N'oublie pas s'il te plait que je t'aime

J'aime assez les romans épistolaires donc déjà ça partait bien, et pourtant j'ai rapidement déchanté. le gros point noir, c'est la tournure des phrases de l'auteur. La lettre du professeur fait à peine une soixantaine de pages, et pour moi, c'était déjà trop.
Tout du long, j'ai eu le sentiment que le protagoniste, Philippe, s'écoutait parler. La façon dont il a besoin de montrer à Amélie que lui sait mieux, que lui a l'expérience, que lui a raison, j'ai trouvé ça hyper autocentré, à la limite du pédantisme.

Je m'attendais à une lettre incandescente, à une ode à l'amour, à cette jeune femme, Amélie, étudiante, amie, amante, je n'ai rien trouvé qui s'en rapproche. Au contraire c'était pour moi très scolaire dans le sens où chacun a sa propre place, l'enseignant sait forcément mieux que l'étudiante, il est donc normal qu'il sache aussi ce qui est mieux pour elle visiblement.
Cette façon de forcer les choses, de tenter d'amener Amélie à penser comme lui parce que c'est soi-disant la bonne façon de voir, ça m'a gêné.

Je crois qu'il est bon de préciser que ce n'est pas la plume de l'auteur que je n'ai pas aimé, au contraire, celle-ci est plutôt agréable, parfois difficile à comprendre (j'ai dû chercher certains mots dans le dico), donc globalement plaisante. Non vraiment ce qui m'a dérangé c'est la façon dont Philippe s'adresse à Amélie, cette façon de mettre en avant sa science infuse en quelque sorte. Clairement, j'ai trouvé ça dommage et à des années lumières de l'amour tel qu'il doit être - consenti, libre et passionné (c'est véritablement le seul élément que j'ai retrouvé dans cette lettre).

Je comprends le besoin de faire comprendre à un être que l'on aime le pourquoi du comment, mais j'estime qu'il faut que ce soit une démonstration éclairée et non pas un simple prétexte pour se mettre en avant et justifier ses idéaux au dépend de l'autre.

J'aurais aimé avoir une vraie réponse de la part d'Amélie, une réponse qui soit écrite par Gaétan Soucy lui-même. Malheureusement il est décédé avant d'avoir pu l'écrire, ce qui fait de ce livre une oeuvre inachevée.
Et c'est là que je vais développer le point fort de ce livre : la pluralité des voix.
Et ce, grâce à cette proposition de l'éditeur aussi originale qu'excellente : proposer à cinq autres auteurs d'imaginer la réponse d'Amélie. Cette idée est top parce qu'elle donne un autre relief à la lettre de Philippe, elle permet de découvrir les différentes interprétations que l'on peut déduire du texte de Soucy et c'est vraiment ce qui m'a permis de sauver ma lecture.


Mon avis en intégralité :
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Je ne connaissais pas cet auteur et je remercie Babelio et les éditions Notab/Lia pour cette découverte. le livre est de très bonne qualité et la couverture est assez poétique je trouve.

Côté intrigue : on oublie très vite, dans la lettre du professeur, qu'il s'adresse à son étudiante. Son auteur décrit surtout un amour, l'amour qu'il porte à cette jeune femme, et l'amour en général ce qui fait que l'on peut vite se reconnaître dans tel ou tel passage de cette longue lettre. La lecture est fluide et agréable malgré tout.

La réponse, ou plutôt les réponses successives écrites par différents auteurs, donnent peut-être une lecture différente du personnage écrivain (Philippe) et de cette relation amoureuse idéalisée. On est dans l'intime de ces protagonistes et non plus dans l'amour universel que peuvent rencontrer tout un chacun.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture et aussi le fait que plusieurs auteurs se soient prêtés au jeu de l'héroïne pour répondre à cette lettre d'amour. Même si les réponses de la jeune fille transmettent la même idée, les auteurs ont su apporter chacun leurs arguments pour défendre cette idée, sans jamais lasser le lecteur.

Le livre commence par une courte biographie de l'auteur ainsi que celle des auteurs ayant écrit les réponses à sa lettre. le récit est écrit sous forme de lettre et est composé de plusieurs parties. Dans un premier temps, le narrateur va raconter comment il a vécu sa rencontre et son histoire avec Amélie, puis il va essayer d'imaginer comment elle a pu vivre ces mêmes événements. Enfin, on pourra lire plusieurs réponses qui auraient pu être données par Amélie, qui ont été écrites par plusieurs auteurs. 

J'ai beaucoup apprécié la plume de l'auteur, qui a vraiment une belle écriture mais j'ai parfois eu du mal avec certains mots ou tournure de phrases car il emploie un langage relativement soutenu qui a finalement rendu le personnage de Philippe assez prétentieux et presque élitiste dans sa manière de penser. Cependant, même si dans un premier temps j'ai aimé l'histoire, je me suis vite lassée et ai eu beaucoup de mal à continuer ma lecture. En effet, j'ai trouvé le rythme lent et l'histoire assez répétitive malgré les zones d'ombres laissées par l'auteur afin de nous pousser à lire la suite. 

On peut avoir l'impression également qu'outre jouer le rôle "d'amant", le narrateur joue aussi un rôle de père, car il tente tout du long de lui expliquer les choses, de la conseiller, mais surtout il lui pardonne tout et ne voit en elle qu'une personne parfaite quasiment incapable d'erreurs (ce qui a eu le don de m'agacer pour être honnête).

Ensuite, viennent les réponses d'Amélie à Philippe. Il y en a 5: celle de Gaétan Soucy, de Sylvain Trudel, de Catherine Mavrikakis, de Pierre Jourde et enfin celle de Suzanne Côté-Martin. J'ai vraiment beaucoup aimé ces lettres car elles sont bien différentes de celle de Philippe et chacune d'entre elles sonne juste, qu'elle soit violente ou calme ou même poétique. Seule la lettre de Pierre Jourde ne m'a pas plu, car peut-être trop attendue et ressemblante au style de la lettre de Philippe.

Au final, je pense que ce livre pourra plaire aux amoureux de grands classiques ou de belles écritures mais malheureusement ce ne fut pas une découverte qui m'aura énormément plu mis à part pour les lettres d'Amélie à Philippe.
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passionnant mais beaucoup trop d'éloges exagérés pour ce texte.

Zone Critique vous présente un récit choral sous forme de lettres romancées qui traitent du sujet de l'amour idéal ou pas: N'oublie pas, s'il te plaît, que je t'aime de Gaétan Soucy.
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