AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 368 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De Marion Fayolle, l'on connaissait jusqu'ici surtout les dessins, dans la presse et dans ses bandes dessinées récompensées au festival d'Angoulême. Son premier roman révèle un vrai bonheur de plume et un auteur aussi doué avec les mots qu'avec le crayon pour nous saisir de ses mémorables images.


Ce sont les souvenirs d'enfance, lorsque la jeune Marion n'avait de hâte que de quitter l'étroit logement familial de la vallée d'Eyrieux, en Ardèche, pour rejoindre, là-haut, la ferme et les « bêtes » de « pépé » et « mémé », qui nourrissent cette histoire, une ode à la ruralité et à une époque révolue, quand les générations cohabitaient dans une existence tout entière organisée autour des animaux. « Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s'occupe des bêtes à l'étable. » Certainement pas paradisiaque mais hérité du fond des âges, l'immuable quotidien est simple, souvent rude. Les tempéraments aussi, volontiers taiseux mais débordant d'une humanité généreuse et directe, à l'image de la mémé donnant à l'orphelin engagé sur la ferme, « en un seul repas, tout l'amour qu'il n'a jamais eu, comme pour corriger l'injustice. »


A sa façon simple et directe elle aussi, en une économie de traits si justement et joliment croqués qu'ils en dessinent des silhouettes saisissantes de vie et de vérité, la narration qui, centrée sur des noms génériques – la mémé, l'oncle, la gamine, le gosse, les anciens… – prend un caractère universel en semblant parler de tout le monde, raconte les liens entre les générations, le rapport au temps, au paysage et aux bêtes, tout un mode de vie rattrapé par la mort et la modernité jusqu'à disparaître progressivement. Déjà différente de ceux restés là-haut à demeure, l'enfant palote à l'appétit d'oiseau, à la constitution trop frêle et à l'imagination poétique a beau sentir ce terroir couler dans ses veines, elle n'en quittera pas moins ces lieux et ces racines, à la recherche d'un nouvel équilibre dont les ellipses du récit laissent mélancoliquement deviner les manques et les fêlures.


Une bien jolie révélation que cette nouvelle plume si naturellement chantournée qu'elle ne manquera pas de mener bien des lecteurs au coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          11726
Marion,
permettez-moi de vous écrire ces quelques lignes pour vous remercier des moments de bonheur que vous m'avez offerts. Votre roman ne comporte que peu de pages, c'est mon seul regret. Mais peut-être avez-vous raison, le beau se doit d'être rare. Votre écriture m'a transporté. J'imagine tout le temps que vous avez dû passer pour que chaque mot, chaque phrase touche à ce point votre lecteur. Hommes, bêtes, nature, tous se mélangent, s'entremêlent dans un récit d'une poésie rare. Vos personnages n'ont pas de nom, quelle importance ! Ils sont si vivants. Je n'évoquerai pas le sujet de votre livre, d'autres le feront mieux que moi et puis à trop en parler je craindrais de l'abîmer. Vous êtes mon premier coup de coeur de cette nouvelle année littéraire. Votre roman est à offrir aux gens qu'on aime.
Commenter  J’apprécie          8310
Ils sont la somme de ceux qui les ont précédés, héritiers des traditions, des secrets et des non-dits qui se tissent au fil des générations. Ces "petitous" se mêlent au monde avec l'insouciance de ceux qui n'ont pas encore vécus, mais porteurs déjà de leurs racines et de tout ce qui les constituent. Parmi eux, il y a la “gamine”, celle qui doit apprendre à vivre avec les bêtes qui se déchaînent en elle, sous le regard irrité de la mère mais avec la bienveillance de la mémé. Petite fleur sauvage qui pousse entourée de garçons, partageant leurs jeux et leurs aventures jusqu'à ce que les formes se dessinent sur les corps et que les jeux changent…

Voici un bien joli roman, plein de poésie, de délicatesse mais aussi de rudesse pour dire le quotidien de la vie à la campagne et le travail à la ferme, rythmé par la répétition, l'entretien des bêtes, le dur labeur qui tasse et fait se courber l'échine. Récit d'une vie à l'ancienne, où l'on vit tous ensemble, sous le même toit, où l'on prend soin les uns des autres, accompagnant les plus vieux jusqu'à la mort, veillant sur les plus faibles, accomplissant ses obligations par devoir, sans jamais faillir. Une vie de sacrifices, de labeur et de don de soi trop ingrate pour attirer la jeune génération, qui aspire à davantage de liberté et de légèreté, fuyant peu à peu ces campagnes désolées au profit des villes.

