La vraie vie

A la télé, dans les pubs, les familles sont heureuses, elles sautillent d'allégresse dès le petit déjeuner et les signaux d'amour clignotent de partout - regard bienveillant, sourire lumineux, bisou, caresse, bol tendu.
Dans la vraie vie, un papa peut être un ogre, un monstre, une terreur ; une maman, une 'amibe' (sic), 'une taie d'oreiller vide' (sous les coups de poing du père) ; et le rire d'un petit garçon de six ans peut s'éteindre durablement, en même temps que l'éclat d'enfance dans son regard, remplacé par un vide effrayant.

Ce roman secoue.

La couverture, d'abord, dérange - cet oeil de bête disproportionné. Monstre dans une vraie maison, ou vraie bête dans une maison de poupée ?

L'écriture est puissante, évocatrice.
On est dans la tête d'une enfant, puis d'une jeune fille. Ses réflexions et observations sont à la fois naïves et justes, entre imaginaire fertile et espoirs de l'enfance (sans mièvrerie), et courage lucide d'adulte.

Les personnages sont bouleversants dans leurs forces et faiblesses.
Il y a ceux qu'on aime, sans réserves, ceux qui déçoivent, ceux qu'on croit détester absolument, mais qui s'avèrent 'prisonniers d'un corps de bourreau'.

L'histoire de cette famille est à hurler de tristesse et d'horreur.
Réaliste, elle réveille aussi des peurs confuses, intimes et universelles : prédation, impuissance du faible contre le fort, maltraitance, meurtre, forêt, animaux sauvages (qu'ils soient morts et empaillés n'y change rien, bien au contraire).

Au milieu de l'enfer, de la violence, l'héroïne se débat, avance, comme dans un conte initiatique. Elle rencontre une 'fée', mais la femme s'est trompée, l'a trompée malgré elle. On ne joue pas de cette façon avec les enfants, c'est trop cruel de les duper.
En grandissant, la jeune fille perd ses illusions. Passionnée par les sciences, l'esprit de plus en plus rationnel, elle cherche d'autres solutions, d'adulte, à la mesure du problème…

On pense à Barbe-Bleue, avec la 'chambre des cadavres', à Hansel & Gretel et au Petit Poucet, que les parents ont abandonnés, à la Belle au Bois dormant (Gilles comme en léthargie, et la grande soeur qui veut le ramener à la 'vraie vie'). Tout en ayant à l'esprit que tout est, hélas, terriblement réaliste...

Un premier roman intense, brillant de noirceur.

Libère la bête qui est en toi…
Pour évacuer les peurs, les soumissions, les humiliations et la douleur.
Quand maman dit qu'il faut fuir papa.
Quand ton frère forcé, marche dans les pas de la hyène.
Comment respirer l'air de la vraie vie.
Pour vivre le besoin qu'on ait besoin de toi.
Que tu ne sois plus la proie de ces émotions qui te broient.
Tu ne pourras pas remonter le temps petite fille.
Trouve un refuge, un abri, de l'amour et la force…
« J'ai compris que j'avais réussi, quelque part dans le futur. »

Accouchement de mots forts aux flots d'images percutantes.
Roman émouvant comme un enfant devenu grand, éclatant de discernement.
Dérangeant de brutalité et bouleversant de sensibilité.

La tension ne cesse de monter dans ce cri virginal jusqu'au final quasiment animal.

