le second degré mais aussi l'humour très noir. Mais le livre ne se limite pas à une farce moderne. Avec sa tchatche, François, le protagoniste, délivre des remarques mordantes sur notre société et le fameux « plafond de verre ». Un roman drôle, remuant, caustique, pertinent... Me voilà conquis.







;-) clin d'oeil à Mimeko qui m'a fait découvrir Jacky Schwartzmann (critique de "Mauvais coûts").
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Ils sont partout

« Ils sont sont là, dans les campagnes, les villes, sur les réseaux sociaux, les envahisseurs ». Bref, ils sont partout. Ces mots là d'une candidate à l'élection présidentielle raisonnent encore.



Les auteurs visent délibérément ce qu'ils appellent la facho-sphère qui se nourrir d'antisémitisme mais également de négationniste. Il y a ceux qui croient que la terre est plate, que les américains ne sont pas allés sur la Lune et que les attentats du 11 septembre 2001 ont été provoqué par les services secrets pour lancer la guerre contre l'Irak et l'Afghanistan.



On va suivre une jeune journaliste (que la complosphère surnomme journalope) dont le frère semble être attiré part ces thèses extrêmes. Elle va alors se faire aider par un spécialiste de l'extrême droite et qui était un ancien grand reporter pour le retrouver avant qu'il ne commette des attentats irréparables.



On va croiser des figures réelles dont les noms ont été modifié afin d'éviter des procès en diffamation (je pense à Jean-Marie le Pen ou encore l'humoriste Dieudonné). Tout sonne assez juste et c'est ce qui est sans doute le plus effrayant.



Evidemment, ce genre de BD qui dénonce un phénomène très actuel est utile et nécessaire. On se dit qu'on ne croira jamais à de telles sornettes quand on est intelligent. J'avoue qu'une collègue m'a fait voir une vidéo qui dénonçait violemment les vaccins ainsi que l'industrie pharmaceutique piloté par Bill Gates durant la crise sanitaire et cela paraissait tellement crédible. Bref, n'importe qui pourrait y succomber si on n'y prend pas garde.



De telles bêtises peuvent même fausser le résultat d'une élection présidentielle. La pauvre Hillary Clinton en sait quelquechose. On remarquera que c'est toujours les mêmes qui utilisent ces moyens pour tout d'abord se présenter en pauvres victimes du système qui les rejettent avec l'aide des médias pour ensuite acquérir le pouvoir et mener une politique conduisant à la haine de l'étranger.



Cette BD démonte les mécanismes en nous les expliquant de manière assez ludique. A noter qu'il ne s'agit pas d'une BD documentaire mais d'une vraie intrigue ce qui renforce encore plus l'aspect pédagogique en nous montrant du concret.



Certes, cette plongée dans les milieux complotistes et d'extrême droite est glaçante. C'est cependant nécessaire pour bien comprendre les enjeux et déjouer les pièges car c'est notre démocratie qui est sans doute en jeu sur le long terme.
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Kasso