Un roman qui tait les noms des lieux et des gens, pour favoriser l'universalité de cette voix qui s'ancre dans le milieu rural, où la vie est modelée autour des odeurs d'étable et du bruit des bêtes, des sons que l'on sait reconnaître et interpréter tant les liens sont forts. Un monde qui signe sa fin quand vient le silence et qu'alors ne reste plus que le chagrin et le souvenir de ce qui n'est plus… C'est beau, c'est juste, c'est touchant et le résultat offre un premier roman tout à fait réussi !
Commenter  J’apprécie          460
Marion Fayolle est dessinatrice et autrice de romans graphiques. Jusqu'à maintenant le dessin est son expression. Pourtant le sujet qu'elle veut aborder lui semble ne pouvoir être exprimé par des dessins.
Marion Fayolle a donc écrit son premier roman du même bois " et c'est une réussite totale.
J'ai eu la chance de rencontrer Marion Fayolle à La fête du livre de Bron en mars. sa dédicace dit tout :
" Belle promenade dans mes paysages"
et puis un dessin simple : Des nuages et une ligne de montagne pour horizon Une fois le dessin tourné à 90 degrés apparaît un visage.
Nous sommes en Ardèche , sur le plateau, aux confins des sources de la Loire.
Nature, hommes et animaux s'entremêlent dans un court récit magnifique au tour de trois générations d'ardéchois. Et chacun sur ce plateau ardéchois fait partie du cycle perpétuel de la vie, de la mort et de la transmission. La vie et la mort imprègnent les hommes, les femmes mais aussi la pierre, la montagne, les animaux de la ferme.
Marion Fayolle nous raconte avec justesse, émotion et empathie l'histoire d'une ferme, de ces hommes ,de ces femmes et de ces enfants. Il n'y a pas nécessité à les nommer. le pépé, la grand-mère, le gamin, l'oncle, le père, la fille suffisent pour nous dire :
"Les enfants, les bébés, il les appellent les "petitous". Et c'est vrai qu'ils sont des petits Touts. Qu'ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-, parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu'ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout.
Du même bois.
Lien : https://auxventsdesmots.fr
Commenter  J’apprécie          311
J'ai adoré ! J'ai dévoré ce livre et les frissons ne m'ont pas quitté avant la fin du livre. J'ai aimé sa poésie et les thèmes abordés comme la famille, la ruralité, la transmission et nos rapports aux bêtes.
Je trouve que le passage de la bande dessinée à la littérature est réussi pour Marion Fayolle qui a su m'embarquer facilement dans ce roman.
Commenter  J’apprécie          250
Tout est à égalité, bêtes, murs, personnes, enfants, tous du même bois en quelque sorte. Tout se mélange et s'incorpore. Une même vie dans un même corps de ferme, avec les plus jeunes à gauche, les vieux à droite, et, au milieu, l'étable. Ils n'ont pas de noms, ni même de prénoms, ils sont seulement le Pépé, la Mémé, l'oncle, la fille, la gamine, l'orphelin, les enfants, le petitou, les vaches, les veaux, le chien, la poule faisane. Et aussi le frère du pépé et Papi, que l'alcool a emportés et qui reposent en paix.
Tout est lié, relié à la nature, aux saisons, à l'amour, tout a la même importance. En eux tout ”se chevauche, s'entremêle, se bagarre, se confond, les amours, les idées, les souvenirs”. Les choses et les objets s'animent, les bêtes se personnifient, les êtres s'animalisent. Car tout a une âme dans cette ferme, tout se vit et se transmet immuablement, jusqu'au jour où tout prend fin ou presque. "Le pépé disait toujours que, le jour où il n'y aurait plus de bêtes, ça ne serait plus vivable. Il a eu la chance de mourir avant. Et la mémé répète en boucle depuis que l'étable sent si bon : heureusement que le pépé n'est plus là pour voir ça". La crise du monde rural a eu le dessus et les crises de la gamine n'ont pas laissé de choix.
Marion Fayolle avec des mots simples, réalistes, merveilleusement poétiques, nous ouvrent les portes de cette ferme familiale, les portes de leur vie, de leurs coeurs, de leurs âmes. du même bois, elle réchauffe en nous des aspirations, des regrets, des solidarités, des souvenirs peut-être.
Aucun dialogue ne vient troubler le récit écrit au rythme de la vie paysanne. Sans tirets ni guillemets les paroles s'insèrent à même le texte, elles font partie du tout. Il nous prend alors envie de lire à voix haute pour goûter la musicalité du texte, pour partager la rusticité des personnages, entrer dans leurs habitudes, ressentir leurs différences. C'est tout simplement beau, émouvant, tellement touchant.
Un grand coup de coeur pour le roman du même bois, de Marion Fayolle, un bois brut d'une grande sensibilité et magnifiquement écrit. Un premier roman vraiment très réussi.
Commenter  J’apprécie          244
Dévoré, avalé, englouti, lu d'un trait.
Envoutée. Emue. Ensorcelée. Etreinte par tant de beauté, de poésie brute.
