En parlant ainsi, c'est à dire en hachant les phrases par des mots accolés en saccades autour d'un sujet, en torturant une idée en accolant des synonymes les uns aux autres,
Marion Fayolle dans son roman "
Du même bois" veut nous faire croire que les gens de la campagne profonde, très profonde, ont des pensées qui s'embrouillent et qu'ils ne savent pas les aligner clairement. Les membres qui composent cette communauté qu'elle raconte, parents, enfants, grands-parents, proches, et même animaux de la ferme, s'expriment en paraphrases faute d'avoir une idée claire; voilà donc les paysans qu'elle imagine ! le style n'est donc pas fluide du tout. Sur ce point, j'ai regretté ce style (bien que certains babelistes l'aient apprécié) même si à force je m'y suis habitué.
De fil en aiguille, ou de page en page, les images se succèdent malgré tout comme un immense puzzle, et j'ai le sentiment que ce sont là, dans ces différents chapitres, les vignettes d'une bd qui s'organisent pour faire une histoire simple de cette vie de tous les jours au sein d'une ferme, des gens, des bêtes.
Puis il y a la jeune fille, celle qui trouble les habitudes ancestrales de la famille paysane par sa liberté de penser, de vivre sa jeunesse à rebrousse-poil de ce que l'on attend d'elle. Elle apporte un vent de fraîcheur dans ce récit.
Et c'est ainsi, de chapitre en chapitre,
Marion Fayolle crée des tableaux de cette large famille de plusieurs générations réunies, avec plus ou moins de grâce, en décrivant des saynètes comme autant de contes de leur vie.
C'est une histoire généalogique qui reste en vase clos, un entre-soi familial fait d'une profonde nostalgie, que ce soit sur le regard d'une mère à son enfant et expose en miroir sa propre enfance, ou envers les anciens dont on observe la lente descente vers une fin annoncée.