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Critiques de Jacky Schwartzmann (539)
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Pension complète

Un beau jour de rage

Dino a claqué la porte de la cité

et s'est installé ou plutôt affalé au Luxembourg

Le gigolo frise maintenant la grosse quarantaine

Sa dulcinée avoisine la soixante dizaine blindée

et sa belle doche la centaine perlée.

Vous voyez le tableau...Renoir

mais ça vire à l'orage depuis l' AVC de l'ancêtre

qui crèche chez eux.

Rien ne va plus,

Dino ne la supporte plus,

il pète un câble...

Le voila obligé de quitter le Grand Duché

direction l'hexagone.

Une panne de Mercédès

le fait atterrir dans un camping 5 étoiles à la Ciotat où

il fait la rencontre d'un ancien prix Goncourt

qui vient y puiser son inspiration pour son nouveau roman

le genre Higgins qui fait son safari ..

A coté, Dino fait plutôt son plein de magnum.

Bref l'entente entre eux deux bat son plein

et les vacanciers tombent comme des mouches...

Bizarre l'ambiance...

Mais pas de quoi chambouler leur train de vie

et leur descente de caisses de champ'

Encore un très bon Jacky Schwartzmannn

Son duo explosif est dans la même veine que le précédent

là peut-être un peu plus cinglant et sanglant

mais l'humour corrosif reste idem

les vannes restent grandes ouvertes

la cuisine maison de Jacky est toujours aussi bonne

Merci Pecosa pour le tuyau!

Pension complète ! Un quatre étoiles à recommander

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Stop work

Fabrice travaille comme acheteur dans la société Rondelles S.A., il aime son travail et souhaite ardemment une promotion, mais les nouvelles règles édictées par sa collègue responsable EHS (Environnement, Hygiène et Sécurité) lui paraissent de plus en plus absurdes. ● Cette BD est une satire mordante et drôle du monde de l’entreprise. J’ai pour ma part découvert ces normes EHS, qui vont dans le même sens que la société tout entière : sortir de parapluie à tout instant, créer des normes non pas tant pour protéger les gens que pour identifier clairement les responsabilités et éviter d’avoir sur le dos un procès. Ainsi on met des pancartes pour dire de bien descendre les escaliers, de ne pas faire tomber de savon liquide (sol glissant), etc. C’est grotesque mais ainsi on se protège car les victimes d’accidents éventuels ne pourront pas dire qu’elles n’ont pas été prévenues ! ● Il y a aussi ces déclarations de presqu’accidents. Dans ma naïveté, ou ma méconnaissance, je pensais qu’il s’agissait d’une blague des auteurs, mais que nenni, cela existe vraiment ! Dans la société Rondelles, chaque employé a l’obligation de déclarer au moins deux presqu’accidents par an ! ● La satire de l’utilisation du franglais en entreprise est plus convenue mais non moins bienvenue. ● Avec les lignes qui précèdent, je ne voudrais pas donner une image fausse de cette excellente BD, qui est avant tout pleine d’humour : on sourit et on rit beaucoup. Les dessins sont efficaces, le scénario impeccable et les dialogues très amusants. ● Les auteurs ont aussi le sens de la nuance et évitent tout manichéisme ; ainsi, le personnage de Fabrice, beauf et fayot au début, va évoluer subtilement tout au long du récit. ● Merci à Ziliz grâce à qui j’ai découvert cette BD. ● A mon tour de recommander !
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Pension complète

Une récréation dans le monde du thriller.

Un soir, Dino Scala pète le nez du banquier de sa milliardaire de compagne luxembourgeoise dans le claque tenu par Tania, une grosse, vieille et sympathique maquerelle. L’affaire fait du bruit lorsqu’une plainte est déposée. Dino est invité à se mettre au vert en allant passer des vacances à St Tropez sur le yacht de sa copine septuagénaire. En route il tombe en panne et échoue dans un garage à La Ciotat où le mécanicien débordé l’invite à séjourner au camping des naïades durant les quelques jours que vont durer la réparation. Là il fait la connaissance de Charles Desservy, prix Goncourt et sérial-killer désinhibé, à l’occasion…

« Pension complète » est une histoire légère, pleine de rebondissements et d’inventions, savoureuse, qui à chaque chapitre nous fait perler une larme à l’œil de rire. A la limite du loufoque, les situations pittoresques s’enchaînent, accumulant sketches et gags hilarants. L’humour de l’auteur est fin et ne verse jamais dans la vulgarité. Certaines scènes sont des leçons de simplicité à tel point que le personnage du sérial-killer en devient attachant et que l’on aimerait parfois avoir son sens pratique et sa façon de penser.

