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Pierrick Masquart (Traducteur)Gérard Meudal (Traducteur)
EAN : 9782859406516
480 pages
Phébus (15/04/2000)
3.77/5   82 notes
Résumé :
On a d’abord l’impression d’être dans un thriller de la meilleure venue : un thriller qui refuserait la facilité de démarrer sur les chapeaux de roue. Franck Little est chauffeur de taxi à Dublin. Eleonor, son ex-épouse, est une aimable Bovary qui lit Garcia Marquez à ses heures, « assume », comme on dit, les problèmes du vaste monde, et mène malgré cela une vie d’une exemplaire médiocrité. Tous deux vont se retrouver, après s’être longtemps perdus de vue, à l’occas... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Tout ne sonne pas toujours très juste dans ce splendide roman mais l'on comprend très vite que Joseph O'Connor aime bousculer les codes des comportements attendus dans certaines circonstances, dans une approche politiquement incorrecte avec une verve toute irlandaise et un humour bien particulier, voire cinglant.

L'expression de l'intime est exploitée avec beaucoup de tact.
L'auteur irlandais s'empare des angoisses et les désirs et les illusions d'une génération un peu rêveuse et désenchantée pour nous plonger en pleine révolution sandiniste au Nicaragua.

La double temporalité apporte une réelle consistance au récit, car seulement lorsqu'on comprend d'où viennent les gens et ce qu'ils ont vécu, l'on peut essayer d'appréhender leurs réactions dans des situations de drame extrême.

Dans un style unique O'Connor démontre comment la famille, aussi dysfonctionnelle soit-elle, est un corps dont les membres se construisent les uns avec les autres, quoi qu'il arrive.

Le parcours individuel des personnages forme un récit collectif qui explore avec subtilité la société et les thèmes de l'identité et de la solitude.

Desperados est un roman surprenant, teinté d'humour irlandais, de solitude mais aussi d'espoir, qui vaut qu'on s'y attarde pour ses dialogues piquants, l'acuité du regard, les portraits rapidement troussés mais pour autant touchants.


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C'est le premier roman de Joseph O'Connor (1994), l'un de mes chouchous irlandais. Desperados alterne la jeunesse de Frank en son Irlande natale et un voyage très mouvementé dans le Nicaragua de quelques paumés années 80 en pleine révolution sandiniste, à la recherche de son fils Johnny plus ou moins porté disparu. Frank retrouve Eleonor, la mère de Johnny dont il est séparé depuis pas mal de temps. Sur place ils font la connaissance de quelques amis de leur fils, membres d'un groupe de rock, Desperadoes au nom prémonitoire, semble-t-il. On finit par leur présenter ce qui pourrait être le cadavre de John, inidentifiable. S'en suit alors leur propre enquête dans les bas-fonds de Managua entre Contras et Sandinistes, souvent imprévisibles. Les geôles d'Amérique Centrale, particulièrement sympathiques, accueillent volontiers ces chercheurs de noises, et il faut pas mal d'argent. Arrosant ici et là l'un et l'autre ils finissent par trouver trace éventuelle.

A bord de Claudette la bringuebalante camionnette d'un de ces héros piedsnickelesques nous effectuons une sorte de road-movie dans un pays en pleine déconfiture où seul Dieu, mais alors un Dieu sud-américain, et encore, reconnaitra les siens. En même temps qu'une quête du destin filial c'est aussi un peu la tournée des Desperadoes dans des salles souvent miteuses où les reprises de standards du rock déchaînent les passions, du moins quand il y a un peu d'électricité. Se déchaînent souvent aussi cuites et bagarres. le Nicaragua est déliquescent, c'est dans ses statuts. Beaucoup d'humour dans ce roman, les tribulations de notre poignée de personnages s'avèrent aussi plus graves, pointant évidemment l'Oncle Sam entre autres, ceci étant inhérent à tout roman ou film se déroulant entre Ciudad Juarez et la Terre de Feu. Ca c'est d'accord et c'est convenu.

Il y a autre chose, un peu plus rude. O'Connor est pour le moins critique avec les révolutionnaires de salon, européens, se prenant d'engouement pour le prétendu romantisme des guerilleros hispanophones, pléonasme. Bon, tant qu'ils restent au salon...Mais Johnny, à première vue, se serait mêlé de...Pas trop bien vu ici, ni du côté oppresseur ni du côté oppressé et vice-versa. Mais l'auteur le fait avec verve, cascades et bonne humeur.