Quel livre! Un premier? Mon dieu quel talent! On en sort totalement bouleversé. Cette écriture à l'arme de poing, qui augmente littéralement la pression sanguine est si percutante et déchirante qu'on a le sentiment d'avoir effectué un tour de grand 8 la tête balayée dans tous les sens et les sentiments avec. On avance sans pouvoir se détacher de sa lecture de poussées d'adrénaline en poussées d' adrénaline. Des phrases concises, rythmées, incisives, des mots qui cognent comme des coups donnent une grande puissance au récit. Mais Il y a aussi de la poésie, de la grâce et de l'humour dans ce style atypique.
C'est histoire d'un combat, celui d'une adolescence à la lucidité et l'intelligence aiguisées qui se bat pour sa survie et celle de son petit frère pour qui elle a une infinie tendresse.
Née dans une famille toxique, où elle manque d'amour, avec un père hautement destructeur, d'une cruauté extrême, qui répand son emprise psychologique et son pouvoir d'anéantissement au sein de la cellule familiale à la manière d'une mérule. Sa mère "l'amibe" totalement terrifiée et soumise n'a plus la force de les protéger.
Une force de vie extraordinaire se dégage de cette gamine (et de ce roman) à laquelle on s'attache fortement et durablement. Hors de contrôle, elle cache ses joies, ses projets, ses réussites et ses forces vives pour ne pas réveiller la fureur du bourreau et échapper à ses maltraitances (les retarder plutôt).
Sauver son frère à tout prix lui redonner son sourire, retrouver leur complicité, lui insuffle la force de se battre car ce dernier est peu à peu vidé de sa substance tombant progressivement sous l'emprise de ce père malveillant.
Elle redouble alors d'ingéniosité et a une idée...
Slalomant entre cadavre d'animaux (son père est chasseur et collectionneur de "carcasses" dont celle d'une "hyène" figure emblématique du mal qu'elle combat) et courses poursuites à couper le souffle, elle lutte chaque instant pour rester vivante (intérieurement surtout) car elle est déterminée à ne pas être une proie. Elle refuse d'être une victime. Elle fera alors des rencontres salutaires.
Mais le mal ne lâche pas si facilement ...

Je ne m'étendrai pas sur ce livre, car il m'a laissé un goût amer, malgré un style plaisant, et des personnages attachants. Mais c'est tellement glauque, triste et noir, comme la réalité parfois, que j'ai fermé l'ouvrage avec un sentiment de mal-être comme certains soirs après le journal de 20 h. Ce sentiment est aussi lié au fait qu'il s'agisse d'enfants.
Il me semble que même ce qui sauve dans une vie, l'amour, n'est qu'un simulacre à la va-vite.

Il est certain que je ne lis que rarement les 4e de couverture, et là, son passage fréquent sur le site et la photo m'avaient attirée. Ce n'est pas un coup de coeur.

La vraie vie n'est pas toujours celle à laquelle on pense.

Jusqu'à l'accident, la narratrice, une fillette de dix ans, vivait la « vraie vie » avec sa famille, dans un lotissement en bordure de la ville. Malgré un père brutal et tyrannique et une mère effacée, elle avait le rire de Gilles, son petit frère de six ans.
Mais il y a eu l'accident, et Gilles ne rit plus. Sa grande soeur, qui le voit s'enfoncer dans le mutisme et la noirceur, rêve de remonter le temps, d'effacer l'accident et de reprendre le cours de la vie d'avant, une vraie vie telle qu'on peut la rêver à dix ans. Et puisqu'il faut retourner en arrière, il suffit d'inventer une machine à remonter le temps. Avec une détermination féroce, entre magie et physique quantique, la petite mène son combat envers et contre tout, persuadée que tout peut encore rentrer dans l'ordre.
Malgré un grand nombre d'avis (très) positifs, je dois reconnaître que je n'ai pas été totalement convaincue par ce roman. D'abord, je me suis ennuyée pendant une bonne première moitié du livre, un peu répétitive, où il ne se passe pas grand-chose et où la tension met un temps fou à s'installer. Ce n'est qu'à partir de l'épisode du jeu de nuit que j'ai été enfin embarquée dans l'histoire. En plus de ce manque initial de rythme, je me demande encore si tout cela est bien vraisemblable. Une fillette surdouée en physique et très mature, qui croit naïvement qu'on peut réellement remonter le temps ? Pourquoi sa relation avec le couple de gentils voisins est-elle si ambiguë, voire déloyale, alors qu'ils représentent tout ce dont elle manque, tendresse, affection, bienveillance ? Et Gilles sera-t-il vraiment débarrassé de son démon intérieur par la grâce de la scène finale ? Je doute qu'on « blanchisse » aussi simplement un cerveau à ce point enténébré… Et puisqu'on parle de cerveau, je trouve dommage que la psychologie des différents personnages ne soit pas plus développée, il y avait pourtant matière dans cette famille dysfonctionnelle.
Malgré cela, ce conte initiatique sur l'apprentissage cruel de la vie est plutôt séduisant. L'écriture est fluide, on s'y laisse prendre, on tourne les pages en se demandant ce qu'il va se passer, si les enfants vont en sortir (ou pas) grandis (ou pas). C'est glauque et cruel, sensuel aussi, mais l'amour profond et la loyauté de la grande soeur envers son petit frère sont touchants. Un premier roman intéressant, je tiendrai le(s) suivant(s) à l'oeil.
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La vraie vie n'est certainement pas celle de cette gamine de dix ans (dont on ignorera jusqu'au bout le prénom) ni celle de son petit frère, Gilles.
Autrefois si complices, lui seul pouvait guérir les blessures de son aînée de son rire enfantin.
Mais ça, c'était avant le drame. Avant qu'il ne devienne mutique et totalement perméable aux idées de son connard de géniteur.
Dès lors, elle allait affronter son morne quotidien, seule, sans pour autant se laisser contaminer par un nouveau contexte familial d'une violence inouïe.

