Martin et Ellen sont deux écorchés vifs qui se rencontrent par hasard à Dublin. En partageant leurs failles, en mettant en commun leurs faiblesses, ils vont, à deux, trouver la force pour aller sur la péninsule d'Inishowen tout au nord de l'Irlande. C'est le lieu où chacun va pouvoir faire face à ses blocages, affronter enfin la réalité.
Joseph O'Connor nous emmène avec Martin et Ellen, nous fait suivre leur périple et partager leurs sentiments. Il a crée deux personnages terriblement humains, tellement vrais qu'ils nous émeuvent profondément.
Dès que j'ai embarqué dans cette histoire, je n'ai plus lâché le livre. J'ai aimé Martin et Ellen, mais aussi les personnages secondaires. J'ai aimé voyager avec eux et découvrir l'Irlande, ses paysages magnifiques, son climat, sa situation politique. Le tout sous la conduite de ce merveilleux guide qu'est Joseph O'Connor.
Mais...
Mais...
Mais quoi donc ?
Ce qui est écrit plus haut reflète mon impression de lecture jusqu'à la page quatre cent seize. Et le hic, c'est que le livre en compte cinq cent dix-huit.
Les cents dernières pages m'ont laissée totalement perplexe. J'ai eu l'impression qu'elles ne faisaient pas partie du livre, qu'elles étaient là par erreur. Erreur de l'éditeur qui s'était trompé lors de la fabrication, ou erreur de l'écrivain qui avait interverti deux manuscrits. Mais en tout cas, la fin de l'histoire ne va pas du tout avec le début. Ni l'action ni le ton ni l'atmosphère ne sont compatibles avec tout ce qui précède. Un voyage en avion complètement grotesque arrive comme un cheveu sur la soupe, Martin est abandonné en cours de route dans des conditions pas crédibles du tout, et l'histoire finit en queue de poisson. C'est donc toute dépitée que j'ai refermé mon livre.
Commenter  J’apprécie         332
Joseph O'Connor prend tout son temps pour mettre en place ses personnages et pour moi qui voulait ressentir la beauté sauvage de ce coin d'Irlande du Nord , il a fallu patienter bien longtemps , me demandant quand enfin Martin, le policier désabusé et Ellen l'américaine à la recherche de ses origines irlandaises allaient se rencontrer et passer aux choses sérieuses : ne nous avait-on pas annoncer une belle histoire d'amour ?
L'approche que fait l'écrivain de l'Irlande est sans fioritures, son climat rude avec la pluie ou la neige qui n'en finissent pas, les tensions politiques dans les années 1994-1995 , période où se déroule l'action , la lourdeur du catholicisme ancienne époque ( ancienne quoique ... ) où les filles enceintes avant le mariage allaient accoucher loin de leur famille et des voisins , c'est une atmosphère créée qui surajoute à la détresse et à la solitude de Martin et Ellen , qui les rapproche et nous rend la naissance de leurs sentiments plus crédibles .
Mais pourquoi a t'il fallu tout gâcher avec une dernière partie totalement étrangère au reste du roman, comme si l'auteur avait voulu saborder son propre navire .
Commenter  J’apprécie         171
"Dieu ne nous abandonne jamais, disait le prêtre. Il y a des gens dans cette assemblée qui oublient Dieu tous les quinze jours. Mais Dieu ne se détourne jamais de nous. Il est fidèle. Le temps ne compte pas pour lui. Il est un peu comme l'inspecteur des impôts. On peut tenter de lui échapper mais à la fin il vous rattrape..."
Elle prit son paquet dans la poche de son jean, alluma une cigarette et soupira de satisfaction à la première bouffée.
- C'est ça, aspire fort et avale bien la fumée !
- Ouais.
- Explose-toi bien les poumons pendant que tu y es.
- Ben, ouais.
- Tu devrais peut-être déjà en allumer une pour quand celle-ci sera finie. Parce que, tu sais, les cow-boys de Marlboro aiment beaucoup ton argent.
Les hommes se servent parfois du vocabulaire de la chasse à propose de l'amour. Mais ils ont tort, pensait Amery. C'est plutôt la comparaison avec la pêche en mer qui s'impose. On balance l'hameçon. On se cale dans son siège. On attend que ça morde. On tourne frénétiquement le moulinet comme si son salut en dépendait. On s'assure que tous les copains ont bien vu la prise et on la rebalance immédiatement à l'eau.
- Je ne suis pas gros, Ranj. Il n'y a jamais eu de gros dans ma famille.
- Tu sais, c'est comme chez les Bates, il n'y avait jamais eu de psychopathes avant l'arrivée du petit Norman.
Pendant tout le dîner, la conversation fut un peu trop contrainte. L'endroit était trop guindé. Il y avait des nappes somptueuses et des cristaux. Les serveurs se déplaçaient avec une discrétion pleine de tact comme des machinistes changeant de décor dans le noir. C'était l'endroit idéal pour commencer une liaison, pas pour y mettre fin.
Joseph O'Connor commente son roman, "Muse".