"Du même bois" est un coup de coeur et un coup de foudre tout en finesse et en esquisse, en bouffée de lumière. J'ai tellement aimé!
Ce texte est le premier roman de Marion Fayolle, dont je découvre qu'elle est illustratrice et auteure de bande dessinée et c'est peu dire que c'est une réussite. Quand j'y réfléchis me revient cette sensation de lecture qui me poussait à me dire "C'est étrange et beau, l'auteure écrit en images, comme des polaroïds qui se succèderaient". Voilà donc d'où viendrait cette écriture si picturale, si visuelle... de la maîtrise (magique) des mots et de l'écriture mais sans doute aussi de celle du crayon...
Ce qui m'a poussé à m'offrir "Du même bois", ce fut son résumé: l'Ardèche, une ferme familiale et la cohabitation entre ses murs de pierre de plusieurs générations, la présence des animaux qui m'a rappelé à sa manière l'oeuvre et les romans de Marie-Hélène Lafon que j'adore. Et puis, moi je viens d'un coin qui n'est pas si loin de l'Ardèche, où les fermes étaient (sont encore) légion. C'est de ce monde que je viens, du monde de la Terre. Mes grands-parents et tous ceux d'avant étaient paysans, mes oncles le sont restés et mes parents ont grandi dans une bâtisse de pierre d'où on voyait l'étable et le verger depuis les fenêtres des chambres. J'en suis fière et quand j'y pense, je suis toujours prise d'un vertige, d'une nostalgie qui m'enserre un peu la cage thoracique, qui me noue le ventre. Je ne sais pas vraiment expliquer pourquoi... Pourquoi cette nostalgie d'une époque que je n'ai pas (vraiment) connu? Peut-être parce que j'ai vu mes grands-parents souffrir de l'évolution de leur monde, peut-être parce que mes plus beaux souvenirs, ce sont les grandes tablées d'été dressées sous le pommier du verger? Peut-être parce que je t'ai trop perçu la douleur et l'angoisse parfois de mes oncles qui n'ont rien des grands céréaliers de la Beauce avec leur petite exploitation, qui sont bien plus (mais vraiment bien plus!) "Conf'" que "fdseaé? Peut-être parce, tout simplement, ce monde là coule en moi, malgré tout et pour toujours? Quoiqu'il en soit, comme je suis toujours attirée par les ouvrages de Marie-Hélène Lafon qui sont par ailleurs toujours écrits d'une plume sublime, j'ai été attirée -papillon par la flamme- par celui de Mario Fayolle. J'en suis heureuse.
"Du même bois" est court (trop!) et raconte la ferme familiale en Ardèche, les trois générations qui y cohabitent, les vaches et les génisses, la terre, les souvenirs d'enfance. Il raconte surtout la famille, les membres de la tribu qui ne sont jamais nommés mais contés, chapitre après chapitre, grâce à la place qu'ils occupent dans la lignée: le "pépé", la "mémé, "la petite"... Pas de récit à proprement parler mais des instantanés qui brossent subtilement le tableau d'une vie âpre, simple, difficile parfois mais belle à sa manière. C'est l'histoire d'un mode de vie un peu révolu aujourd'hui où l'on vivait tous sous le même toit, d'un mode de vie qui suivait le rythme des saisons et qu'on pensait immuable. C'est celle de toutes ces vies simples, souvent laborieuses, celle des taiseux toujours plus démonstratifs avec les animaux qu'avec leurs semblables, celle des généreux qui remplissent les assiettes avec tellement d'amour que parler en deviendrait superflu. C'est une ode nostalgique, un peu mélancolique même à la ruralité.
Et c'est beau, c'est beau parce que la langue, le style de Marion Fayolle sont à la fois poétiques et saisissant et parce qu'ils épousent incroyablement bien le caractère de ce qu'elle raconte: économie de moyen, pureté et rythme de la syntaxe, écriture qui chante tel un ruisseau et peut-être comme l'Eyrieux, croquis pris sur le vif... Aucune fioriture mais des mots en esquisses choisis qui peuvent se dire à voix haute et qui vont à l'essentiel, la grâce en plus.
Commenter  J’apprécie          224
Un roman qui raconte la vie à la campagne, la cohabitation heureuse avec les animaux, l'étable se trouvant située entre la maison des jeunes et celle des aînés avec un glissement progressif de l'une vers l'autre. Une continuité générationnelle sous le même toit où chacun a le souci de l'autre. Une vie pleine de labeur racontée avec poésie et délicatesse. Un vrai plaisir de lecture !
Commenter  J’apprécie          210
Dans ce corps de ferme, tout le monde vit ensemble, les petitous, les jeunes, les vieux, avec les bêtes et la solidarité comme trait d'union pour tenir chaud à tout le monde. On change simplement de place avec le temps, aile gauche aile droite, avant de retourner à la terre. La vie et la mort se regardent en face, sans faux-semblants. On s'aime avec pudeur, parfois sans mots. Juste avec les gestes. Un bol de soupe vaut plus qu'une pluie de mots. Ici, on sait cette évidence. Personne ne reste sur le bord du chemin. Tout le monde a droit à ce grand tout, rude et simple. Même ceux qui ont des bêtes dans le cerveau.