Que feriez-vous si vous étiez un peu escroc et le sosie parfait de Mathieu Kassovitz ? Jacky Toudic, lui, enchaîne les arnaques à la petite semaine, jusqu’au jour où un gros coup se profile à l’horizon. ● Je trouve que Jacky Schwartzmann est meilleur à chaque livre qu’il publie. Celui-ci est très drôle, son intrigue est très bien ficelée et les réflexions à la Houellebecq qui le parsèment font toujours mouche, à la fois pertinentes et superbement formulées : le stabilo ne sait plus où donner de la tête ! C’est délectable. ● Quelques exemples : « l’avenir c’est pour ceux qui n’ont pas de présent. » ● « Des rebeus rebeutent, la casquette Nike sur la calvitie, les bourrelets dans le maillot Qatar Airways, accompagnés de leurs copines blanches un peu grasses, la mèche blonde collée sur le front et le regard affectueux d'un setter irlandais après la chasse. » ● « Je tourne la tête vers le fameux type. C’est un gros porc. Le croisement entre un commercial et un élu. Costume à mille euros, à vue de nez. Belles chaussures. Une montre Boss, à peine vulgaire. Une chaîne en or autour du cou, marqueur social évident : j’ai là un gros beauf, avec des moyens. Il porte un déguisement, la panoplie de lui-même. » ● « Si tu veux devenir ce que je suis, c’est que tu ne respectes pas ce que tu es, et si tu ne respectes pas ce que tu es, tu ne mérites pas de devenir ce que je suis. […] Les types qui ne sont pas fiers de leur ville ou de leur pays, qui errent apatrides de l’âme et qui se cherchent un autre drapeau, une autre histoire, eh bien ces types sont des chiens culturels. » ● « En fait, j’ai un problème avec les militants. Ils m’énervent, même quand je suis d’accord avec eux. […] Militer c’est être en guerre contre le réel et c’est mentir. Tu ne peux pas échapper au dogmatisme, si tu es militant, et donc au mensonge. » ● « [1968, c]’est la première mort de De Gaulle et l’acte de naissance de la société du divertissement telle que je la connais, qui s’est lentement muée en société du ricanement. C’est ce que nous faisons le mieux, ricaner, tous ensemble, à l’unisson de notre guide spirituel : Yann Barthès. » ● « Les politiciens ? Les types se prennent pour Clemenceau et gèrent des problématiques d’expert-comptable. » ● « [L]a démocratie directe, que beaucoup de types bien intentionnés plébiscitent, existe déjà, c’est Twitter, c’est Facebook, et c’est la haine exacerbée. »
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Kasso

Besançon dans le Doubs, Franche Comté… Vu comme ça, à première vue, à moins d'être né dans le coin et de trouver libertaire le couvre feu à 18h alors qu'en règle général dès 17h45 il n'y a plus rien à faire, vu comme ça donc, c'est pas la franche éclate.

Jacky, il y est né mais pas resté plus que nécessaire. Un certain Al Zheimer a pris sa mère en otage et Kiki va donc revenir aux sources pour s'occuper un peu de la vieille qui débloque.

Ce qui a l'air pas mal à Besançon c'est que tu peux quitter la ville et revenir des dizaines d'années plus tard, tu retrouves tout là où c'était posé, rien n'a bougé. Pas même les potes.

Ca doit être pour ça qu'un soir, pour mettre un peu de folie dans l'ambiance, alors que Kiki se fait planter par un ex futur coup d'un soir dans un restau, un homme l'aborde pour…

En fait Kiki c'est le sosie de Mathieu Kassovitz, et son boulot c'est d'être Kasso pour qui veut. Un arnaqueur le Kiki.

Entouré d'une joyeuse bande de fracassés , de Zoé et d'une maman qui fourni l'EHPAD en produits naturels qui se fument, Kiki nous fait partager la préparation de « La Haine 2 ».



Troisième Jacky Schwartzmann en peu de temps et troisième excellent moment de lecture.

Le ton des dialogues tout comme j'aime, des vannes et un humour qui me parlent bien et puis quelques scuds lancés comme ça sur l'intégrisme de la bien pensance des temps modernes. C'est rythmé même si j'ai trouvé un poil plus long à démarrer que ses deux précédents titres lus. Après à la décharge de l'auteur, à Besançon fallait pas non plus s'attendre à un départ à la Usain Bolt.

Du suspens, de l'émotion, du rire. Pas le livre du siècle mais un bon moment de détente pendant lequel je me suis bien marré.

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Stop work

Il y a un peu de Fabcaro dans cette manière de voir l’absurde qui nous entoure. Voici le monde de l’entreprise avec ce beauf à la Cabu qui convoite le poste de Directeur d’achats. Il va se confronter à la responsable E.H.S., et avec le représentant de la CGT, vont profiter du n’importe quoi des fiches « Les presqu’accidents ». Des seconds rôles attachants comme les techniciens de surface et le stagiaire. C’est drôle, cocasse, grinçant et parfois vrai comme le changement de pile sur la pendule. La personne qui m’a prêté cette BD m’a dit avoir eu ce problème pour un changement d’ampoule où on lui avait dit qu’il fallait un prestataire extérieur ayant une habilité électrique pour la changer.
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Pyongyang 1071

Après une soirée Créole, Jacky a du punch à revendre

et une drôle d'obsession qui lui trotte dans la caboche :

s'entraîner à donf pour faire le marathon de Pyongyang.

On le prend de haut, on rigole derrière son dos

le petit rigolo n'ira pas plus loin que le café du coin...