C’est un véritable plaisir à lire et un excellent remède contre la morosité. L’esprit de Frédéric Dard plane au-dessus de cette histoire.

Editions Du Seuil, Points, 200 pages.

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Stop work

Fabrice couturier, cadre au service achat chez Rondelle S.A.

est dépité, sa promotion lui est passé sous le nez.

Pourtant , il avait le profil du parfait lèche cul :

courbette et compagnie, pas syndiqué chez les cons de la CGT...

C'est une nouvelle, une jeune formée aux concepts franglish

qui a pris le poste de chef tant convoité. Argh !

Mais celle qu'il l'insupporte le plus, c'est la responsable

du service Environnement Hygiène et Sécurité,

une pimbêche à l'allure pincée à cheval sur le règlement

qui n'a pas l'air de l'apprécier. Fabrice déjà bien frustré

par son taf' a bien envie de se venger...

Avec Jacky Schwartzmann aux commandes du scénario

on sent qu'on va passer un bon moment.

Pas loupé, je me suis bien marré !

Ce coup-ci, il est accompagné de Morgan Navaro aux illustrations,

connu pour Ma vie de Réac et Flipper le flippé, tout un programme...

Dans Stop work, on prend en affection Fabrice, un mâle cadré,

qui n'a pas que des qualités, loin de là, il est plutôt tout ce qu'on déteste

mais ce sont ses failles, ses petits hin, hin, hin,

son coté beauf grand nigaud macho qui fait

qu'on le suit à la trace et qu'on en rit parfois à gorge déployé.

Les joies de l'entreprise moderne sont passées à la moulinette.

Dans le collimateur, bien évidemment le service E.H.S.

en prend pour son grade mais aussi les réunionites,

les brainstormings, les ambitions professionnelles,

les relations entre collègues et toute la chaîne...

Cette BD sent à plein nez le vécu.

Avec Stop work, Jacky et Morgan ont fait du very good job !
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Shit !

J’adorais ma mémée. Mais, il arrivait parfois qu’elle me fasse honte. Quand les copains de lycée passaient à la maison et qu’elle leur demandait : « Vous voulez du shit ? »

Elle avait beau préciser dans la foulée : « Shit orange ou shit citron ? », le mal était fait… Au bahut, je devins le petit-fils de mamie Chichon. Pourtant, le seul « dit-l’heure » que mémée connaissait, c’était le clocher penché de l’église de la Souterraine lui rappelant l’heure de la messe. Deux guerres, un veuvage et la perte de son fils unique ne parvinrent pas à la convaincre et ce jusqu’à sa dernière heure presque centenaire, de s’abstenir de louer le seigneur pour son infinie bonté…

Je vous parle de ce temps car, en lisant ce livre, j’ai eu l’impression que je descendais de ma montagne, sur un chariot chargé de paille, sur un chariot chargé de foin… Si Versailles m’était Franche-Comté, grâce à Jacky Schwartzmann, j’ai remonté le temps. J’ai retrouvé une époque, pas seulement celle des allusions fumeuses d’Hubert-Félix, mais surtout celle où l’humour bête et méchant, payé en trash, était érigé en art, efficace antidote contre toutes les formes de conservatisme. Cavanna, Reiser, Coluche, Mocky et les autres dézinguaient avec jubilation les Tartuffe, les Diafoirus et les Jourdain, rappelant qu’au pays de l’absolutisme, la tradition de la farce voire du libelle était vivace. Que le vocabulaire de « Shit ! » soit susceptible d’heurter les membres du fan-club de Bellamy est donc réjouissant. Il y a fort à craindre, hélas, que les cibles nombreuses choisies par l’auteur puissent perturber les puritains autoproclamés de gauche, lointains héritiers de ces intellectuels qui abhorraient Gary, ignoraient Kundera, mais vénéraient Mao. Ceux qui, aujourd’hui, tentent de nous convaincre de renoncer au second degré, marqueur de notre identité culturelle. Ceux qui, au nom d’une nécessaire défense de la planète, d’une impérieuse défense des choix individuels, du bannissement indispensable de toutes les formes de discrimination, oublient que l’humour est une arme efficace et indispensable contre l’arbitraire et que la dérision a toujours constitué un levier susceptible de déboulonner toutes les statues de la bien-pensance.