Visiblement, la mode est aux armes et aux petites filles en proie avec un paternel un brin déviant.
My Absolute Darling m'avait moyennement convaincu contrairement à La Vraie Vie qui présente l'avantage d'être bien plus ramassé et épuré.

Un monde de chaos absolu dans lequel évolue une jeune héroïne tentant de se construire vaille que vaille.
La plume est alerte, paradoxalement légère et d'une emprise souveraine.
Roman d'apprentissage, roman sur la violence au sein du couple, roman d'amour absolu, La Vraie Vie joue merveilleusement sur divers tableaux en interconnectant remarquablement les thèmes, délivrant ainsi un très grand bouquin fort justement prisé par le plus grand nombre.

D'emblée, l'atmosphère est très bizarre dans ce roman. La narratrice qui a une dizaine d'années parle de chambre de cadavres, d'une mère comme une amibe, de chèvres miniatures, d'une vallée qui aurait été créée par les griffes d'un dragon mais j'ai tout de suite été entraîné dans cette atmosphère à la limite du fantastique, oeuvre magistrale signée Adeline Dieudonné, un premier roman !
C'est donc La vraie vie ou plutôt celle que recherche cette fille pour son petit frère, Gilles, qu'elle aime voir rire en découvrant ses dents de lait. Hélas, un terrible accident se déroule sous leurs yeux et l'enfant devient subitement triste, parle à la hyène empaillée, dans la chambre des cadavres qui sont les trophées de chasse d'un père au physique impressionnant.
Plus les pages tournaient et plus j'étais passionné par cette histoire en forme de thriller qui rappelle par moments, l'atmosphère de Shining de Stephen King.
Machine à remonter le temps pour retrouver le Gilles d'avant l'accident, quête effrénée d'un savoir en physique quantique, traque effroyable en forêt, éveil à l'amour d'une adolescente et surtout les violences faites aux femmes font l'essentiel d'un excellent roman angoissant, intriguant, passionnant et bien écrit

Lien : https://notre-jardin-des-liv..

Qui est le traqueur? Qui est le gibier?
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Comme beaucoup de monde, j'ai voulu moi aussi lire le premier roman de cette jeune auteure belge.
Le couverture déjà attire le regard avec cet oeil de prédateur qui lorgne l'extérieur à travers une fenêtre de maison de banlieue. Un animal qu'on sent puissant et énorme, il tient à peine dans cette petite habitation.
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C'est un récit initiatique, de roman noir, qui nous emmène loin dans la noirceur d'une famille (2 parents, 2 enfants) perdue dans un lotissement.
La narratrice est la jeune fille dont on ne connaîtra pas le prénom. Elle raconte sa rage de vivre, sa survie en milieu hostile (eh oui! c'est triste!), sa capacité à défendre son petit frère Gilles envers le méchant père, chasseur de gros gibier.
Pauvre mère transparente et taiseuse.
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Une histoire sur 5 ans. Cinq longues années de souffrance qui débutent par un accident, ce moment fulgurant et choquant qui va faire bégayer le présent. La jeune fille va tout faire pour faire revenir la joie de vivre de son petit frère. Appuyer sur le bouton "review" ? Elle essaie pourtant, elle ne manque pas d'ingéniosité, ni de courage. Et puis elle se découvre séductrice, intéressée par les sciences physiques.
Une traque puis c'est le chaos. Comment peut-on revenir "à la vraie vie"?
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Une écriture affutée, sauvage et sensuelle. L'auteure a réussi à ne pas tomber dans les poncifs glauques et a inséré quelques moments poétiques de l'enfance. Et heureusement, car ce drame social a quelque chose d'une réalité crue qui devient irrespirable et malsaine.
Une lecture qui est devenue difficile à digérer - la fin est terrible -
La narratrice n'a pas eu de recul devant les faits violents, elle met ses mécanismes de défense en place de telle sorte qu'elle puisse sortir de cette bulle toxique. Quel courage!
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Addictif, immersif d'une puissance que vous ne pouvez imaginer (!) , magnifique dans l'horreur, il évoque pour moi certains romans des débuts de Stephen King. Glauque et étrange.....

