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EAN : 9782850610660
135 pages
Premier Parallèle (25/03/2021)
4.2/5   33 notes
Résumé :
" Lagos vous rend vivant. Lagos vous tue. Ici, vous aurez tort sur tout. Ici, vous n'aurez plus raison de rien. Lagos crée autant de millionnaires qu'elle envoie de pauvres au tapis. Ici, la Nature abonde autant qu'elle s'autodétruit. Et jamais, vous, humains, malgré vos croyances et vos certitudes, jamais vous n'aurez voulu tant vivre. Au milieu de ce trop-plein, de ce trop de gens, de ce trop de déchets, d'injustices, de fêtes et d'excès. De tout ce que vous aviez... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Bon, je vais rester discrète sur la zone géographique où d'emblée je plaçais le Nigeria (je vous rappelle que j'ai eu Mme P. en espagnol en 4e/3e (voir post précédent) et M. L. (dit « Lacouille », paix à son âme) en hist/géo), bref, s'il n'y avait eu que moi, le Nigeria, placé où je le plaçais, n'aurait manqué ni d'eau, ni de terres agricoles et finalement, il ne s'en serait que mieux porté…
En attendant, là où il est, le Nigeria, c'est pas la joie : 200 millions d'habitants (la capitale, Lagos, 20 millions d'habitants, 120 000 de plus tous les ans), des ultra-pauvres et des ultra-riches, pas une goutte d'eau, pas grand-chose à manger, pas trop d'électricité, une production intensive de pétrole, une corruption impitoyable, des injustices et des inégalités sans limites, une pollution hors norme, d'énormes bidonvilles… Je vous laisse ajouter là-dessus une épidémie de COVID et le désastre s'installe…
Et pourtant, c'est dans ce pays que la journaliste Sophie Bouillon décide de s'installer en 2016 : elle devient directrice adjointe du bureau de l'AFP. Elle aime ce pays pauvre et vivant, désespérant et fou, où les gens s'abreuvent de musique et de bruit, de mer et de surf, de danses et de chants, où l'on sourit malgré l'adversité, où l'on naît poète, peintre, musicien ou chanteur…
Tandis qu'au début de l'épidémie tous ses collègues quittent le pays pour se réfugier là où le système de santé a des chances de tenir le coup devant le raz-de-marée qui s'annonce, Sophie Bouillon décide de rester et d'assister à un confinement qui va mettre à plat un système économique bien fragile et surtout, qui va empêcher les gens qui vivaient grâce aux petits boulots de rue de subvenir à leurs besoins.
« Manuwa Street » offre une véritable plongée au coeur du Nigeria, dans le monstre Lagos : on y est, on sent la folie et l'énergie de ce peuple avide de vivre, de s'enrichir, de tout réinventer, on respire la poussière et les gaz des pots d'échappements, on entend le bruit assourdissant de la rue, les cris, la musique, on partage le désespoir de ceux qui n'ont rien, qui ont tout perdu du jour au lendemain et qui finiront, dans un dernier sursaut, par se révolter.
C'est magnifique.
Moi je vous le dis, si mon prof d'hist/géo m'avait fait lire ça, à 14 ans, non seulement, j'aurais su situer ce pays incroyable sur une carte mais, me connaissant, chiante comme j'étais, j'aurais fait des pieds et des mains pour partir…
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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J'ai découvert ce récit grâce à Arrêt sur Images avec l'émission « Nigéria : “On sait que les médias ne comprendront pas” ».
Je voulais découvrir un métier que je ne connais pas : celui de correspondante locale pour une agence de presse.
Je voulais découvrir un pays que je ne connais pas : le Nigéria.

J'ai bien découvert un peu ce métier et ce pays, mais j'ai été happé par le récit.

Il y avait un dosage difficile à trouver entre histoires personnelles, explication concrète du métier, parler de la vie d'expat au Nigéria, parler du Nigéria au quotidien et parler du Nigéria face à la crise de la COVID-19 et de ses crises propres. Et bien plus !

Le dosage est parfait. C'est très bien écrit.
On passe avec une fluidité déconcertante du récit d'une rencontre forte et personnelle, à une présentation du régime politique nigérian.
Il y a une oscillation permanente entre optimisme, sidération, abattement, résignation, passion.
Le tout est empreint d'une tendresse lucide pour un peuple qui fait face à tant de choses.

C'est fort. C'est prenant. C'est brillant. Les sujets sont multiples et c'est limpide.

