Messieurs les jurés, vous venez d'assister pendant cinq jours au déroulement d'une affaire longue et difficile.
Meurtre au premier degré, avec préméditation, telle est l'accusation.
Vous avez maintenant le devoir de vous faire une opinion en séparant les faits des hypothèses.
Votre verdict doit être unanime.
Un homme est mort. La vie d'un autre est en jeu.
Lentement, les douze jurés pénètrent sur la scène, l'un derrière l'autre.
Le premier, président du jury, entraîneur de foot-ball est un sentimental.
Le deuxième est un jeune employé de banque.
Le troisième juré est un homme d'affaires. Il attaque violemment l'accusé.
Le quatrième est courtier. Froid, logique, il accumule les faits.
Le cinquième est né dans le même quartier que l'accusé.
Le sixième juré est un ouvrier maçon. Il cherche à comprendre le mobile.
Le septième est camelot. Amateur de base-ball, il ne pense qu'à filer au match.
Le huitième est architecte. Il est sensible et généreux.
Le neuvième est un vieux monsieur, vif, intelligent et perspicace.
Le dixième juré est garagiste. Il est odieux et de mauvaise foi.
Le onzième a fui le nazisme. Il est sensible et humain.
Le douzième et dernier juré est un publiciste superficiel et inconséquent...
Ce drame, en un seul tableau, de
Réginald Rose est un huis-clos brillant et lourd.
André Obey, en octobre 1958, en a fait, pour la scène du théâtre de la Gaîté-Montparnasse, une adaptation française classique et efficace.
C'est cette dernière que l'on retrouve dans ce numéro de "l'Avant-Scène".
Le dialogue éclaire, peu à peu, la psychologie de chacun des jurés.
La pièce se lit littéralement, même si elle n'est pas vraiment du genre, comme un morceau policier.
En 1958, au même moment, à Paris, on pouvait voir les deux versions de l'oeuvre, celle de Sydney Lumet avec Henry Fonda sur les écrans de cinéma, celle d'
André Obey avec Michel Vitold sur scène.
Le verdict final semble acquis mais pourtant un homme doute...