Une écriture sensible, visuelle, inspirante. Pour certaines scènes, on se croirait au cinéma, avec un cadrage parfait, artistique, sur le mouvement d'une main ou d'un regard. Les points de vue sont fluides, allant du protagoniste aux regards mystérieux des empouses, ces gardiennes des enfers dans les mythologies anciennes. On retrouve avec plaisir ce rythme de phrases propre aux polonais, ce mal-être du multicularisme, d'un pays partagé, avec ce mélange de langues germaniques et convoitises européennes.
J’ai commencé ce roman avec en tête l’atmosphère de La Montagne magique (Thomas Mann, également prix Nobel), même si le roman d’Olga Tokarcsuk s'assombrit progressivement. Le sous-titre indique roman d’épouvante naturopathique: une angoisse se cache entre ces pages. On se sent en péril, éprouvant la fragilité, la sensibilité du protagoniste. Son secret, qu’on devine progressivement, permet de conclure le roman d’une manière puissante et moderne.
Si les paroles échangées sur les nations ou la condition de la femme, souvent choquantes, contribuent à l’ambiant malaise et à la crédibilité historique du roman, elles rendent, parfois, la lecture un peu fastidieuse.
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