Mais le jacko, quand il a une obsession dans la tête, il s'accroche

enfile sa tenue moulante de joggeur et ses niques,

télécharge du Bob Marley et l'application du super coach moustachu

et c'est parti mes quiquis

il se voit déjà à courir le marathon en Corée du Nord...

Ah un Jacky Schwartzmann qui sort à l'heure du beaujolais nouveau,

on se dit qu'on va passer un bon moment,

qu'il va faire déguster tous ses personnages

et sortir son arsenal d'humour vachard

sauf que là sauf erreur de ma part

il n'est point question de roman noir

comme Pension complète, Mauvais coûts, Demain c'est loin.

Celui qui va en prendre plein la poire et les gambettes

c'est l'auteur en personne qui s'est mis dans l'idée de faire

un exploit : la course de Pyongyang , c'est pas de la chi..corée !

Six mois de préparation physique marrante pour nous

mais pas pour lui qui va en baver en musique..

Faire le voyage hyper organisé via la Chine en Corée du Nord

et avoir comme guide Jacky, c'est du pain béni .

Prendre pension complète chez la grande famille Kim,

ça le change de son dernier camping estival

mise à part, les claquettes chaussettes made in Corée !

Il est formidable Jacky Schwartzmann quand il raconte ses pérégrinations

On ne pourra pas lui reprocher de ne pas s'être pas (dé)foulé

mais je le préfère avec sa casquette d'auteurs de romans noirs.

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Shit !

22 janvier 2023 : Une vingtaine de tirs à l'arme lourde dans le quartier Planoise à Besançon. Ça, c'est la vraie vie, version zone de non-droit.

Première version : Violence et mort.



Thibault, conseiller d'éducation, reconverti en dealer de drogue pour tenter de soutenir les plus défavorisés du quartier. Ça, c'est la fiction, version Jacky Schwartzmann.

Deuxième version : Survie et panache.



Je n'ai pas besoin de vous préciser quelle version est ma préférée.

Je signe toujours pour le loufoque, l'improbable, le décalé, l'absurde et pour toute version dont la découverte fait jaillir le sourire sur mon visage.



Et les sourires sont nombreux à la lecture de ce roman !



En premier lieu, comment rester insensible à la plume pétillante, provocante et percutante de l'auteur dont c'est ma première lecture ? Comment résister à la succession d'expressions originales et délirantes, pleines de peps, de dérision et d'intelligence qui agrémentent la trame de l'oeuvre ?



Ensuite, comment ne pas se délecter d'une histoire tragi-comique dont les acteurs principaux, Thibauld Morel et Myriam Ramla forment une paire aussi improbable que délicieuse ? Comment ne pas voir en eux des Robins des bois des temps modernes salopant une part de la jeunesse en vendant du shit tout en aidant une autre part grâce aux tunes engendrées ?

L'idée est géniale !



Ensuite, c'est l'immersion dans Planoise à la découverte de ses barres d'immeubles, de ses familles souvent laissées pour compte, de ses associations d'entraide et de loisir, de ses fours (zones de deal) hyper dynamiques, PME nécessaires à la survie de beaucoup mais distillant son énergie négative, sa violence et son sentiment d'insécurité au-delà des simples consommateurs.



"Quelque chose que je ne m'explique pas demeure artificiel dans la cité. Quelque chose fait que ce quartier n'aura jamais d'histoire. Il n'y a pas de promenade sympa. Il n'y a pas de librairie. Il n'y a pas de cinéma. On ne flâne pas, on rouille. On ne pense pas, on gamberge. On n'aime pas, on se case."



Enfin, Shit ! c'est le questionnement d'une vie, la remise en cause de notre système de valeurs, de nos conditions humaines, de nos objectifs d'avenir, de nos souhaits de mixité, d'intégration et de vivre ensemble. Et, ma foi, au coeur des sourires durant cette lecture, ces questions existentielles font leur job d'empêcheur de tourner en rond. Et cela n'est point pour me déplaire.



Shit ! est à mettre entre toutes les mains, sans barrettes, ni commerce, sans danger si ce n'est celui de passer un excellent moment de lecture.



Merci à Babelio par son opération Masse Critique et aux Editions du Seuil pour cette belle découverte !

