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Citations de Lola Lafon (1211)


Vous savez quoi ? On ne va jamais avancer si vous ne comprenez pas deux ou trois trucs. Tous les sportifs qui gagnent sont des symboles politiques. Ils promeuvent des systèmes. Communisme, à l’époque, capitalisme, aujourd’hui. Et chez vous…
(Son petit rire à l’autre bout du fil me paraît ironique.)
Vous savez que, même à l’époque, les marques qui sponsorisaient vos athlètes féminines les obligeaient par contrat à être maquillées, à privilégier les robes aux survêtements lorsqu’elles étaient en public, vous trouvez ça mieux, plus … moderne ?
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Bref : qui voulait aller au ciné dimanche après-midi à Vincennes ? Cathy lui avait recommandé L'Année des méduses, Valérie Kaprisky était super belle !
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Et si le silence de Betty était devenu pour elle un espace choisi, le repli tamisé d'un refuge ?
Il fallait se défier du désir de se mettre en lumière en "aidant".
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Mon journal intime renfermait des pages entières de serments, dont celui de tout faire pour vivre une vie exceptionnelle, sans aucune idée de ce qu'elle serait, sinon autre chose.
Cathy était une invitation à quitter la torpeur. J'aurai sans doute passionnément aimé Cathy , être son élue.
Je me serais rendue aux déjeuners comme à une compétition pour être l'élue la plus élue. Pour honorer la foi de Cathy en mon avenir. Mon appréhension aurait été diluée par les attentions de ces hommes, leurs questions. Ils auraient confirmé ma certitude naïve d'être remarquable, d'avoir un « destin ». Ils auraient confirmé ce dont j'étais convaincue déjà : mes parents ne me connaissaient pas.
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Nadia s’apprête, ce jour-là, à réaliser un salto classique. Est-ce son corps qui, pour ne pas mourir, cherche une échappatoire au moment où ses mains glissent et qu’elle rate la barre, son bassin cogne violemment le bois ? Béla a bondi vers elle mais trop tard, de toute façon, si elle… ça sera toujours trop tard. Elle a réussi à s’agripper à la barre qu’elle a lâchée. Il lui propose un verre de limonade, une pause, elle refuse, très pâle, comme si elle allait vomir, puis se ravise, désorientée, abasourdie et surexcitée, aussi, car elle n’a pas chuté. Ils se taisent.
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Et... Est-ce qu'elle ne pourrait pas sourire un peu ? Elle soupire. Désolée, mais si mon pied mord la bande après une diagonale de saltos, même de trois centimètres (elle lève sa main et déplie le pouce, l'index et le majeur), je suis pénalisée. Alors oui, elle sait sourire, mais une fois sa mission accomplie.
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Quand j'étais petite et que les gens apprenaient que je m'entrainais six heures par jour, j'étais cette "pauvre petite fille". Si j'avais été un garçon, personne ne m'aurait plainte, non? Vous connaissez ce vieux dicton, le sport fera de toi un homme, mon garçon ! Pas valable pour les filles? Moi, j'aimais ça, combien de fois il faudra que je le certifie, j'ai choisi.
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Mais voilà que je ne veux pas être réparée. Sauvegardée. Rafistolée pour continuer à avancer. Je ne voudrais pas qu'on colmate ce que je m’acharne à défaire, à découdre. Vois-tu, je travaille à être insauvable, irrécupérable. Aussi fugace, irrattrapable et fragile qu’un moment dans le temps. Pour ne pas offrir de prise, il me faudra rentrer en silence comme on va en résistance. Et à toute interrogation, leur répondre : je ne sais pas, je me demande, je cherche. Je dépose des questions. Je fabrique des doutes.
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Pardonner était une décision, celle de renoncer à faire payer à l’autre. Ou à soi-même.
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Anne Frank désirait être lue, pas vénérée. Hannah Arendt qualifiait l’adoration dont elle est l’objet de « sentimentalisme bon marché aux dépens d’une immense catastrophe« »… Elle n’est pas une sainte. Pas un symbole. Son Journal est l’œuvre d’une jeune fille victime d’un génocide, perpétré dans l’indifférence absolue de tous ceux qui savaient.
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Lola Lafon
■ Fête des mères - Femmes au bord de la crise de mères, par Lola Lafon (Libération, 2 juin 2023)
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Nous sommes des amoureux amateurs, sans savoir-faire ni expertise, qui nous heurtons depuis des siècles aux mêmes peines, aux mêmes malentendus, usant des mêmes serments emphatiques et maladroits. De l’existence, nous ne connaîtrons que ça, jusqu’à la fin : la velléité de bien faire. Et il nous faudra mourir, aussi, en amateurs, sans en avoir la moindre expérience. La maternité ne fait pas exception.
Qu’elle ait porté son enfant ou pas, aucune mère ne sait l’être, ce rôle s’improvise, s’apprend sur le tas, en solitaire.
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Elle traverse l’histoire, indéboulonnable, on en trouve des traces jusqu’en Grèce antique, la Convention l’inscrit à son calendrier républicain, Napoléon eut pour projet de l’instaurer officiellement, Pétain en fit le cœur de son idéologie : ce dimanche, qu’on la conspue, qu’on l’ignore ou qu’on s’en émeuve, c’est la fête des mères.
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Que fête-t-on, lorsqu’on célèbre les mères ? Une fonction biologique ? Une fonction sociale ? Est-ce un savoir-faire qu’on leur reconnaît ? Un encouragement à procréer tout à fait politique ? La reconnaissance d’un service rendu à un Etat soucieux de sa natalité ? Un Etat pour lequel toutes les mères ne se valent pas : à Mayotte, les jeunes Comoriennes venues accoucher se voient « conseiller » une ligature des trompes quand, en métropole, celles qui la souhaitent doivent se justifier de leur décision auprès du corps médical, sous prétexte qu’elles pourraient le regretter…
(...)

