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Critiques de Jacky Schwartzmann (539)
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Shit !

Thibault Morel vient d’être nommé conseiller pédagogique d’éducation à la Plannoise, quartier sensible de Besançon. Origines populaires et conscience de gauche plus rupture douloureuse avec sa petite amie , il n’hésite pas : il part s’installer au cœur de la cité …et découvre très vite que l’appartement d'’à côté n’est autre qu’un « four » à savoir une zone de deal de drogue tenu par des Albanais…jusqu’au jour où le business se transforme en règlement de compte. Et qu’avec sa voisine marocaine, Myriam, ils découvrent en même temps les cadavres des dealers, leur planque, une vraie caverne d'Ali baba...Une pareille découverte a de quoi faire tourner la tête à nos nouveaux Robin des Bois...

Comment un petit fonctionnaire sans moyens va devenir un roi de la vente de shit épaulé par une brave mère de famille et une jeune directrice d’un centre d’aide sociale, vous le découvrirez en lisant Shit ! de Jacky Schartzmann qui nous fait une peinture sans concession mais avec beaucoup d'humour de ce marché parallèle qu’est la vie des quartiers et la logique infernale qui entraîne certains à préférer les risques d’une existence hors la loi. On pense bien sur à La Daronne de Hannelore Cayre ou à la série Breaking Bad. Une chose est sûre, on ne s’ennuie pas avec les romans noirs de Jacky Schartzmann. Je remercie Babelio, Masse critique et les Editons du Seuil pour ce bon Shit !
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Stop work

« C'est pareil dans toutes les boîtes, même dans l'administration. On ne fait plus rien sans autorisation écrite. »

Voilà ! Chez nous, on appelle ça des 'tickets', c'est censé fluidifier, rationaliser. Pfff, ça ne fait qu'accroître la célèbre lourdeur administrative - lire le génial 'Le front russe' de JC Lalumière.

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Ici, une boîte privée, et un cadre un peu réac', Fabrice Couturier, spécialiste ès-boules dans au moins deux domaines : 'lèche-boules' selon ses collègues, et grand amateur de films de boules.

Toutes ces boules pourraient être enfilées, et le fil se mordrait la queue pour former un collier, mais chaque chose en son temps.

On suit d'abord

• les goujateries du bonhomme, pas foncièrement mauvais mais plutôt bas de plafond, et sa déception lorsque le poste convoité est attribué à une jeune femme

• et les nouvelles exigences de la direction en matière d'EHS (Environnement, Hygiène & Sécurité).

Choc des cultures et affrontements entre l'employé déçu et sa hiérarchie : rigidité à l'ancienne vs pseudo-modernité rigide...

Au milieu, pour compter les points et donner des petits coups de pouce au destin : Christophe le cégétiste, indéboulonnable.

Comme le dit le directeur : « Mais vous [le] laissez en dehors de tout ça ! Il est représentant CGT : intouchable ! Il pourrait venir chier au milieu de mon bureau, je ne pourrais rien faire. »

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Portrait amusant et réaliste de la vie de bureau, entre néologismes ridicules, réunions stériles, décisions & consignes à la con, conseils pour 'monter en compétence', syndicalistes, monde parallèle des employés de nettoyage...

Un univers où l'on a souvent le sentiment de « marcher sur la tête », en effet. Et le télétravail n'y change pas grand chose, sauf qu'on peut remplacer soi-même ses ampoules. Quant au présentiel (ou 'mixte') avec les règles sanitaires en vigueur, n'en parlons pas (et les déplacements domicile-entreprise, avec le couvre-feu).

Mais je ne me plains que pour la forme, car il y a largement pire.



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♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=j8NdAex-AEg
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Shit !

Ah ah ! Il y avait longtemps que j'avais noté dans ma petite tête de découvrir Jacky Schwartzmann ! Ses lecteurs avaient l'air de se poiler grave :-) en le lisant.



Alors merci à NetGalley et aux éditions SEUIL de m'avoir offert ce shoot de rigolades !



Pour vous dire la vérité, je n'ai jamais fumé quoi que ce soit (tout ne compte pas ;-)) ... Et sûrement pas de drogue, mais j'imagine à ce que j'ai pu comprendre et/ou lire que ce livre m'a apporté une bonne dose d'hilarité accompagné d'un relent de mauvaise conscience.



Est-ce l'effet "reviens-y" de Breaking Bad ou encore l'accroche de Thomas VDB qui me fait mourir de rire, en tout cas j'ai plongé carrément dans cette lecture et ce que j'ai ri ! Ah oui ça fait bougrement du bien !



De plus Thibault le Walter White de ce livre est CPE et à semble-t-il plus ou moins mon âge... (enfin celui de ma tête car j'ai passé début avril le demi siècle !!!!! C'est irréaliste ça non ?!!!)



J'ai kiffé grave la vision de la vie que Thibault CPE dans un collège de Besançon avait dans cette histoire. Devenu dealer par obligation solidaire.



Le Robin des Bois de Planoise, le quartier chaud et délaissé de la banlieue de Besançon. Car oui Thibault en est persuadé tout cet argent gagné va permettre d'aider les plus démunis de son quartier !



Thibault est accompagné par Myriam sa voisine et comparse du début ( très important d'avoir une comptable sous la main dixit Walter White !) et de Samia la belle rebeu professeur de lettres qui aide aussi l'association "Avenir", principal moyen de blanchiment de tout l'argent encaissé.



Thibault a une couverture parfaite … Mais pas pour tous et ce commerce illégal juteux va très vite être au centre des convoitises des autres réseaux ! Il va devoir franchir des lignes et les dérapages ne vont pas être tous maitrisés ...



Un excellent moment de lecture !

La seule chose que je regrette c'est que l'auteur

nous plante là à la fin de son livre !

Ben oui quoi, y a bien une deuxième saison quand même ?

C'est malin me voilà en manque !

Bon et bien il me reste à lire les autres livres

de Jacky Schwartzmann qui m'a bien fait kiffer !