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Pension complète

C’est ça le plaisir de la lecture : passer d’un livre ultra sérieux à un « polar poilant », sans transition. J’adore !



Que ça m’a fait du bien d’entrer dans l’univers déjanté de Jacky Schwartzmann, grâce aux conseils avisés de mes amis babeliotes.

Il utilise le tandem qui marche toujours, celui qui joue sur l’antithèse.

Entendons-nous bien : le narrateur est un homme originaire de la cité des Buers à Lyon, quartier populaire et où l’on apprend sur le tas à se défendre, en paroles et en action surtout. Il s’est « élevé » dans la société en vivant avec une Luxembourgeoise fortunée de 32 ans son aînée, et ça fait 20 ans que ça dure. Mais à la (dé)faveur d’un AVC de sa belle-mère (la centaine, si vous me suivez bien), il pète un câble, et sa Lucienne l’envoie dans le Sud de la France, sur les conseils d’un policier bien intentionné.

C’est là que le second personnage du tandem apparait, l’antithèse absolue…



Ce que j’ai ri ! Jeux de mots, sous-entendus, personnages atypiques ou caricaturaux (rhaaa là là la famille liégeoise …), le tout raconté avec verve : je ne me suis pas ennuyée une seconde. La fin uniquement m’a paru « too much », mais à part ça, j’en redemande !

L’auteur joue avec les stéréotypes pour mieux leur tordre le cou et ça marche.



Ah oui, je parlais d’un polar…Bien sûr, il y a des meurtres, mais ce n’est pas l’enquête qui compte, c’est plutôt les différentes réactions des protagonistes, tous en pension complète dans le monde décalé d’un auteur que je découvre et que je vais suivre.

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Demain c'est loin

Ce que j’ai ressenti:

À la manière d’un portrait chinois, voici un peu de ce qu’il vous attend dans ses quelques 200 pages ultra dynamiques et foncièrement corrosives! Un coup d’éclat…D’éclats de rires et d’éclats de Noir! Sensationnel!



▪️Si j’étais…Un personnage…



Je serai François Feldman. Non pas le chanteur, l’autre! Celui inventé par Jacky Schwartzmann, un « mec de cité », français avec une tête de beur et un drôle de nom homonyme, un commerce louche et un petit souci de communication avec sa banquière Juliane Bacardi. Autant vous dire que ça n’aide pas trop dans la vie, mais François a de la ressource et du répondant, et suivre ses péripéties nous emmène aujourd’hui à découvrir pourquoi son futur à lui et bien, il se résume à: Demain c’est loin.



"Je m’appelle François Feldman, comme l’aut’ con. Mais je suis pas chanteur. Et je suis pas juif. Depuis toujours quand je dis mon nom on me demande : « Comme le chanteur?» Quand je suis énervé je réponds : « Pis ta mère, tapette ? » Et quand je suis calme je dis que oui, c’est mon oncle."



▪️Si j’étais… Témoin d’un meurtre…



Et bien, je serai bien dans la mouise! Et c’est ce qu’il va arriver à ce quadragénaire…Et ce qui va nous pousser à voir se former, sous nos yeux ébahis, un duo improbable mais attachant qui s’arrache in extremis, d’un sacré bourbier. C’est parti pour une cavalcade d’enfer! Rien ne les destinait à ce qu’ils s’entendent ces deux-là, mais on adore les voir enchaîner les situations cocasses et les répliques salées! La banquière Bacardi et le loser Felman, au volant de la voiture incriminée, vont apprendre l’impitoyable loi des cités et celle corrompue de la bourgeoisie. On ne sait pas laquelle est la pire…Une explosion de vie et de clichés, qui fera voler en éclats le vernis des apparences! Juste génial, tellement c’est barré et criant de vérités!



"Plongez deux ennemis jurés dans une situation bien bordélique, mettez-les en danger, forcez-les à devoir s’en sortir ensemble, et ils développeront une nouvelle relation basée sur la confiance."



