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Citation de Aquilon62


Un grand collectionneur de l’époque du nom de Charles Ephrussi avait commandé à Manet une peinture figurant une botte d’asperges entière. L’artiste en exigea huit cents francs. Cela semble dérisoire en comparaison des millions que vaudrait une seule des toiles de Manet aujourd’hui mais c’était loin d’être négligeable. Le salaire quotidien moyen, à cette époque, était d’environ cinq francs. Quoi qu’il en soit, Charles Ephrussi fut si heureux du tableau (qui est aujourd’hui conservé en Allemagne) qu’il expédia mille francs à Manet !
Et ce dernier, par un trait d’esprit, d’ingéniosité et de générosité, figura spécialement sur une toile à part cette asperge supplémentaire pour l’offrir au collectionneur en l’accompagnant du mot suivant : « Il en manquait une à votre botte. »
Manet nous exhorte à voir qu’il y a au fond très peu à voir. C’est une simple asperge, ou un banal fragment de table, et c’est un petit accès de générosité qui l’a poussé à en tirer une peinture et à l’offrir. Mais ce que nous dit ce tableau, c’est que le presque-rien fait tout le charme de la vie ; il suffit qu’il y ait ce presque-rien pour que l’existence s’illumine. Sans ces presque-rien qui nous échappent, les choses ne seraient que ce qu’elles sont. Il a suffi d’un je-ne-sais-quoi, et elles deviennent soudain délicieuses.
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