C’est ainsi que j’ai lu ce livre délicieusement vitaminé, se moquant du véganisme et du halal, du macronisme et de l’insoumisme, des Albanais et des Québécois, où flotte, de surcroît, la délicieuse odeur des Paninis, celle des vignettes de foot pas celle des infâmes collations. Le ballon rond étant alors un jeu et non un placement boursier.

Le polar décalé est un excellent moyen d’aborder avec légèreté des problématiques complexes qui n’ont rien d’amusantes. Dans ce quartier chaud de Besançon, oxymore météorologique mais réalité urbaine, Schwartzmann, à sa manière, avec cette histoire déjantée, nous incite à réfléchir aux paradoxes et à la violence sociale de notre époque. Même si l’évocation du conflit des Lip prouve qu’hier aussi la casse humaine était grande… Il n’était pas forcément béni, le temps passé !

J’ai savouré cette fable irrévérencieuse, même si la fin m’a un peu frustré. Thibault, ce drôle de CPE, est-il Robin des Bois ou Escobar, un héros ou un salaud ? La morale de cette histoire conserve un mystère. Peut-être la conclusion reflète-t-elle le pessimisme de l’auteur…

C’est son droit le plus sacré, qu’il me soit permis de conserver davantage d’espoir sur les perspectives de ceux qui sont confrontés à la dureté contemporaine. Je n’ose imaginer comment ce sniper de la plume règlerait mon compte d’indécrottable optimiste !
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Mauvais coûts

Gaby acheteur dans une grande multinationale

frise la cinquantaine, l'heure des bilans...mais pas pour lui.

Toujours à pester contre tout,

à ne faire aucune concession,

à profiter de la moindre opportunité,

à essayer à tout prix de grimper

et à reluquer le postérieur de sa supérieure...

Pas l'air de s'arranger avec l'âge

surtout qu' il fait des crises d' aérophagie

et tourne au Get 27

faut s'attendre au pire...

Bienvenue dans le monde de le la grande entreprise

vu par un être totalement amoral,

pour qui tout s'achète et se vend,

qui ne peut pas blairer les clients, les syndicats,

les formateurs, les power point...

Produit formaté d'un système qui s'essouffle,

Gaby envoie le gaz !

Pousse aussi un peu trop le (tire)bouchon

et part complètement en vrille.

J'ai adoré ce petit roman noir déjanté drôlement bien tourné.

Un très bon coup de Jacky Schwartzmann !

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Demain c'est loin





François Feldman est la mauvaise personne au mauvais endroit. Embarqué malgré lui à bord d’une vieille Audi, il est pris en chasse par un gang de mafieux dealers. Cette course-poursuite est le prétexte pour nous faire visiter une banlieue lyonnaise et en apprendre plus sur ses rapports sociaux. L’auteur prend à contre-pied la bien-pensance actuelle et l’épisode dans le salon de coiffure de Fouad consiste à lui seul un grand moment d’anthologie. Nous nageons en pleine mauvaise foi, et c’est drôle, en particulier parce que c’est raconté à la façon François Feldman, du pur jus banlieue sans inhibition.

Par contre faire reposer une grande partie du ressort comique en réunissant deux protagonistes que tout sépare et qui surmontent ensemble les obstacles est un classique archi répété, nous anticipons largement le dénouement de cette histoire.

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Kasso

Forcément, quand on a la tête de Mathieu Kassovitz, qu’on lui ressemble comme deux gouttes d’eau, ça ne peut que donner l’envie de prendre sa place, de se faire passer pour lui pour vivre une vie un peu plus grande que ce que la providence nous a offert, et tant qu’à faire, en profiter financièrement en montant des petites escroqueries.

C’est ce qui anime pleinement la vie de Jacky Troudic jusqu’à ce que sa mère vivant à Besançon ait la maladie d’Alzheimer et qu’il croise la route de Zoé, veuve et avocate fiscaliste...

« Kasso » est une histoire pleine de second degrés, d’humour abrupt à l’efficacité redoutable. L’auteur ne recule devant aucun sacrifice pour livrer un texte aux idées corrosives qui attaquent l’émail de la société bourgeoise pour notre plus grand plaisir.

Jacky Schwartzmann enchaîne les situations cocasses, et ainsi n’hésite pas à faire dire à la mère de Jacky Troudic à l’attention d’une infirmière :

« - Dites donc mon petit, vous trouvez ça malin de sucer des bites pendant le service ? »

Ou encore à certains de ses protagonistes :

« - T’es en train de dire qu’Einstein a vascularisé son cerveau ? demande Yann.