▪️Si j’étais…Une impression…



Je serai sans nul doute un éclat de rire. Avant même la page 30, je m’étais déjà marrée comme une dingue et bien sûr, la magie a duré tout le long du livre! J’ai tellement rigolé que j’ai failli m’étouffer. C’était juste hilarant, et je le verrai trop adapté en spectacle…C’est délicat en plus, l’humour, et quand c’est dosé genre « survitaminé », et bien ça donne un pur moment de plaisir! Si l’intrigue est relativement classique, tout est dans l’art et la manière de conduire l’histoire! Et là, Jacky Schwartzmann gère la tenue de route et les virages serrés de son road-trip, grâce à une intelligence fine et une délicatesse acide! Entre humour noir/blanc/beur et cynisme ensoleillé, entre piques acérées et critique sociale béton, ce livre est un petit condensé d’énergie positive! A partager sans modération! J’ai A-DO-RÉ! Et je rigole encore…



"Elle avait d’ailleurs les yeux qui pétillaient et un petit sourire autosatisfait qui lui faisait ses petites fossettes marrantes. Le second degré venait de rentrer dans sa vie et, visiblement, elle n’était pas contre."







Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Pension complète

Dino a quitté sa triste cité lyonnaise des Buers (plutôt à Villeurbanne pour ceux qui connaissent), il y a une vingtaine d’année pour aller vivre du côté du Luxembourg.



Là, il a rencontré une dame, plutôt un bon parti, âgée de trente ans de plus que lui, et vit à ses crochets, ce dont il semble assez bien s’en accommoder.



Enfin, cela c’était avant qu’un banquier ne lui renvoie sa triste condition de gigolo à la figure et que Dino réagisse pas un tabassage en règle du dit banquier…



Une seule solution s’offre à notre sympathique gigolo : la fuite, et le lieu de celle-ci sera vite trouvée : direction un camping de Saint Tropez où Dino va faire la connaissance d’un écrivain mondain désillusionné…tout n’irait pas trop mal si une vague de meurtres ne se mettait à tenir la cavale de notre cher Dino…



Jacky Schwartzmann.est un auteur de roman policier lyonnais que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir.



c'est désormais chose faite avec cette pension complète, publié en octobre 2018 qui semble, selon les habitués de la bibliographie de l’auteur dans la même ( trépidante) veine que ses précédents romans.



On est ici un peu dans la même veine que le jouissif film "Monde est à toi" version littéraire avec un polar burlesque aux personnages bigger than life, aux situations hautement rocambolesques et au style virevoltant, sans le moindre temps mort.



On comprend vite que l’intrigue policière n’est pas vraiment crédible et n’est qu’un prétexte pour servir de décor à un récit aussi déjanté que désopilant…



Les amateurs de comédie policière seront comblés tant Jacky Schwartzmann maitrise parfaitement ce style plein de dérision que de mordant.



Et malgré le coté léger de la charge, l’auteur n’oublie pas de porter un regard assez acéré sur nos contemporains et sa critique de la société de consommation ne manque pas de piquant.



Bref un vrai plaisir de lecture pour bien affronter la morosité de l’hiver qui s’annonce !
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Ils sont partout

Rose, jeune journaliste, découvre l’univers de la propagande complotiste suite à la disparition d’Adrien son frère. Épaulée par un romancier de polar également scénariste de bandes dessinées, l’historienne spécialiste de l’extrême droite et du négationnisme en France, Valérie Igounet, directrice adjointe de Conspiracy Watch, propose, sous forme de fiction, une enquête au coeur du conspirationnisme et de la fachosphère, des réseaux les plus farfelus aux plus dangereux.

(...)

Expliquer, démontrer sans juger. C’est exactement ainsi que procède cette bande dessinée dont l’intrigue est par ailleurs plutôt prenante. Pas sûr que dans la cacophonie ambiante, amplifiée par nombre de médias, elle parvienne cependant à lutter contre ce bruit de fond persistant quand on sait que, comme le rappelle l’avant-propos, en France, une personne sur quatre croit au « grand remplacement » et aux « Illuminati ».
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Demain c'est loin



En principe, je suis censé rencontrer ma conseillère financière une fois par an.

Etrangement, tant que j'avais deux crédits en cours auprès de la Banque Postale ( pour ne pas la citer ), je suis resté plusieurs années sans avoir de ses nouvelles.

Depuis que je n'ai plus aucune dettes en revanche ... les propositions de rendez-vous se multiplient.

Pour me faire ouvrir une assurance-vie, un nouveau contrat d'épargne, ou n'importe quoi d'autre maintenant que je suis redevenu solvable ?