Enfin, et l'irlandophile invétéré que vous voulez bien lire de temps en temps dirait et surtout, quelques chapitres de ci de là s'intercalent, sur les rapports père-fils de Frank et Johnny dans leur Irlande verte et parfois bien grise encore en ces années. Et ces rapports ont été virils mais corrects, comme on dit en rugby. La tendresse qui les a unis fut bien réelle. Réelles aussi les nombreuses altercations et la dureté maternelle n'eut rien à envier à la poigne paternelle. Pas loin d'être bouleversant. Modeste chauffeur de taxi à Dublin, Frank Little, son ex-femme Eleonor et leurs comparses vous attendent pour un périple qui vaut le déplacement. Je vous mets un petit riff littéraire très binaire mais vous aurez compris que Desperados vise plus haut et plus large.

-Uno, dos, tres, cuatro, vamos a bailar.-Il donna un coup sur les cymbales: Whaouh! lança-t-il dans le micro.

Il écrasa la pédale basse et attaqua un tythme endiablé. La foule enthousiaste se mit à danser, applaudissant en mesure.

Smokes martela son morceau en quelques minutes. Guapo bondit en scène et brancha son ampli. Il se déchaîna dans un bref solo en dansant sur place. Des cris d'enthousiasme éclatèrent de nouveau pour saluer l'arrivée nonchalante de Lorenzo, cigarette aux lèvres et guitare en bandoulière. Il salua le public d'un geste et plaqua vigoureusement quelques accords. Il s'approcha des baffles provoquant un effet Larsen. Puis Cherry fit son apparition en saluant. On lui jeta un bouquet de roses. Elle envoya un baiser, remonta ses manches, se pencha sur son synthé qu'elle se mit à frapper avec entrain.

Les jeunes se déchaînèrent. Ils se prirent par l'épaule et sautèrent en cadence. le parquet tremblait. Smokes fit rouler ses baguettes sur la grosse caisse. Lorenzo bondit, se saisit du micro et interpréta Jailhouse Rock.
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Desperados nous plonge au coeur du Nicaragua, Franck Little taxi à Dublin et son ex-épouse se retrouve à Managua pour reconnaitre le corps de leur fils parti en tournée avec son groupe les Desperados". Mais le corps présenté à la morgue n'est pas celui de Johnny. Avec les amis de celui-ci, ils partent à sa recherche dans un pays accablé de chaleur et de morts violentes !!!.
Ce douloureux voyage au milieu des années 80, nous montre les illusions perdues d'une bande de jeunes musiciens insouciant et immature et aussi le portrait d'un couple qui va se redécouvrir dans la douleur. La relation du couple est formidablement décrite,
Joseph O'Connor nous fait souvent sourire malgré la gravité du sujet mais sous cet humour, les larmes ne sont jamais loin. Un long voyage aride mais très touchant.
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Frank et Eleanore sont Irlandais, divorcés et se retrouvent au Nicaragua. Ils viennent de Dublin pour retrouver leur fils Johnny, considéré comme mort. Mais lors de l'identification du corps, le doute les étreint.

Commence alors une sorte de "road movie" où Frank et Eleanor vont traverser le Nicaragua en toute illégalité. Ils sont véhiculés par Los Desperados de Amor, un groupe de bal au répertoire mélangé, dont Johnny faisait partie. Joseph O'Connor nous balade dans le Nicaragua des Sandinistes et des Contras. Mouvements armés, révolutionnaires et contre-révolutionnaires que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître...

On alterne les chapitres entre le trip au Nicaragua et des flashes de Frank et Eleanore en Irlande, quand Johnny était enfant. L'auteur évoque avec tendresse et une certaine pudeur le passé commun (qui était baigné par l'alcoolisme d'Eleanore), avec le décès d'un enfant avant que Johnny ne vienne au monde.

L'écriture de Joseph O'Connor est fluide et calme. le début du roman est assez emballant, on avance, il y a un rythme qui pousse en avant. Puis lorsque le groupe arrive à Corinto, où se trouve Johnny, j'ai eu une impression de stagnation, de lenteur. Comme si O'Connor voulait nous faire ressentir la chaleur accablante du climat. La fin arrive alors assez vite et j'ai eu l'impression d'être éjecté du roman, alors que j'y serais bien resté pour quelques dizaines ou centaines de pages de plus. Si la psychologie de Frank et d'Eleanore est bien creusée, j'ai eu un mal fou à comprendre Johnny... excepté le fait qu'il semble faire une crise d'adolescence bien tardive...