- Un truc dans le genre ouais, grave.

- Et le rapport, là ? Tu vas nous dire que Marco Lapoutre se laissait pousser la bite ?

- Ben tu sais pas. Le pouvoir de la pensée… »

« Kasso » est un très agréable moment de lecture et une histoire dont la drôlerie n’a d’égal que la bizarrerie des situations. A découvrir impérativement !

Editions Du Seuil, 214 pages.

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Pension complète

Originaire d'une cité de banlieue, Dino est le compagnon de Lucienne, une Luxembourgeoise milliardaire. Après une altercation avec le banquier de cette dernière, qui s'est permis de sous-entendre qu'il était un gigolo, Dino se voit contraint de s'exiler quelque temps sur le yacht de Lucienne à Saint-Tropez, mais, à cause d'une panne de voiture, il atterrit dans un camping à La Ciotat. ● C'est un roman divertissant, on passe un bon moment. Même si l'on y croise notamment un tueur en série très sympathique et si d'autres éléments vont dans le sens d'un polar, ce n'est pas à mon sens un roman policier, mais un roman d'humour – essentiellement de l'humour noir, avec quelques passages très drôles, en particulier des portraits fort bien brossés ! J’ai préféré ce roman à Demain c’est loin du même auteur.
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Habemus Bastard, tome 1 : L'être nécessaire

Pour fuir un passé qui risque de le rattraper, Lucien, un tueur à gage, prend la soutane et se déguise en curé, devenant le père Philippe, nouvellement nommé à Saint-Claude, dans le Jura. Ses cours de catéchisme et ses messes seront disons… peu orthodoxes… et bien sûr, certains cherchent à le retrouver. ● Le scénario est bien mené et plein d’humour, même s’il faut attendre le second tome, à paraître en octobre, pour se rendre compte de l’histoire dans son ensemble. ● Quant aux dessins et à la couleur, ils sont tout simplement magnifiques. ● Un album que je recommande !
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Shit !

J’t’explique, c’que j’kiffe, c’est de fumer des spliffs (NTM, That’s my people p.310)

Une p’tite taffe, gros ? Fait tourner, c’est d’la booonnne !!!



Il est dans la place à Planoise ; Thibault Morel, fraichement nommé CPE du collège, a décidé de s’installer au cœur de la cité HLM de Besançon. Pas de bol, son appartement est sur le même palier que celui des frères Mehmeti, les trafiquants albanais du quartier, qui tiennent le point de deal dans l’immeuble.

Enfin, comme le dit l’adage, à quelque chose malheur est bon, et les choses vont prendre un tournant surprenant pour Thibault, après un petit règlement de comptes dont les Mehmeti font les frais dans leur four. À l’issue de la fusillade, Thibault et sa voisine, Mme Ramla, découvrent les corps criblés de balles mais surtout des armes, une montagne de cash et le stock de came !

Jacky Schwartzmann nous livre le petit guide pratique de comment devenir un caïd en 10 leçons : comment est organisé un réseau, le prix auquel vendre la marchandise, les méthodes marketing en vogue, comment se réapprovisionner, livrer le client… Toutes les questions que vous n’avez jamais osé poser trouvent une réponse ici ! et même celles que vous ne vous étiez jamais posées…

Dommage, je n’ai pas l’intention de me lancer dans le business, alors cette lecture m’a un peu ennuyée par moments, j’ai tourné en rond dans ma cage d’escalier. Il y a énormément d’humour, les portraits des personnages sont parfois caricaturaux, parfois très réussis, et il m’a manqué un peu de rythme. Toutes les situations (le summum sur la fin) sont complètement irréalistes et ne tiennent pas la route deux minutes. Même si M. Schwartzmann ne prétend pas avoir écrit un roman policier de haut vol, je trouve qu’il aurait pu se creuser un peu plus la cervelle pour rendre sa fin plus plausible et un peu plus surprenante…

Une lecture pas désagréable, assez gentillette, des réflexions parfois très bien senties, un humour potache, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable…

Le bouquin est fini, il va falloir songer sérieusement à commencer la désintox : un petit coup de Stupeflip pour se donner du courage :

« Depuis qu'je fume pu d'shit, j'ai pu des yeux d'cobaye

Je vais plus à l'ANPE, j'ai trouvé du travail

J'suis vachement positif, j'fais du ukulélé

Depuis qu'j'ai arrêté les spliffs, j'regarde plus la télé

J'me sens tranquille, vachement moins débile »