Quant à vous, je vous invite à Planoise pour vous faire des lignes de "Shit" !

Oui rire c'est très bon pour la santé !!!
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Shit !

Afin de s'intégrer à la Planoise, une banlieue un peu difficile de Besançon, Thibault, conseiller pedagogique d'education, s'installe dans une barre d'immeuble, avec sur le même palier un point de deal de cannabis tenu par deux frères albanais. Quand ces derniers se font exécutés, Thibault et sa voisine Myriam découvre la cache et 100 kilos de shit. Mus par le désir d'entraide et de soutien aux plus démunis du quartier, ils décident de reprendre en main le business, une décision qui va les mener vers une série de considerations et de problématiques à régler notamment en matière de logistique et de blanchiment d'argent.



Un roman qui s'attaque avec humour et de façon décomplexée au trafic de cannabis, en plongeant deux néophytes dans la fosse aux lions. En choisissant deux personnages qui n'y connaissent rien, Jacky Schartzmann nous entraîne dans une série d'aventures burlesques et improbables, évoquant avec humour et intelligence toutes les questions qui se posent dans ce genre d'activités, qui sont monnaie courant actuellement dans nombre de banlieues de grandes villes et même de plus petites. L'intérêt du roman est donc de faire découvrir l'ingéniosité de Thibault, Myriam, Farid et Samia, qui finalement s'adaptent assez bien aux difficultés soulevées au fur et à mesure de l'extension de leur activité.

Entre cynisme désabusé, crédulité et analyse politiquement incorrecte, Jacky schwartzmann s'amuse à epingler des situations courantes de trafic en les projettant vers des personnages lambda, avec des situations très cocasses et des descriptions presque sociologiques des différents milieux, notamment celui des trafiquants de base, peu cultivés et pas toujours très malins...

Un roman jouissif, politiquement incorrect et drôle dans son domaine.

Je remercie Babelio et les éditions du Seuil, cadre noir pour cette masse critique privilégiée.
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Demain c'est loin

J'ai découvert Jacky Schwartzmann en lisant une critique fort alléchante d'un ami babeliote sur l'un de ses romans : Mauvais coûts. Mais mon choix s'est fixé sur : Demain, c'est loin, dont l'action se déroule à Lyon, ville qui m'est chère...

Mauvaise pioche ? Pas vraiment mais je n'ai pas non plus été conquise par ce polar dont j'attendais beaucoup plus, au vu des critiques élogieuses dont il faisait l'objet.

Le narrateur, François pour l'état civil, le Juif ou le Gros pour ses potes des Buers, banlieue lyonnaise où il a grandi et l'Arabe de service pour tous les autres, va se trouver entraîné, à la suite d'un enchaînement de faits tout à fait rocambolesques, dans une cavale échevelée en compagnie de sa banquière , Juliane Barcadi. Je me suis laissé embarquer moi aussi dans ce circuit d'un genre un peu particulier et que je ne recommande à aucun touriste lambda, sous peine de se retrouver en caleçon sur une aire d'autoroute ! J'ai beaucoup ri aussi à la lecture de certaines scènes à l'humour noir désopilant, comme celle où nos deux héros vont se débarrasser des "gros méchants" lancés à leur poursuite.

Mais j'ai moins accroché parfois à une certaine forme d'humour dans la veine de Charlie Hebdo, style que je n'apprécie pas toujours... Placer aussi trop de "putain" ou de "connasse" dans la bouche du héros principal ne lui donne plus de crédibilité et il est parfois, de façon trop visible le porte-paroles de l'auteur, lequel se livre par sa bouche à une analyse socio- politique trop simpliste, voire un peu simplette...

Pour conclure, je dirais que ce jeune auteur de polar a certainement un avenir prometteur dans ce genre de littérature policière mais il lui reste encore du chemin à parcourir avant d'atteindre le talent de certains auteurs américains.
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Stop work

Fabrice Couturier, malgré son nom, ne fait pas dans la dentelle.

Loup arriviste ayant donné ses vraies lettres de noblesse au suceboulage si décrié, il sévit chez Rondelles S.A. où il est de mise, paradoxalement, de surveiller ses arrières.



Critique acerbe du monde de l'entreprise, ce Stop Work m'a initialement attiré par son Jacky en devanture.

Mais à l'instar d'un train, un Jacky peut en cacher un autre.

Celui de Pension Complète m'avait agréablement vrillé le cerveau alors que celui de Stop Work me l'aura juste rafraîchi.



Ode à l'arroseur arrosé qui, de statut de plus gros lèche-cul de Rondelles passera, suite à un plan de carrière légèrement contrarié, à celui du plus ardent défenseur de la veuve et de l'orphelin.



Le ton est acerbe.

Honteusement réaliste.

Le coup de crayon minimaliste.

Le tout se veut acide sans réellement apporter de nouvel éclairage au monde si altruiste et bienveillant du taf en entreprise.
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Shit !

Planoise, banlieue de Besançon, aujourd'hui.

Thibault est CPE dans un collège de Planoise. Quand ses voisins de palier, deux dealers albanais se font descendre, avec la voisine du dessus, Myriam Ramla, ils sont les premiers sur les lieux et trouvent la planque des affreux : argent, pains de Shit, armes.

Que faire de tout cela ? S'acheter une paire de nouvelles pompes. Rembourser le prêt de la voiture Et avec le reste ? Payer le voyage scolaire de 8 élèves que les parents ne peuvent décidément pas financer. Et de fil en aiguille, aider les habitants du quartier qui galèrent trop.

Voici donc nos improbables dealers reprenant le trafic comme des bons petits Robin des bois…

On craint bien souvent pour Thibault qui n'est pas vraiment tailler pour ce genre d'aventure : trouver du « personnel », détourner les soupçons de la police qui voit d'un mauvais oeil la reprise des affaires rue du Piémont, éviter les rivaux qui mettraient bien la main sur cette manne…

Je me suis bien régalée avec ce roman qui m'a bien souvent fait penser aux « Frères pétard »… Les personnages sont un peu caricaturaux mais on sent une vraie bienveillance dans le regard que porte Jacky Schwarzmann sur ces populations oubliées de la République comme on dit.