Un roman terriblement généreux.

Une plume époustouflante.
Commenter  J’apprécie          160
Un premier roman de très grande qualité. Court, percutant à la fois intime et universel.

Dans cette ferme qu'on devine dans la Haute-Loire, dans ce coin reculé, isolé l'hiver par la neige et le gel, vit une famille. Et ce depuis des générations. Et à côté des humains, avec eux, entre les deux habitations, vivent les vaches. C'est la vie dure et silencieuse des éleveurs, la vie rythmée par le labeur quotidien, par les naissances et par les décès. C'est la vie dans laquelle arrive la gamine, comme on l'appelle. Y'a la mémé, fripée mais encore active, le pépé, le frère du pépé, le père, la mère, l'orphelin récupéré par la famille, tous taillé dans le même bois. Tout ce petit monde vit ensemble, avec pour voisinage d'autres familles qui vivent comme eux. Mais ce mode de vie rural et montagnard qui a transcendé les générations est-il voué à se perpétuer encore et encore ?

Marion Fayolle nous montre des caractères. Et avec quelle maîtrise elle le fait ! C'est vite lu mais c'est riche, c'est creusé, c'est évocatif. L'art de raconter est ici au service de l'oeuvre. On plonge complétement dans cet univers.

Bref, un coup de coeur pour cet excellent livre.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          150




Lecteurs (965) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..