Et ça ne plus regarder la télé, c’est déjà un bon début comme nous le rappelle Jacky :

« Du temps de cerveau humain disponible », disait Patrick Le Lay. Nous y sommes clairement. La question étant : « Mais bordel, avec quoi est ce qu'on va remplir toutes les cases entre les pubs ? »

(p.253)

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Ils sont partout

Rose, une jeune journaliste d’un magazine féminin, a un frère, Adrien, qui se fait embrigader par des groupuscules complotistes proches de l’extrême-droite. Elle va tout faire pour le retrouver et l’empêcher de commettre d’éventuels actes criminels. ● Cette BD scénarisée par une universitaire est pétrie de bonnes intentions et on ne peut que souhaiter qu’elle soit lue et comprise par les jeunes lecteurs. ● Cependant, elle présente quelques défauts : un dessin assez déplaisant, peu dynamique, aux traits grossiers, dénués de finesse. ● Le personnage de Rose est une midinette bobo qui s’offusque parce qu’une collection de vêtements de 2022 fait « soooo 2016 » ; était-ce utile ? Veut-on montrer par-là que sa stupidité ne l’empêche pas, contrairement à son frère, d’être politiquement consciente ? Ce serait plutôt maladroit. ● Et peut-être le pire défaut : lutter contre le complotisme ne sous-entend nullement la suppression de tout esprit critique envers les idées « mainstream » ; le raisonnement de l’album m’a semblé quelque peu caricatural, mais, encore une fois, peut-être est-ce ce qu’il faut pour que les jeunes générations prennent conscience des inepties qui se diffusent via les réseaux sociaux et sur le net en général.
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Ils sont partout

« Ils sont partout ». La formule, profondément antisémite, relève de l'euphémisme : le mot « juifs » n'étant pas prononcé, par connivence ou, désormais, pour ne pas tomber sous le coup de la loi. Et les complotistes les plus connus continuent de regretter le bon vieux temps des chambres à gaz. C'est ce ce que nous rappelle cette BD très documentée, notamment scénarisée par une universitaire : quand on se met à croire que le jus de carottes soigne les cancers en phase terminale, on est en bonne voie pour s'inquiéter d'un ordre mondial dominé par les Illuminati, les Francs-maçons, la finance internationale, bref les Juifs.

Je déteste la façon dont le pronom « ils » est de plus en plus utilisé. « Ils ont décidé que… »: c'est souvent le gouvernement qui est désigné ainsi, mais, au-delà de la paresse intellectuelle (qui peut bien se targuer de connaître les ministres de Macron I?), c'est bien sûr cette façon de créer un cercle magique autour de soi qui est détestable, d'opposer un nous aux autres indéterminés et interchangeables, forcément cyniques et n'ayant d'autre passe-temps que de m'emmerder, moi et mes copains. Or, qui d'autre que le Juif pour donner corps à cet autre radical et vicieux? Il est vrai que l'Arabe copulateur déterminé à nous remplacer n'est pas forcément en odeur de sainteté, mais enfin, l'Arabe est visible et il est compliqué de croire que tous les puissants de ce monde lui ressemblent. Alors que nous avons suffisamment évolué (si si) pour savoir que le Juif n'a pas forcément un grand nez, ce qui permet de le voir partout. Et si ce n'est lui, c'est sa femme ou son employeur. Ou son frère. Une vieille blague raconte que si un pays totalitaire décidait de déporter tous ses Juifs et tous ses coiffeurs, tout le monde se demanderait « Pourquoi les coiffeurs ? », actant que s'attaquer aux Juifs est une évidence.

L'ouvrage qui nous occupe imagine donc comment un groupe de rigolos peut être endoctriné pour commettre des attentats antisémites : si vous croyez que la Terre est plate, vous pensez évidemment qu'un complot immonde veut vous détourner de la vérité. Par conséquent, il y a forcément des coupables qui s'en mettent plein les poches quelque part (je suis d'ailleurs preneuse de toute explication sur les motivations des zaffreux méchants qui veulent me faire croire que la Terre est ronde: le lobby des certifiés de géographie qui entassent dans leurs lessiveuses les millions naïvement offerts par l'Education nationale, peut-être ?)

Le message de cette BD est donc clair: ne nous marrons pas. D'autres les tireront du feu pour nous. Non, les platistes, les thuriféraires de l'urine ou les adorateurs du nombre 11 ne sont pas de doux dingues dont il faudrait seulement rire.

