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sur 369 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La porte de la maison claque, puis celle de la voiture, voiture qui s'éloigne de la ferme ardéchoise pour toujours. Aucun jeune n'a voulu la reprendre, la ferme, trop de travail, plus de vacances, des journées à rallonge. Alors, la mort dans l'âme, il a fallu se résoudre à vendre et se détacher de sa propre histoire.
Le pépé, la mémé sont morts, bientôt il n'y aura plus pour se souvenir que les photos Mais les photos sont incomplètes, elles sont trop lisses, sans odeurs, peinent à restituer les douleurs et les petites joies…
Marion Fayolle connue jusqu'à présent en tant que dessinatrice signe là son premier roman. Elle a besoin de mettre en mots ce qu'il lui semblait impossible, cette fois, de mettre en images.
La ferme est là dans sa tête, avec ces vaches auxquelles le pépé et la mémé ont tout sacrifié. Mais bon, qu'auraient-ils bien pu faire d'autre à la place ? Pas grand-chose, cette ferme c'était toute leur vie, mais aussi celle de leurs parents, grands-parents, arrière-grands-parents…
Un style brut, rugueux en accord avec le milieu dépeint, dur, les lapins qu'on dépèce, les hommes qui boivent bien plus qu'il ne faut. Les vieux taiseux qui ne savent pas y faire avec les sentiments. Alors on fait les choses ensemble, on équeute les haricots verts, plutôt que se dire je t'aime.
L'ensemble agréable est cependant décousu, manquant parfois de liant, un peu comme des cases de BD qu'on n'aurait pas pris le temps de bien enchainer les unes aux autres. L'absence de prénoms m'a comme d'habitude agacée, les personnages ne sont désignés que par la mère, le pépé, la mémé. La gamine (la narratrice) se retrouve ainsi toujours nommée, passé trente ans, même quand elle devient mère à son tour.
Un regard sur la ruralité qui se meurt intéressant, assez agréable à lire mais qui n'apporte rien de très nouveau non plus.
Je l'ai surtout ressenti comme un cri d'amour de Marion Fayolle à ses racines, sa famille, même si ses portraits parfois vachards ne feront pas sûrement pas plaisir à tout le monde.
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Une grande originalité de ton pour ce roman, qui met en lumière la vie simple d'une famille, trois générations sous le même toit. Pour une vie humble, un labeur difficile et sans relâche, avec les regrets que personne ne reprenne le flambeau.

Une famille unie dans l'adversité, un fils dont la différence s'intègre sans aucun obstacle dans la vie quotidienne de la ferme, une « môme » recueillie à la suite du décès de ses parents, et le sentiment de la fin d'un mode de vie. le récit n'est pas daté et les lieux restent ignorés, mais le texte touche à l'universel, débarrassé de tout ce qui fait l'artifice de nos vies contemporaines.

A lire lentement, au rythme du quotidien que ne bouleversent que la naissance d'un veau ou les drames vécus comme autant de fatalités contre lesquelles il serait vain de se révolter.


Découverte d'une autrice à la plume remarquable

105 pages Gallimard 4 janvier 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Les hommes, les bêtes et la nature

Marion Fayolle réussit son entrée en littérature. Servie par une langue poétique, sa chronique de la vie dans une ferme de montagne résonne avec l'actualité la plus brûlante. En partageant le quotidien de cette famille, qui rassemble plusieurs générations sous un même toit, on comprend la difficulté de tenir le cap.

