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4,05

sur 6199 notes
Comment note-t-on un roman que l'on sait bon, dont il ne ressort aucun défaut particulier, dont on a apprécié l'intrigue, les portraits, la puissance de certaines scènes mais qui vient juste après la lecture d'un chef d'oeuvre ?

J'ai lu La vraie vie après le remarquable, l'inoubliable roman de Gabriel Tallent, My absolute Darling. Ceux qui auront lu les deux comprendront sans doute pourquoi je trouve que ces deux oeuvres sont similaires. Et je dois avouer que, pour moi, Adeline Dieudonné est bien loin d'égaler la puissance d'écriture de Gabriel Tallent, la densité et la profondeur de l'histoire de Turtle. Mais c'est de ma faute ! ou plutôt celle du hasard. On n'arrive jamais vierge devant une oeuvre ; ce que l'on a lu, vu et appris détermine notre expérience de lecture. Quand on avance en âge, cela se ressent de plus en plus.

Conclusion : pour moi La vraie vie est un bon roman qui a pâti d'une lecture trop rapprochée avec un petit bijou.
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La vraie vie est un premier roman qui démarre fort, avec une histoire bien particulière et marquante. C'est l'histoire d'une fillette de 10 ans, au début du roman, qui vit dans une famille dysfonctionnelle, avec un père ultra violent, amateur de chasse aux grands fauves dont il ramène les carcasses empaillées qui décorent une des chambres appelée par les enfants, la chambre aux cadavres. Ce père ne s'exprime que par la force et terrorise sa femme et ses enfants. La mère est inexistante, éteinte, appelée l'amibe par sa fille, et puis il y a Gilles le petit frère. L'auteure plante le décor dans un lotissement banal de banlieue où presque tous les voisins semblent névrosés, qui fait penser au lotissement dans le roman de Craig Davidson "les bonnes âmes de Sarah Court " , le terrain de jeu des deux enfants c'est la casse automobile où ils vont jouer au milieu des carcasses amochées.
Après un accident stupide qui cause la mort du marchand de glaces, sous les yeux des deux enfants, Gilles reste figé, refermé sur lui-même et muet. Sa soeur, férue de physique, voudrait inventer une machine à remonter le temps pour gommer cet instant et sauver Gilles. Mais, hélas, celui-ci bascule dans le camp maléfique du père, tombe sous son emprise et devient brutal et cruel comme celui ci. Gilles semble perdu pour sa soeur jusqu'au moment où le père dépasse les limites et provoque un point de rupture qui va provoquer la réaction de Gilles. Tout va basculer, ce qui va peut-être leur permettre enfin de trouver la vraie vie.

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La narratrice a dix ans quand l'histoire commence ; son petit frère, Gilles, en a six.
Ils ont un père, un homme immense, avec des épaules larges, une carrure d'équarrisseur. Et une mère qui avait peur de mon père.
N'attendez pas une analyse psychologique profonde des personnages. Chaque membre de cette famille a un trait de caractère dominant : la mère est qualifiée d'amibe, le père est de plus en plus monstrueux au fil du livre, la tête du petit frère s'est remplie d'une colonie de créatures sauvages après un drame. C'est la vision simplifiée, d'une fillette de dix ans qui cherche à donner du sens à ce qu'elle vit.
La narratrice veut effacer le mauvais embranchement que sa vie a pris, après l'accident qui a saturé d'horreurs le cerveau de Gilles, qu'elle aime d'un amour inconditionnel. Pour se faire, elle construira une voiture capable de remonter le temps. Comme dans le film.
Vous pourrez apprécier ce roman pour la double entrée : le point de vue d'une enfant de dix ans et votre point de vue d'adulte ainsi que pour le style de l'auteur. Mais l'histoire est très sombre.

Lien : https://dequoilire.com/la-vr..
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Un roman très noir dont les détails sont parfois difficiles à lire. Beaucoup de violence, une réalité de la violence qui engendre la violence. Des enfants qu'on a envie de sortir de cette sordide maison.
Derrière chaque mur se cache une réalité qu'on est loin de soupçonner et sur laquelle on ferme trop souvent les yeux.
L'épisode de la forêt est sordide et glauque. le pire de l'humanité.