Bref, avis mitigé... mais plut$ot positif.
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Eleanor et Franck, deux Irlandais divorcés depuis une quinzaine d'années se retrouvent en 1985 à Managua, capitale du Nicaragua en proie aux affrontements entre Sandinistes et Contras, pour identifier le corps de Johnny, leur fils mort qui, en rupture avec ses parents, était parti, rêvant de lendemains qui chanteraient dans ce pays en révolution. Ils ne reconnaissent pas leur fils dans la dépouille qu'on leur présente. Serait-il alors vivant ? Mais où ?
Commence pour eux une sorte de road trip sur les routes du Nicaragua jusqu'à la ville de Corinto où Franck , apprennent-ils, aurait une amie . Peut-être pourrait-elle les mettre sur sa piste....
Un voyage mouvementé et dangereux dans un bus bariolé aux couleurs du groupe de rock Desperados de amor auquel participait Johnny, en compagnie des autres membres de cette formation qui, de ville en ville, font une tournée dans le pays. Arrivés non sans mal à Carinto , l'affaire se complique …....

Bâti sur une alternance régulière de chapitres consacrés à la recherche du fils et de chapitres évoquant le passé du couple des parents divorcés contraints à présent d'oeuvrer en commun pour retrouver leur fils disparu, le roman propose ainsi une évocation d'un pays divisé, en proie à l'insécurité ainsi qu'une analyse de la vie du couple Eleanor- Franck, passé d'un amour passionné à l'indifférence puis à une séparation douloureuse . Echec d'un mariage lié d'abord à la perte d'un premier enfant, puis à l'alcoolisme d'une mère dont a souffert le fils .

Un ouvrage à l'atmosphère lourde qui porte bien son titre DESPERADOS. Il n'est pas facile pour des étrangers de comprendre le fonctionnement des administrations dans un pays inconnu en proie à la révolution. le sort de leur fils , s'il est vivant, repose sur leur habilité à négocier. A qui peut-on se fier ? le lecteur partage leur doutes, leurs interrogations, leurs espoirs, leur découragement aussi.

Toutefois malgré la gravité des situation auxquelles font face les personnages, le roman n'est jamais pesant. Joseph O'Connor a l'art d'injecter de la légèreté dans le dramatique, de conjuguer l'émotion et humour. La traversée du Nicaragua en minibus, en compagnie des musiciens quelque peu déjantés du groupe Desperados de amor, pourtant ponctuée de situations difficiles est traitée sur le mode cocasse, voire loufoque. Des dialogues, vifs et acides souvent marqués d'expressions en langue espagnole ( non traduites mais très faciles à comprendre), des extraits de chansons interprétées en concert par le groupe proposent d'heureuses diversions à l'atmosphère générale angoissante .

DESPERADOS a été pour moi une heureuse découverte, celle d'une autre facette de Joseph O'Connor dont j'avais apprécié MUSE et LE BAL DES OMBRES, romans bien différents.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La troisième nuit, quand l'obscurité revint, Frank Little se remit à avoir peur.
Peur des voleurs, de ces saletés d'insectes, de la nourriture empoisonnée, des fantômes. Peur d'être incapable de parler avec les gens du pays. Peur de passer pour un rigolo aux yeux des gars armés qui se tenait au coin de la rue, à côté du Cine Dorado. Peur de la diarrhée, du rationnement d'eau et des Scorpions. Peur du plan de la ville et de ne rien comprendre. Peur d'avoir une crise cardiaque. Peur parce qu'il était seul et plus tout jeune. Et surtout il avait peur de dormir.
Si on pouvait appeler ça dormir. Quand la nuit dégoulinait sur Managua, l'obscurité semblait bourdonner, et la seule chose que Franck pouvait faire, c'était de s'allonger sur le lit étroit de sa pensión, accablé de chaleur, entièrement nu, tartiné de crème anti-moustiques. Il avait l'impression d'être une volaille au four, rôtissant dans son jus, il priait, avalait de grandes lampées de gin tiède, respirant l'odeur de sa sueur, et il attendait que la lumière finissent par revenir pour rendre aux choses un aspect presque compréhensible.
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Eleanor descendit, elle était bizarre. Frank lui montra le laissez-passer. Elle hocha la tête, l’air absent. Elle dit qu’elle serait prête à l’heure. Il s’était attendu à la trouver impatiente, mais ce n’était pas le cas. Il était sur le point de lui faire une remarque mais il se retint. Elle était bizarre, c’est tout. C’était l’effet de la tension permanente. C’est pas un crime d’être bizarre.
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On ne demande pas à quelqu'un qui se noie s'il a envie d'être secouru : on se jette à l'eau.
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Parfois, c'est ça aussi , l'amour: laisser partir ceux qu'on aime.
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Il était épuisé. A l'intérieur de l'hôtel, rien ne bougeait. Tout était silencieux. On n'entendait que le bruit de la pluie. Il eut l'impression d'être le dernier survivant sur la terre. Il ferma les yeux et attendit en écoutant le bruit de la pluie. (p.472)
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Joseph O'Connor commente son roman, "Muse".
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