Que dire ce livre qui n'ait déjà été dit mille fois ?
Premier « grand » roman de
Victor Hugo, ce qui frappe le plus c'est combien, dès cette première création, tous les ingrédients de son oeuvre sont déjà en place.
Les archétypiques : la mère maudite, la recluse c'est Fantine, l'enfant abandonnée ou volée, Esmeralda annonce Cosette, l'ascète impitoyable et solitaire, l'archidiacre Claude Frollo n'est autre que l'inspecteur Javert, l'imbécile qui ne comprend que son intérêt, Phoebus augure de Thénardier, et le « damné » qui n'aura jamais droit à un petit morceau de bonheur : de Quasimodo, Hugo fera bientôt Jean Valjean.
L'éternelle trilogie platonicienne « du vrai, du beau et du bon ». Quasimodo, la laideur faite chair, nous emmène au fond du gouffre : comment être aimé lorsque la nature, impitoyable, vous a fait inregardable ?
Les institutions aveugles au malheur des hommes : l'Eglise bien sûr, la royauté (Louis XI), la soldatesque ou la police, la justice qui se soucie comme d'une guigne des miséreux…
La critique sociale d'une société trop injuste et bien sûr,
La condition humaine qui, en ces temps sombres, ne sera jamais en mesure d'échapper aux griffes du malheur.
Enfin, les digressions hugoliennes qui donnent à voir ce que personne ne connaît vraiment : les miracles de l'architecture gothique annoncent la description des fameux égouts de
Paris qui permettront à Marius et Valjean de fuir…
C'est donc « tout » Hugo qui se donne à lire dans ce roman. Écriture incroyablement riche et fleurie, des descriptions à n'en plus finir et bien sûr la tragédie de l'Histoire.
J'ai aimé, par delà quelques longueurs. Beaucoup aimé. La fin est particulièrement touchante.
Quasimodo et la belle Esmeralda enlacés pour toujours, comme mariés, dans les profondeurs du cimetière de Montfaucon.
On est triste et on est heureux lorsqu'on repose le livre.
Que demander de plus ?