Basé sur l'histoire vraie d'un prêtre envoyé irlandais au Vatican qui organisa une filière d'évasion depuis la Cité papale et du groupe d'hommes et de femmes sous sa direction, le nouveau roman de Joseph O'Connor est un thriller historique addictif et captivant.
Nous sommes à Rome, fin 1943. La ville est occupée par les forces allemandes et le chef de la Gestapo, l'Obersturmbannführer Paul Hauptmann, règne d'une main de fer, terrorisant une population affamée.
Le seul endroit sur lequel il n'a aucune autorité est la Cité du Vatican, État neutre et indépendant qui constitue une zone de sécurité au sein de la capitale italienne. Elle abrite des diplomates, et bien évidemment des prêtres, dont Monseigneur Hugh O'Flaherty qui organise la fuite de nombreuses personnes recherchées par les nazis (juifs, résistants et prisonniers alliés évadés) avec l'aide d'un groupe hétéroclite qui compose sa « Chorale », 7 hommes et femmes valeureux et extrêmement sympathiques. En effet, pour brouiller les pistes, ils forment une Chorale en guise de couverture, et O'Flaherty transmet plans d'opérations et instructions individuelles pendant leur répétition hebdomadaire.
La nouvelle de l'imminence d'une invasion nazie du Vatican tombe, ce qui oblige O'Flaherty à concevoir une mission majeure, de grande envergure, vitale pour les nombreux clandestins.
Elle doit avoir lieu la nuit du réveillon de Noël.
Le compte à rebours est lancé.
«
Dans la maison de mon père » s'ouvre sur une scène d'action puissante et explosive, dans laquelle l'entrée en scène du prêtre est mémorable et caractérise immédiatement le personnage: un homme de conviction extrêmement courageux y compris dans le feu de l'action.
Le roman est construit à partir du récit à la troisième personne du prêtre que l'on accompagne à chaque étape du processus de la mission, entrecoupé d'entretiens ou de déclarations écrites fictifs des 7 membres de la Chorale, recueillis au début des années 60.
Chacun d'eux contextualise et fait avancer le récit. Ces apartés parallèles étoffent leur personnage et l'intrigue. O'Connor a réuni un casting de personnages secondaires merveilleux aux voix singulières (parfois très drôles).
Le talent de conteur de l'auteur, les dialogues acérés, la succession de rebondissements, les descriptions somptueuses de Rome, les déplacements des personnages parfaitement chorégraphiés, contribuent à rendre cette lecture totalement addictive.
Il rend magnifiquement hommage à celles et ceux qui ont sauvé des vies au péril de la leur plus particulièrement à ce prêtre qui a choisi entre son voeu d'obéissance et sa conscience. Il questionne évidemment la position et le rôle de l'Eglise lors de la Seconde Guerre mondiale, plus généralement, l'idée et la moralité de la neutralité.
« J'en suis venu à considérer que la neutralité est le pire des extrémisme; sans elle, nulle tyrannie ne peut s'épanouir ».