Citations de Max Monnehay (153)
Si vous autres imbeciles romantiques n’existiez pas, les histoires d’amour qu’on raconterait à nos enfants ressembleraient à des bilans comptables.
Oui. Je comprends. Je ne suis plus son frère. Je suis devenu la mort de son fils. Je suis son cadavre, je suis la terre dans laquelle à présent on l'ensevelit, je suis les roses blanches jetées les unes sur les autres. Mon visage c' est celui, bleu et sans vie, de James. Bien sür que je comprends.
C'est pour ça que vous avez fait appel à moi, non ? Demanda-t-il un peu sèchement. Pour rentrer dans le crâne d’un type que personne n’est capable de comprendre ?
Des dizaines d'armes potentielles.
Une infinité de tragédies possibles.
La fin du monde, c'est peut-être seulement ça.
La possibilité d'un massacre à portée de main.
Vous êtes dans mon monde et vous avez manqué Christine. Sombres crétins. Vous avez manqué le meilleur.
Ce qui me poussait à croire que François avait quelques casseroles en forme de cadavres au cul, c'est l'expérience. Je travaille depuis dix ans en milieu carcéral, et les détenus savent que je suis prisonnier d'un autre type de menottes.
- Les procédures, tu sais... C'est comme le coloriage : les lignes sont là, mais y a rien qu'empêche vraiment de débor-der. Volontairement ou involontairement.
On ne guérit pas, Samia. On continue simplement de battre des jambes pour ne pas couler.
- Y a quelqu'un qui un jour a dit : la procédure est cette machine dans laquelle vous entrez tel un cochon et dont vous ressortez comme une saucisse.》
Il soupira longuement.
«Ouais, et ce mec s'appelait Ambrose Pierce. Vous êtes pas le premier à me la sortir, Doc. Mais la procédure, saucisse ou pas, ça reste la procédure.》
[...] il posa les yeux sur l'épaisse pochette cartonnée que Polony - il se rappelait son nom à cause de la journaliste, cette grande rousse réac dont il lisait parfois les papiers - tenait serrée sous son bras.
Toutes ses fringues étaient à chier, des trucs que vous pouviez voir depuis l'espace ou des pelures usées jusqu'à la corde.
p. 13 :
« Le bruit est constant en prison. Un chaos sonore auquel on ne s'habitue jamais vraiment. Le jour, la fracassante symphonie ne connaît aucune réelle interruption. La nuit, les rondes des gardiens et les hurlements réguliers passent votre sommeil au hachoir. Il en résulte une fatigue nerveuse qui n'est pas étrangère à la violence qui gangrène Saint-Martin comme la quasi-totalité des prisons françaises. Les choses sont encore pires dans les maisons d'arrêt, où l'attente de leur procès met les prévenus à cran. »
C'est pas parce que le bateau coule qu'on doit l'abandonner aux rats
Les émotions ensevelies opèrent toujours des mutations effroyables.
Je fis un pas, dans sa direction, levai la main jusqu’à effleurer son bras. Il tourna lentement la tête, me regarda : il y avait dans ses yeux ce que chacun d’entre nous, un jour ou l’autre, cherche à atteindre.
Quelque chose qui ne s’acquiert qu’une fois qu’on se trouve face à l’abîme. Une perception viscérale de ce que devrait être le monde. Et de ce qu’il se contente, pauvrement, magnifiquement, tragiquement, comme lui seul sait le faire, d’être.
Si vous autres, imbéciles romantiques n'existiez pas, les histoires d'amour qu'on raconterait à nos enfants ressembleraient à des bilans comptables.
Trente seconde plus tard, ils s'arrachaient fébrilement leurs vêtements. Leurs bouches s'entre-dévoraient, leurs mains cherchant à s'approprier chaque centimètre carré de la peau de l'autre, comme si leur salut s'était trouvé dans une connaissance totale d'un territoire inconnu, d'une terre étrangère et, pourtant, si familière.
Le plus inquiétant, c'était qu'une part de lui s'était presque sentie apaisée, comme si cette violence pure lui avait pour un temps tenu lieu de refuge. La douleur elle-même, il l'avait constaté plusieurs décennies auparavant, était tout à fait apte à constituer un asile. Parce qu'il n'y avait pas matériau plus solide que la souffrance quand on voulait ériger un mur entre soi et le monde.
Et la violence. Parce que, s'il est une chose sur laquelle on pourra toujours compter en ce monde, c'est sur sa capacité à recycler la souffrance. À perpétuer une tradition du désespoir et de la cruauté, comme on se transmet de génération en génération la recette de la pâte à crêpes de l'arrière-arrière-grand-mère.
Les paupières fardées façon oiseau des îles papillotent. Derrière, l’œil est un gouffre. Il semble bien qu'en face de moi, on ne parle couramment que le Sephora