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Critiques de Jacky Schwartzmann (539)
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Pension complète

Dino Scala est aux yeux du peuple du Grand-Duché un vulgaire gigolo. En couple avec Lucienne, 32 ans de plus au compteur, multimilliardaire (même si, au moment de leur rencontre, Dino n'en savait rien), il ne fait rien dans la vie, peut-être à part dépenser son argent et supporter Macha, sa belle-mère, qui, évidemment, a toujours vu d'un très mauvais œil cette relation. Or, depuis que Macha a fait un AVC, il la supporte encore moins, dans la mesure où c'est encore possible. Au Come Prima où il a ses petites habitudes, après une soirée et une nuit un peu trop arrosées, il tombe nez à nez avec cet emmerdeur de Drumond, le responsable de l'agence BGL dans laquelle Lucienne possède plusieurs comptes. Lorsque celui-ci s'adresse à lui en l'appelant "madame Courtois", son sang ne fait qu'un tour et cet emmerdeur de Drumond se retrouve à terre, le nez en sang, des douleurs dans le ventre et la mâchoire et une Rolex en moins. Pour tenter d'effacer cette fâcheuse ardoise, d'un commun accord avec la police, Lucienne lui propose d'aller prendre un peu le soleil. Pourquoi pas le yacht à Saint-Tropez ? Dépité mais pas résigné, Dino prend donc la direction du Sud. Sauf qu'en cours de route, sa voiture tombe en panne. Le temps que le garagiste la répare, il est obligé de louer un bungalow au camping des Naïades, sur les hauteurs de La Ciotat. C'est là qu'il fait la connaissance de Charles Desservy, un romancier goncourisé, en pleine immersion chez les gens normaux...



Ne vous risquez pas à balancer à Dino Scala, qui a quitté la banlieue lyonnaise pour s'installer au Luxembourg et qui partage depuis 20 ans la vie de Lucienne, septuagénaire pleine aux as, qu'il est un gigolo ! (même si en apparence, ça y ressemble drôlement). Car Dino aime sa Lucienne, un peu moins la marâtre coincée dans son fauteuil roulant qui bave sans cesse. Un coup de chaud et le voilà exilé dans un camping où, juste au moment où il se pointe, un gamin vient d'être retrouvé noyé dans la piscine. Bonjour l'accueil ! Heureusement que son voisin de bungalow, Charles Desservy, va pimenter son séjour... même s'il ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi relevé ! Jacky Schwartzmann, affectueusement surnommé Kyky ici-même, mélange pour notre plus grand plaisir les genres : peinture sociale, roman noir, enquête policière et humour (bien corsé parfois). Porté par des dialogues savoureux, des situations rocambolesques et improbables, des personnages haut perchés et hauts en couleurs, ce roman, un brin moqueur, désabusé et politiquement incorrect, est, tout simplement, un petit régal de lecture...

Jouissif !
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Pension complète

« Un peu avant minuit, Charles en était aux expressions françaises empruntées à la langue arabe, signe évident du mélange de nos cultures respectives. Toubib. Bled. Baraka. Macache. Zob. Devenu pointilleux sur les termes et la prononciation, il a demandé:

-Mais, dites-moi, M, je n'ai jamais su. Lorsque l'on rote en fin de repas, on doit dire hamdoulah ou hamdoulilah?

-On doit dire « pardon », en fait."



Quand on ouvre un roman de Jacky Schwartzmann, on sait qu'on va se marrer, et assister au festival de la vanne. Avec lui tout le monde en prend pour son grade, les gros cons de riches, comme les abrutis de smicards. (A propos de Saint-Tropez) « Nous y avions séjourné de nombreuses fois, Lucienne et moi, et à chaque fois la même scène m'avait sidéré: les milliardaires dans leurs yachts qui regardent sur le quai les pauvres les regarder. Scène surréaliste d'une armée de bermudas qui a sacrifié une journée de plage pour venir admirer quelques nantis. »

C'est vachard et drôle. On se demande si Jacky qui plonge toujours ses personnages dans un milieu qui n'est pas le leur, ne serait pas un peu schizo.

Dans Pension complète, il s'en donne encore une fois à coeur joie en exilant Dino Scala, un gigolo de la banlieue lyonnaise compagnon depuis vingt ans de Lucienne, une richissime Luxembourgeoise septuagénaire, dans un camping près de la Ciotat. Les vacances forcées de Dino vont prendre une tournure inattendue via une rencontre avec un écrivain parisien très en vogue venu chercher l'inspiration dans la « vraie vie » des touristes prolétaires. Le choc des cultures va virer à la farce sanglante. Pension complète c'est Harry. Un ami qui vous veut du bien qui s'invite dans un épisode de Camping Paradis sur TF1. Ce qui est agréable avec Schwartzmann c'est qu'il se fout de tout, ne respecte rien ni personne, et semble avoir banni le politiquement correct de son dictionnaire. Du coup, on se marre du début à la fin. Allez, une dernière pour la route:

« Il y aura bien une tronche de cake pour nous expliquer pourquoi les types font telle ou telle chose, un type qui saurait tout aussi bien nous expliquer les différentes stratégies des équipes si nous étions devant le Tour de France. Cela n'a pas manqué. Il y avait un Parisien, dans le tas, qui savait déjà tout. C'est lui qui menait l'enquête off, planté devant la meute des OPJ amateurs. Envoyé spécial de Bungalow-TV. Il décrivait les actions menées par les pro, là, juste devant nous, sans oublier de nous offrir ses théories, ravalant rapidement le conditionnel pour nous servir de l'affirmatif, du cent pour cent, bref: du CNews. »

Merci qui? Merci Jacky!
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Kasso

Installé depuis des années à Marseille, Jacky Toudic, suite à l'appel d'un gériatre qui lui a annoncé de but en blanc que sa mère était atteinte d'Alzheimer, se retrouve obligé de retourner à Besançon, sa ville natale.

