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3,78

sur 138 notes
« Les histoires de fées, ça permet d'enrober de merveilleux les vérités que l'on ne veut pas affronter. »

Des pluies de crapauds, des animaux mutilés, une ambiance glauque et pesante, le roman d'Adeline Fleury ne fait clairement pas dans la légèreté ou le conte de fées à la Walt Disney.

Moi qui habituellement n'aime pas les récits trop sombres et violents, j'ai pourtant été happée par cette histoire mystérieuse, étouffante et qui révèle peu à peu certains de ses secrets. Toujours à la frontière entre réalisme et fantastique, le roman brouille subtilement les repères du lecteur qui ne sait pas dans quel sens le récit va basculer. Cela maintient un sentiment inquiétant mais surtout captivant tout au long de la lecture.

« le ciel en sa fureur » est avant tout un roman d'atmosphère. Dans cette petite bourgade reculée, la vie quotidienne est difficile (sauf pour « ceux du lotissement »), les contes et légendes y ont une place importante, on fait encore appel à des rebouteux et les sorcières et les fées sont là, tapies dans les méandres. Au-delà de son mystère c'est avant tout l'impression permanente de touffeur et d'étrangeté qui domine le récit. Une ambiance poisseuse, dans laquelle la violence n'est jamais loin et que la plume d'Adeline Fleury dépeint à merveille.

« Elles avancent dans le brouillard à l'aveugle et avec une sensation d'irréalité. L'air est de plus en plus poisseux, les marécages sentent le rance, un mélange d'odeur de varech et de poisson avarié. Parfois, quand le vent tourne, il apporte des remugles de la grève vaseuse située de l'autre côté des dunes. le silence saisit les deux femmes ; les moutons ne bêlent plus. »

Au milieu de cette noirceur, il y a heureusement quelques personnages qui apportent un peu de lumière et de sensibilité au récit, telles les deux figures féminines principales : Julia la vétérinaire et Stéphane la maréchal-ferrante. Elles sont parmi les rares à ne pas être nés dans le village et y à avoir grandi et portent ainsi un regard différent sur les superstitions et les légendes de la région dont elles sont moins imprégnées. Seul petit regret, certains personnages ne sont qu'esquissés et auraient peut-être mérités plus d'épaisseur, plus de présence dans le roman.

Je remercie Marie-Laure (Kirzy) et Chrystèle (HordeDuContrevent), sans leurs billets je n'aurais sans doute pas lu ce roman à l'atmosphère si singulière et plutôt éloignée de mes lectures habituelles.
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"Le Ciel en sa fureur" d'Adeline Fleury (Les Éditions de l'Observatoire, 2024) est un récit dont l'intrigue possède un potentiel indéniable. Dès les premières pages, on est au seuil d'une histoire qui prometteuse. Malheureusement, l'exécution souffre de plusieurs défauts qui m'ont empêché de m'immerger pleinement dans le roman ; la promesse n'est pas tenue.

L'intrigue est, sinon ruinée, du moins freinée par des passages descriptifs qui m'ont paru superflus et sans réel impact. de plus, j'ai été agacé par une ambiance pseudo-intellectuelle, qui transparaît tout au long du livre, donnant l'impression d'une certaine arrogance et d'une propension à la bien-pensance.

Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, ni à ressentir de l'empathie pour leurs destins. Leurs interactions m'ont semblé artificielles, et cette impression a été renforcée par la mention inutile de références telles que Gérard Depardieu et "Les Valseuses", qui ressemble davantage à un coup de griffes qu'à une nécessité narrative.

En conclusion, "Le Ciel en sa fureur" est une lecture qui n'a pas du tout convaincu, gâchée par un ton qui se veut intellectuel mais qui, en réalité, dessert l'histoire et ses personnages.

Michel


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J'ai adoré plonger dans ce roman d'atmosphère et de légendes normandes. Je ne suis pas normande, je ne connais rien aux légendes locales, mais j'ai aimé les découvrir.

J'ai aimé Marie, la mère de l'enfant-fée blond. Un petit garçon en marge qui connait tout sur tout, y compris les secrets anciens.

J'ai aimé la Vieille, la mère du p'tit Jojo, le précédent enfant-fée, mort tragiquement alors qu'il n'était pas encore adolescent.

