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EAN : 9782841163298
80 pages
Cheyne (21/06/2023)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Chez nous
pourtant
les arbres poussent drus
qui tiennent avenir
dans une racine
nommée
DOULEUR
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Du poète slammeur Jean d'Amérique, j'avais beaucoup aimé le roman « soleil à coudre » Alors, lorsque j'ai eu l'occasion de le rencontrer lors de la cérémonie à l'Académie des Jeux Floraux dont il est maître ès jeux, j'ai pu mesurer la force évocatrice de sa poésie.

Dans la première partie, « tripes cordées », il raconte son enfance dans un pays de sang où vivre devient un exploit chaque jour recommencé.
« grandir, conjugué mal dans mes sauts que nulle grammaire n'a su repérer, peut-être la faute aux gribouillages de mes intestins, que je devais assumer devant le tribunal des calories. »
On se souvient des émeutes de la faim lorsque les prix alimentaires devenaient exorbitants pour les habitants de l'île dont la détresse était poignante. La faim jamais assouvie suscite la colère.
« …ces rues à la panse pleine de foules humaines, émeute de lèvres arides contre le vent… »
Dans la seconde partie intitulée « Douleur -fleuve », le poète dénonce la pollution massive d'un fleuve suite au déversement des latrines d'un camp de soldats de l'ONU. Scandale sanitaire et épidémie de choléra dans ce pays grandement touché par la pauvreté. « Voyez, voyez comme couché à jamais le fleuve, surplus de larmes où flottent tant d'absences. »
C'est un cri de douleur qui s'adresse au fleuve Artibonite. Contraste saisissant entre « l'ouvrage de sang financé par l'épée yankee » et l'image de la mère « herbe étendue sous l'or solaire. »
Dans la dernière partie, « avancer malgré », c'est le pays qui est mis en avant, entre passé et avenir.
« Sans doute faut-il reléguer les plaies pour accueillir nos élans. »
On distingue une pointe d'espoir dans ce « nous » qui désigne ce peuple qui, malgré le malheur, les épreuves, doit trouver son élan pour poursuivre la vie.
« et nous voguons, adossés à un chant d'os brisés »

Les images sont puissantes, dérangeantes, pour dire l'importance du chaos, pour dénoncer l'incurie. L'évocation de la mère vient adoucir cette violence où « mort, cimetière, agonie, brûlures, naufrages » habitent chaque page du poème.
Alors, il ne reste plus qu'à « chercher issue dans l'arbre à ciels » en quête d'un chemin d'espoir.

Cette poésie au flot puissant, dévastateur, qui n'hésite pas à dénoncer et cette langue endolorie au rythme syncopée nous touche et nous bouscule.
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Dernier recueil publié à ce jour de l'auteur touche-à-tout haïtien, Quelque pays parmi mes plaintes met en scène une esthétique perturbante de la fragmentation, du morcellement, par de très brefs poèmes, qui percutent encore plus vivement qu'habituellement, qui sont toujours aussi bruts dans leur beauté terrible, et qui font particulièrement sens en ce qu'il nous conte le chaos de son pays, de plus en plus mortifère, de plus en plus désespérant, mais dans lequel il reste, encore, une petite étincelle à ranimer, peut-être ?

Jean d'Amérique, en tout cas, a encore fait mouche avec ce recueil. Il est décidément pour moi un grand poète, qui prend viscéralement aux tripes, comme rarement, en quelques mots, en quelques images, en quelques rythmes.
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critiques presse (1)
Liberation
14 novembre 2023
L’auteur haïtien signe «Quelque pays parmi mes plaintes», son cinquième recueil chez Cheyne éditeur, hommage poétique à son pays frappé par la douleur.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
après l'éternité les bourgeons, après l'infini les feuilles vertes, puis fleurs et fruits, en attendant nous domptons la dignité d'une lessive à la main, parfois l'aube arrive, et dans le lit-tourment nous couchons à nouveau nos espérances, le jour trop lourd pour ces épaules où pendues nos mains vides...parfois surgit le pain, et nous accordons l'avantage à un soupir, nos jeunes âges préfèrent sans doute le dernier.
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maintenant qu'épaissies nos salives, la chanson boite, peine à décoller, nos êtres se retrouvent gisants sur un quai à jamais esseulés, dépouillés de toute locomotive qu'on salirait du nom de vie : pour qui ne songe à tremper son cri au soleil, la nuit sera un certificat de silence
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Je garde de toi le seul poème qui vaut le coup: un flot humain qui court les rues sans marcher sous l'ordre des feux rouges.
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ce pays, ah ce pays, terre de poètes, dit-on souvent, mais il n'y a pas de poème dans les couloirs du parlement, parlement de poches à remplir, il n'y a pas de poésie dans les plaies corrodant nos étreintes, il n'y a pas de poésie dans le protocole des ambassades qui pissent dans nos chambres, nos lèvres blanches devant la musique vide des gamelles n'honorent pas le poème, I'enfance sommée de miser sa chair contre le pain n'enfante aucune poésie, il n'y a de poésie possible ni dans les cordons de police, ni dans les mitrailleuses officielles qui trouent nos soleils, il n'y a pas de poésie dans le trésor public qui vit loin du peuple, nul poème nul trésor
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ce pays, ah ce pays, terre de poètes, dit-on souvent, par toutes fenệtres pour conférer à son visage quelque grâce, sous l'aile arrogante de nos caresses une formule qui parfois bégaie : au-delà des pages, au-delà des lumières chaudes de notre rage de vivre, aucun symptôme pour nous diagnostiquer république contaminée à la poésie
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Videos de Jean d' Amérique (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean d' Amérique
Jean d'Amérique récite le poème « Certitude » de Georges Castera. #poetry #poesie
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