C'est bien mené. C'est rythmé. C'est drôle.

Il me reste à trouver d'autres romans de cet auteur.

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Mauvais coûts

Paru en 2017, le roman de Jacky Schwartzmann est drôle, plein d’humour et de dérision. La première phrase donne le ton : « Je suis un bâtard. Ma mère est toujours allée voir ailleurs si l’herbe des pubis était plus verte. » L’auteur se lance dans une satire sans concession sur le monde du travail d’aujourd’hui, avec ses cohortes d’imbéciles et de « fils de pute », qui vendraient leur mère pour une fraction infinitésimale de pouvoir.

C’est une très agréable récréation où le lecteur est emporté entre fiction et documentaire.

Editions Points, 209 pages.

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Pyongyang 1071

Ce que j’ai ressenti:



▪️Marathon atypique…



Méfiez-vous de vos soirées, vous pourriez prendre des décisions étranges et vous retrouvez à faire un marathon de 42 kilomètres en Corée du Nord, à Pyongyang. C’est ce que s’apprête à faire Jacky Schwartzmann contre toute attente, au grand dam de ses proches, mais surtout de son corps…Il y a des décisions des fois, qui défient toute conscience et logique, mais à lire cette préparation et cette fameuse course auprès de cet auteur, c’est quelque chose! Pour connaître un peu de ses douleurs physiques et du mental qui faut avoir pour courir, j’ai ressenti toutes les émotions de ce « sportif du dimanche » et bien sûr, j’étais le plus souvent explosée de rire, parce qu’il saisit toutes les phases montantes et descendantes de la motivation à un tel effort. Hilarant!



"Seul, enfin. C’est dur, mentalement, car Satan me répète inlassablement « mais pourquoi tu t’imposes ça »? Cela dit, je le trouve très pertinent. Pourquoi est-ce que je m’impose ça?"



▪️En dictature…



Même s’il est vrai que c’est très drôle, il y a quand même le lieu de cette course qui ramène une tension et des moments de prises de conscience aigües. Il y a un mélange de peur, d’appréhension et d’excitation et sans doute, un peu de folie, à tenter une telle expérience. Il est en train de courir en Corée du Nord, dans un pays qui souffre d’une dictature et ce voyage l’emmène à voir et à comprendre une société régit par le culte de la personne au pouvoir, d’être soumis à un contrôle permanent, d’être exclu de la vie sociale avec les habitants. Je n’endosserai sans doute jamais le dossard 1071, pour ce marathon mais grâce à ce livre, j’ai pu avoir une petite idée de la vie là-bas. Et c’est toujours intéressant de voir d’autres cultures, d’autres manières de vivre. Rien que pour ça, ça valait vraiment le coup de lire cet ouvrage, parce qu’il est nécessaire de se rendre compte que la liberté est si fragile. Il en faut des hommes audacieux pour partir comme ça, et venir raconter ensuite son expérience. C’est très enrichissant.



"Lorsque nous pénétrons enfin dans le stade, je prends la claque de ma vie."



▪️Un grand moment de plaisir.



Je l’adore cet auteur. Mais vraiment, je l’adore. Il n’y a que lui, qui me fait pleurer de rire pendant mes lectures et ça fait du bien. Quand je lis ses histoires, j’ai le sourire scotché aux lèvres. Et là, que c’est lui, qui s’implique dans une aventure hors norme, c’est encore plus « punchy ». Il dit avoir un « goût pour la provocation »…Ce n’est plus du goût à ce degré là, c’est plus que ça, c’est un talent! Il a l’art et la manière de faire basculer, au deuxième degré (voire plus si affinités) tout, pour désamorcer la moindre tension…Je le trouve sensationnel de transformer comme ça, par le rire et l’écriture, avec de la bonne humeur et une grande ouverture d’esprit, les situations complexes. Je ne ferai pas de marathon, où que ce soit, mais je vais aller courir me chercher tous les autres romans de cet auteur, juste pour le plaisir de son humour complètement barré.



"La course à pied est un sport chiant, il faut le dire. Peut être le moins ludique et certainement le plus crevant, il a tout contre lui. Du coup, c’est un sport de cérébral. Quand vous courez, votre esprit vagabonde…"



Ma note Plaisir de Lecture 9/10.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Pension complète

Dino Scala est ce qu'on peut considérer comme un gigolo au Grand-Duché. Il se tape une vieille, le double de son âge au minimum. Vieille et friquée, je n'ai pas dit fripée, mais rien de bien anormal on est tout de même au Luxembourg, pays de la haute finance et de la bourgeoisie intègre. Mais voilà, tout plaisir a sa fin, et la sienne sera de devoir filer dans le Sud, au pays des cigales qui chialent toute la nuit, officiellement pour prendre un peu de recul avec les gaufres luxembourgeoises. Le yacht de la vieille l'attend d'ailleurs dans la baie de Saint Tropez. Un peu de recul sur leur histoire. Mais comment veux-tu que je t'...



Et là, imagine le topo, le fait improbable pour ne pas dire impensable, même les allemands n'oseraient jamais l'imaginer, sa Mercedes C63 AMG, Black Series, tombe en rade dans la rade de La Ciotat. Direction le garage et en attendant un bungalow au camping "Les Naïades", Dino y fera la connaissance de son voisin Charles Desservy, un célèbre écrivain au Prix Goncourt tout de même. Autour, des Quechua et des campeurs aux packs de Kronenbourg. Alors que le Charles lui sort les flûtes et le seau à Champagne. Le gars, il sait vivre, y'a pas que le Spritz ou le sous-mojito allégé en rhum même au pays du peuple.