À un stade déjà bien avancé, cette dernière doit, au plus vite, être placée en Ehpad. Mais comment faire pour aligner trois mille euros tous les mois pour elle. Pas sûr que sa retraite de prof de philo suffira. Parce que si Jacky vit chichement depuis 25 ans, il a pourtant de l'argent, beaucoup d'argent, de côté. Pour sa retraite dorée dans les îles Marquises. 25 ans qu'il passe entre les gouttes des administrations et qu'il place tout au Luxembourg. De l'argent gagné grâce à son physique. Car, Jacky est le sosie parfait de Mathieu Kassovitz. Se faisant ainsi passer pour lui, il a réussi à séduire beaucoup de femmes avant de passer un cran au-dessus en montant moult arnaques. S'il ne peut décemment pas laisser sa mère toute seule, son retour à Besançon va être l'occasion, pour lui, de retrouver les copains et de faire des rencontres. Notamment, la séduisante Zoé, une avocate fiscaliste qui va l'encourager à voir encore plus grand...



Jacky Toudic, évidemment, ça sonne pas terrible. En revanche, Mathieu Kassovitz, ça claque ! Alors, quand, en plus, on en est le sosie parfait, il est fort agréable, surtout auprès des femmes, et avantageux et rentable, auprès des hommes naïfs et crédules, de se glisser dans la peau du personnage. Un personnage qui lui aura permis d'amasser un petit pactole plus que conséquent pour ses vieux jours. Si la maladie de sa maman l'oblige à changer son plan de carrière, ses retrouvailles avec ses potes ainsi que sa rencontre avec Zoé va aussi tout bouleverser. Jacky Schwartzmann déroule, une fois encore, un roman noir déjanté, vif, absurde, avec son lot de bras cassés absolument délectable. Une occasion, qui plus est, pour l'auteur, de nous faire une petite visite guidée de la capitale du Temps, et, en même temps, de porter un regard parfois amer sur notre société. Aussi drôle qu'irrévérencieux, aussi touchant que piquant, ce roman, aux dialogues savoureux et à la plume vive, pourrait bien faire rougir "La haine 2" !
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Stop work

Fabrice Couturier travaille chez Rondelles S.A., en tant que cadre. Alors qu'il revient d'un déjeuner d'affaires avec un fournisseur, Mélanie, de l'accueil, lui présente Hugo, un jeune lycéen venu pour faire un stage. S'il refuse aussitôt, prétextant trop de boulot, il se ravise lorsque celle-ci l'informe que c'est le patron, Guillaume, qui l'envoie. Il faut dire que Fabrice, que bon nombre de ses collègues surnomment affectueusement le suceur ou le suce-boules, ne tient pas à se le mettre à dos. Expert fayoteur depuis longtemps, encore plus depuis que le poste de responsable des achats est vacant, Fabrice est quasi certain que cette place lui revient d'autant qu'il est le seul postulant en interne. Aussi c'est tout confiant qu'il se rend dans le bureau de Guillaume lorsque celui-ci le convoque. Et c'est désabusé, presque groggy, les bras ballants qu'il en ressort lorsqu'il apprend que c'est à une fille de chez Comifra que le poste est confié. Mais il n'a pas dit son dernier mot, Fabrice !



Ah, le monde merveilleux de l'entreprise... Même si Fabrice Couturier le côtoie pourtant depuis des années, cela ne l'empêche pas d'être à nouveau surpris par ce qui s'y passe. Entre Mia, de chez Comifra, qui lui pique sa place tant espérée, Ludivine, de l'EHS, qui pond tous les jours de nouvelles normes de sécurité et qui fait chier tout le monde avec ses presqu'accidents, Christophe, le con de la CGT ou encore Sarah, sa collègue vegan qui suce ses pastilles de tisane à longueur de journée, il n'est pas au bout de ses peines ! Cadre à l'ancienne qui adore son boulot, il va vite devoir changer s'il veut surmonter toutes les épreuves qui lui barrent la route. Jacky Schwartzmann nous régale avec cette peinture cynique, drôle et désabusée du monde de l'entreprise en y épinglant tous ses petits travers. Une satire sociale bien vue et bien pensée servie par un trait et une palette bichromique simples mais efficaces.
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Demain c'est loin

François Feldman, qui n'a rien à voir avec le chanteur, a quitté la cité des Buers pour s'installer dans le vrai Lyon, c'est à dire dans la presqu'île. C'est aussi là qu'il a ouvert sa boutique de prêt-à-porter. Son créneau : des t-shirts et des sweats avec des citations inventées pour le moins empreintes d'humour noir (voire très noir). Les affaires ne marchent pas vraiment mais il compte bien sur son dernier slogan en date pour relancer la machine. Pour cela, il aurait besoin d'un peu d'argent et c'est donc tout naturellement qu'il va voir sa conseillère financière de la Banque Populaire, la Bacardi, Juliane de son doux prénom, qu'il méprise au plus haut point... Et qu'il déteste encore plus lorsqu'il se voit refuser son prêt ! Mais avec sa dernière idée de génie, à savoir faire venir de la terre d'Algérie pour enterrer les Algériens en France dans de la terre algérienne, il est sûr qu'elle ne va pas le lui refuser cette fois ! Mais non, son idée ne lui plait pas, à la Bacardi. Il décide alors d'aller voir son pote, Saïd, dealer notoire, aux Buers. Rien à faire, son idée ne lui plait pas plus. Bien au contraire ! Alors qu'en bas de l'immeuble, lui et Ibrahim, le cousin de Saïd, s'étripent verbalement, ce dernier ne trouve rien de mieux que de se faire écraser contre le mur par une Audi... conduite par la Barcardi !