Je sais que je ne mesure pas la distance qui me sépare de la vie à Lagos (agglomération de 22 millions d'habitants !), mais pendant 140 pages j'ai eu l'impression de connaitre ces gens, ce pays et ses aspirations.
En conclusion

Ma note 5/5 et Coup de Coeur. Mon premier de 2021 !
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Pour changer, je vous présente aujourd'hui un récit documentaire et non un roman. La journaliste Sophie Bouillon travaille pour l'AFP à Lagos depuis 2016, mais c'est sur l'année 2020 qu'elle concentre son récit. Elle décrit la capitale du Nigeria, une ville tentaculaire, bouillonnante de vie, et autant assujettie aux traditions qu'ouverte aux nouveautés. On découvre grâce à elle Lagos aux débuts de l'épidémie de coronavirus, à partir de mars 2020, quand la méfiance est grande envers les Blancs et « leur virus ». S'ensuivent la misère et le silence provoqués par le confinement. La journaliste raconte aussi une explosion meurtrière, l'expulsion violente de tout le quartier de Tarkwa Bay rasé par des promoteurs, les manifestations de la fin de l'année dans un pays habituellement résigné et peu militant… et c'est passionnant !

Ce document est particulièrement bien composé de façon à mettre en avant les spécificités de la mégalopole de vingt millions d'habitants sans pour autant ressembler à un article de magazine. C'est un hommage au peuple de Lagos, dont des figures reviennent et émergent au fil des pages, celles des habitants de Manuwa Street.
Un hommage sincère, personnel et touchant. À lire ou à faire lire !


Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Greetings from Lagos!
Sophie Bouillon nous propose de découvrir les premiers mois de la pandémie, vus depuis la capitale économique du Nigeria, la tentaculaire, la gigantesque, la survoltée Lagos.

Ce livre c'est l'histoire d'une rencontre, entre une journaliste française et une capitale africaine. de fait, c'est un va-et-vient quasi-permanent entre son histoire et celle de la ville - voire du pays.
Il est vite question de coronavirus, histoire de planter le décor, mais tout aussi vite la focale se dessert pour mieux poser le contexte.

Posant un regard lucide sur sa condition d'expat, Sophie Bouillon présente la dure réalité de la vie à Lagos. La pauvreté extrême, l'urbanisation destructrice mais toujours l'optimisme. Sans jamais tomber dans des clichés tels que "ils n'ont rien mais ils ont tout" voire "ils n'ont rien mais ils savent donner". Elle présente plutôt les lagossien.ne.s comme des personnes résolues à avancer, no matter what.
No food for lazy man, tel qu'inscrit sur tant d'échoppes, de panneaux ou de véhicules.

Et puis, alors que sa soeur, doc' à Mulhouse, l'informe en continu de l'évolution de la situation en France, un premier cas est déclaré en Afrique. Au Nigeria. À Lagos.
Un soupçon d'inquiétude s'immisce dans l'insouciance de la journaliste.
Jusqu'à ce reportage sur les lieux d'une terrible explosion, où elle se rend en compagnie d'une collègue, blanche également. Alors, une phrase lancée dans la foule - une blague ? - va l'assimiler à un danger. Elle charrierait avec elle le virus, ce "virus des Blancs", déjà plus "virus chinois". Et alors l'inquiétude explose en elle. Toutes ces personnes croisées ses derniers jours dans de cosmopolites bars et clubs... Et si elle portait réellement le virus ? Et si elle acculait encore un peu plus, et de manière létale, ces gens déjà dans un dénuement extrême ?
Encore une fois, la sincérité de l'autrice fait mouche dans ces réflexions.

Lagos la positive, Lagos la bruyante, Lagos l'explosive. Mais Lagos confinée...
Le virus s'imposant mondialement, la ville se retrouve confinée.
Cinq semaines d'enfer pour une population qui survit au jour le jour. Cinq semaines de morts hors des radars. Et de violence en montée constante.

Jusqu'à un final... Typique de Lagos ?


Un voyage dans une ville extrême, admirablement décrite par le regard passionné de Sophie Bouillon, qui permet de comprendre ce qu'a pu représenter le confinement sous d'autres latitudes. Un témoignage affectueux qui met un point d'honneur à se départir au possible d'une approche ethnocentriste, une invitation lucide et critique à la découverte d'une ville incroyable. Qui avance, no matter what.
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ce livre est un reportage remarquablement bien écrit qui raconte une année de vie quotidienne à Lagos. C'est fort, ça fait du bien et ça remet les idées en place.

"Si tu te crois fort, vas à Lagos. Tu verras ....". 

Lagos est la capitale économique du Nigeria. Une mégalopole tentaculaire de 22 millions d'habitants. Royaume des compagnies pétrolières, peu d'eau, de l'électricité par intermittence, un purgatoire étouffé par la  chaleur où la pauvreté et les bidonvilles côtoient la richesse la plus ostentatoire.

Grand reporter et correspondante de l'Afp à Lagos, Sophie Bouillon raconte la vie quotidienne dans sa ville en 2020. L'immersion est totale, accrochez vos ceintures.