Le camping, c'est mon truc en tongs. Je m'installe alors sur la terrasse du bungalow, là je sors une cannette de bière, une Lagunitas dans un esprit flou-brumeux, là je sors un bouquin, un Schwartzmann avec un palmier dessus, ou peut-être un cocotier, après quelques bières je ne fais plus vraiment la distinction, et j'observe... Sur leur peau le soleil, caresse bien trop sage. Les hanches qui balancent et les sourires fugaces. Leurs poitrines gonflées par le désir de vivre. Oui, j'aime regarder les filles qui marchent sur la plage. Avec le grain de sable qui se glisse sous la ficelle du string et qui fait dandiner le cul des grosses allemandes, ou rire les blondes hollandaises... Mais passons, ça devient le bordel dans le coin, entre les flics qui patrouillent, ce connard de parisien avec son poste radio merdique branché sur Les Grosses Têtes et son môme qui chiale tout le temps, j'te raconte pas la vue, pas sur la mer, mais sur cette grosse anglaise qui va vider sa pinte de bière aux chiottes toutes les heures, fière d'arborer son rouleau de PQ à la main. Ah, les joies du camping...



Et toi, là oui toi, je sens que toi aussi tu as ton regard porté sur ces filles quand elles se déshabillent et font semblant d'être sages... Tu y es aussi à cette plage... Et tu ne me demandes même pas pourquoi y'a les condés... Non, tu préfères finir ton mojito au Havana Club... C'est que, comme qui dirait, dans le camping, les morts fleurissent comme mon regard vague sur les bikinis dans les vagues. Y aurait-il un serial killer au pays des naturistes ? Alors je poursuis ma lecture, affaire à suivre, des sourires à chaque page.
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Shit !

(P) Attention, cette chronique contient des publicités.



Thibault Morel, le narrateur est un gentil (propret) CPE dans un collège de Planoise, banlieue difficile (euphémisme) de Besançon, dans le Doubs, un très jeune CPE de trois mois d’expérience (peut-on d’ailleurs parler d’expérience pour trois mois de poste ?).



Son expérience principale, en réalité, est d’habiter un immeuble qui sert de four (j’apprends ici que le four est un lieu de deal et là, en l’occurrence, il est tenu par deux frères albanais à la mandale facile qui refourguent une bonne came bien présentée : L’albanais emballe dans l'Albal ).



Ça vous plante son décors !

Bienvenue à shit-land.



Dès le début, je suis happé par le franc-écrire de l’auteur que je découvre.

Pas de langue de bois.

C’est cash et ça matche.



Il suffit de lire ce qu’il pense des politiciens évoquant la mixité sociale dans les cités pour deviner dans quel sens du poil il va brosser son récit !

Ça va arracher des dents au peigne !



Conquis, j'adore, en une lettre: j'M !



Comme dans toute bonne comédie qui se respecte, pour que l'action démarre il faut un détonateur. Ici, ce sera l’explosion du ‘four’ qui exposera de surcroît une pizza dont les ingrédients ne sont pas totalement identiques à ceux qu'utilise Paolo à la Pizza-Rosso (44 grande rue, 56570 Locmiquelic)



Ici, c’est végétarien s’abstenir, la couleur rouge n'a rien à voir avec la purée de tomate, ça coute plus chair et c'est du ‘grand-art’ (en inglish : Bigard) Capito ?



On l'a compris, le four va rouvrir et c’est notre CPE qui va en gérer le thermostat à gaz.

Thibault Morel se paye l'électro-luxe de devenir Arthur Martin !

Il n'y a pas de fumette sans feu !



Notre CPE est PDG d'une ONG THC de HLM. CQFD.



Mais ce n’est pas un pourri, notre Arthur/Thibault ! Même plutôt une bonne âme voire une bonne pâte (à pizza).

S'il brasse du bifton en fourguant du shit ce sera pour des bonnes œuvres !

Son côté Coluche au grand cœur !



Ce n’est plus ni Thibault Morel, ni Arthur Martin mais Robin Desbois,  du coup, ce qui permet à l'auteur de nous dresser le portrait d'une société nécessiteuse en déliquescence qui n'a pas pour habitude de poser sous les lumières tamisées des studios Harcourt (on laisse ça à Carole Bouquet) ! Ses lumières sont plus crues, si crues même qu'elles font plisser les yeux si ce n'est verser une larme.



Le récit, comme le style, est coloré.

On rit jaune à cet humour noir et on se prend d’amitié pour ce blanc-bec de CPE un peu fleur bleue qui se prend des marrons en chevauchant la ligne rouge pour sombrer dans une délicieuse délinquance destinée à mettre le rose aux joues d'une population qui en voyait des vertes et des pas mures.



Ça ne se lit pas, ça s'engloutit, ça se dévore même, comme des St Jacques snackées sur risotto aux truffes (ou une Pizza Minahouet, toujours chez Pizza-Rosso, 44 grande rue, 56570 Locmiquelic).



Bien sûr, notre cave va se dessaler (comme la morue)et, bien sûr, tout ne va pas aller comme sur des roulettes. Il va y avoir des bourre-pifs (pas le chien), des dommages collatéraux, des balles qui sifflent (trois fois comme le train) et même de la viande froide farcie aux pruneaux dans le buffet (là encore, c'est végétariens s'abstenir).



Les gentils sont vraiment gentils, les méchants très méchants et les cons plus nombreux au kilomètre carré que les flics au stade de France un jour de coupe de France présidée par Macron.



Un bon petit polar jubilatoire qui se joue de la morale et s’abstient de nous donner la leçon.

Rien de plus normal, ça se passe à Besançon, dans le Doubs et comme dit l'adage : dans le Doubs, abstiens toi !!!



Évidemment, cette fable est à prendre avec la distance nécessaire du second degré et je conçois aisément que qui est confronté à ce contexte peut trouver loudingue ce genre de parti pris.