J'ai aimé la grande Stephane, la maréchal-ferrant qui habite dans l'ancienne maison des soeurs qui cachaient un bien terrible secret.

J'ai aimé les paragraphes en italiques qui donnent la parole au Géant.

J'ai souri lorsque les gendarmes, les deux courts sur pattes, apparaissaient dans le récit.

J'ai aimé le journaliste Battut, ancien enfant du village, qui a peur des limaces après en avoir trop avalé de force au pensionnat.

Je n'ai pas aimé la fillette du pavillon numéro 13 : sa façon de diriger la bande des enfants du Lotissement, de les maltraiter parfois.

J'ai aimé les animaux qui peuplent le récit : les orvets, les limaces, les chevaux et les animaux de la ferme, les rapaces. J'ai aimé la nature omniprésente : ses vallons, la mer pas loin.

J'ai aimé que le roman s'ouvre sur une pluie de grenouilles.

J'ai découvert les goubelins et quelques légendes normandes.

J'ai tout aimé dans ce roman : les personnages et le décor, le méchant et les témoins qui ont fermés les yeux.

Un roman d'atmosphère qui m'a envoûté.

L'image que je retiendrai :

Celle de la Grotte aux fées où se rend la mère du p'tit Jojo pour parler avec lui une fois l'an.
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Il y a déjà cette couverture sublime. Puis le titre et le résumé de l'éditeur. Il y a cette atmosphère que l'on ressent dès les premières pages : une ligne entre la boue et le ciel gris sur laquelle s'entortille les fils d'une intrigue à dénouer. Les silences accompagnent les regards, les langues taisent les légendes mais l'on sait quand revient le Varou. L'air charrie l'odeur du sang des bêtes abîmées, des pleurs dans la cave, des ombres que l'on devine. Ce livre ne sera décidément pas ordinaire.

La Normandie souffle ses secrets dans cette petite ville du bord de mer où les fées échangent encore les enfants, où l'on danse près des fontaines cachées dans des grottes, où la Vieille barre les mauvais maux. La lecture prend aux trippes, bouscule ne s'embarrassant d'aucun tact : un mot est un mot, la mort y est vraie, les peurs et les plaies réelles.

Roman sans concession, sombre et fascinant, « le ciel en sa fureur » ne peut laisser indifférent.
Il enveloppe jusqu'à la dernière page.


Lien : https://aufildeslivresbloget..
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Un conte fantastique qui s'appuie sur une réalité solide à la campagne avec des personnages bien campés qui sont confrontés à des légendes normandes, convoquant le Varou, les goubelins et les enfants-fées, qui alimentent le récit. Un roman envoûtant, magnétique et haletant par sa construction et son intrigue en forme de polar.
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Coup de coeur 2024 !
Dès les premières pages, l'ambiance est oppressante, tendue. le lecteur tourne les pages, impatient de comprendre et connaître la réalité de ces phénomènes bizarres…

Un petit village dans le Cotentin. Des habitants, et notamment, « ceux du lotissement, parce qu'ils ne sont ni paysans, ni citadins. (…) parce qu'ils n'ont pas vraiment d'identité, parce qu'ils se ressemblent tous. Les mêmes maisons à un étage, à la façade beige déjà salie par les embruns. »
Une pluie de crapauds s'abat sur leurs maisons. L'Apocalypse ?...
Le petit garçon, d'une ferme voisine est regardé avec méfiance : « Comme si le gosse annonçait des malheurs. ». Un gamin à part, un enfant-fée… Comme le p'tit Jojo mort à 10 ans…

Les personnages participent au malaise ambiant, parfaitement campés et crédibles.
Deux jeunes femmes indépendantes, nouvelles dans ce village : Julia, la véto, (difficile de se faire accepter en tant que femme vétérinaire) et Stéphane, « la grande Stéphane », la maréchale-ferrante.