D'abord les vibrations d'une ville qui ne dort jamais: le mouvement perpétuel, la foule innombrable, le vacarme incessant, les déchets, l'injustice, la corruption, le travail érigé comme valeur fondamentale. "No food for lazy man" peut-on lire partout.

Puis le covid qui brusquement balaye tout lorsque le confinement plonge dans une misère inimaginable une population dont le plus grand nombre, dépourvu de tout et sans assistance d'un état déficient, survit au jour le jour de petits boulots.

Enfin le soulèvement du pays devant le trop plein de corruption et d'injustice avant la répression violente d'octobre 2020 qui fit plusieurs morts.

J'ai vraiment aimé ce temoignage d'une grande force qui, malgré l'omniprésence de la pauvreté, des inégalités et de l'injustice, dégage une immense énergie positive devant l'optimisme inébranlable des hommes et des femmes de Lagos. le dosage entre l'intime, le personnel et le documentaire est parfait.
Indispensable. A lire d'urgence.

PS : allez visiter le compte instagram de sophie Bouilon. Vous y trouverez de belles photos des événements.
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critiques presse (1)
LesEchos
21 juillet 2021
En quelques courts chapitres écrits d'une plume élégante et sobre, Sophie Bouillon déplace la focale pour raconter la crise du Covid vue du géant africain. L'auteure brosse un portrait intime de Lagos, un « monstre » qu'elle aime autant qu'elle le déteste. Sa pollution, son bruit, ses bidonvilles… Au-delà du témoignage de journaliste, « Manuwa Street » est aussi une réflexion sur comment « faire sien » un pays si différent du nôtre.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Bien que toutes les classes sociales vivent en apparence aux antipodes les unes des autres, elles interagissent, elles se connaissent, elles échangent, elles partagent les mêmes religions et les mêmes cultures. […] Allez au mariage de la fille du multimilliardaire Aliko Dangote ou de son valet de chambre, vous mangerez le même riz jollof, les mêmes ignames, vous danserez sur les mêmes tubes de Wizkid ou du dernier Burna Boy.
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Je fais partie de cette génération qui prend l’avion comme d’autres prendraient le train. J’appartiens à cette minuscule catégorie de privilégiés pour qui le monde est un espace infini d’exploration. On agrafait des drapeaux sur des planisphères pour flatter notre esprit d’aventure, on faisait des albums Facebook. On partait en reportage. En voyage. On pensait que c’était la norme. On pensait qu’il était normal de parcourir le monde et d’en traverser les frontières. On se disait qu’on ne vivait pas vraiment loin.« Le Nigeria ? Six heures d’avion, à peine ! »
Quelle arrogance.
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Un pasteur m’avait un jour confié : « Vous vous rendez compte que tous les jours, nous sommes 200 millions à prier pour un meilleur Nigeria et on en est encore là ! Vous imaginez dans quel état serait le pays si on ne priait pas ? » Cela m’avait fait rire, mais je crois qu’il était très sérieux.
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On agrafait des drapeaux sur des planisphères pour flatter notre esprit d'aventure, on faisait des albums Facebook. On partait en reportage. En voyage. On pensait que c'était la norme. On pensait qu'il était normal de parcourir le monde et d'en traverser les frontières. On se disait qu'on ne vivait pas vraiment loin.
"Le Nigeria ? Six heures d'avion, à peine !"
Quelle arrogance.
Pendant des siècles, des décennies, nous avions imposé notre calendrier, nos valeurs, notre capitalisme, notre globalisation effrénée au reste du monde. Et il aura suffit d'une semaine, de quelques jours, pour que tout cela change d'échelle. Pour que les normes s'inversent. (73)
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Il y a tant de raisons de s’indigner au Nigeria, tant de causes et de révoltes à porter qu’on ne peut plus se révolter contre quoi que ce soit, sauf à s’épuiser de fatigue et de colère.
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Videos de Sophie Bouillon (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Bouillon
Cette question assez évidente sur le plan éthique : faut-il oui ou non lever les brevets des vaccins anti-Covid pour en fabriquer plus et plus vite ? Faut-il en faire un bien mondial ? le président américain Joe Biden est pour. Au Parlement européen, les députés En Marche ont voté contre. Jérôme Martin, de l'Observatoire des médicaments, dénonce cette position.
Sophie Bouillon, journaliste au Nigeria pour l'AFP. Elle publie Manuwa Street, portrait de sa ville, Lagos, sous Covid. Elle est notre invitée
Et puis Morgan Large, journaliste en Bretagne, pour une radio franco-bretonne. Une journaliste qui dérange l'industrie agroalimentaire. On l'a rencontrée.
Vous connaissez notre émission À l'air libre ?
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