La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas. - Charles Baudelaire
Mais dans le cadre de mes enquêtes , l'aura d'indifférence que je génère m'est souvent utile .En étant personne, on peut devenir tout le monde .
Plus je fraie avec les proches des victimes , moins je parviens à rester étanche à leur tristesse. C'est comme si elle suintait , qu'elle me pénétrait lentement.
On n'est personne quand on est seul . On rabougrit , on s'assèche .On n'existe qu'avec les autres .
Il y aura toujours des gens pour nous promettre monts et merveilles. Chefs de gang, prêtres, imams, rabbins, hommes politiques, coachs en bien-être, gourous de sectes... Croire. Peut-être que l'humanité en a besoin pour oublier combien ce monde n'a aucun sens, combien tout est chaos. Croire, c'est refuser de se laisser tomber dans ce grand vide qu'est la vie. Mais c'est aussi poser un genou à terre. Car il y a chaque fois un prix à payer. Ces faux prophètes marchands d'illusions, vendeurs de chimères attendent inévitablement quelque chose de nous. Il faut se méfier des anges. Rafa m'a parlé d'un vieux dicton mexicain qui dit : "Una jaula de oro, sigue siendo una jaula." Une cage dorée reste une cage. Croire. En réalité, le mieux c'est peut-être de croire en soi, de s'accepter tel qu'on est avec ses fêlures, se regarder dans le miroir et se dire : "OK, on fera avec."
C'est comme ça que Fairview tenait ses adeptes. Il y aura toujours des Hostiles, des coupables pour justifier notre détresse. L'ombre, la lumière... Tout ça c'est des conneries. Il n'u a que nous, humains, en équilibre fragile sur un fil tendu au dessus de l'abîme. On fait ce qu'on peut. Parfois on penche d'un côté, parfois de l'autre.
Des funambules. Tous.
Ma ville, Pocatello, en Idaho, ressemblait à tout sauf à ça. Un bled sans histoire, sans avenir. Le ciel trop grand. Des maisons blanches, toutes les mêmes, à perte de vue. Personne ne faisait de vagues ou ne parlait trop fort. Il fallait être discret, respectueux. On se refusait à exister, de peur de gêner. Une vie en noir et blanc. A mon arrivée à LA, j’ai eu l’impression que le monde passait en Technicolor.
S'attacher à quelqu'un, c'est le risque d'être déçu.
Mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort.
Voilà trois jours que je suis installé à Skid Row. Malgré les palmiers et le ciel bleu azur qui m'environnent, je ne suis plus vraiment à Los Angeles ici, je me crois plutôt dans un camp de réfugiés ou dans une favela de Rio de Janeiro. Skid Row, c'est un purgatoire à ciel ouvert, un immense ghetto qui s'étend en plein cœur de la ville sur une trentaine de blocs, soit près de huit kilomètres carrés.