A force de le conseiller en bibliothèque et de n'en avoir que des retours positifs, je me suis dit (pour plus de crédibilité en ce qui concerne les prochains conseils que je dispenserai à mes lecteurs mais aussi par curiosité) que je devais absolument lire cet ouvrage qui me fait de l'oeil depuis un moment déjà, tranquillement installé sur les rayonnages de la médiathèque dans laquelle je travaille.

Pour un premier roman, Adeline Dieudonné frappe haut et fort en s(attaquant à des sujets extrêmement sensibles tels que le passage de la vie d'enfant à celle d'adulte (qui survient parfois bien trop vite et, comme c'est le cas ici, pas toujours dans les meilleures condition), la maltraitance, les premiers amours mais aussi le rêve et l'espoir de pouvoir changer le monde et le rendre un tantinet meilleur.
Si je devais situer le réel point de départ de cette histoire, je dirais que cela débute avec le décès tragique du marchand de glaces qui intervient d'une façon brutale devant deux pauvres enfants encore innocents. le premier de ces enfants n'est autre que notre jeune héroïne et le second son jeune frère Gilles. C'est à partir de ce moment-là que tout a basculé : le jour ou Gilles a perdu son sourire car il y a des choses que les enfants ne devraient jamais voir !
Aussi, notre protagoniste et narratrice se met-elle dans l'idée de remonter le temps. S'étant fait de fausses illusions quant à une prétendue voisine qui avait promis de l'aider, cette dernière se met à se passionner pour les sciences physiques, moyen pour elle également de se sentir utile et d'échapper à la violence paternelle qui s'abat trop souvent sur une mère passive, quasi-absente à la fois de son corps mais aussi de son rôle de mère protectrice.

Illusions perdues, enfance gâchée, si l'on ne peut pas changer le passé peut-être au moins peut-on changer l'avenir !
Un roman extrêmement bien écrit, qui se lit très vite et très bien et duquel l'on ne peu pas ressortir indemne tant il il a des sujets qui ne peuvent pas -et surtout ne doivent pas - nous laisser indifférents ! Heureusement, il y a aussi des passages extrêmement émouvant, bref "la vraie vie" quoi ! A découvrir et à faire découvrir !

Dans cet ouvrage, l'autrice nous raconte l'histoire d'une jeune fille qui a dix ans au début du roman (et que nous allons voir grandir et évoluer au fur et à mesure du récit). Elle vit avec sa mère, son père et son petit frère Gilles, âgé de six ans, dans un pavillon de banlieue, le Démo. Ou le démoche. Cet endroit est laid, tout comme leur vie.

Le père, passionné de chasse - et plus largement par la violence - terrorise sa famille et possède une pièce macabre remplie de "trophées" de chasse, tandis que la mère, qui aime ses animaux et ses plantes, n'ose jamais rien dire et semble être une coquille vide. C'est dans ce climat familial compliqué que les deux enfants vont grandir, jusqu'à ce qu'un horrible accident vienne tout chambouler. Dès lors, la jeune fille va tout faire pour sauver son petit frère...

Comme beaucoup d'autres lecteur·rice·s, j'ai pensé à plusieurs reprises à My absolute darling de Gabriel Tallent en lisant ce livre. Ils ont en commun la violence inouïe d'un père et une écriture qui nous transporte et nous happe.

La vraie vie est un roman édifiant sur une réalité que de (trop) nombreuses personnes vivent, et l'autrice a su aborder ces thématiques avec brio. Elle parle très largement de violence conjugales, et, moins de cinquante pages avant la fin, j'ai été clouée sur place.

C'est une histoire très sombre et très bien écrite, qui a été dure à lire psychologiquement mais qui en vaut vraiment la peine. Pour un premier roman, Adeline Dieudonné aura su marquer les esprits - du moins, le mien.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..