Une ferme familiale, comme il en existe de moins en moins, mais qui dessine nos campagnes. Celle-ci est perchée à quelques encablures de la source de la Loire. Autour du chef de famille et de son épouse, il y a les grands-parents, les enfants et un beau-frère différent. «Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s'occupe des bêtes à l'étable.»
C'est autour de la vie de celle qu'on appellera tout au long du livre la gamine que va se centrer cette chronique pleine de sensualité. Une gamine qui a eu du mal à arriver et qui a une enfance difficile, qui chouine et renâcle, qui ne fait pas honneur aux repas qu'on lui sert. En s'acharnant sur les morceaux de viande, «c'est toute sa famille qu'elle dissèque, qu'elle décortique dans l'assiette. le travail de toute une vie qu'elle abîme, qu'elle recrache, qu'elle n'arrive pas à déglutir, tout cet amour qu'elle refuse d'avaler, c'est ça surtout qui fait mal au coeur.»
Car ici les hommes, les bêtes et la nature vivent en symbiose, avec leurs bruits et leurs odeurs, avec leur instinct et leurs peurs.
L'activité se concentre autour de l'élevage, de l'entretien des bêtes, des vaches qu'il faut aider à mettre bas, des poules qu'il faut nourrir, des repas qu'il faut préparer. Une vie qui ne permet pas de trop s'éloigner ou de prendre des vacances.
Alors la gamine s'évade par un imaginaire puissant qui déroute les siens. Quand elle regarde une vache, elle voit bien davantage que ses taches. Elle s'évade. «Il y a, vers ses hanches, des petites îles, un archipel de taches de rousseur. Personne ne voit que c'est beau, que cette vache, ce n'est pas un vieux torchon sale mais un tableau, une percée sur le monde, une promesse d'évasion.»
Construit autour des chapitres thématiques qui peuvent ressembler à des nouvelles qui disent la gamine, le beau-frère, les bêtes, l'orphelin ou encore la mort, le cimetière et l'héritage, ce roman à l'écriture poétique raconte toutefois avec force détails le quotidien de ces paysans de montagne au moment où leur fin approche, où le cycle de la vie, de la naissance à la mort, va laisser la place au vide. Car continuer à «résister à la solitude et au climat» est devenu impossible.
À l'heure où les agriculteurs reviennent au coeur de l'actualité, ce premier roman éclaire bien davantage la dure réalité de ce métier qui est d'abord un sacerdoce, que des colonnes de statistiques. Mais il dit aussi l'attachement à la terre et la peine que l'on peut éprouver quand il faut la quitter, se séparer du troupeau. Alors résonnent les paroles du pépé Il a souvent répété «que le jour où il n'y aura plus de bêtes, ça ne sera plus vivable.»
Si on peut inscrire ce roman dans la lignée des autres chroniqueurs de famille d'agriculteurs que sont Serge Joncour avec Nature humaine et Chaleur humaine et d'Éric Fottorino avec Mohican, on trouvera davantage de points communs avec Corinne Royer et Pleine Terre et surtout Marie-Hélène Lafon, à commencer par cette écriture qui trouve sa sève dans la poésie. Une référence qui prouve que Marion Fayolle a brillamment réussi son entrée en littérature !
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


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Un très court roman qui se passe dans une grande ferme en Ardèche.
On visualise très bien les bâtiments avec l'étable au milieu et la maison des paysans actuels a gauche, celle de l'ancienne génération à droite, le tout entouré de montagnes.
On voit les vaches au moment de la traite, les vêlages, le moment où on les sort dans les prairies. Il y a un chien, les hommes vont à la chasse. Les enfants ont un immense terrain de jeu et sont très libres.
Mais elle montre aussi la dureté de cette vie, le quasi esclavagisme des agriculteurs qui tous les jours doivent nourrir les bêtes et les traire. Pas de vacances possibles, pas d'ouverture sur le monde extérieur.
Témoignage d'un monde qui disparaît. Tristesse quand on vend les dernières vaches.
J'ai regretté cependant que les personnages n'aient pas de prénom, juste " la mère" la "mémé".
Touchant, juste, poétique. Une belle découverte. le même univers que Marie-Hélène Lafon.
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Du même bois, premier roman de l'écrivaine de roman graphique, Marion Fayolle, parle de la terre. En racontant la ferme de sa famille, sur la terre ardéchoise depuis de nombreuses générations, elle rend hommage à la fois à leur environnement, leur façon de vivre et les relations qui les lient.

Cette terre montagneuse est âpre, ouverte aux vents, au givre des matins froids. Les myrtilles y sont cueillies, du noir plein les doigts. Les châtaignes éclatent au feu des cheminées pour les déguster, plongées dans un bol de lait chaud.

Ce roman raconte une famille, avec ses animaux et ses hommes. Dans cette ferme, ils y vivent, travaillent et y meurent toujours ensemble, sans nom et sans prénom, juste désigner par son rang, dans son hérédité.

Alors, lorsqu'une gamine est disposée à se faire remarquer, elle ne peut qu'éclater toute cette construction, de si longue date établie, à la fois de l'intérieur et, prédestinée pour s'y propulser, à l'extérieur.

Marion Fayolle le révèle en interview : elle fait partie de la première génération d'une famille qui ne reprendra pas la terre. La maison devra être vendue pour poursuivre l'aventure des hommes avec leurs bêtes. Alors, ce sont les mots qui, ici, reprennent la terre pour les immortaliser dans une maison de papier.