Première explication: les complotistes stars ne sont rien d'autres que des hommes d'affaires que leurs excès bien rodés ont rendus riches (parce qu'ils vendent bien et cher des livres, des spectacles ou des extracteurs de jus de carottes). La deuxième : ils drainent des adeptes suffisamment sincères pour devenir de vrais méchants.

Seule solution pour les contrer: l'éducation. Quelqu'un qui sait pourquoi le drapeau américain semble flotter sur la lune sera toujours mieux armé pour rester (ou redevenir) lucide.

La BD est bien faite et intéressante, aucun doute (si j'ose dire) là-dessus.

Mais ce n'est qu'une BD d'à peine plus de 100 pages. Elle m'a pas mal laissée sur ma faim: d'abord parce qu'elle n'aborde pas le problème essentiel du point de départ: à quel moment va-t-on se mettre à croire que la Terre est plate? Ensuite parce qu'elle balaie toute nuance entre l'inculture scientifique et l'opinion critique: on peut se poser des questions sur la déontologie des grands groupes pharmaceutiques sans mettre en doute la nécessité des vaccins. John le Carré a écrit « La constance du jardinier » et ça ne fait pas de lui un illuminé du bulbe. Enfin, l'héroïne garante de la rationalité éclairée est une journaliste de la presse féminine dont la futilité m'inquiète à peine moins que les théories fumeuses des urinothérapeutes: boire sa pisse ou changer de ceinture parce que l'ancienne est sooo 2021, personnellement, j'ai du mal à voir une différence concernant la sous-utilisation de ce qui est censé se situer entre les deux oreilles.

J'ai aussi des réserves sur le dessin dont le trait semble davantage correspondre à une image unique qu'à une succession de cases sans dynamisme particulier.

Après, hein, qui suis-je pour critiquer un livre sur le complotisme et les fake news alors que je suis toujours aussi fermement convaincue, malgré les preuves les plus indubitables, d'être capable de ressortir d'une librairie les mains vides?
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Kasso

Jacky Schwartzmann is back, toujours aussi déjanté.



Jacky Toudic is back itou, à Besanc.

Comprenez Besançon.

Une mère qui commence à sucrer les fraises, Alzheimer en toile de fond, l'avenir s'annonce moyen moins pour cette famille touchée par la disgrâce.

Le gars Jacky est ce qu'on appelle un pragmatique.

Pas follement amoureux des bancs d'école sur lesquels il a peu usité ses calecifs, il a fait de sa ressemblance troublante avec Kassovitz une petite entreprise qui connait peu la crise.

Cette dernière étant indexée sur la capacité de gogos à investir dans un pseudo film qui jamais ne connaitrait les salles obscures.

D'aucuns le traiteront d'arnaqueur.

Lui se considère comme un esthète de l'entubage, une masterclass de la carotte pour pigeons en mal de plumage.

Une rencontre inattendue combinée à un sens de l'opportunisme surdéveloppé pourrait bien donner des idées de grandeur à notre Jacky in love.



Schwartzmann fait dans le farfelu, l'excentrique, le déjanté, avec un sens du dialogue particulièrement aiguisé.

Le gars tape dans toutes les gamelles de l'humour (de situation, bon mots) avec un tel brio que Bigard, de source non sourcée, se serait exclamé « P'tain, il déchire, le gars », ce qui, dans sa bouche, pourrait aisément être assimilé à un compliment subtilement déclamé entre deux énormités complotistes.

Je crois que le Jacky fait dans le pudique, le délicat, sous couvert d'un humour ravageur, transformant ainsi cette mère aux abonnées absentes en poilade récurrente.



Kasso casse une nouvelle fois les codes de la bienséance en délivrant une galette jubilatoire aux faux airs de polar plutôt bien torché.



Comme le dirait Francisque, entre deux énormités complotistes : Jacky, on se-ee re-trou-ou-ve-raaaa !
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Kasso

Quand la réalité a un goût trop amer, la diversion qu'on attend d'une lecture de polar relève d'un savant mélange d'ingrédients propres à dispenser l'ivresse.. .



 À un petit cocktail miraculeux. Une sorte de mojito litteraire.



D'abord, un billet attirant, (merci T.V.!) vous met l'eau  à la bouche. Puis, un titre accrocheur,  court et même raccourci : Kasso... fracassante promesse d'enivrement...



Dans le shaker, une intrigue qui se fiche bien d'être vraisemblable. Ploc, ploc, ploc, jetés tout froids dans la mêlée comme des glaçons,  voici les personnages, perchés et hauts en couleurs. Un zeste d' ironie mordante, pimentée de comparaisons foutraques, une pincée d'insolence dépenaillée, la note fruitée de dialogues décalés...