 

 

 

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Kasso

"Kasso" de Jacky SCHWARTZMANN m'a beaucoup fait penser quant au style et à l'intrigue (déjantée certes mais ô combien révélatrice par l'humour noir qui y est présent tout au long des travers de notre société) à Benoit Philippon, l'auteur de la fameuse "Mamie Luger" (mais pas que ...) ainsi qu'à Sophie Hénaff pour ses "Poulets grillés" avec, quant à elle, sa galerie de flics ratés notamment.



Ici, il est question de Jacky Toudic, un sympathique bisontin qui a pour principal atout d'être le parfait sosie de Mathieu Kassovitz, l'acteur révélé par le film "La Haine". Un atout physique dont il a su user maintes fois et qui lui a rapporté un beau pactole en arnaquant les gens ... Alors qu'il souhaite profiter de sa chance avant de partir un jour peut-être sous le soleil et les eaux turquoises des Marquises, sa mère fait des siennes et l'Ehpad s'offre à elle à cause d'un Alzheimer bien avancé. Mais Jacky n'a pas dit son dernier mot et s'apprête à réaliser avec brio son "casse du siècle" : faire croire qu'il va monter le film "La Haine 2", quelques décennies plus tard, sauf que les vents jusqu'ici favorables vont finir par se tourner vers d'autres horizons ...



En résumé, on ne boude nullement son plaisir dans ce polar désopilant à souhait qui a pour mérite de renouveler le genre.
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Shit !

PME à vocation sociale.



Thibault vient de recevoir sa première affectation comme CPE. Ce sera Planoise, quartier populaire de Besançon. La cité est gangrenée par le trafic de drogue. Thibault ne se doute pas qu'il s'agit d'un secteur d'avenir.



Magnifique, splendide, hilarant, jubilatoire... Les mots me manquent pour décrire cet excellent roman. J'avais déjà lu Pyongyang 1071 de Jacky Schwartzmann, où j'avais déjà aimé l'humour de l'auteur. Il s'agit ici de sa première fiction que je lis et l'expérience est plus que concluante.



Thibault jeune rural idéaliste s'est installé à Planoise pour mieux exercer sa fonction de CPE. Baffes après baffes, il va revenir sur ses illusions. Mieux, à la suite d'un règlement de compte, ses encombrants voisins, dealers renommés, laissent un immense pactole derrière eux. Aidé d'une voisine, Thibault va veiller à le redistribuer aux plus démunis.



L'idée est non seulement excellente, mais aussi hilarante. Thibault va s'improviser dealer pour écouler le stock restant et venir en aide aux habitants du quartier. de naïf, notre héros devient un chef d'entreprise doué et cynique. Nous suivons avec un immense plaisir la mise en place, puis le fonctionnement de ce "four".



En plus de l'humour, l'auteur nous montre la réalité de son quartier de naissance. Sans tomber ni dans l'angélisme béat ni dans dans le catastrophisme, il nous raconte les galères quotidienne, l'aspiration à la tranquillité de la majorité des habitants, mais aussi les trafics et les incivilités. Comme partout, il y a des bons et des salauds. Comme partout, il y a des indifférents, des blasés. Jacky Schwartzmann aime Planoise et nous le fait ressentir.



Bref, ce roman réussit à la fois à être très drôle et à nous montrer la réalité d'un quartier loin des clichés des médias. Je lirai avec grand plaisir le reste de l'oeuvre de Jacky Schwartzmann.



Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour l'envoi de ce roman.



MASSE CRITIQUE PRIVILÉGIÉE
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Ils sont partout

Tu dois lutter tous les jours contre Twitter en gros, c’est ça ?

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Il s’agit d’un récit complet, indépendant de tout autre, dont la première édition date de 2022. Il a été écrit par Valérie Igounet & Jacky Schwartzmann, dessiné par Lara & Morgan Navarro, avec une mise en couleur réalisée par Christian Lerolle. Il s’agit d’une bande dessinée en couleurs qui compte quatre-vingt-seize planches. Il commence par une définition du mot Complotisme, suivi par un avant-propos rédigé par les auteurs sur des statistiques relatives à l’acceptation de certaines théories du complot par la population française, par exemple sur la collusion entre le gouvernement et l’industrie pharmaceutique pour cacher la nocivité des vaccins, et concluant que le complotisme tue vraiment. Il se termine avec un glossaire comprenant la notice biographique de treize principaux acteurs de la complosphère, et l’énoncé de neuf principales thèses complotistes.



Dans une grande forêt en montagne du Jura, un groupe d’une demi-douzaine d’individus en tenue paramilitaire aves des arbalètes progresse dans la neige. Le meneur fait signe de s’arrêter au groupe. Ils se couchent à plat ventre dans la neige et s’exercent au tir sur un épouvantail affublé d’une chemise rayé, avec une étoile jaune au niveau du cœur. Dans la salle de rédaction du magazine Actuelle à Paris, le rédacteur-en-chef demande à ses journalistes ce qu’ils ont pensé du défilé Saint Laurent. Ce n’est pas l’enthousiasme. Rose finit par exprimer son jugement : franchement, c’était sooo 2016. Tout le monde rigole au bon mot. Rose sort du boulot, prend le métro, rentre chez elle, finit sa valise et se rend à la gare Montparnasse. Elle descend à la gare de Rennes où son frère Adrien l’attend. Elle le charrie sur sa tenue vestimentaire, un peu trop druide à son goût.



Le repas se déroule en famille dans le pavillon des parents de Rose et Adrien. Elle lui fait remarquer qu’il n’a pas l’air bien. Sa mère répond à la place de son frère : Adrien passe ses journées dans sa chambre, sur internet, il a arrêté la fac. Il soupire et explique qu’il est un réveillé, un lucide, et que ce n’est pas en filière sciences et techniques des activités physiques et sportives qu’il a appris ça. Sa mère estime que c’est du complotisme, ce à quoi il répond qu’il y a des groupes d’intérêts à l’œuvre et qu’il les débusque. Après le repas la mère et ses enfants regardent des vidéos sur YouTube. Dans la première, Thierry Saint Gall énonce des méthodes pour se protéger et survivre au coronavirus : le jeûne, les bains froids et le jus de carotte. Rose ironise en demandant s’il a déjà entendu parler des vaccins. Puis il regarde une autre vidéo où le docteur Tal Caliente affirme que l’urine est le premier médicament sur Terre pour soigner les êtres humains. C’est de l’énergie vivante, c’est du sang filtré et le sang vibre sur une longueur d’onde très énergétique. Il préconise de boire de l’urine ou d’en mettre sur sa peau, et il affirme avoir déjà vu des malades du sida, grabataires qui, après avoir bu leur urine pendant quelques jours, faisaient de la course à pied.