Parce que je ne suis pas un client intéressant si je n'ai ni emprunt, ni agios, ni frais d'avis à tiers détenteur ?

Je l'ignore, puisque je ne l'ai jamais revue.



"Les découverts des français représentent environ sept milliards d'euros. Ils correspondent à des prêts à court terme qui se situent entre huit et seize pour cent, ce qui revient à une sodomie."

Depuis son roman Bad trip qui dénonçait déjà l'ironie du mot "Populaire" dans la banque éponyme, Jacky Schwartmann revient à la charge. Selon lui, les agences bancaires sont à l'origine d'un racket élaboré, légal, qui rapporte davantage que n'importe quelle activité liée au grand banditisme.

Pour autant, François Feldman a à nouveau besoin de sa banquière.

♫ Maintenant que deviennent / Que deviennent les valses de Vienne ? / Et les volets qui grincent / D'un château de Province ? ♫

Alors non, rien à voir avec le chanteur. Ce François là est juste un homonyme, un Français qui a grandi dans la banlieue de Villeurbanne et dont le physique rappelle davantage celui du juif ou de l'arabe.

"Pour résumer, depuis que je suis gosse, on m'appelle soit le Juif, soit le Rebeu blanc."



Il faut s'adapter à notre monde en perpétuelle mutation, et c'est pour ça par exemple que les métiers de services au troisième âge se développent de plus en plus. Mais les entrepreneurs rivalisent de plus en plus d'idées et d'ingéniosité en proposant l'entretien des sépultures de nos proches, la sculpture sur légumes ou encore l'entretien d'aquariums ...

François Feldman s'adapte lui aussi à la présence de ces nombreux Arabes qui déplorent de devoir enterrer leurs défunts en France plutôt qu'au pays. Et il se propose donc d'importer de la terre d'Algérie afin que les familles puissent faire leur deuil plus facilement.

"Ce que je me proposais d'apporter aux Algériens de France, ils en voudraient tous."

La réaction de Juliane Bacardi, la fameuse conseillère financière, ne se fait pas attendre. Elle trouve l'idée d'un tel mauvais goût ...

"C'est une française ultra française, de bonne famille, bien élevée, le genre de meuf qui ne dit jamais par contre mais en revanche."



Devant le refus de Connasse Bacardi ( son petit surnom ), François pense à une solution alternative et se rend chez Saïd Belchia, son ami d'enfance, devenu aujourd'hui le caïd de la cité des Buers, dans les quartiers chauds de Villeurbanne, dont il contrôle le trafic de drogue.

"Cité de merde remplie de blaireaux et de mecs tordus et violents."

Quand, dans le même temps, Juliane écrasera malencontreusement un des lieutenants de Saïd au volant de son Audi, l'histoire s'accélèrera et prendra la forme d'une improbable course-poursuite entre ces jeunes de la cité qui crie vengeance d'un côté, la police d'un autre, et bien sûr la banquière et François, au mauvais endroit au mauvais moment, qui se retrouve bien malgré lui embarqué dans cette galère, en compagnie de cette femme complètement coincée.



Cette situation totalement loufoque est bien entendu un prétexte.

Un prétexte à une folle épopée pleine de rebondissements bien tirés par les cheveux, et à des gags qui parfois font mouche.

Un prétexte également pour rendre complices deux personnes que tout oppose : le faux Rebeu des cités pas forcément fûté et la femme bon chic bon genre, de droite, née avec une cuiller en argent dans la bouche.

"Je pense que nous sommes les Bonnie and Clyde les plus ringards de toute la création."

Enfin et surtout, un prétexte aux nombreux dialogues qui parsèment l'échappée de ce couple dépareillé.

Leur vision du monde qui s'oppose, les inégalités sociales, les Algériens de France, les jeunes des cités ...



Si je ne me trompe pas, le jeune Jacky Schwartzmann a grandi à la fois dans les cités et dans les quartiers bourgeois, et donne l'impression de nous restituer les deux différents sons de cloche qui ont bercé son enfance à propos notamment de la place des Maghrébins en France : Celui des préjugés et celui des banlieues.

Avec un humour corrosif, un peu à la façon de l'humoriste Jeremy Ferrari, il dit tout haut ce que certains pensent ou votent tout bas.