Bref un style qui fait tout passer et vous arrache de vrais fous-rires alors que deux heures avant  vous vous demandiez s'il allait vous rester assez de kleenex pour finir  la soirée. ..





Dans la peau de ...Mathieu Kassovitz,  Jacky , dit Kasso, petit escroc qui ressemble à l'interprète de Malotru comme deux gouttes de mojito, vit, assez convenablement, des petites entourloupes et des modestes profits qu'il tire de cette ressemblance .



Jusqu'au jour où une jolie Zoé rencontrée sur Tinder lui suggère de voir grand, d'avoir le culot et l'ambition de son modèle: et s'il arnaquait  Guy Müller, un producteur neurasthénique nourrissant de  poulets vivants le crocodile qui vit dans sa piscine, en le poussant à produire La Haine 2? Voilà qui aurait de la gueule...



L'amour aidant, et aussi une maman bisontine quelque peu Alzheimerisée, qui veut bien faire une mise de fond pour ce fils qu'elle prend pour son médecin,  un pote assez à  l'ouest et complotiste pour jouer les intermédiaires , tout semble pousser Kasso à tenter l'arnaque du siècle. .



Je m'arrête là.  Et vous laisse savourer on the rocks ce cocktail inventif et étourdissant.



C'est court, c'est drôle, c'est tonique.



À déguster sans attendre: Kasso, l'apéro anti morosité ! 



Et c'est comme si, pour quelques heures,  les bars et  les cinoches étaient ouverts...
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Kasso

Un arnaqueur pas forcément au mieux de sa forme

*

Jacky Schwartzmann ne m'est pas inconnu. C'est même une référence dans le genre de l'humour noir. J'appelle cela un "poîlar". J'apprécie toujours ce mélange d'audace, de facétie, de burlesque dans le milieu assez glauque et sombre du genre polar. Comment apporter cette touche déjantée en plein milieu d'une scène terrifiante? C'est tout un art et l'auteur, ma foi, a réussi avec brio.

*

L'intrigue est certes classique, rassemblant les ficelles d'un bon thriller avec des retournements de situation, un suspense modéré et des péripéties presque devinées.

L'originalité de ce roman noir réside dans son "scénario". Nous entrons de plain-pied dans le 7ème art, littéralement.

Puisque l'anti-héros ressemble trait pour trait à Mathieu Kassovitz. (vous savez, l'acteur-réalisateur dans "la Haine"). Et quoi de plus tentateur de se faire passer pour lui et par la même occasion, d'empocher quelques milliers d'euros? Facile quand on sait s'y prendre.

Tiens, justement, dans la ville de Besançon, Jacky va ferrer un gros poisson, engager ses copains d'enfance, rencontrer une belle femme mystérieuse et s'occuper par ailleurs de sa mère malade.

*

Un roman addictif que j'ai entamé directement et plus lâché d'une seconde.

Le style de l'écriture est soigné, corrosif, les réparties fusent, des dialogues savoureux et tellement décalés. J'ai immédiatement pensé à l'excellente saga de l'auteur américain Donald Westlake avec sa célèbre série Dortmunder et l'équipe de bras-cassés.

*

Dans cette comédie noire à la française, beaucoup de clichés sont dézingués. Des émotions à fleur de peau, de la sensibilité, et même de la romance. Sans le côté caricatural de la chose.

J'ai passé un très bon moment de lecture. Loufoque et barré. le bon combo dans cet hiver un peu particulier où la rigolade n'est pas de mise.

Je crois que je vais me procurer d'autres romans de cet auteur prometteur.
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Stop work

On se croirait à la COGIP, ou dans un épisode du Message à caractère informatif.

Fabrice Couturier est cadre au service Achats chez Rondelles S.A.. Quand sa promotion lui passe sous le nez alors qu'il est « corporate », Fabrice pète les plombs. Celle qui lui a soufflé le boulot est une femme jeune qui use et abuse du franglais et autres anglicismes. La responsable de l'E.H.S., Environnement, Hygiène et Sécurité, impose des règles absurdes comme signaler des presque accidents.

Rondelles S.A. est devenu un enfer pour le cadre viril et dynamique. Il va décider de se venger, sous l'oeil de Christophe le délégué syndical -« Lui, c'est un con. Comme tous les mecs de la C.G.T. ». Gravitent autour des employés de Rondelle S.A. deux hommes de ménage trimant pour une boite de nettoyage, à qui l'entreprise a sous-traité le boulot.