Le Vieux et la Vieille. Elle, est rebouteuse. « Cette femme-là n'est pas simplement humaine, elle est animale, végétale, minérale, elle est la vie. »
Dans leur maison sombre et crasseuse (ils s'en fichent) trône la photo de leur enfant, le p'tit Jojo, « un enfant-fée » qui s'est fait tuer par une voiture quand il avait à peine 10 ans… On a l'impression que personne n'a cherché à connaître la vérité, le nom du chauffard qui a percuté mortellement l'enfant…

Marie Levavasseur, l'épouse résignée d'un éleveur et maman de ce petit garçon à part, dans sa bulle : « Il est doué pour tout sauf pour les relations avec les autres, il trouve les autres enfants lents et inintéressants, son frère débile et les adultes médiocres. (…) Hubert et Marie pensent que (..) leur gamin n'est pas fou, juste différent. » Un enfant-fée. Comme le P'tit Jojo… Des enfants qui suscitent le malaise…

Là-dessus, un étalon empoisonné est atrocement mutilé et des poules sont saignées. Ce n'est, ni le chien, ni le renard… « Seul un être humain est capable d'une telle sauvagerie. »
Mieux vaut croire à la malédiction du Varou, que de se poser des questions sur les vivants et les morts inexpliquées …

Guillaume Battut, qui a fui le village, après avoir été harcelé adolescent, revient, envoyé par sa rédaction pour enquêter. Il connait bien les habitants et la mort du P'tit Jojo, jamais élucidée, l'obsède encore…

Un huit-clos rural, sous forme de conte envoutant, pour traiter de thèmes intemporels : la différence, le handicap qu'il faut occulter, l'exclusion, la souffrance, la soumission des faibles aux personnes influentes, et la lâcheté du silence.

Un scénario parfaitement maîtrisé porté par une écriture puissante, inspirée, précise et juste, dont les personnages continuent de hanter la mémoire bien après avoir tourné la dernière page.

Une belle réussite, dont le thème est assez proche d'un roman qui représente encore pour moi, l'un des meilleurs de la littérature actuelle : « le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel.
A découvrir et à savourer, sans aucune modération !

Lu dans le cadre du Prix Orange 2024.
Merci à lecteurs.com et aux Editions De l'Observatoire de m'avoir fait découvrir cette pépite.

Instagram : commelaplume

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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Une fois le roman ouvert, je n'ai plus pu m'arrêter de le lire tant l'histoire est intense, les personnages denses et tant l'ambiance générale angoissée de ce village a fini par me gagner. Lu d'une traite, je me suis totalement immergée dans ce village où coexistent ceux du lotissement et les autres, ceux de la campagne, qui vivent au village, ceux qui y vivent depuis toujours comme les jumeaux Augustin et Antonin, ceux qui ont voulu le quitter mais sont revenus comme les amies inséparables Sylvie et Marie et ces deux femmes Stéphane et Julia, nouvellement installées au village. Ces deux dernières ont fui la Grande ville. Elles n'ont pas les codes et elles seront embarqué malgré elles dans des mystères haletants et dangereux. Ces secrets que personne ne veut voir ressurgir et que tout le monde dissimule dans des affres métaphysiques.
La trame serrée de ce roman ne m'a pas laissé un moment de répit et j'ai totalement embarqué dans ce récit tissé d'ambivalence grâce à l'évocation des légendes normandes où les fées côtoient les géants ou les hommes-mouton par exemple.
J'ai beaucoup apprécié que le récit soit situé en Normandie car cela permet de tisser une histoire autour de ces légendes peu connues. Je ne les avais jamais lues ailleurs que dans ce roman.
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Légendes, secrets, rural.
Des animaux sont tués de façon atroce. Deux jeunes femmes: Julia, vétérinaire et Stéphane, maréchale-ferrante vont essayer de comprendre ce qui se passe dans ce village au passé trouble et où les légendes et les croyances sont au coeur du village.
L'ambiance est oppressante, sortie d'un conte et légendes de Normandie. C'est dérangeant, déroutant et le sentiment de peur est présent.
Rien n'est laissé au hasard: le paysage, la description des maisons, les personnages. J'ai l'impression d'être entre un roman de Cécile Coulon et de Marie-Hélène Lafon. Deux autrices que j'aime beaucoup.
Les monstres et les fées tournent autour de nous. La méchanceté humaine est bien réelle, la non- compréhension de l'autre différent aussi.
Beaucoup de réflexions à travers ce livre palpitant et dramatique.
Superstition.
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Idée plaisante à l'origine de ce roman étrange : fées et autres légendes du Cotention, personnages de brume et de pluie, réalisme magique (que j'ai souvent apprécié chez des auteurs sud-américains) et me voilà partie pour une lecture fantastique ! Eh bien non ... récit décousu, un mystère à élucider qui n'en est pas un et malgré une jolie plume, on patauge dans la boue. Nous sommes ici dans une tragédie avec cruauté et vengeance gratuites, volonté claire de faire du mal et d'anéantir le bien. Ce monde sauvage et rugueux vous agresse et vous éloigne rapidement de toute tentative de rêver à quelque chose d'étrangement poétique.
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Ce roman ne se contente pas de raconter une simple histoire peuplée de légendes et de croyances avec une touche de fantastique. Il fournit tous les ingrédients nécessaire à la construction d'un secret grâce à la complicité des habitants d'un village. Chaque habitant est devenu à sa manière le gardien du secret.