François Feldman, avec son nom juif et sa tête d'arabe, est un type normal, comme il le souligne. Quoique son humour frôle parfois les limites. Par un mauvais coup du sort, le voilà embarqué dans une improbable cavale avec sa conna... hum... sa banquière. À leurs trousses, des caïds des Buers mais aussi la police. Faut dire que Juliane Bacardi s'est foutue dans un sacré merdier. Et François, dont la bonté le perdra, ne pouvait décemment pas la laisser se dépatouiller toute seule. À charge de revanche, évidemment ! Jacky Schwartzmann fait, comme à son habitude, dans l'humour, la déconnade, le déjanté, le politiquement incorrect, n'oubliant pas d'écorcher au passage notre société. Et ce pour notre plus grand plaisir ! À un rythme effréné, il dégaine, sur même pas 200 pages, un scénario tout aussi diabolique que délirant, à l'humour mordant et parfois noir, porté par des personnages pas piqués des hannetons.

Un roman noir totalement jouissif !

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Mauvais coûts

Gaby Aspinall est acheteur chez Arema. Sans foi ni loi. Il n'hésite pas à gratter des pourcentages chez des fournisseurs déjà mal en point, à sous-entendre que son groupe a des difficultés et qu'il faut revoir leur accord à la baisse. Il se dit, évidemment, coincé par sa N+1, Itsuka, qui, selon lui, est encore plus vache que lui. N'empêche que cette N+1, qui est à tomber (surtout son p'tit cul), il se la ferait bien. Mais faut croire que Gaby a encore quelques petites valeurs. Mais voilà qu'à 47 ans bien sonnés, le Gaby, s'il fait un récap' de sa vie, on peut pas dire que ce soit folichon : un boulot à la con, pas de femme, juste des histoires de cul, pas d'enfant, peu d'amis... et de l'aérophagie ! Et, pourtant, la coupe est loin d'être pleine...



Cynique, misogyne, profiteur, branleur, reluqueur, Get27teur... Dépeint ainsi, on ne peut pas dire que le Gaby, on s'en ferait un ami. Et pourtant, sous la plume mordante et ironique de Jacky Schwartzmann, il gagne à être connu, ce Gaby ! Et ses coups bas, tu les applaudis. Ses pensées pas toujours catholiques, tu les partages. Son humour bien noir, tu en rigoles. Si le ton est certes ironique, il n'en reste pas moins parfois lucide et l'auteur épingle à tout va. En premier lieu, le monde de l'entreprise (acheteurs, clients, syndicalistes). Puis, dans le désordre : Nespresso, la télé, le rugby, Alain Souchon, la mondialisation, l'amour... Tout y passe sous l'œil avis(n)é de Gaby à qui on ne la fait définitivement pas ! Un roman déjanté et jouissif, un humour railleur et sarcastique. Un portrait (malheureusement) lucide de notre société dépeint par un personnage fantasque et inoubliable...
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Shit !

Un conseiller d'éducation, fraichement nommé à Besançon, aménage dans un HLM, connu pour être un point de deal. Quand ses voisins se font descendre par la concurrence , quoi faire du fric et de la drogue trouvés dans l'appart en face le sien ?





On ne peut pas parler de roman policier au sens strict, car s'il y a des meurtres, le lecteur n'est clairement pas du côté de l'enquête, mais on peut parler de bons, de brutes et de truands.

Roman jubilatoire où les gentils ne le sont pas vraiment et vice et versa.

Roman d'initiation aussi, ou un gentil garçon, bien élevé, va peu à peu s'endurcir.



Jacky Schwartzmann est un merveilleux sociologue. Fin, précis, observatif . Et son analyse, sa vision d'un quartier chaud d'une ville de province est brillante. On se croirait en immersion, caméra embarquée, petite mouche volant au dessus des points de deal, petite souris espionnant les dealers : comment ils vivent, s'organisent, commercialisent, une substance interdite, pour faire vivre une mère, un petit frère , une petite soeur .

La violence inhérente à ce type de vente, la malignité aussi. Comment planquer, comment échapper aux répercussions d' une descente de flics ?

Tout, tout tout , vous saurez tout sur le quartier de la Planoise, dit pudiquement "quartier sensible"...

Vous saurez tout aussi sur le métier de CPE en collége de zone difficile, son public. Comment il est complétement décalé par rapport aux attentes du reste de la société, la fameuse insersion, la mixité sociale

Le jeune Thibault perdra-t-il ses illusions ? Restera -t-il du bon côté de la loi ou franchira -t-il la ligne du côté obscur de la force ?



Vous le saurez en lisant ce chouette roman, social, fin, jubilatoire, percutant, lucide, actuel, amusant, qui m'a beaucoup fait penser au livre La Daronne, et aux films Bac Nord et Les Misérables.





Je remercie les éditions du Seuil, Babelio et Jacky Schwartzmann parce que, de livres en livres, sa plume fait mouche à chaque fois...
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Ils sont partout

Jusqu'à la lecture d'Ils sont partout, les thèses complotistes, telles que le Grand Remplacement, le négationnisme, le Nouvel Ordre mondial, le platisme (ou théorie de la terre plate), le mouvement QAnon ou encore le survivalisme, m'étaient quelque peu étrangères et me semblaient ne concerner qu'un petit nombre de gens plutôt situés à l'extrême-droite. Or Valérie Igounet et Jacky Schwartzmann, les auteurs de cet album, esquissant les grandes lignes de ces thèses, montrent à quel point Internet et les réseaux sociaux contribuent à leur large diffusion (en 2019, une enquête indiquait que près d'un Français sur deux croyait à une collusion entre l'état et l'industrie pharmaceutique pour cacher la nocivité des vaccins). Aussi fausses que nauséabondes, des idéologies pour la plupart dangereuses, car porteuses de haine, qui en remettant à l'ordre du jour les formes les plus primaires de racisme — contre les juifs, les musulmans, les francs-maçons, les immigrés, les politiques, les journalistes etc. — poussent les esprits les plus faibles à des actes barbares qu'on croyait naïvement appartenir au passé.