Écrire un ouvrage sur le complotisme se heurte à une difficulté intrinsèque assez redoutable : il ne faut pas donner l’impression que le discours devient lui-même un pamphlet contre une forme de complot, contre des gens qui seraient partout et nulle part à la fois à propager des idées délirantes remettant en cause l’ordre mondial, ritournelle s’apparentant elle-même à une théorie du complot. Les auteurs ont choisi la fiction, vécue à hauteur d’individu, avec un dessin semi-réaliste, tout public. L’histoire est très simple : une jeune femme bien installée dans la vie, travaillant comme éditrice ou journaliste dans un magazine féminin, doit retrouver son frère qui a décidé de s’engager dans une groupe survivaliste, préparant un coup d’éclat. Elle bénéficie de l’aide de Michel, maquettiste d’une cinquantaine d’années, ancien grand reporter spécialisé dans l’extrême droite, sans femme ni enfant, ayant dû lever le pied à la suite d’un AVC. L’artiste recourt souvent aux plan taille et aux gros plans pour les discussions et les interviews. Le coloriste reste dans un registre naturaliste. La tonalité de l’intrigue ne s’inscrit pas dans le drame intimiste, ou le mélodrame : le lecteur reste à une certaine distance des personnages. Pas de développement psychologique pénétrant sur le basculement d’Adrien, sur les angoisses de ses parents, ou sur les indignations de sa sœur.



Dans le même temps, sous des dehors simples, la narration visuelle comprend de nombreux éléments d’information de nature diverse. En reparcourant les pages, le lecteur prend conscience qu’il a pas mal voyagé : les montagnes enneigées du Jura, les bureaux parisiens du magazine Actuelle, le pavillon des parents de Rose et d’Adrien, plusieurs déplacements en train, un voyage en car, la grande fête en plein air de l’Insigne Doré avec tous ses stands et son podium, un café bien parisien, le pavillon de Robert Faurisson (1929-2018), les forêts sans neige du Jura, la cage d’escalier de l’immeuble de Rose, etc. À chaque fois, le dessinateur réalise des dessins très faciles à lire, contenant pour autant une bonne densité d’informations visuelles. Les personnages disposent tous d’un physique et d’un visage différents, les rendant immédiatement identifiables. Les accessoires sont rendus avec une approche globale, plutôt que dans le menu détail, ce qui n’empêche pas de reconnaître une arbalète au premier coup d’œil. La mise en couleurs semble évidente, tout en faisant parfaitement son travail : ambiance lumineuse, augmentation de lisibilité et de la différenciation entre les différents éléments détourés de chaque case. Finalement, l’artiste sait également reproduire l’impression globale d’un individu connu même si son nom a été changé pour couper court à toute tentative de procès.



Ainsi en page 78, le lecteur reconnaît tout de suite le modèle de monsieur Brieuc, même si son prénom n’est donné qu’une fois l’entretien terminé, puis celui de sa fille : Jean-Marie et Marine. S’il l’ignore, le lecteur découvre dans la biographie très succincte que l’autrice est historienne de formation, spécialiste de l’extrême droite et du négationnisme. S’il a été sensible à ces sujets dans l’actualité, il identifie sans peine une partie des personnages : Jean-Marie Le Pen, Dieudonné M’Bala M’Bala, Alain Soral. Les références à Thierry Casasnovas, Thierry Meyssan, Pierro San Giorgio et Christian Schaller sont plus pointues, mais elles sont transparentes, et le lecteur les identifie aisément lorsqu’il parcourt les notices biographiques des principaux acteurs de la complosphère en fin d’ouvrage. En outre, Robert Faurisson est nommé explicitement quand Michel relate l’interview qu’il a mené avec lui, à laquelle sont consacrées trois pages. Le lecteur ne doute pas un seul instant de l’exactitude des propos rapporté. Il en va de même lors de l’entretien accordé par Jean-Marie Brieuc / Le Pen.



Bien sûr, le lecteur sourit en écoutant les élucubrations d’un des exposants à la grande fête de l’Insigne Doré : un platiste. Il explique que c’est simple comme bonjour, que la Terre est un disque et qu’autour de ce disque il y a un immense mur de glace. La preuve : l’horizon est plat et tout droit. À un monsieur qui lui fait remarquer que dans ce cas-là, s’il marche toujours droit, il va se taper le nez contre le mur de glace, il répond qu’on n’est pas dans le Truman Show, et que la réponse est simple : c’est l’effet Pac-Man. Comme dans le jeu, quand on arrive au bord de l’écran, on réapparaît de l’autre côté. À lire, cela ressemble à un délire d’enfant, sauf qu’il existe des platistes dans le vrai monde. En fin d’ouvrage, les auteurs citent plusieurs théories du complot : les traînées de condensation des avions (chemtrails), le grand remplacement, le négationnisme, le Nouvel Ordre mondial, le Pizzagate, le platisme, le mouvement QAnon, le survivalisme, la théorie complotiste du 11 septembre. Certaines sont plus délirantes que d’autres : Hilary Clinton impliquée dans un réseau pédocriminel dont la plaque tournante serait une pizzeria de Washington, une élite mondiale pédo-sataniste conspirerait contre le peuple selon le mouvement QAnon. Mais en court de récit, Michel évoque plusieurs cas où la propagation et la diffusion de ces théories ont poussé des individus à passer à l’acte, à tuer des personnes qu’ils tenaient pour responsable.



