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Citations de Lola Lafon (1211)


Anaconda d'un risque dont on ne la nourrit jamais assez.
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L'écriture est un chemin sans destination, l'écriture a la beauté inquiétante de ce qui ne mène nulle part, et ce pendant des mois, parfois .
C'est un geste apatride que celui d'écrire, une échappée sans ancrage, en terres inconnues.
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L’irrévérence des jeunes filles devrait être l’objet de toutes nos attentions, elle devrait être archivée et transmise. Il faudrait les chérir, ces trop courtes années durant lesquelles les jeunes filles ignorent la prudence, le respect et le remords.
Elles mentent avec métier et sans état d’âme, mangent avec leurs doigts, grimpent sur des toits et, bras dessus bras dessous, elles prennent toute la place sur les trottoirs. Leur seule peur est de nous ressembler. De devenir ces êtres à bout de souffle qui se plaignent qu’elles « ne manquent pas d’air ».
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Elle avait eu raison : Jeff Buckley était mort noyé le 29 mai 1997. Son corps avait été retrouvé sur les rives de la Wolf River Harbor. Un promeneur l'avait vu nager sur le dos, tout habillé, Jeff Buckley fredonnait Whole Lotta Love. Il ne s'était pas inquiété, le jeune homme semblait si calme, sa voix, un trait de cristal au-dessus de l'eau.
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Elle avait commencé par un banal "peur de tout" puis, comme il protestait que ça n'était pas du jeu, avait ajouté les habituels serpents, cafards, et autres frelons pour terminer par quelque chose d'insolite: elle avait peur de la gentillesse des gens qu'elle connaissait mal.
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... ce n’est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche; ces hontes minuscules, de consentir journellement à renforcer ce qu’on dénonce: j’achète des objets dont je n’ignore pas qu’ils sont fabriqués par des esclaves, je me rends en vacances dans une dictature aux belles plages ensoleillées. Je vais à l’anniversaire d’un harceleur qui me produit. Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N’avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce qu’on ne savait pas dire non.
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Cet après-midi-là, ... des étudiants de Kent State University dans l’Ohio qui manifestaient le lundi 4 mai 1970 ... : on sortait de cours, on venait d’apprendre que Nixon avait annoncé à la télévision une “invasion nécessaire du Cambodge” mais les bombes seraient “propres”, ... Tout le monde chantait we shall overcome we won’t go, nobody goes, à la guerre nous n’irons pas et personne n’ira, les bras levés en signe de paix. ... Quatorze secondes, le temps pour la garde nationale de tirer soixante-sept fois. Vous dites que les premiers coups de feu, les gamins les ont pris pour des feux d’artifice, des pétards. Vous esquissez des silhouettes. Celle d’une jeune fille tombée à genoux comme si elle priait, stupéfaite d’être en train de mourir d’une balle dans la tête. Celle d’un adolescent retrouvé caché derrière sa Volkswagen rose garée sur le campus, des traînées de son sang maculent les autocollants bariolés qui ornent la portière. Vous dites les chaussures abandonnées parmi les débris d’os et de chair qui jonchent la pelouse, des chaussures de gamins, tongs, sabots, tennis. Les gémissements des vivants qui tendent la main pour qu’on les secoure. 
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Quelques semaines plus tard, elle m’envoie ce mail : « Je pourrais te raconter mille fois l’inhumanité, le cauchemar qu’a été Bergen-Belsen, ça serait inutile. Tu ne parviendrais pas à l’imaginer. Heureusement. »
Ce n’est pas avouer l’impuissance de l’écriture d’avouer qu’on ne peut imaginer, il ne faut pas imaginer, comment prétendre imaginer. Ce verbe-là, « imaginer », n’a pas sa place dans ma nuit. Pourtant, il le faut, même et surtout si on n’y parvient pas. Il faut essayer d’imaginer.
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Les enfants ont tout le temps du monde, alors ils en font bon usage : ils l’oublient.
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Si sa courte vie est documentée jusqu'à l'obsession, sa mort l'a ramenée au destin de toutes les autres victimes de la Shoah : Anne Frank n'a pas de sépulture. Son corps repose quelque part dans une fosse commune, comme celui des cinquante mille morts de Bergen-Belsen.