J'ai tellement ri en lisant cette Bédé signée Jacky Schwartzmann mon chouchou qui s'était déjà attaqué au monde merveilleux de l'entreprise dans Mauvais coûts (qui replace une blague de Pension complète dans son scénario) et Morgan Navarro pour le dessin, que j'ai raté mon arrêt de tram.

Stop Work c'est l'entreprise, la vraie, engluée dans la paperasse -«  On ne fait plus rien sans autorisation écrite. C'est la Stasi qui rencontre la Nasa », les vacheries entre collègues pour se faire bien voir, et les conditions de travail merdiques des sous-traitants. C'est drôle, caustique et réaliste. Un plaisir. On a presque envie de chanter comme Daniel Auteuil :

«Tous ensemble à la COGIP !

Compétence déléguée Au service du leadership

Moi, je travaille à la COGIP

Respecter les délais C'est une question de principe

Je t'ai dans la peau La COGIP ! »
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Demain c'est loin

François Feldman a un gros souci avec Juliane sa banquière,

une petite bourgeoise qui ne croit pas du tout

à sa petite entreprise

de tee-shirts un peu trop personnalisés.

Pas buté, il a compris la leçon.

il demande un nouveau prêt pour

un autre projet plus terre à terre qui voit plus loin...

Pas la peine d'insister,

la grippe-sous fait la sourde oreille

Mais c'est sans compter la providence....

Demain, c'est loin démarre sur les chapeaux de roue

cartonne au coin d'une tour

accélère à fond la caisse en rase banlieue

dérape un peu même beaucoup

décape pas mal du tout

squatte un peu..partout

et sème au passage pas mal de monde.

Les copilotes que tout oppose

vont apprendre à se connaître,

à se planquer,

à se découvrir, même beaucoup.

Of course, j'ai apprécié ce road movie déjanté,

les personnages diamétralement opposés et disjonctés

et surtout le style borderligne de Jacky Schwartzmann.

Demain, c'est loin, un bon petit roman noir

qui m'en bouche un coin !



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Bad trip

Depuis que le shit est légalisé

par le nouveau président,

Denis le dealer galère...

Plus une thune en poche

En sus, sa femme Brigitte tombe gravement malade...

 et pour calmer ses douleurs

il fui faut sa dose quotidienne d'herbe du Skunk

qui coûte un bras !

Pas d'autre solution,  il doit retrousser ses manches.

Franchir le pas du marché du travail légal.

Direction l'ANPE

Le choc culturel va être rude..

Bad trip, le second roman de Jacky Schwartzmann est percutant

Il se met dans la peau et la tête de Denis

biberonné au rap, à la fumette et à la glande

qu'a jamais quitté sa cité,

parle cash et répond coup sur coup,

 qui  passe au crible les aberrations du quotidien,

crache sur les institutions,  les chaînes du paf et j'en passe.

Jacky Schwartzmann pousse Denis dans la jungle du taf,

dans le grand bain, le voilà qui plonge !

Poussez-vous, il éclabousse !

On rit jaune, vert,  gris..

Son  premier book  trip décoiffe !
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Shit !

Thibault est nommé CPE dans un collège, dans une banlieue difficile de Besançon, et il choisit d'y habiter.

Face aux files d'attente dans son escalier, au bruit, à l'insécurité et aux agressions, il comprend que son appartement est face à un « four », c'est-à-dire un lieu de vente de drogue.

Une nuit un règlement de compte a lieu et quand Thibault et sa voisine entrent dans l'appartement, ils découvrent par hasard les dealers morts, mais surtout la cachette de dizaines de kilos de shit...

Ils sont tout de suite d'accord pour les récupérer et entreprennent de les écouler, pas pour leur bénéfice personnel, mais pour jouer les Robin des Bois et secourir les familles en difficulté de ce quartier.

Mais la vie de dealer débutant est difficile...



Ce roman fera sans doute un excellent film, tant il est construit comme un scénario avec ses images choc et ses rebondissements.

Il est agréable à lire et souvent drôle, avec beaucoup de "second degré" et de références aux séries policières, mais j'ai été moins emballée que par ses autres livres.



J'avais lu, du même auteur, Kasso, Pension complète et Mauvais coûts, tous les trois joyeusement amoraux.



Ce dernier était excellent et jubilatoire !



Merci à Babelio/Masse critique et le Seuil.

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