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https://www.liberation.fr/idees-et-debats
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Je n'ai rien fait, clament les enfants qu'on accuse injustement.
Je n'ai rien fait, savent les adultes qui passent leur chemin.
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Il faudrait relire régulièrement son journal pour rester à la hauteur de son adolescence.
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Le flou est une espèce en voie de disparition dans un monde où règne l’exigence de transparence. On y vante la limpidité, la clarté d’une intervention médiatique. Savoir résumer son propos en quelques mots est un savoir contemporain, un idéal d’agence immobilière.
Les discours « clairs » sont souvent ceux de communicants, qu’ils soient hommes politiques ou publicitaires. On voit au travers : ils nous vendent quelque chose. Le flou interroge. Il faut y regarder de plus près. C’est une brume de mer qui dissimule le profil d’une falaise. C’est ce trouble d’un amour naissant, qui ne s’appelle pas encore « relation ». C’est une tristesse sans objet qui surgit quand on s’y attendait le moins, au bord du bonheur. Les créatures floues ont pour elles l’espace de la fiction, qui n’aime rien tant que les personnages dont on ne saura jamais tout. Un roman ne peut être transparent, il est tissé de doutes et de solitude, celle de l’écrivain qui lui a consacré son temps. Un roman ne vend pas, il propose.
Relire chaque matin ce qu’on a écrit la veille est semblable à la barre quotidienne d’une danseuse face au miroir : un exercice d’humilité. Votre texte est impitoyable, il vous reflète, il est maladroit, boiteux et désordonné. Mais s’en attrister n’est pas faire preuve de rigueur ; c’est une blessure d’orgueil : on est déçue, on se rêvait plus brillante. Se relire sans complaisance exige peut-être de « se déprendre de soi-même », comme l’ écrit Foucault : le texte est plus important que son autrice.
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Elles sont en lambeaux, ces lignées hantées de trop de disparus, dont on ne sait même pas comment ils ont péri. Gazés, brûlés ou jetés, nus, dans un charnier, privés à jamais de sépulture. On ne pourra pas leur rendre hommage. On ne pourra pas clore ce chapitre.
 
Dans ces familles, on conjuguera tout au « plus jamais » : il y a ces pays où plus jamais on ne reviendra – la Pologne, la Russie – des terres de persécutions. Il y a les langues que plus jamais on ne parlera.
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L’anorexie est un monologue. Qui dit que quelque chose nous dévore, qu’on brûle du désir de vivre. L’anorexie, je crois, est une promesse de fidélité faite à des absents. L’anorexie est, je crois, la langue que parlent celles qui héritent de récits silencieux.
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Avant de rentrer dans la nuit de ce mois d'août 2021, je ne sais rien, sauf ceci : les fantômes, au contraire du mythe qui voudrait qu'ils nous hantent sans pitié, se tiennent sages. Ils nous espèrent, ils ont tout leur temps, celui que nous n'avons pas.
Ils attendent qu'on accepte d'être déroutés. Que nos paupières se dessillent et qu'on devine, au travers du temps, leurs ombres patientes. Alors, on pourra faire place à ceux qu'on dit avoir "perdus". On les retrouve
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Ils n’ont pas disparu, ils sont là, les absents. Ils persistent et la trace que laisse leur absence est une question.
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«  L’histoire des juifs d’Europe centrale, je m’en suis écartée à l’adolescence .

J’ai tourné le dos a l’abime . Je ne voulais pas entendre. Pas savoir.

Leurs cauchemars ne seraient pas les miens »
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On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas ; on pourra dire qu’on ne savait pas que faire de ce qu’on savait. On pourra dire l’impuissance qui nous saisit, qui nous écrase, plus on sait et moins on peut.  
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