Un voyage en terres conspirationnistes assez effrayant dans cet album à distribuer largement, documenté et didactique (à la fin les auteurs ont joint une notice biographique des principaux acteurs de la complosphère, ainsi qu'un récapitulatif des différentes thèses complotistes).
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Pyongyang 1071

A l’incrédule incompréhension de son entourage, l’auteur s’est piqué d’aller courir le marathon de Pyongyang qui, ouvert aux étrangers, lui apparaît comme l’idéale opportunité de pénétrer le pays le plus fermé au monde. Il prend un congé sabbatique, confie l’organisation de son voyage à une agence chinoise spécialisée dans les « excursions » en Corée du Nord depuis Pékin, et se lance dans plusieurs mois d’un entraînement sportif d’autant plus intense que ce quinquagénaire n’a pas couru depuis plusieurs décennies.





Quelle fascination pour les dictatures communistes pousse-t-elle l’auteur à y enchaîner les voyages ? Après la Russie et la Roumanie, cette fois c’est la Corée du Nord qu’il a décidé d’explorer : un défi doublé d’un exploit sportif qui va lui faire dépasser ses limites. Avec bonne humeur et auto-dérision, il nous fait partager ses foulées d’entraînement, son périple jusqu’à Pyongyang, sa fierté de porter le dossard 1071 dans une course où il s’est littéralement engagé corps et biens, et enfin sa frustration de ne découvrir du pays que la façade réservée aux tours officiels, ultra-encadrés et organisés à grand renfort de propagande, excluant bien sûr tout contact avec la population.





Rien de bien surprenant dans cette confrontation en direct avec un état totalitaire : Jacky Schwartzmann ne fait que confirmer, au fil d’anecdotes tantôt amères, tantôt cocasses, ce que nous savons tous de la Corée du Nord. Reste un réjouissant moment en compagnie d’un sympathique luron, engagé jusqu’aux tripes dans son aventure, un exploit personnel relaté avec humour et simplicité, pour notre plus grand plaisir.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Shit !

Thibault Morel est CPE au collège Voltaire de Planoise, un « quartier sensible » de Besançon. Il a lui-même élu domicile dans ce quartier, et l’appartement en face de chez lui, sur le même palier, est un « four », c’est-à-dire un « point de deal » de cannabis, tenu par deux frères albanais, les Mehmeti. Cela fait de sa vie un enfer car les allées et venues sont incessantes, le facteur n’y distribue plus le courrier, Réda, le « charbonneur » en faction au pied de son immeuble, va jusqu’à lui demander un justificatif de domicile à jour à chaque fois qu’il rentre chez lui, et il se fait rudoyer sans ménagement. Mais un jour les Mehmeti se font tuer et Thibault découvre leur cachette de shit. Avec sa voisine Mme Ramla, ils vont se lancer à leur tour dans le trafic, mais Robin des Bois des cités, ce sera dans le but de venir en aide aux familles de la cité. Mais ils ne se rendent peut-être pas compte de ce à quoi ils se sont attaqués… ● C’est un récit rythmé, comme Jacky Schwartzmann sait les mener, avec de bons mots malgré quelques métaphores assez lourdes, façon stand-up, que je n’apprécie pas trop, par exemple : « Il a à peu près autant de chances de survie qu’une girafe sur un kayak au milieu de l’océan. » ● La vie de la cité est décrite sans concession, notamment les dealers décérébrés : « ils n’ont qu’un projet : se trimballer avec des liasses de pognon dans des sacoches Dior. La Porsche comme accomplissement suprême. Ces jeunes-là sont des enfoirés de capitalistes qui n’ont pas la moindre once de conscience de classe, ne serait-ce que de solidarité primaire. On parle de communautarisme ? Non. Jungle de consommateurs, de types qui ne pensent qu’à l’argent qu’ils peuvent accumuler, gangstattitude, rêve de femmes superbes rabaissées au rang de putes lascives et dociles, disponibles pour le mâle millionnaire. » ● Quelques réflexions font mouche, comme : « J’ai appris récemment qu’un des joueurs du PSG s’était fait voler à son domicile une montre d’une valeur de 600 000 euros. Je ne suis pas loin de penser que le plus répréhensible, ce n’est pas de voler une telle montre, mais de l’acheter. Que se passe-t-il dans la tête de ce con le jour où il conçoit qu’il peut se payer une montre valant quasiment une vie d’ouvrier ? Au poteau, ça ! Au bûcher ! » ● Thibault lui-même, fonctionnaire blanc initialement perdu dans une cité de « renois » et de « rebeus », va se muer d’homme de gauche en entrepreneur de start-up doué pour le marketing ! ● Néanmoins, j’ai trouvé que l’auteur n’était pas au niveau de son meilleur roman, Kasso (2021). Ici, les rebondissements ne sont pas tellement surprenants, sauf à la fin, et la vraisemblance est faible, à tel point qu’on se croirait souvent dans une sorte de fable (immorale).
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Pension complète

Dino Scala, dans la vie, fait "gigolo" au Luxembourg, depuis des années avec sa millionaire de Lucienne, trente-deux ans d'écart... Mais un jour, pour échapper à des ennuis avec la police , suite à un coup de poing à la Zidane, , elle lui suggére d'aller passer quelques jours, seul, sur son yacht à St Trop...

Il tombera en panne avec sa Mercedes (dont j'ai oublié le modéle, pardonnez-moi...) et échouera dans un camping à la Ciotat. Son voisin : un prix Goncourt, venu observer le petit peuple..

Des vacances tranquilles, oui, si ce n'est que les morts douteuses s'accumulent un peu trop près de notre écrivain.