Si la théorie de la Terre plate a du mal à passer, il est moins facile de rejeter la posture d’Adrien qui dit vouloir débusquer des groupes d’intérêt à l’œuvre, car le lobbying n’est pas une idée fumeuse. Certes le vaccin contre le COVID ne sert vraisemblablement pas à injecter des nanoparticules contrôlées à distance par la 5G, mais les grands groupes pharmaceutiques ont profité financièrement de la création et de la vente de vaccins. Parmi les théories du complot évoquées, il est possible que l’une d’elles retienne l’attention du lecteur, comme moins idiote, comme digne d’intérêt, au moins de se poser la question. Il peut être tenté de se lancer dans un questionnement, peut-être jusqu’à une méthode hyper critique, sans pour autant aller jusqu’à la méthode Ajax (du nom du produit ménager) prônée par Faurisson. Il peut s’interroger sur la frontière entre démarche scientifique, et démarche pseudo scientifique, démystification et mystification. Ce doute peut l’amener à s’interroger également sur la nature de la connaissance, sur les théories de la connaissance. D’un côté, les théories du complot peuvent être vues comme un fait de société et de culture, et analysées avec ce point de vue. De l’autre côté, la manipulation de l’information est une réalité et il est sain de remettre en cause les faits assénés, les conclusions trop belles pour être vraies. S’ils ne présentent pas ces questionnements de manière explicites, les auteurs évoquent la recherche de sens, la pulsion humaine d’identifier des schémas, l’appétit pour les révélations et le sensationnel, mais aussi l’illusion de solutions simples à des problématiques complexes, le fantasme de la solution magique.



Les auteurs ont réalisé une fiction facile d’accès et facile à suivre sur une jeune femme découvrant le monde du complotisme, et des individus qui en font le commerce. Le lecteur avance rapidement dans l’ouvrage, souriant aux théories fumeuses, satisfait de sa perspicacité quand il identifie une personnalité connue. En cours de route, il se dit que les auteurs auraient pu se montrer plus ambitieux sur les mécanismes psychologiques et sociaux favorisant ses théories et leur accueil favorable par une partie non négligeable de la population. Puis il se met à douter lui-même, pas forcément pour adhérer au Grand Remplacement, mais sur les mécanismes d’apprentissage de la connaissance, sur la façon dont lui-même tient certaines choses pour évidentes et ne pouvant pas être remises en question. Il ne développe pas sa propre théorie du complot, mais se met à réfléchir sur l’assimilation de la connaissance humaine, et sa liberté de douter.
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Mauvais coûts

Gaby Aspinall, quarante cinq ans, acheteur dans une multinationale fait le bilan de sa vie, pas de femme, pas d'enfant, un père handicapé, Gaby commence à devenir aigri, voire misanthrope, et à tourner carrément au vrai salaud. Il fantasme sur sa responsable Itsuka, une japonaise de trente cinq ans, mais en attendant, essaye de retrouver son premier flirt, histoire de retrouver l'idéalisme de sa jeunesse perdue et se persuader qu'il n'est pas si moche que ça...Professionnellement, tout en les analysant cyniquement, il surfe sur les technologies numériques, étrangle financièrement et sans scrupules ses fournisseurs, déjoue les coups fourrés quand ce n'est pas lui qui les tend. C'est lors d'un déplacement professionnel en province avec Itsuka et un collègue que tout va partir en vrille et que sa vie va réellement virer au cauchemar.



Comme l'indique la citation de Michel Houellebecq que

Jacky Schwartzmann reprend en début de roman, il y a bien un petit quelque chose de cet auteur dans Mauvais coûts, un peu de l"extension du domaine de la lutte", où l'on retrouve un homme cynique mais lucide qui a compris et accepté les codes violents de l'entreprise en les intégrant dans sa vie quotidienne, portant un regard sans concession, en recherche d'idéalisme mais constamment déçu, seul et fantasmant sur les femmes inaccessibles, méprisant les autres, un homme asocial qui en souffre...Mais Jacky Schwartzmann va encore plus loin avec un roman très noir et extrêmement trash, quelquefois difficile à lire tant il va loin dans le moche et le sordide, le mépris et le crado...

J'avoue que j'ai eu un moment de découragement pendant cette lecture noire, sale et déprimante mais les derniers chapitres renversent cette médiocrité pour révéler le brio de ce roman servi par une écriture concise et intelligente.

Avis aux âmes trop sensibles, pour les autres un écrivain à découvrir.
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Shit !

« Ma petite entreprise ne connaît pas la crise, s’expose au firmament, suggère la reprise, embauche, débauche, inlassablement se dévoile »



Sauf que la boîte en question ou plutôt le four a pour siège social l’appartement en face de celui de Thibault, le CPE d’un collège en plein cœur de Planoise, quartier sensible de Besançon. L’homme enclin à s’intégrer, est plein de bonne volonté et a de grandes convictions éducatives mais se faire baffer et empoisonner la vie par des dealers, très peu pour lui. Certains oublient trop vite que dans le commerce la roue tourne et que les malheurs des uns peuvent faire le bonheur de beaucoup d’autres…



Sous ses airs de roman loufoque et subversif, « Shit » lache quelques vérités notamment sur l’éducation et dépoussière avec verve les préjugés de la vie en cité. Cela peut paraître facile à dire mais c’est bon à entendre. « Apprendre la politesse, c’est déjà bien démarrer dans la vie », « les enseignants sont là pour enseigner pas pour éduquer ». Rien n’est plus évident aujourd’hui malgré les vocations. A travers ses aventures, notre héros parfois un brin tête à claque se débarrassera aussi au passage de sa vision arriérée des habitants de son quartier. L’auteur parvient avec talent à s’ancrer dans la réalité tout en nous embarquant dans une histoire rocambolesque hilarante.

Une pépite sans risque pour la santé!
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Shit !