L'écriture est simple sans fioriture. Un récit parfois glaçant qui témoigne d'une réalité affligeante et désastreuse. Un thriller qui laisse bien souvent en apnée.
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Avec tous ces lecteurs et toutes ces avis on a parfois l'impression de n'avoir plus rien à dire ;-) Heureusement j'ai jamais grand chose à dire à part l'impression qu'un livre me fait.
Celui là, je trouve que tu le prend un peu comme une claque. Au début tu trouves la narratrice plutôt marrante, un peu cynique (la description de l'amibe m'a quand même fait un peu marrer, au début du moins, après c'est une autre histoire...) Puis elle t'ouvre les yeux et là tu ris plus beaucoup, même si le cynisme lui est toujours là. Bref, je pense pas qu'un tel livre laisse indifférent.
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Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie.(p17)

J'évite souvent les romans dont on parle beaucoup, trop, à sens unique et surtout toujours dans le même sens, l'excellent, le bon etc…. J'ai souvent été déçue….

Et bien en voilà un dont je vais tout de suite vous dire pourquoi c'est pour moi un COUP DE COeUR…..

Il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti dès les premières pages, l'urgence de continuer. le livre restait scotché à mes mains, un chapitre de plus pour avoir confirmation que la tension s'installait, que tout n'était pas rose, qu'il allait bien falloir que cela éclate, rester bloquer sur certaines phrases, certaines situations tellement elles étaient fortes.

Partir d'un récit d'une vie ordinaire, simple, quoique parsemée de petits événements qui laissent penser que tout n'est pas limpide dans cette famille. Ils vivent au milieu des cadavres :

d'animaux naturalisés car trophées de chasse, passion du père
un cimetière de voitures qui devient le terrain de jeux des enfants
un père coléreux, brutal, insensible sauf aux chansons de Cloclo sur lesquelles il peut verser une larme, vautré sur sa peau d'ours sur le canapé, un whisky à la main,
une mère « amibe » (tellement représentatif de cette femme martyrisée mais silencieuse),
une presque adolescente, observatrice, intelligente qui ne souhaite que rendre sa vie et celle de son jeune frère plus douces.
Une douceur sucrée va être le déclencheur du basculement du monde de l'enfance à la vraie vie : celle des adultes, celle du sens de la responsabilité et de la volonté de vouloir changer le cours des choses pour rendre la vie plus belle, pour qu'elle ne soit pas ce qu'elle est, pour avoir une chance s'en sortir indemne.

Je ne veux rien vous dévoiler de plus mais à partir de ce moment là, cette vie ordinaire va doucement mais sûrement devenir, au fil des quatre années qui suivent, totalement différente. Cela va vite, on va à l'essentiel.

Vivre entourée de bêtes mortes et ressuscitées grâce à la taxidermie peut provoquer chez beaucoup un sentiment d'horreur, ne plus se sentir en sécurité mais observé, épié, envahi.

L'une compense en s'occupant d'animaux vivants, d'autres en les évitant, en les tenant à distance. Son père lui est une bête parmi les bêtes, une des plus ignobles et comment survivre, se défendre : en laissant monter en soi la bête qui sommeille sans devenir à son tour comme elle.

Cette bête-là voulait manger mon père. Et tous ceux qui me voulaient du mal. Cette bête m'interdisait de pleurer. Elle a poussé un long rugissement qui a dépecé les ténèbres. C'était fini. Je n'étais pas une proie. Ni un prédateur. J'étais moi et j'étais indestructible. (p198)

Tout au long de la lecture l'émotion, les sentiments se bousculent. L'auteure n'écrit pas tout, suggère,et ne tombe pas dans la facilité de scènes sanguinaires, mais à travers le regard de cette fillette qui grandit, qui découvre les transformations qui s'opèrent en elle mais qui paralèllement sent ses sentiments évolués et va comprendre que pour survivre elle va devoir adopter d'autres règles, afin de redonner à Gilles, ce si beau sourire et pour qu'il ne devienne pas comme eux.

Mais plus elle grandit et plus elle comprend que la Vraie Vie est parfois bien différente et elle va devenir adulte avant l'heure, se sentir responsable d'événements dont elle n'a été que le témoin, elle va faire en sorte de se préserver, reconnaissant les signes avant-coureurs du mal, s'en protéger. Continuer à avancer, car un jour ou l'autre tout cela devra avoir bien une fin. Et si la solution était de revenir en arrière et de modifier les causes du mal…..