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J'aime ce sentiment qu'on arrive à obtenir pour soi-même quand à force de vouloir ne pas être remarquable on se trouve enfin dans un velours tiède de ses propres pensées, un peu comme nager dans le ciel quand on rêve.
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Ce qu'elle porte à sa bouche est recalculé. Cent gramme de viande à midi et cinquante le soir apportent environ quatre cent calories, des légumes aux repas, deux cent grammes à chaque fois : cent vingt calories. Trois yaourts par jour : cent quatre-vingts. Et des fruits, peut-être trois : cent cinquante. Ni pain, ni féculents, ni sucre, évidemment. Penser à tracer un trait sur la bouteille d'huile qu’utilise Silvina, la cuisinière ; si elle dépasse les cinquante millilitres prévus par jour, tous les calculs seront faussés.
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Sur le velouté des joues d'Anne Frank, de petits points se baladent, ils dessinent un chemin d'enfance.
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Le passé n'est qu'un instant du temps, il n'existe pas.
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Ça va vous choquer, je connais les certitudes de vos supposées démocraties libérales à ce sujet… mais il y avait aussi une sorte de … joie, dans les années 1970, ce qui ne change rien au reste, évidemment. Je déteste ces films et les romans qui parlent de l’Europe de l’Est, tous ces clichés. Les rues grises. Le ciel gris. Le froid. Quand je dis à des Occidentaux qu’à Bucarest, l’été, on suffoque, on me regarde comme si je débloquais, même aujourd’hui! Essayons de ne pas faire de ma vie ou de ces années-là un mauvais film simpliste.
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Avant de rentrer dans la nuit de ce mois d’août 2021, je ne sais rien, sauf ceci : les fantômes, au contraire du mythe qui voudrait qu’ils nous hantent sans pitié, se tiennent sages. Ils nous espèrent, ils ont tout leur temps, celui que nous n’avons pas.
Ils attendent qu’on accepte d’être déroutés. Que nos paupières se dessillent et qu’on devine, au travers du temps, leurs ombres patientes. Alors, on pourra faire place à ceux qu’on dit avoir « perdus ». On les retrouve.
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• Bande 4, diffusée le 3 avril 1974.
J'aimerais commencer par préciser que c'est moi qui ai écrit ce que je vais dire. C'est ce que je ressens. On ne m'a jamais obligée à dire quoi que ce soit sur les bandes. Je n'ai pas subi de lavage de cerveau, n'ai été ni droguée, ni torturée ou hypnotisée. [...] J'ai appris que la classe dominante ne recule devant rien pour étendre son pouvoir sur les autres, même si cela inclut de sacrifier un des leurs. [...]
Papa, tu dis que tu t'inquiètes pour moi ainsi que pour les vies des opprimés de ce pays mais tu mens et, en tant que membre de la classe dominante, je sais que tes intérêts et ceux de maman n'ont jamais servi les intérêts du peuple. [...] Si tu as tant d'empathie pour le peuple, dis-leur ce qu'est réellement la crise énergétique, dis-leur que ce n'est qu'une stratégie habile qui permet de cacher les véritables intentions de l'industrie. Dis-leur que la crise pétrolière n'est rien d'autre qu'une façon de leur faire accepter la construction de centrales nucléaires dans tout le pays ; dis aux gens que le gouvernement s'apprête à automatiser l'ensemble de l'industrie et que bientôt, oh, dans cinq ans au plus tard, on n'aura plus besoin que de quelques presse-boutons. [...]
- Tania Hearst
(p. 110-112)
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La directrice des Dunes s'est plainte de votre sévérité. Quoi, pour quelques pochons de marijuana trouvés dans le casier d'une élève, pourquoi avoir tout jeté dans les toilettes Elle qui pensait que vous étiez moderne parce qu'américaine!
Rien de moins "moderne" que l'obéissance, avez-vous répondu à la directrice et la drogue en est une d'obéissance. Une anesthésie qu'on s'administre bien gentiment, oh, les cerveaux ramollis arrangent toutes les formes d'autorité, le gouvernement américain adorerait qu'on vive perpétuellement aussi abrutis qu'à Woodstock!

(s'il n'y avait que le gouvernement américain!)
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Ce n’est pas le temps qu’on a qui compte, mais la façon dont on existe.
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Certains vont à la rencontre de leur vie, ils s'en saisissent , d'autres se tiennent légèrement de biais: ils l'écrivent.
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