Si vous cherchez un roman policier crédible , oubliez Pension complète. Mais si vous aimez les plumes vachardes, déjantées, l'humour noir, l'esprit pétillant et aussi coloré qu'un "mojito pour femmelettes", alors ce roman vous "parlera".

Les références sont populaires et accessibles, les clins d'oeil facétieux, la critique sociale n'épargne personne et distribue bon point et coup de poing avec justesse et égalité, fraternité et liberté !



C'est bon, ça fait du bien au moral, ça réveille, c'est rockn'roll, pas crédible pour trois sous ( et même pour un million de dollars détournés et optimisés fiscalement par le meilleur des banquiers Luxembourgeois ! )

A déguster sans modération , comme tous les bouquins de (et je regarde mon livre pour éviter les fautes !) : Schwartzmann.

Jacky ,de son prénom .

Mais pas le Jacky des Flots bleus...
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Pension complète

Jacky Schwartzmann, dans l'écriture, c'est un peu l'enfant improbable de Schwarzenegger et de comicmann.



Dino est ce qu'on appelle un gigolo qui s'ignore.

Marié à une femme « légèrement » plus âgée mais bigrement plus blindée, il s'est finalement parfaitement adapté à ce mode de vie luxembourgeois à base d'aisance de flouze et de pétage éhonté dans la soie.

N'était belle-maman, femme aussi détestable que détestée, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Seulement voilà, il a vrillé, le Dino.

Un cassage de gueule en règle d'une connaissance de sa tendre et douce et le voilà gentiment prié d'aller faire pénitence dans le sud.

Un bête merdage dans les chakras le voit troquer le yachting pour le camping.

Mais ne dit-on pas camping par temps vif, camping explosif ?

Non ?

Ben on devrait.



Je découvre Jacky et j'adhère sans réserves.

Jacky ou l'art de transformer le banal en idéal.



Le phrasé est punchy tout en s'appuyant sur un humour cinglant qui ne laisse pas de faire travailler mes zygomatiques qui l'en remercie grandement.

Mais au-delà de cette politesse du désespoir qui turbine à plein, Pension Complète se découvre comme un véritable thriller étonnamment intrigant au rythme aussi endiablé que l'hymne Gimme Hope Jo'anna allègrement massacré par l'équipe d'animation matin - midi – soir et pouvant logiquement occasionné de sérieuses envies de meurtres.

Ce qui tombe plutôt bien parce que de meurtres...mais chuuuut, place au suspeeeeense, que diantre.



Bref, y a pas qu'à Chambourcy qu'on dit Oh Oui !
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Mauvais coûts

Je ne connaissais pas du tout Jacky Schwartzmann.Je l'ai rencontré samedi dernier à l'occasion de"vins noirs",un fort sympathique petit salon qui,dans les rues de Limoges,réunit 15 auteurs de polars et 15 viticulteurs.Succès grandissant depuis 7 ans.Bon,je bavarde,je bavarde et,bien sûr, je bavarde aussi avec l'auteur,un jeune homme très sympa.

Comme je ne le connais pas,et le lui dis,bien entendu,je lui prends l'ouvrage"mauvais coûts ",en poche car,comme je vous l'ai dit,il y a 15 auteurs!!!!!

Je vous lis sa dédicace:"C'est l'histoire d'un salaud attachant....mais d'un salaud quand même. "

Le livre est"petit"et j'ai vraiment envie de découvrir ce "gentil salaud",Gaby Aspinail.Bon,Gaby,il est marqué par la vie dès sa naissance,abandonné par une mère"qui buvait plus que Gainsbourg et ressemblait à Paul Préboist."Il est élevé par son père dont il nous reparlera dans l'intrigue.

Gaby,il est acheteur dans une multinationale.Il est bien à sa place,évolue avec aisance,sans état d'âme, toujours prêt à donner "le coup de pied de l'âne, pourvu que ça rapporte".Il faut bien vivre!!!!

Pourtant,dans sa vie,rien ne va.Et il nous le dit,et il en déprime. ..Et c'est là que je trouve du talent à l'auteur.La description du monde environnant est jubilatoire ou déprimante.Rien ne va,tout lui tombe sur la tête. Sincèrement, j'ai ri,revivant des situations dont j'avais l'impression qu'elles m'étaient familières. Et puis j'ai été très ému par sa description de la maison paternelle vide,notamment.J'ai été très convaincu par cette quête du bonheur dans un monde (le nôtre )insensible à autre chose que l'équation, bonheur=fric.

Banal?oh non...La fin est géniale, vraiment,du roman noir,quoi.

Quant au langage,parfois,c'est du lourd....mais nous sommes costauds et puis ca va si bien dans le contexte.

Il m'a bluffé, le "gentil garçon" du festival "vins noirs 2018 "de Limoges.Mais quand même, où vont ils trouver tout ça ces auteurs?Ils sont doués quand même.
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Kasso

Devenu familier de Jacky Schwartzmann , c'est avec une certaine délectation que je me suis précipité vers son roman " Kasso " dés sa parution au livre de poche et , pour tout vous dire , une fois de plus c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai effectué cette lecture .Voilà encore un roman qui vous transporte avec beaucoup d'humour et de dérision dans un monde où , hélas , il n'est plus du tout conseillé de faire confiance à qui que ce soit , proche ou pas .Jacky Toudic , c'est un brave gars , vraiment .Le voici de retour dans sa bonne ville de Besançon , quittée naguère pour fuir un ennui désespérant .Mais Jacky est un brave gars , ,je l'ai dit , et lorsque sa mère , diminuée par la maladie d'Alzheimer , a besoin de lui , il accourt pour s'occuper d'elle .Besançon et les vieux copains , Jacky et ses vieux démons ...Arnaqueur de premier plan , le voilà redevenu , comme au bon vieux temps , le sosie d'une célébrité : une pompe à " fric facile "qui se réamorce ...La belle vie et ...une belle fille , Zoé , enfin le bonheur ? Hum , pas si sûr , mais ça c'est une autre histoire .