Quand le CPE du bahut se met à distribuer autre chose que des heures de colle.



Connaissez Besançon ? Besaque pour les intimes, la cité franc-comtoise bien bétonnée est connue pour la matelotte d’anguille, serpent de mer ou de rivière giga craignos à becter et la cancoillote, fromage coulant d’aspect et de goût chelou.

Et puis y’a Planoise, le ter-ter, la tess. Répondant pleinement à la loi de l’offre et de la demande et ne rechignant pas sur un profit sans déduction de TVA les jeunes entrepreneurs locaux proposent de quoi s’écraser le cerveau dans des halls d’entrée réquisitionnés pour l’occasion. C’est pas du 7/7 car faut pas pousser mais si t’es prompt a dégainer le bifton, t’auras de quoi finir avec des yeux de chauve-souris et une pâteuse d’enfer avec ce que t’auras pécho là-bas.



Supermarché de la fumette, paradis des mecs qui fument plus que des pots d’échappement, enfer pour les habitants locaux qui pour regagner leur logis doivent montrer patte blanche avec des contrôles plus stricts qu’à l’aéroport sinon gare à la mandale.



Z’imaginez bien que si une infime partie des sommes brassées par le trafic pouvaient être taxée on se retrouverait pas dehors comme des abrutis à manifester pour une reforme des retraites qui n’aurait plus besoin de financement.. Evidemment le bénef fait saliver et les comptes se règlent avec autre chose que des pistolets à eau.



Alors quand Thibaut, petit babtou gaucho au corps de lâche voit passer une opportunité pour qué-cro dans la galette, le p’tit père porte ses baloches et se lance dans le bizz pour la bonne cause.



Voila pour l’intro, pour l’intrigue je laisse faire Jacky Schwazrtzmann le narquois qui comme toujours régale.



Un bouquin de Schwartzmann, c’est comme un bédo d’herbe de province fumé à 20 piges un soir de vacances : c’est rigolo, ca fait du bien, ca parait toujours trop court mais en fait ça fait le boulot, à la différence que le papier est précieux et qu’il n’y avait pas marqué OCB sur celui-ci je l’ai laissé peinard, jusqu’à le finir avec délectation puis le faire tourner.



Il m’a rappelé La Daronne d’Hannelore Cayre pour l’humour et la sagacité et Sur les rails de Julien Hervieux pour le côté business stupéfiant.



Troisième petit kiff de cet écrivain qui me pousse à le classer dans le rayon des petits malins divertissants qui ont l’art et la manière. Foncez, "c'est de la frappe" comme ils disent.

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Pension complète

Ces livres là, c'est un peu la roulette russe. Annoncé jubilatoire, la prudence est de mise parce que l'on ne jubile pas tous de la même façon.

Ici, un gars des cités lyonnaises vit aux crochets d'une riche luxembourgeoise de trente ans son ainé.

Il a 45 ans , elle 75, la belle mère a 100 ans , et est dans un état qui rappelle un brocolis en fin de vie mais elle squatte la chambre d'ami familiale et pourrit la vie de notre gigolo.

Jusqu'au jour où ce dernier rompt l'accord tacite qu'il a avec sa bourgeoise et se voit puni: Il devrait se faire oublier à St Tropez , sur le yacht familial (oui, on n'est pas tous puni pareil, c’est comme la jubilation)

Ce roman est très drôle, enfin , je le trouve très drôle. Répliques cassantes , métaphores inventives et non omniprésentes (ah, ces livres où l'on accumule les métaphores me sont insupportables), énigme bien foutue (sans être non plus la trouvaille de l'année).

C'est tout ? Ben non , il y a aussi quelques réflexions sur ce que l'on est, ce que l'on fait de sa vie, le sens que l'on veut y donner. Pas de quoi poser le livre et ruminer dubitativement un "Quel génie ce Schwartzmann"...mais presque !

Une bien belle lecture version détente qui m'a rappelé quelques textes de Franz Bartelt

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Demain c'est loin

Véritable OVNI littéraire, à mille lieues du politiquement correct mais en plein dans le mile, ce livre est un monument de moments drôles et de situations cocasses!

Un lyonnais qui a réussi a sortir de la cité se rend compte qu'on n'en sort jamais vraiment quand sa banquière le convoque et lui fait comprendre qu'il serait temps de trouver un vrai travail. Une idée stupide plus tard, il demande un prêt à un caïd pour monter une affaire pas banale. Tout s'enchaine quand après un refus malpoli dudit dealer en chef, le voilà à aider sa banquière a se tirer d'une situation mortelle au milieu de la nuit dans une cité pas paisible pour un sou.

L'histoire est hyper rythmée (bon sang, personne n'a pensé à faire un film???), les personnages sont attachants, les situations rocambolesques, les dialogues savoureux et que dire du décalage entre tous les milieux?

Bref, j'ai passé un super moment et je n'ai qu'un seul regret, c'est de l'avoir fini très vite.
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Pension complète

Dino, ex-jeune d'une cité difficile de Villeurbanne, est devenu gigolo auprès d'une richissime septuagénaire au Luxembourg.

Il coule des jours heureux, mais suite à une bagarre pour une phrase insultante, il doit quitter les lieux quelque temps et se retrouve dans un camping du sud de la France.

Là, parmi les « pauvres » qui viennent là pour leurs vacances, il sympathise avec Charles, écrivain, ex Goncourt en mal d'inspiration et qui vient se ressourcer pour retrouver des idées de romans.

Heureusement un meurtre, puis un deuxième, viennent pimenter le séjour et leur permettre de mieux se connaître…



Mieux vaut découvrir le détail en lisant ce livre qui fait preuve d'un humour déjanté dans la même veine que « Mauvais coûts » qui, lui, était férocement méchant envers le monde de l'entreprise.

Là on se demande jusqu'où il va aller dans le trash et le cynisme….

Et l'on n'est pas déçu !

A réserver aux amateurs d'humour très noir et très méchant, mais ceux-là se régaleront !

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