En incluant dans son récit des personnages aux surnoms évocateurs : Plume, Champion mais aussi le professeur et sa femme Yaëlle au visage impassible, l'auteure confronte l'adolescente à la réalité du monde et des adultes, à leur brutalité, leur sauvagerie, à la vraie vie où elle commence à mettre les pieds, les yeux et le coeur.

Un roman qui se lit d'une traite car il y a urgence, il y a vies en danger, il y a révolte. Mais on n'a pas toujours le choix des armes et pour s'en sortir il faut parfois jouer le même jeu que ceux qu'on abhorre.

Je n'aime pas la violence gratuite dans les romans, pour faire parler du livre parfois, pour atteindre des degrés d'insoutenabilité mais dans celui-ci ce n'est pas de la violence mais de la psychologie, ce n'est qu'une vie, une vraie de fillette qui a dû grandir vite et sauver ce qui pouvait encore l'être.

L'auteure nous engage dans une montée vertigineuse où l'on perd pied, la gorge se noue, la peau frissonne mais elle maîtrise totalement l'escalade et la chute finale. Pour un premier roman c'est un coup de maître : il laisse des traces, un conte de la folie ordinaire ou non, de la vraie vie quand on doit quitter le monde de l'enfance pour entrer dans le monde des adultes à pieds joints.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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En zone pavillonnaire surnommée "Le Démo", vit une petite fille avec ses parents et son petit frère. Elle, c'est la narratrice. On ne connaît pas son prénom. Gilles est son petit frère. La famille vit dans une maison un peu plus grande que les autres, de style architecte, équipée d'une piscine qui fait des envieux dans le quartier. Pourtant, la vie au sein du foyer n'est pas aussi belle que ce que l'on peut s'imaginer.
Dans la maison, il y a quatre chambres. Celle des parents, celles des enfants et celle des "cadavres". le père est chasseur et part régulièrement à l'étranger chasser les animaux sauvages. La pièce des "cadavres" contient ses "trophées" et il est interdit d'y entrer.

La mère, de son côté, est une femme très effacée, totalement soumise à son mari qu'elle craint plus que tout. Alors, elle se réfugie dans son élevage de chèvres auprès desquels elle trouve de l'affection.

Les enfants passent tout leur temps libre à jouer à l'extérieur, soit dans le lotissement, soit dans la nature à proximité d'une vieille décharge. le moment le plus agréable et le plus attendu par tous dans le quartier est la venue du glacier en fin de journée. Un klaxon se manifeste alors et ils arrivent tous.
Mais, un jour, un terrible drame se produit et Gilles, choqué, ne prononce plus un mot. Personne ne s'en préoccupe mis à part sa grande soeur de dix ans.

Elle, elle voudrait tout effacer, revenir en arrière comme dans les films. Alors elle imagine la construction d'une voiture à remonter le temps. le projet semble fou pourtant elle y croit dur comme fer. C'est la seule solution pour sauver son frère.

Avec "La vraie vie", on entre dans le monde de la violence psychologique avec un père odieux, la présence d'une mère démissionnaire et la volonté d'une petite fille de sauver celui qui compte le plus pour elle. Pourtant, elle-même n'est pas à l'abri de la perversité et de la manipulation de ce père qui anéantit tout.
J'ai acheté ce livre dès sa sortie en librairie en 2018 et depuis tout ce temps il attendait dans ma Pal. En fait, plus je consultais des chroniques de lecteurs, plus je craignais de le lire. Maintenant que c'est chose faite, je peux simplement dire que ce roman est une grosse claque. A découvrir !

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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M'enfin, ce roman est un thriller!!!
On tourne les pages vite vite vite pour connaître la suite, comme dans un thriller. L'angoisse, diffuse au début, prend de plus en plus d'épaisseur, comme dans un thriller. Les "scènes d'action" montent crescendo, comme dans un thriller. On se demande où l'auteure veut en venir et pourquoi, comme dans un thriller. Il y a des gentils, des méchants, des "on sait pas trop, on s'interroge", comme dans un thriller. Et le dénouement, qui arrive dans les dernières pages (enfin!), surprend et libère, comme dans un thriller. Comme dans un bon thriller!
Alors bien sûr, il faut entrer dans le jeu et accepter sans pinailler quelques petites incongruités, mais pas plus que dans un thriller.
En version courte: une intrigue rondement menée avec une fin qui régale!


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On doit se féliciter d'avoir eu une enfance banale même si elle ne sera jamais source d'inspiration d'un roman !

Pour la jeune narratrice, dont on ne connaitra pas le prénom, les premières années de sa vie s'écoulent en ignorant sa mère si passive et en se tenant à bonne distance de son père , un chasseur qui n'est heureux que lorsqu'il peut se servir de son arme . Ses seuls réconfort et soutien sont le rire enfantin et gai de son petit frère Gilles, jusqu'au drame dont les deux enfants sont les témoins et qui éteignent la joie de Gilles .

Sa soeur décide alors de tout tenter pour faire revenir le rire de ce petit frère , retrouver cette enfance et son innocence , un combat contre le temps qui défile sans concession .
Sur les conseils de la voisine fantasque , elle décide de devenir une nouvelle Marie Curie , aidée également par un vieux voisin , ancien professeur et qui perçoit le désarroi de la jeune fille autant que ses capacités intellectuelles hors norme .

La science va devenir un exutoire à la violence qu'elle sent à l'intérieur d'elle même , alors que l'enfance s'éloigne avec l'éveil de la sensualité et du désir, de la conscience de son corps et de ses pouvoirs en même temps que de sa vulnérabilité .

Un récit d'une grande maitrise qui va au plus profond de l'être dans une banlieue lugubre mais où la musique du marchand de glace résonne comme une fête , une promesse de jours meilleurs .

Une histoire que je rapprocherai de celle de My absolute Darling sans l'aspect dérangeant et ambigu qui avait troublé ma lecture .
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Je peux parfaitement comprendre les avis souvent opposés sur ce roman d'Adeline Dieudonné. L'autrice nous emmène dans un sale petit conte de fée noir à souhait. Une plongée abyssale dans la noirceur de l'âme. Et cela ne fait jamais plaisir d'être confronté, dans une fiction, à des choses dont on se dit qu'elles sont vraies, qu'elles représentent la vraie vie, donc. D'où le titre, somme toute.

Le récit nous emporte dans le vécu d'une famille. Couple avec deux enfants. C'est la fille, l'aînée, 10 ans au début et 15 à la fin du roman, qui raconte en "je". Elle raconte le père tyrannique, la mère soumise, les coups, le harcèlement moral et physique comme méthode d'éducation. L'alcool mauvais. La passion pour les armes à feu. On en connaît des gaillards pareils, du genre à commenter péremptoirement le JT et à ne pas supporter la contradiction... ça vous parle? Moi, j'en connais des pareils.

Adeline Dieudonné grossit le trait, bien sûr. Elle y va avec de l'humour noir, de la tendresse (comme arme ultime face au désespoir), de l'amour physique, de la rébellion... comme porte de sortie, de survie.

Tout démarre par un épisode malheureux... tragique et comique tout à la fois... le siphon du glacier explose et s'encastre dans le crâne du glacier, qui meurt sur le coup en répandant sa cervelle partout. L'héroïne va allors essayer de remonter dans le passé pour effacer cet épisode en ne commandant pas de crème fraîche. Sentiment de culpabilité évident par rapport au glacier. Mais par rapport à son frère, témoin de tout et qui semble avoir une fascination pour la mort et la souffrance d'autrui (des animaux d'abord).

J'ai maintes fois pensé au frères Grimm, à Hansel et Gretel, au petit Poucet, aux ogres des contes de fée. Je le disais en introduction, Adeline Dieudonné nous embarque dans un sale petit conte de fée... un parcours initiatique sur 5 ans, et qui voit l'héroïne devenir une ado qui suscite des convoitises et de la concupiscence (y compris chez son père). Ne cherchez pas de morale, il n'y en a pas vraiment. Sale petit conte amoral...? Pas vraiment, la fin est une belle courbe rentrante vers ce qui peut s'apparenter çà un happy end... Personnellement, je ne trouvais pas cela nécessaire. Mais cela permet de refermer le livre en souriant et de demander à Adeline Dieudonné de nous servir encore des histoires trempées dans cette plume vitriolée, qui nous fait voir la vraie vie et nous fait oublier la nôtre un instant.
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