Il y a d'abord la rebouteuse dite"la vieille". Elle est née avec le don de soigner. Femme respectée mais surtout crainte dans le village. Avec elle, le secret va se transformer en conte de fée.

(...)"La vieille lui dit qu'il faut toujours croire aux fées, et qu'il y a des fées filles et des fées garçons, le p'tit Jojo était possédé par une fée depuis sa naissance. Que la fée Jojo vit désormais au creux de la falaise dans une grotte où s'écoule une petite cascade qu'on appelle la fontaine aux fées. (extrait p.46)

Il y a Marie et Sylvie. Enfants, elles ont été témoins du drame. Mais les adultes responsables du secret les ont menacées pour qu'elles taisent la vérité.

Les habitants se sont habitués aux étranges cris qui hantent parfois leur village, et ont appris à taire leur soupçon. On préfère cultiver le secret plutôt que de révéler l'indicible. surtout quand ce secret concerne des personnes influentes du village comme l'ancienne institutrice qui a éduqué plusieurs générations et le curé qui détient une autorité particulière en s'occupant des âmes du lieu.

Deux nouvelles arrivantes vont bousculer cet équilibre. Julia, la vétérinaire remplaçante, et Stéphane, la nouvelle maréchale-ferrante, suscitent la curiosité des villageois par leurs métiers et leur mode de vie peu conventionnels. Elles ne partagent pas les croyances traditionnelles du village mais sont confrontées à des évènements troublants. Un autre personnage clé est Guillaume, un natif devenu journaliste, qui revient enquêter sur des animaux morts dans le village.​​​​​​

Puis, il y a le décor où se déroule ce drame : le village, véritable monde ancestral. Chaque habitant y hérite, préserve et retransmet à sa manière, l'histoire et les secrets de la communauté. Leurs enfants sont les futurs héritiers et gardiens de la tradition. le lien social qui les unit est très fort.

Et pas loin du village, un agglomérat de maisons neuves qu'on appelle "le lotissement". C'est un lieu sans fondement, sans racine et sans héritage. "Les gens du lotissement" arrivent d'ailleurs et travaillent à la ville. Ils n'ont pas de liens avec les villageois. Leur mode de vie est différent, c'est celui de la modernité, où tout semble propre, lisse et sans aspérité.

Dans ce territoire évolue évidement des enfants. On interdit aux enfants du lotissement de fréquenter ceux du village. Mais certains vont transgresser les interdits et se rencontrer. ces enfants, ainsi que Julia, Stéphane et Guillaume, vont involontairement rompre l'équilibre révélant ainsi le terrible secret, longtemps dissimulé derrière un voile d'histoires fantasmagoriques.

J'ai aimé ce roman qui explore avec beaucoup de finesse, l'opposition entre le monde rural symbolisé par le village qui représente les temps anciens avec des valeurs enracinées dans la terre et la communauté, les liens entre les villageois sont forts et authentiques. En opposition, le lotissement incarne la modernité, le changement rapide. Les habitants du lotissement ne se connaissent pas entre eux. Leur vie est centrée sur leur travail en ville faisant de leur maison un simple lieu de passage qu'il quitte chaque matin pour le retrouver le soir. le lotissement est un espace de résidence plutôt qu'un lieu communautaire.

"Le bruit en sa fureur" est un roman étonnant et original. Il y a bien sur cette histoire étrange qui est captivante mais il incite aussi à la réflexion sur notre époque.
Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
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