La dessinatrice fait des contours de silhouettes et les anime dans son théâtre. Son premier roman graphique est sans mot. Ici deux dessins, un qui ouvre et le dernier qui ferme, ponctuent les chapitres courts. Les personnages rassemblent les anecdotes de plusieurs générations en une seule pour décrire une famille accrochée à sa terre.

Du même bois est un condensé poétique d'un hommage à sa famille à travers la terre et les vaches qu'ils élèvent. Marion Fayolle propose une sorte d'ovni littéraire, comme son dessin, où il faut sentir, voir, écouter et toucher cette terre ancestrale où j'ai retrouvé mes anciens, trop fiers pour se plaindre, trop secs pour pleurer, trop froids pour expliquer mais toujours là pour partager, pour accueillir et pour aimer.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Un retour en arrière, une présentation de souvenirs, à l'occasion de la fin d'une époque, celle de la vie à la ferme, de génération en génération, depuis très longtemps.
La langue est poétique et légère, pour raconter par petites touches, plus suggérées que détaillées, comme un souvenir qui s'efface !
Ce sont aussi les anecdotes qui font de la vie de "la gamine" sur ces hauteurs de l'Ardèche le bonheur dont on se souvient, malgré les accidents de la vie, l'isolement et la rigueur du climat.
Une jolie surprise.

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C'est l'histoire d'un lieu, de ceux qui y vivent quelque temps, d'un mode de vie en train de disparaître. Une ferme familiale. C'est l'histoire d'une transmission qui peine à s'accomplir. D'un lieu qui pourtant se transmet dans les chairs même si les corps s'éloignent. Un lieu dont sont faits ceux qui en viennent. Un lieu raconté par celle qui vit loin mais y est attachée par chaque pore. Une façon de le faire revivre, de conjurer l'oubli, de combattre l'effacement. C'est aussi une histoire de famille, de gènes, de tablées, de silences, de secrets, de labeur, de jeux dans les bois, de premières fois, de destins tout tracés, à moins que. Une histoire toute simple, et pourtant si singulière pour celle qui porte en son sein l'empreinte de ce qui la constitue.

C'est un texte sobre, un peu rugueux à l'image de ceux qui l'habitent. Qui cherche à exprimer l'essentiel. le texte d'une plume habituée aux images, et elle en parsème quelques-unes, habiles ; pourtant le naturel reprend le dessus, le dessin s'installe sur le bandeau qui vient enserrer la couverture, on ne se refait pas. Il y a dans ce texte court beaucoup de place pour les silences, pour l'invisible. le temps qui passe, l'inéluctable et ce qui persiste. Un texte qui dit la nécessaire émancipation, l'éloignement pour cause d'accomplissement de celle qui désormais a le choix. Mais pas le reniement. Surtout pas. Mélancolique juste ce qu'il faut.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Une très belle écriture sert cette histoire
d'une ferme ardèchoise isolée .
Des bâtiments en U, au milieu les bêtes,
à chaque extrémité les paysans actifs d'un côté
ceux à la retraite de l'autre.
C'est comme ça, les veaux naissent
comme les petits d'hommes,
font leur chemin jusqu'à l'abattoir ou le cimetière .
Le récit zoome avec apreté et finesse
sur certains portraits, les odeurs,
les envies, les peurs, les heurs et malheurs
de cette cohabitation immuable.
Il y a la gamine, l'orphelin et une poule faisane
qui vous aimanteront à coup sûr.
Pas de nostalgie mais,
des séquences qui collent à la peau.
Une découverte à partager.
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Dans le genre, je préfère Joncour ou Marie-Hélène Lafon; c'est un premier roman d'une dessinatrice reconnue. La nature est bien présente et on "voit" la ferme avec le logement des vieux séparé de celui des jeunes par l'étable.
Je me suis intéressée à celui qui parait fou et alcoolique, quasiment amoureux d'une poule faisane et à la "gamine".
L'histoire se reproduit de génération en génération jusqu'au moment où plus personne ne veut prendre la relève.
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« du même bois » est le premier roman de Marion Fayolle. En une centaine de pages, elle réussit à donner corps et vie à un monde (presque) disparu : la ferme traditionnelle avec paysans, bêtes, au travail rude et répétitif, aux traditions et relations humaines directes et vraies. L'autrice magnifie l'authenticité de ses souvenirs, de son vécu par une écriture poétique, au style indirect, au vocabulaire concret, débordant d'affection retenue. Chacun est à sa place (les « petitous », le pépé, la mémé..), dans le cycle des générations qui maintient une permanence… aujourd'hui bien menacée. Un beau livre, une autrice à suivre.

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