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Clément d' Içartéguy (Traducteur)
EAN : 9782845451469
285 pages
Editions des Syrtes (15/05/2009)
3.25/5   2 notes
Résumé :

L'exil hante la vie et l'oeuvre de Luan Starova. " Le Chemin des anguilles évoque une tragédie séculaire ; celle des peuples aux destins constamment déchirés, des familles déracinées aux espérances toujours contrariées ", écrit Maurice Druon. Et c'est ainsi : Luan Starova fait partie de ces vieux sages des Balkans qui écoutent et transmettent cette douleur en la transformant en chant. Le roman tourne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Luan Starova est un auteur d'origine albanaise dont la famille a émigré en Macédoine voisine pour échapper au fascisme italien puis au communisme.

Sous couvert d'une histoire curieuse faite de migrations, de voyages passés et futurs et d'Empires déchus, l'auteur revisite sa propre histoire familiale et notamment celle de son père.

La figure centrale voire mystique du chemin des anguilles est le lac d'Ohrid, qui sépare l'Albanie de la Macédoine : l'exil de la famille n'en est que plus poignant qu'il se déroule sur l'autre rive du lac, à la fois proche et drastiquement lointain. La figure du Père, traquant les anguilles migratrices, métaphores de l'humanité aux déplacements contrôlés par le progrès et les barrages, convoque également une certaine nostalgie de la liberté de mouvement permise par l'appartenance à l'Empire ottoman, et le phare que fut pour lui Constantinople.

La notion d'Empire est également clef, renforcée par l'apparition du personnage d'Igor, un Russe blanc ayant trouvé refuge en Macédoine.

Le style de Luan Starova est un peu ampoulé et fait de beaucoup de répétitions qui n'aident pas à la lecture ; le chemin des anguilles fait un peu office de récit fondateur dont les péripéties seraient les interminables débats philosophiques entre le Père et Igor tournant majoritairement autour de deux sujets : les anguilles, et les Empires. le trop-plein de noblesse des personnages achève également de nous en éloigner, et on ne peut s'empêcher d'être un peu narquois face à ces personnages qui ne parlent que d'émigrations et qui demeurent pendant plusieurs centaines de pages (et d'années !) sur les rives du même lac.

Plutôt difficile d'accès pour un lecteur qui ne s'intéresserait pas à la région, le chemin des anguilles demeure intéressant pour les nombreux sujets soulevés en toile de fonds : conversions forcées des Albanais, formation des élites à Constantinople, familles claniques commerçantes, mouvement et immobilité toujours contraints, ravages industriels du communisme dans des lieux naturels habités par l'homme depuis la nuit des temps et fantasmés par ceux qui y vivent à présent.

Une lecture intéressante, mais pas toujours aisée !
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J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre. Non, le vocabulaire n'est pas difficile, l'intrigue non plus. Simplement, la manière de construire le roman, de présenter les personnages est vraiment différente de ce que l'on peut lire habituellement.
L'action se passe dans un pays qui n'est pas nommé (la république de Macédoine). de l'autre côté du lac, un autre pays, dont le nom n'est pas cité non plus : l'Albanie. C'est ce pays qu'a fui le père de l'auteur avec sa famille, ce pays clos, fermé, dont on ne sait pas grand chose (voir les romans de Fatos Kongoli). Les personnages ne sont pas nommés s'ils font partie de la famille, ils sont simplement désignés par les liens qui les unissent. En revanche, les amis, émigrés ayant fui une autre dictature après avoir souffert, sont désignés par leur nom. Ce qu'ils ont vécu aussi, ce que d'autres hommes ont souffert également.
Près de ce lac paisible, où les journées s'écoulent sereinement, presque pareilles aux autres au point que j'ai eu l'impression de ne pas progresser dans la lecture, Luan Starova nous parle de la construction et de la destruction des empires (sa famille est originaire de Turquie), de la folie des hommes, des milliers de morts que ces folies ont engendrés. Il ne ressent pas le besoin comme trop d'auteurs actuellement de donner des détails sanglants, sordides. Il conte, il transmet ce qui s'est passé.
Et les anguilles, me direz-vous ? Elle passionne le père du narrateur. Pour lui, elle symbolise l'instinct de survie qui pousse à partir pour assurer la survie de sa descendance. La survie des anguilles est aussi menacée par les travaux démentielles des hommes, à une époque où les préoccupations écologiques n'existaient pas vraiment – existent-elles d'ailleurs complètement aujourd'hui ?
Il serait dommage que ce livre ne soit que pour les curieux, ceux qui veulent en savoir plus sur la littérature européenne, sortir des sentiers battues, des livres sitôt publiés, sitôt oubliés. Il y a eu, voici quelques années, un renouveau de la littérature nordique en France, pourquoi pas un renouveau de la littérature d'Europe de l'est ?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il reprit :
- Ah, ces anguilles, ces saintes et pauvres anguilles, elles ont, telles les sirènes des mers du Nord, remonté les fleuves et les lacs de notre terre russe, en me reliant ainsi au monde extérieur et en dévoilant, ce faisant, une infinité d'issues possibles, alors que l'homme suffoquait déjà écrasé par son destin....
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Mon cher Ami, dit-il, je suis venu te faire mes adieux, et au Lac avec toi. Je pars en effet avec toute ma famille pour Constantinople. C'en est fini de nous dans les Balkans. Nous étions puissants et ressortissants d'un empire qui nous a fait gouverner pendant cinq siècles. Mais l'heure a, pour nous, sonné une fois pour toutes. Nous ne sommes pas devenus partie intégrante de l'Europe et nous n'avons pas davantage réussi à nous affranchir de l'Asie. Il nous faut donc gagner Constantinople avant de faire l'objet d'une expulsion forcée et humiliante. L'histoire, vois-tu, ne pardonne pas à qui n'en suit pas le cours avec perspicacité. Il s'agit en effet ni de la devancer, ni de demeurer à sa traîne, mais bien de rester précisément en phase avec elle.
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- Funeste, funeste est, cher Frère, tout abandon du pays natal!
- Il est encore plus funeste, cher Frère, de se voir ôter tout espoir sur le sol même de la terre qui t'a vu naître. En ce cas, on ne peut le faire renaître qu'en partant. Oui, partir, il n'y a pas d'autre solution.
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