"Il n'est pas de hasard, il est des rendez-vous."
Éluard ? Daho. Dans Ouverture (si vous ne connaissez pas cette chanson, c'est le moment de l'écouter.) Daho, qui, un jour, a décrété qu'
Une vie étincelante était son roman préféré.
"Il n'est pas de hasard, il est des rendez-vous."
Je savais que j'avais un rendez-vous avec ce texte, mais il tardait à se décider. Je tardais à sauter le pas. Doris avait tout pour me plaire, mais il fallait que le contexte s'y prête. Que l'atmosphère soit à la fête pour ne pas sombrer. Une pesanteur dans l'air qui donne une furieuse envie de ne pas répondre aux codes.
Doris est un personnage féminin comme je les aime. Elle veut plus. Elle veut autre chose. Elle dit non sans en avoir l'air. Un besoin farouche de vivre par elle-même, pour elle-même, malgré un rapport aux hommes omniprésent (et décevant en grande partie). Un brin drama queen dans son petit gris volé. Mais je n'aime pas moins Thérèse, enfermée dans une relation illusoire, qui vit par procuration, qui vibre à l'évocation des anecdotes de Doris. Elles nous ressemblent ces filles des années 30, qui rêvent d'autre chose et se confrontent tous les jours un peu plus à la réalité. Elles critiquent, font des sales coups, se compromettent parfois, parce que c'est la vie et qu'il faut la vivre. Vraiment.
Et l'orage gronde. Au loin, puis de plus en plus proche. Laval qui apparaît à un balcon, Roméo dont on se serait bien passé. Des bruits de bottes et des artistes qui vivent les derniers feux d'une époque. C'est un livre politique, qui dit non, sans en avoir l'air.
Et puis difficile de ne rien dire de ce style, de cette gouaille, un texte qui sonne, une langue qu'on entend, qui vient du siècle passée, qui pourrait être celle de mes amies.
"Parce que moi, voyez-vous, je suis justement de celles dont les hommes sont invités, les jours de fête, dans une famille où on s'ennuie ferme mais qui appartient au même milieu social, au même monde qu'eux. Il faisait donc la fête pendant que celle que je suis attendait."
Et depuis ?
Une panne de lecture.
Trop de coeurs dans les marges.
Je n'ai rien lu sérieusement depuis une semaine.
Un rendez-vous réussi, ça fait cet effet là.