Jacky Schwartzmann poursuit sa " promenade " dans notre société , égratignant ça et là , griffant , mordant , accablant de propos acides bon nombre d'institutions du monde contemporain . Jamais trés franc , tout en souplesse , en second degré , bref en totale dérision .Beaucoup de " victimes " de ses saillies acerbes sans que l'on puisse objecter des démentis formels , nous semblent familiers .Jacky décrit , une fois de plus , le monde tel qu'il est , tel qu'il va mais en mettant en lumière un ou deux personnages , il va encore plus loin dans sa vision cynique de l'être humain .J'avais eu l'occasion de mettre en avant le côté " fable " , voire " fabliau " de ses récits , je ne puis que confirmer mon propos ." L'arroseur arrosé " , " Tel est pris qui croyait prendre " , " Oeil pour oeil , dent pour dent " , " Le trompeur trompé ", en voici des titres qui pourraient ....Mais non , je ne vous embarque pas dans un monde vu et revu , non , je vous emmène dans le monde de Jacky , mais quel Jacky ? Toudic ou Schwartzmann? Ou Kasso ?

Normalement vous allez vous y plaire , dans ce monde complètement " déjanté " et pourtant si proche , il va vous faire rire ou sourire , vous surprendre , vous embarquer ...Vous embarquer ? Ben oui , vous risquez de mettre un certain temps à identifier ce monde comme étant le vôtre , le nôtre , revu ....mais pas corrigé , par un auteur drôle et vraiment irrévérencieux ,bourré de talent et de culot .

Un trés bon moment de lecture , une petite friandise dans un monde de brutes. On n'y meurt pas , non , c'est bien mieux que ça , on y vit ....au détriment de son prochain jusqu'à " l'effet Kiscool " ou plus exactement , l'effet " boomerang". Pas mortel , juste un peu , comment dire ? Vexant , oui , tiens , pas mal ça , vexant ."Pan sur le bec " , comme on dit dans un célèbre journal ...satirique .

A bientôt , amies et amis babeliotes , bonne lecture .
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Kasso

Après A poil, en civil, dans lequel Jerry Stahl mettait en scène McCardle, le sosie noir de Dean Martin, Jacky Schwartzmann créé le personnage de Jacky Toudic, dont la particularité est d'être le sosie de Mathieu Kassovitz. Ce sympathique loser natif de Besançon, fils unique de deux profs de philo, s'est d'abord servi de cette ressemblance pour séduire plus rapidement les femmes, puis pour arnaquer les crédules.

A 48 ans bien sonnés, Jacky est de retour dans sa ville natale afin de prendre en charge sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Il renoue avec ses vieux copains, et craque sur Tinder pour la séduisante Zoé, qui va encourager « Kasso » à passer à la vitesse supérieure.



Très sympathique ce roman qui redonne ses lettres de noblesse aux polars poilants! Beau bébé que ce Kasso de 214 pages qui serait l'enfant caché de Donald Westlake et d'Hannelore Cayre! Il ressemble à son papa pour l'arnaqueur sympathique à la Dortmunder que l'on veut absolument voir triompher et non pas croupir en prison, pour les rebondissements, pour l'amitié, et il ressemble à sa maman pour la féroce et drôlatique critique sociale puisque Schwartzmann reste égal à lui même (et c'est pour ça qu'on aime le lire) en flinguant tout ce qui passe et qui l'agace, France Culture, les cadres bancaires, les hipsters, …



« Des rebeus rebeutent, la casquette Nike sur la calvitie, les bourrelets dans le maillot Qatar Airways, accompagnés de leurs copines blanches un peu grasses, la mèche blonde collée sur le front et le regard affectueux d'un setter irlandais après la chasse. »

Bref, pour oublier le couvre -feu, découvrir Besançon, et se marrer, Kasso est une lecture très recommandable. Je me demande quand même si Matthieu Kassovitz a lu le livre. « Et c'était qui le mec connu ? J'sais plus mais il était connu. » Bah oui, c'était Kasso.
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Pension complète

Dino et Frank, son pote, enfants de la cité, tous deux Français, sont venus au Grand-Duché de Luxembourg durant l'été 1999 pour un pseudo-business. Et le 11 août 1999, alors qu'il est assis à la terrasse du Come Prima, pour assister à la dernière éclipse solaire totale du deuxième millénaire, Dino fait connaissance avec Lucienne, de trente-deux ans son aînée, et « lorsque nous nous sommes réinstallés à nos tables, nous étions déjà un couple. » Il ignorait que Lucienne était riche à millions.

La véritable histoire débute une vingtaine d'années après cette rencontre. Nous faisons connaissance avec Macha, la belle-mère de Dino, presque cent ans, qu'il qualifie de vieille peau. Mais les problèmes commencent avec l'altercation qu'il va avoir avec Paul Drumond, responsable de l'agence bancaire BGL où Lucienne détient plusieurs comptes. Celui-ci, ivre, va le traiter indirectement de gigolo et Dino va réagir en peu brutalement, lui cassant le nez, et lui prendre sa Rolex au passage.

Pour tenter de trouver un arrangement avec le policier, Daniel Schwartz, Lucienne propose à Dino de s'éloigner pendant une période du Luxembourg et d'aller passer quelque temps sur son yacht, à Saint-Tropez, le temps de convaincre Drumond de retirer sa plainte.

Dino va donc partir pour le sud de la France avec la Mercedes C63 AMG qui, malheureusement, va tomber en panne et il devra faire appel à un dépanneur. Celui-ci était débordé, il va devoir la garder deux ou trois jours.

Une seule solution pour Dino, le camping de la Ciotat, tout proche, où il va pouvoir louer un bungalow. de nombreuses places sont disponibles car un des jeunes vacanciers s'étant noyé dans la piscine, les gens choqués, s'en vont.

