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Critiques de Claire Berest (854)
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Artifices

Claire Berest doit sa notoriété d'écrivaine à des romans biographiques très réussis, dont l'un – Gabriële – avait été écrit conjointement avec sa soeur Anne. Son dernier livre, Artifices, est un roman pur jus, une fiction. C'est même un roman qui se donne l'allure d'un polar. Des faits apparemment inexplicables s'y produisent, suscitant d'étranges réactions chez les personnages. Et toi, lectrice, lecteur, tu t'y laisseras prendre, tu voudras comprendre, tu scruteras les indices et du coup, tu enfileras les pages et les chapitres avec une frénésie gourmande. le livre n'est pas vraiment un polar, mais en matière d'artifices, l'auteure sait y faire.



A première vue, les personnages ont l'air de ressembler à tout le monde, mais leur idiosyncrasie s'affiche nettement au fil des chapitres. En numéro un, Abel Bac, un drôle de nom ! – mais qui oserait prétendre qu'on ne choisit pas son nom ? – Dans l'exercice de son métier d'officier de police judiciaire, c'est un homme consciencieux jusqu'à l'insignifiance. Dans sa vie privée de célibataire endurci, c'est un homme solitaire et taiseux, qui flirte avec la marginalité. Il est sujet à des cauchemars, à des angoisses, à des troubles obsessionnels compulsifs, des tocs qui ont redoublé depuis qu'il a été suspendu de ses fonctions sans qu'il sache pourquoi…



Deux ou trois femmes entourent Abel – sont-elles deux, sont-elles trois ? – et semblent lui porter intérêt, voire plus s'il est question d'affinités. Il y a Elsa, une voisine invasive un peu foldingue, il y a Camille, une collègue, qui, à l'inverse, prend tout très au sérieux. Et puis dans l'ombre s'active une autre femme, une artiste devenue archicélèbre sous le pseudonyme de Mila et dont personne ne connaît le vrai nom ni le visage. Une spécialiste du happening, dont les performances laissent des traces et suscitent des témoignages qui s'arrachent à prix d'or chez les collectionneurs d'art très contemporain.



Et justement, voilà que trois événements spectaculaires se produisent mystérieusement dans trois musées parisiens. Au ministère, on est dans ses petits souliers ; à la PJ, on enquête, tandis que la presse et le public commentent. La paternité (je devrais dire la maternité) du triptyque ne fait aucun doute, Mila la revendique dans une déclaration officielle. Mais quel en est le sens et à qui s'adresse-t-elle ?



Au fil des chapitres et des indices que l'auteure daigne te révéler au compte-gouttes, lectrice, lecteur, tu commenceras à cerner les enchaînements de causes à effets qu'elle a imaginés. Cette imagination étant sans limites, tu pourras t'interroger sur la vraisemblance des péripéties, mais peu importe. Les personnages principaux sont vraiment déjantés et leurs délires peuvent s'expliquer au vu du traumatisme qu'ils partagent, d'autant que le style narratif incline à l'onirisme.



Claire Berest donne un rythme haletant à sa narration. Son écriture est spontanée, virevoltante, les phrases sont courtes, les tournures lapidaires. Elle maîtrise tellement sa plume, qu'elle s'autorise des petits dérapages très contrôlés. Elle lâche des mots fortement expressifs, comme un peintre jetterait des touches de matière sur une toile. Les dialogues sont tranchants, la narration emprunte par moment les codes du langage parlé et cela donne envie de lire le texte à haute voix.



Finalement, tout s'explique. Sans remonter à l'origine du monde, l'histoire avait été bien engagée grâce à une fable de La Fontaine, dont des fragments scandent les chapitres. Mais tout avait été interrompu lors d'un 14 juillet tragique, illuminé par un feu d'artifice éblouissant, dont les compositions étincelantes s'étaient pétrifiées en orchidées multicolores.



Un livre dont les pages sont brillantes comme un feu d'artifice. En s'éteignant, il t'abandonnera, lectrice, lecteur, au plus profond d'une obscurité aveuglante et d'un silence assourdissant. de quoi te couper le souffle. Quel talent pour écrire un tel livre ! Et si l'art du roman était justement l'art de l'artifice !


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Bellevue

Je lis Alma s’écouter parler et puis vomir son mal-être.

Au commencement, je n’entends que les échos de cette petite cavité au centre du corps, au centre du monde : son nombril d’où émane le caquetage boboïsant désabusé des poulaillers parisiens revenus de tout et surtout de pas grand-chose.

Replié sur son « elle » : Pourquoi je n’aime plus Paul ? Il ne me regarde pas, j’aime les mains d’un autre…Tout me semble tellement factice, tellement stéréotypé. On boit pour se griser et on baise pour s’enivrer. Oublier pourquoi lui et pas moi. Réussite ou émoi. Tout ça d’énergie pour si peu de magie.

30 ans pile et des piles de questions : What’s about my life ?

Puis, tout s’envenime, Alma dérape, ouvre la trappe, la petite fenêtre qui sert d’évent se brise et c’est la crise sans précèdent. A claquer des dents.

« Est-ce moi-même que j’ai cessé d’aimer ? »

A bras ouverts, le sang coule. Verlaine et Le Caravage valident l’apocalypse et donnent du crédit au dérapage. A pousser l’ambition dans le rouge on paye l’addition des addictions.

Comme elle broie du très noir, l’ami de toujours déboule pour réconforter, celui avec lequel on n’a pas baisé, ou si mal. Consolation, masturbation manuelle et intellectuelle, c’est un peu éculé et tant de fois réitérée. Consternation.

Après les bévues cosmiques ce sera « Bellevue » l’hôpital psychiatrique et ses lots d’hallucinés. Passage obligé. Journée d’anniversaire où tout a basculé même la jeunesse, même la beauté. Désolation.

« Je me suis coupé le bras pour produire du réel. » Tout est tellement artificiel !



J’ai lu et entendu les délires d’Alma et pas chaviré. Je m’écoute surement beaucoup moins et je ne m’entends pas très bien. