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4,05

sur 6199 notes
J'avais placé « La vraie vie » d'Adeline Dieudonné dans ma liste de livres à lire à la suite de très bonnes critiques parues dans plusieurs journaux, et je ne suis pas sûre d'avoir compris alors combien ce roman est un coup de poing dans le ventre. En tout cas, c'est l'effet qu'il m'a fait, sans vouloir faire de mauvais calembour sur le thème traité par cet ouvrage.

La violence, la narratrice du roman (dont on ne connaîtra jamais le prénom) de onze ans et son petit frère Gilles, six ans, en font l'expérience au quotidien dans leur foyer, à cause d'un père qui fait régner la terreur et bat régulièrement sa femme, pour rien, devant eux. Une femme que la narratrice surnomme d'ailleurs « l'amibe », en raison de son apathie face à un mari qui l'a probablement détruite psychologiquement. Elle s'intéresse peu à ses enfants, au contraire de ses chèvres à qui elle prodigue tous ses soins, tandis que le mari, lui, collectionne également les animaux exotiques, mais morts (à la suite de braconnages qu'il effectue à travers le globe), dans une pièce spéciale – appelée par la narratrice « la chambre des cadavres ». Ambiance.

Cette accumulation de traumatismes en tous genres que traversent les enfants trouvent malheureusement leur acmé dans un accident d'une violence inouïe dont Gilles et sa soeur sont témoins, finissant de briser le mental du petit garçon, qui jusque-là était d'une joie de vivre exceptionnelle. Son sourire disparaît pour laisser la place à un mutisme et un refoulement de tout émotion glaçants, doublés de tendances psychopathes grandissantes sur les animaux.

Dès lors, la narratrice n'aura plus qu'une obsession : revenir dans le passé afin de changer les événements, à la manière de « Retour vers le futur » puis à l'aide de l'étude des sciences physiques, pour « retrouver le sourire plein de dents de lait » de son petit frère, pour qu'il vive sa « vraie vie », et lui éviter d'être englouti par la sauvagerie, symbolisée par l'hyène empaillée dans la chambre des cadavres du père. Une quête qui lui permettra par la même occasion de se sauver elle-même dans une certaine mesure, car elle se rendra compte que personne n'est exempt d'une certaine violence (pas même le Champion, son voisin qui l'a aidée au prix d'action violentes, ou même elle-même, bien qu'elle semble plus animée par des pulsions de vie, qui se manifestent par son désir physique pour le Champion).

Quel personnage que cette jeune fille ! Dotée d'une grande intelligence et d'une exceptionnelle maturité pour son âge (qui lui permettent d'assumer le drôle de fardeau qui lui tombe sur les épaules), elle réussit à analyser le plus souvent les situations avec justesse, mais également à être lucide sur elle-même et les autres ; tout en restant en permanence d'une grande force psychique pour ne pas céder au désespoir et entrevoir que malgré tout, il y a aussi de la beauté dans la vie.

Ce récit est ainsi celui de la survie de deux enfants dans un monde marqué par une violence irrémédiable (celle des hommes systématiquement). L'écriture, qui adopte uniquement le point de vue de la narratrice, est brute, directe, rédigée en un seul souffle, comme si s'arrêter d'énoncer, c'est à l'horreur, abandonner un peu. C'est le portrait d'une jeune adolescente, un peu mère avant d'être devenue femme, qui grandit dans une lutte acharnée contre les ténèbres, ses propres ténèbres. Un grand petit bout de femme.

Bravo à Adeline Dieudonné pour ce premier roman qui a été justement salué par plusieurs prix, et a même figuré sur la première liste du prix Goncourt en 2018.
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La vraie vie, un roman noir de la violence familiale.

La voix d'une petite fille qui rêve de pouvoir voyager dans le temps pour ramener le sourire de son petit frère. Lorsque la magie échoue, son espoir d'adolescente se reportera sur la physique et son idole Marie Curie.

Un roman glauque, mais avec le regard l'enfance, un regard lucide mais qui recoure à la magie, pour trouver la force de s'accrocher à la vie, la vraie vie.
" Je ne savais pas s'il existait des vies réussies ni ce que ça pouvait signifier. Mais je savais qu'une vie sans rire, sans choix et sans amour était une vie gâchée." (p.209)
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Bah dit donc, si c'est ça "La vraie vie", merci bien !

Papa est un tyran carrément cinglé, l'archétype du viandard alcoolique et violent ("en dehors de la chasse, il avait deux passions dans la vie : la télé et le whisky")
Maman est absente, soumise, effacée, que dis-je transparente (sa propre fille parle d'une amibe : "une forme de vie primitive, unicellulaire, vaguement translucide. Un ectoplasme, un endoplasme, un noyau et une vacuole digestive. Et avec les années au contact de mon père, ce pas-grand-chose s'était peu à peu rempli de crainte.")

Dans cet enfer deux enfants : le petit Gilles, mal dans sa peau et profondément perturbé (on le serait à moins), et sa grande soeur, la narratrice, qui tente vaillamment de garder la tête hors de l'eau. Tête qu'elle a bien faite, d'ailleurs, puisqu'à douze ans la gamine se passionne pour la physique quantique, la dualité ondes-particules et l'effet Aharonov-Bohm. Son objectif ultime ? Percer les secrets du voyage temporel pour pouvoir rembobiner cette réalité ratée, gommer ce brouillon d'existence et repartir d'une page blanche. Ainsi pourra-t-elle sauver son petit frère adoré et l'arracher à cette famille complètement dysfonctionnelle.

Telle est la trame de ce premier roman tragique et saisissant, qui jette une lumière crue et décapante sur les terreurs de l'enfance. Sans en avoir l'air, avec sa jeune héroïne et la candeur de ses mots d'ado, Adeline Dieudonné nous embarque au coeur d'un véritable cauchemar.
En plaçant ses personnages dans un environnement pour le moins curieux (un lotissement-témoin, où tout semble plus ou moins factice), en multipliant les situations improbables et les tableaux un peu farfelus, elle ne recherche évidemment pas la plus stricte des vraisemblances ... et pourtant l'ensemble du texte dégage une forme de crédibilité glaçante. La tension monte crescendo, à mesure que les sévices physiques et psychologiques endurés par la narratrice se font plus effroyables.
Difficile alors ne pas se laisser chavirer par le courage et la ténacité de cette jeune fille forte, intelligente, altruiste et ambitieuse, qui en plus de devoir survivre au chaos familial, doit dans le même temps gérer ses premiers émois amoureux et faire seule l'apprentissage de sa sexualité.

Autant de thématiques abordées ici sous un angle original, parfois vaguement dérangeant, mais toujours terriblement efficace.
La vraie vie, j'espère pas, mais en tous cas une vraie réussite !
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On est loin de la famille dont l'image est parfaite. L'histoire est racontée par une petite fille qui vit avec son frère Gilles, son père est alcoolique et violent, sa mère, une femme soumise et effacée. Un jour les deux enfants assistent à un drame, le décès d'un homme qu'ils aimaient bien. C'est à ce moment là que Gilles change de comportement. Sa soeur ne supportant pas de le voir comme ça, elle va tout faire pour le sauver, lui redonner le gout de vivre. Elle aimerait revenir en arrière et ne veut pas ressembler à sa mère. On va suivre l'évolution de « cette guerrière »

Au début de ma lecture j'ai été un peu dubitatif sur le nombre de prix reçus par ce livre et l'engouement que les lecteurs avaient pour lui. J'ai poursuivi et là j'ai compris. Je me suis pris une véritable claque, l'histoire m'a pris aux tripes et j'ai terminé le livre le souffle coupé, une boule au ventre. Je l'ai commencé hier après midi et impossible de le lâche, je l'ai lu d'une traite. Bravo à l'auteur car c'était son premier roman à l'époque.
Un roman coup de poing, une lecture coup de coeur

Pour information, il est sorti en livre de poche récemment
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Dans les années 90, un lotissement tellement usuel avec ses maisons agglutinées les unes sur les autres, aux couleurs fades et aux pelouses disparates, abrite une famille elle aussi banale. Un père comptable , amateur de chasse et d'animaux empaillés, une mère au foyer et deux enfants Gilles 6 ans et l'héroïne 10 ans.
La vie est simple. La famille ne partage rien si ce n'est les repas. La mère partage aussi un peu les poings du père, mais bon , quand il n'y a pas d'éléphant à trucider, il faut se rabattre sur quelqu'un.
les enfants ont un rituel , ils vont acheter une glace . Tous les soirs. Jusqu'au drame.

Beaucoup de sentiment ambigus à la lecture de ce livre. Un peu la même sensation qu'après Chanson Douce de Leila Slimani.
Le livre est violent, dérangeant et le talent de l'auteur fait gonfler cette atmosphère au fil des pages .
L'enfance , et les rêves et chimères adjacentes, disparait au fil du roman , emporté par la sordide réalité . Plus d'humour, plus de rêve, plus de Monica dont les apparitions allégeaient l'ambiance. L'héroïne va brutalement troquer ses rêves pour chercher le salut dans le travail. A 12 ans .

Je sors dérangé de cette lecture, finalement un peu nauséabonde.
La vraie vie. Putain , ils rigolent pas les belges !
Certes, métaphoriquement, elle est là la vraie vie: On rit , on pleure , on se sent fort, on est abattu. Tout ça dans une journée .
Oui, c'est la vraie vie , aucun doute.
Fallait il toute cette merde autour du père pour faire passer le message ?
En tournant les pages , j'avais l'impression de regarder un court métrage sans parole en noir et blanc où seul le sang serait rouge. Sans doute aucun mot de l'auteure n'était gratuit, mais c'en est un peu trop pour moi.

Pour autant, difficile de lâcher ce livre , Comme quoi ...
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Un premier roman très prometteur. Une histoire bien traitée, celle d'une famille fragilisée par la violence et l'alcool du père, la démission de la mère, et au milieu une fillette, la narratrice, et son petit frère.
Un tragique évènement va compromettre de façon irréversible cette famille déjà bien bancale, la fillette se targue d'une mission, celle d'être le sauveur de sa famille et surtout de protéger bec et ongle son petit frère. Pour cela elle va développer des trésors d'ingéniosité, se découvrir une force et une volonté extraordinaires.
Une histoire difficile, très bien racontée, un ton juste, la vraie vie est pavée de
mauvaises intentions et de mauvaises personnes mais certains grâce à leur volonté peuvent essayer de changer le cours des choses avec plus ou moins de succès. Certaines rencontres aussi peuvent s'avérer déterminantes.
Une belle découverte parmi tous les romans de la rentrée littéraire , une auteure à suivre.
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Ce roman a fait le buzz lors de la rentrée littéraire de à l'automne 2018, vous en avez forcément entendu parler… Pour ma part, j'ai attendu quelques mois avant de l'acheter et de le lire car je n'aime pas trop me précipiter sur un livre que l'on voit entre toutes les mains dans le métro à Paris ou sur les réseaux… J'aime prendre mon temps, peser le pour et le contre et voir si l'ouvrage rejoindra ma PAL ou pas.

Déjà, on est obligé de dire que ce roman se lit d'une traite : on veut savoir, on veut avancer pour comprendre le dénouement de l'histoire. C'est terriblement addictif, prenant mais en même temps c'est dérangeant et ça met mal à l'aise…

La narratrice, qui a dix ans – et dont on ignore le nom -, fait preuve d'une grande intelligence et maturité. Même si elle a peur, elle décide de grandir plus vite pour ne jamais devenir une victime/une proie et pour sauver Gilles, afin qu'il ne devienne pas cruel comme leur père. L'héroïne est attachante, une vraie battante, une guerrière qui ne recule devant rien ni personne. J'ai beaucoup aimé cet amour viscéral qui la lie à son petit frère, cette envie de le sauver à tout prix, en n'hésitant pas à imaginer des stratagèmes pour retourner dans le passé et changer le cours des événements.

Même si ce roman est raconté à hauteur d'enfant, la façon, si particulière et brutale qu'a Adeline Dieudonné de décrire cette famille dysfonctionnelle est terrible… On nage parfois en pleine violence, en pleine brutalité mais parfois ça frôle la poésie.

Ce conte des temps modernes est profondément perturbant, j'ai été en apnée pendant toute ma lecture – sûrement parce qu'il montre que chaque être humain possède une part de noirceur en lui et que moi je préfère vivre dans le monde des bisounours ! J'ai aimé le cri d'espoir poussé par l'héroïne, j'ai aimé le côté macabre et glauque de ce livre. Pourtant, rien n'y a fait, le côté perturbant l'a emporté : je n'ai jamais vraiment quitté le bord du chemin… L'ambiance était-elle trop oppressante pour moi ?
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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J'ai avalé ce livre d'un coup tellement cette histoire prend aux tripes. C'est écrit de façon très simple mais cette simplicité (qui n'est qu'apparente, on sait que c'est compliqué de faire simple !) est une des qualités de ce roman qui nous parle de la violence domestique et comment une fillette va tenter d'y faire face. La "hyène", un des leitmotiv de ce roman, m'a fait penser au tigre de "L'histoire de Pi" de Yann Martel. J'ai aussi parfois retrouvé des accents communs avec les romans de Philippe Claudel. Mais Adeline Dieudonné a son style propre et nul doute qu'on entendra encore parler d'elle dans les années à venir. Bravo !
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A première vue, il s'agit d'une petite fille qui vit une existence banale entre ses rêves et ses peurs. Mais les évènements vont se succéder pour lui apprendre la tristesse, la violence, la trahison, l'amour, la terreur, ... Seuls son rêve et le sourire de son frère lui permettront de sortir de ce qui vire au cauchemar. Vivante et rapidement lue, je me suis laissé bien volontiers entraîner dans cette quête de la vraie vie suivie à travers le regard de cette jeune fille
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Que ce roman m'a fait un effet bizarre ! Une fois le nez plongé dedans, impossible de m'arrêter de lire. Normal, l'histoire est absolument passionnante. J'ai eu l'impression d'y découvrir la petite soeur de la Turtle de My absolute darling. C'est tout aussi cruel mais moins trash, beaucoup plus fin et sensible. D'une sensibilité certainement mieux adaptée aux lecteurs qui avaient été choqués par l'ouvrage de Gabriel Tallent trop américain, cru et vulgaire à leur goût.
Ce qui est étrange avec ce roman c'est que même s'il m'a vraiment plu, il ne m'a pas fait particulièrement du bien... Alors que je ne garde pas le souvenir d'avoir versé la moindre larme pendant une de mes lectures, à peine la dernière page de La vraie vie tournée, j'étais tellement remuée que j'ai pleuré comme une vraie Madeleine... Adeline Dieudonné à réussi à me toucher en plein coeur ! Pour un premier roman, c'est un sacré coup de maître et j'espère qu'elle en écrira encore d'autres tout aussi bouleversants. Même si je dois à nouveau pleurer...
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