Et c'est là, au camping « Les Naïades », qu'il va faire la connaissance de son voisin de bungalow, Charles Desservy, ancien prix Goncourt. Ce romancier que Dino décrit ainsi : « Une courtoisie exagérée, ou disons inadaptée, mâtinée d'une espèce de phobie de la classe moyenne. Un aristo, quoi. Un gars avec du sang de navet dans les veines. » Il est en immersion dans ce qu'il appelle le peuple, les gens, avec qui il a pris un peu de distance, ceci pour alimenter ses prochains écrits.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler l'intrigue de ce polar atypique mais sachez que les morts vont être relativement nombreux, que l'assassin sera assez vite identifié mais le suspense restera entier. Jusqu'où peut-il aller ?

C'est un polar au vocabulaire très imagé, au style jubilatoire avec de savoureux portraits et de sublimes comparaisons. Un polar où, bien que les morts s'agglutinent, reste un très bon moment de détente. J'ai ri du début à la fin. Mais ce qui est génial, c'est le fait que ce n'est pas seulement un livre désopilant. C'est également un livre où l'auteur nous fait partager quelques vérités bien senties sur toutes les couches de la société, les rapports entre humains, sur l'urbanisation.

Dans ses caricatures truculentes, il n'oublie personne. Tout en se moquant des faiblesses de chacun il réussit néanmoins à glisser beaucoup de tendresse.

Si, au premier abord, j'ai pensé qu'il s'agissait uniquement d'un excellent moment de détente, je me suis vite aperçue que c'était également un livre plein de philosophie qui nous permet de réfléchir à ce que nous sommes chacun et de prendre conscience avec humour de la société dans laquelle nous vivons.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Shit !

Ce matin , en arrivant au lycée , j'ai croisé un CPE et j'ai de suite regarder s'il avait changé de chaussures :). sacré Jacky. C'est la troisième fois que je vais à sa rencontre et ses livres font un bien fou , dans la mesure où sans se pignoler comme une bonne partie des auteurs français , il fait passer ses messages. Et dans la bonne humeur.



Ça chie à Planoise , quartier dit sensible de Besançon. Deux albanais viennent de se faire trouer la peau juste en face de chez Thibault, CPE au collège voisin. Mu par la curiosité , il tombe sur le pognon et 100 kilos de shit. Aidé de Myriam , il va faire le bien autour de lui mais aussi susciter des jalousies.



Bon , on y croit ou pas , mais finalement on s'en fout. Loin des textes fumants sur la banlieue, ici, via de la littérature sans doute sans prétention mais terriblement efficace , l'auteur nous offre un cliché hyper réaliste de la vie des cités. il sait de quoi il parle , puisqu'il en vient de la cité , qui plus est de celle là. C'est précis, sans langue de bois, et l’histoire n'est finalement qu'un support à la description de ce malaise dans des zones abandonnées par l'état.



Ce roman , malgré ses apparences déconnantes m'a semblé plus sérieux que les deux précédents que j'avais lus mais aussi moins drôle malgré quelques punchline bien senties.

Pour autant, la sensibilité est à fleur de peau, comme toujours chez cet auteur , le texte fait la part belle à tous ces anonymes qui font la France d'aujourd'hui et qui luttent entre débrouille et survie. On trouve aussi cette nouvelle race qui fait passer les bouffeurs de viande pour les pires terroristes de la planète.

Bref, on nous parle de la France , de l'évolution des cités et bien sur de la drogue et de ses conséquences. On nous parle avec un ton neutre mais pas complaisant de ce qui est stigmatisé par les médias .

Une, nouvelle , belle réussite de cet auteur !



Merci Jacky d'avoir précisé qu'il faut être sacrément con pour enseigner à des élèves qui se foutent royalement de ce qu'on raconte pendant 40 ans pour un salaire de misère. C'est tellement vrai en y réfléchissant !



Un grand merci aux éditions du Seuil et à Babelio pour leur confiance.
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Shit !

Allègrement présenté comme une sorte de Breaking Bad à la française, bonjour la gageure, Shit !, du fou-fou Schwartzmann, Jacky de son prénom, s'y apparente délicieusement.



Prenez un individu lambda, Thibault, fraîchement débarqué à Besançon pour y officier en tant que CPE de collège. Pas de quoi sauter au plafond dès que le réveil vous tire des p'tits bras musclés de Morphée tous les matins.

Il aura, cependant, suffi d'un microscopique grain de sable, enfin d'une quantité non négligeable de drogue assortie d'un catalogue de flingues tout aussi fourni pour que notre Thibault national ne se sente des velléités d'auto-entrepreneur.

Ajoutez à cela une redoutable concurrence directement appelée en pcv par son créateur et une voisine aussi déterminée à ce que cette petite entreprise ne connaisse pas la crise, roulez jeunesse sur l'autoroute du bonheur...ou presque.



Jacky Schwartzmann, je signe les yeux fermés.

Un ton acide, décalé, au service d'une situation généralement rocambolesque, Shit s'y inscrit encore et toujours pleinement.



Pour décrire les péripéties et l'évolution d'un individu lambda avec force humour au vitriol, Jacky se pose là.

En génial habitué du genre, il délivre une nouvelle fois une galette euphorisante au possible à défaut d'une plausibilité sans faille, ce dont on se fout comme de l'an 40 (notoirement bissextile, pourtant) au vu du déroulé frappadingue et du contentement indéfectible éprouvé à sa dégustation.



C'est grand, c'est beau, c'est Jacky et pis c'est tout.



Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Seuil Cadre Noir pour ce shoot de volupté certifié 100 % légal.
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Kasso

Dans les faits , ça s'appelle un roman noir, mais c'est bien plus que ça ... On est dans le roman policier puisqu'il y a , arnaques et arnaqués. On est dans le drôle ; on est dans la critique sociale, politique ( un peu comme chez Virginie Despentes ). On est aussi dans le déjanté, le rocambolesque avec un arnaqueur au grand coeur, qui essaie de pêcher de plus gros poissons poussé par une jolie femme.