"Vous êtes Franco-Algérien mais vous dénigrez la France. Répondez juste à une question : Qu'est-ce que l'Algérie a fait pour vous, au quotidien ? Je veux dire, en termes d'allocations, d'aides, etc."



Le sujet des banlieues me met souvent mal à l'aise. Les médias nous imposent un point de vue socialement correct, surtout en ces temps troublés où les amalgames sont faciles.

Mais comment rester serein dans un train quand dans la banquette à côté de la votre se trouve un jeune musulman barbu, avec une mallette ? L'idée qu'il s'apprête à faire un baroud d'honneur en emportant le plus de méchants Français avec lui vous traverse forcément l'esprit, non ? Même si vous savez parfaitement que c'est un mauvais raisonnement.



Ayant vécu et travaillé dans le centre ville de Saint-Denis pendant quinze ans, l'une des villes les plus cosmopolites de France, c'est difficile de garder toute objectivité et d'avoir du recul.

Deux fois par semaine environ, j'empruntais la rue du Corbillon, où s'était réfugié le coordinateur des attentats de Paris du 13 novembre 2015.

Si bien que quand François Feldman, dont l'actuel métier est de vendre des t-shirts avec des citations d'homme célèbre, a l'idée d'un nouveau modèle qui se vendrait comme des petits pains dans les cités, ça m'a fait sourire très jaune. Parce qu'il n'est pas loin de la vérité.

"La citation c'est "Bonjour, c'est bien ici Charlie Hebdo ?". Et c'est signé Chérif Kouachi."



Pour faire le plus court possible, mes années dans le 93 ont été marquées par les petits trafics de drogue au su et au vu de tous à proximité de la gare. J'ai le souvenir de différents collègues agressés : L'une projetée violemment contre le sol tandis que le malfrat lui arrachait son collier du cou, l'autre à la main abîmée par une barre de fer parce qu'un gamin en vélo l'avait frappé pour pouvoir récupérer son téléphone portable. Parmi mes usagers, une pharmacienne avait été victime d'une attaque à main armée et avait perdu l'usage de ses jambes. J'ai reçu une fois un homme attaqué à la machette : On lui avait coupé une oreille et massacré le dos juste parce qu'il s'était interposé dans une bagarre de rue.

Donc cette colère existe bel et bien dans les cités, notamment chez les jeunes, et elle est accompagnée de violences parfois extrêmes, sans cible précise.

A contrario, il m'a été donné de rencontrer des personnes de tous les horizons géographiques particulièrement reconnaissantes et généreuses ( beaucoup plus qu'en province ), parfaitement intégrées malgré une culture un peu différente. Et ces français d'origine indienne, malienne, israëlienne ou marocaine, qui ont du le plus souvent batailler plus dur que les autres pour pouvoir apprendre notre langue et ouvrir leur entreprise, méritent le plus grand respect, la plus grande tolérance.



Jacky Schwartzmann égratigne quant à lui l'image de l'Arabe venu en France pour vivre des aides sociales, sans nier l'existence de ce phénomène qui a tendance a irriter parfois notre système de solidarité.

"Quand on décide d'évoluer en burka, on se doute bien que même le Lidl ne nous prendra pas comme caissière."

Mais il rappelle malicieusement que le véritable problème, c'est peut-être davantage le système de répartition des richesses, en faisant référence aux actionnaires et aux salaires démentiels de certains chefs d'entreprise.

Une aberration dont on détourne notre regard en pointant le doigt vers ces individus en marge de la société.

"On est parvenu à leur faire croire que s'ils ont dans la merde, ce n'est pas à cause de ceux qui ont tout le blé, non, c'est à cause de ceux qui n'en n'ont pas du tout."



Il y a un passage que j'ai beaucoup aimé également, par lequel je me suis senti directement concerné :

"Les gens disent Maghrébins parce que Arabe on croit que c'est une insulte. C'est comme quand on dit Black au lieu de Noir. C'est pas parce que c'est plus branché, c'est parce que c'est moins gros mot. C'est un mot light en fait, comme le coca."

