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Critique de PaulineDeysson


J'attendais depuis longtemps de lire Notre-Dame de Paris. Roman de jeunesse publié alors que Victor Hugo n'a pas trente ans, le texte met en scène un affrontement des passions à mille lieues de l'adaptation mièvre proposée par Disney. On y observe, à travers une narration omnisciente, l'engrenage terrible qui se noue autour d'Esméralda, ravissante bohémienne d'une grande bonté dont le seul crime est d'être jolie. Récit historique aux accents fantastiques, réflexion tour à tour philosophique, politique et architecturale, les chapitres se dévorent et l'alternance entre les points de vue rend le tout très vivant.

Notre-Dame de Paris compte plusieurs personnages qui se révèlent d'égale importance. On citera d'abord les plus célèbres : Esméralda, belle, innocente et terriblement naïve, Quasimodo, dont l'affreuse laideur dissimule une abyssale soif d'affection, et Claude Frollo, brillant, pieux et souffrant des suites d'une trop grande solitude. Autour d'eux gravitent le beau Phoebus, capitaine de la garde dénué d'intelligence, et le philosophe Pierre Gringoire, que rien n'émeut hormis la peur de mourir. La cathédrale qui donne son nom au livre est l'épicentre de l'action, muette, emblématique, lieu de projection des émotions de ceux qui l'habitent.

L'impression de lecture laissée par Notre-Dame de Paris est multiple. de nombreuses scènes s'inscrivent dans la plus pure tradition gothique, comme celle de Quasimodo défendant l'église ou encore la figure du prêtre rongé par le démon de la luxure. Ici et là, on perçoit quelques clins d'oeil politiques sur la centralisation de la France et la puissance sauvage du peuple. Surtout, le paroxysme de violence dans lequel s'achève l'histoire laisse songeur, tant il aurait pu facilement être évité : on y voit s'incarner la fatalité tragique telle que définie par les Grecs, devant laquelle le progrès même demeure impuissant. Comme dans Les Misérables, terreur et compassion déchirent le coeur du lecteur, qui est laissé seul juge des actions des hommes.

Je n'ai pas été surprise par le rebondissement final, mais j'ai été plusieurs fois très émue au fil du roman devant la force des sentiments qui aveuglent les personnages : le style d'Hugo, très théâtral, m'a emportée du début à la fin. J'ai cependant davantage apprécié Les Misérables, qui s'ancre dans une réalité sociale vibrante.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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