Jacky Toudic , la cinquantaine approchant, n'est pas comme vous et moi (sauf si vous vous appelez Mathieu ...), Il est le sosie parfait de Mathieu Kassovitz, et cette particularité qui lui a servi au départ à mettre des filles dans son lit, a évolué. Désormais, il se fait passer pour l'acteur et arnaque les gens, c'est fou le nombre de gogos qui rêvent de claquer la bise à une star de ciné !

De retour dans sa ville natale, Besançon ( dont il n'est pas le fan number one) afin de placer sa mère atteinte d'Alzheimer, dans un EHPAD, Jacky va revoir ses copains d'avant, et surtout rencontrer Zoë, qui va l'aider à hisser ses arnaques, un cran au dessus.



Jacky Schwartzmann nous balade dans un Besançon by nigh, le bouton radio Nostalgie poussé au maximum, chez ♫les Dingues et les Paumés♫ ,et c'est beau , c'est tendre, c'est drôle, c'est futé, aiguisé comme le sont les auteurs intelligents , ceux qui ont du vécu. Et j'ai souri (souvent) avec la bande son d'une époque, de celles qui te rapprochent d'un auteur.

Et je me suis demandée ce qu'en pensait Kasso, le vrai. S'il l'avait lu ? Ça doit faire bizarre tout de même d'être le héros sans l'être , tout en l'étant un peu (...enfin je me comprends ).

I have a dream : ce serait tellement classe que Kasso adapte Kasso...

Le genre d'anecdote qu'affectionnent les cinéphiles, et qui font les légendes tricotées dans les bureaux des journalistes ...
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Demain c'est loin

Demain c’est loin est un polar ancré dans le quotidien, à l’instar de son auteur, Jacky Schwartzmann, pour qui l’observation de ses contemporains est sa matière première d’écrivain. Elevé alternativement dans une cité ouvrière et dans un centre-ville bourgeois, il en a observé les modes de vie et de pensée. Cela lui permet d’en tirer avec humour des analyses décomplexées, confrontant sans hésitation les clichés extrêmes les plus éculés, sans rien concéder au politiquement correct. Pour le langage, il choisit un camp, celui des jeunes des quartiers difficiles.



Ce langage est celui du personnage principal et narrateur du roman. On le prend généralement pour un Arabe, parce qu’il a une tête de Rebeu et parce qu’il a grandi entouré d’Arabes dans une cité difficile de Villeurbanne, en banlieue de Lyon. Pourtant, son nom, c’est François Feldman – comme le chanteur, mais faut pas le lui dire, parce qu’on lui en a déjà fait dix mille fois la remarque et ça l’énerve –. Dans la cité, il est le Juif. On l’appelle ainsi en raison de la consonance de son nom – Curieux d’imaginer cela quand on s’appelle Schwartzmann ! – En fait, François n’est ni arabe ni juif. C’est un mec normal, quoi ! aurait dit Coluche.



François connaît bien les Rebeus. Il les observe avec bienveillance sans oublier d’être lucide. Il sait leurs qualités, connaît les obstacles auxquels ils doivent faire face dans leur vie de tous les jours et a conscience des galères pouvant conduire certains à des activités illicites. Il reconnaît aussi leurs insuffisances, leur orgueil souvent mal placé, leurs tendances à s’énerver pour un rien, et les bonnes excuses qu’ils se donnent pour leurs échecs ou leurs choix malavisés.



A force d’être pris pour un Arabe et de vivre avec eux jour et nuit, François finit par parler comme eux et par avoir les mêmes réflexes, lorsque des Français, des bons Français, font mine de se méfier de lui ou de ne pas le prendre au sérieux.



C’est en l’occurrence une Française qui se trouve en travers de son chemin. Juliane Bacardi est une jeune responsable d’agence bancaire bien comme il faut, bonne famille, bonne éducation, bons diplômes. Quoi d’étonnant à ce qu’elle lève les yeux au ciel en écoutant les arguments de ce type avec sa tronche d’Arabe : tous les mêmes, pas structurés, pas francs, pas fiables ! Quoi d’étonnant à ce que François se retienne difficilement d’injurier cette bourge coincée qui lui balance avec morgue des conseils de surveillante de maternelle !



C’est là que le polar reprend ses droits. L’intrigue échafaudée par l’auteur conduira François et Juliane au centre d’une aventure rocambolesque à rebondissements multiples. Ils devront en affronter ensemble les périls, étant recherchés activement par toutes les forces de police de la région, tout en ayant à leurs trousses une bande de mafieux rebeus prêts à leur faire la peau.



Le livre est noir, violent, très violent même par instant, mais le ton de la narration reste toujours imprégnée d’une touche d’humour décalé, comme pour rappeler qu’il ne s’agit que de littérature.



Un mot sur l’humour de l’auteur. Il entend ne faire aucune concession à la bien-pensance, ne se fixer aucune limite de bon goût. Il flirte avec la ligne jaune, notamment dans les premières pages qui, pour moi, ont failli être les dernières : une trop forte concentration d’humour bête et méchant, ni vraiment nouveau ni vraiment drôle, aurait pu me faire abandonner le livre… J’ai bien fait de persévérer, car finalement, les mots d’esprit du narrateur contribuent à rendre la lecture plaisante.



Polar bien construit et captivant, Demain c’est loin livre aussi un constat sur les rapports sociaux, ou plutôt sur l’absence de rapports quotidiens entre les classes sociales. Chacun ses modèles, chacun ses contre-modèles. Jacky Schwartzmann ne juge pas, ne prend pas position... sauf quand il fait déclarer par son François Feldman que la France est le plus beau pays au monde.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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