Et en effet, je suis le premier à me reprendre parfois, que ce soit à l'écrit ou à l'oral, quand je dis Noir. Black me paraît plus passe-partout, plus cool, et en ces temps troubles où le moindre mot de travers peut entraîner des accusations infondées de discrimination, je ne suis même plus sûr du vocabulaire que je suis en droit d'utiliser ou pas ... et apparemment je ne suis pas le seul.



Le livre fourmille de petites piques, de préjugés ( s'il a grandi dans les cités, François doit bien être capable de faire démarrer une voiture avec les fils, non ? ) plus ou moins fondés, de clichés vrais ou faux.

Parfois on s'en amuse, parfois ça crée un léger malaise, mais au moins il n'y a aucune hypocrisie bien pensante ni surtout aucune volonté de rester politiquement correct. Et quand l'auteur dépasse un peu les bornes de l'acceptable, le second personnage est là pour exposer son point de vue opposé.

Deux personnes, deux cultures, deux regards pour avoir une vue d'ensemble parce que chacun demeure uniquement concentré sur son nombril sans faire l'effort de se mettre à la place de l'autre ou des personnes incriminées.

Et heureusement, les propos tenus ne sont pas toujours à prendre au pied de la lettre.

"Le second degré venait d'entrer dans sa vie et, visiblement, elle n'était pas contre."



Si l'humour mordant permet de faire réfléchir, d'élargir notre point de vue sur des sujets particulièrement sensibles tout en passant un bon moment, les scènes d'action sont quant à elles un peu téléphonées, prêtent parfois à sourire, mais tout va beaucoup trop vite.

J'ai globalement pris plaisir à la lecture de ce petit roman acide, je déplore cependant qu'il n'ait pas été plus consistant.

Son intrigue ne tient - certes volontairement - qu'avec quelques grosses ficelles et son ironie provocatrice ne fait que soulever légèrement le voile des préjugés et du racisme en France ( et ce des deux côtés de la barrière ), un pays où finalement on n'est pourtant pas si mal.

Je l'ai donc refermé avec un sentiment d'inachevé, tant dans le périple tumultueux ( et totalement absurde ) de nos deux protagonistes que dans les réflexions intéressantes qui auraient toutefois parfois nécessité d'être approfondies plutôt que de n'être que survolées avec ce ton corrosif.

Mais je vous le conseille cependant si vous pouvez rire de tout.



J'allais également signaler la curieuse absence d'un chapitre 13 ... Mais je constate que c'est également le cas dans le précédent roman de l'auteur. Mauvais coûts et Demain c'est loin passent tous les deux sans transition des chapitres 12 à 14.

Faut-il y voir une quelconque superstition de la part de l'auteur ?



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Shit !

Shit ! J’ai terminé cette lecture loufoque et très drôle.



Thibault, CPE, fraîchement diplômé débarque dans la banlieue de Planoise, des rêves éducatifs plein la tête. Malheureusement, son appartement dans un HLM se trouve juste en face d’un four, une planque, lieu de vente de cannabis, affaire rondement menée par deux jeunes Albanais qui ont la torgnole facile à l’égard de Thibault. Quand ces deux dealers sont assassinés devant sa porte, Thibault va faire quelque chose de totalement dingue en découvrant la cache et son stock de shit. Pourquoi ? Pour notre plus grand plaisir et de nobles raisons.



Écriture drôlement jouissive, au cynisme gouailleur, sans en faire des tonnes, un régal de lecture !

Non seulement l’histoire est fantasque et très divertissante, mais l’auteur en profite pour nous piquer avec des réflexions bien senties et pertinentes.



« En réalité, peu de gens cautionnent ces agressions à Planoise. Ils veulent être tranquilles, travailler, qu’on ne nique pas leur caisse et que leurs gosses ne risquent rien en sortant derrière le bâtiment. Ils ne sont pas totalement pauvres, ils surnagent, se débrouillent et n’approuvent pas. C’est ce que j’ai découvert ici : la majorité des hommes et des femmes prétendent à une existence de travail et d’impôt. Des gens de droite finalement. »



On se balade à Planoise où l’on croise des gens plus chelous les uns que les autres.

Des expressions savoureuses de derrière les fagots vous amènent au rire tellement c’est bien trouvé !



Merci beaucoup à @JLBlecteur qui m’a enthousiasmée pour ce livre avec sa truculente chronique.
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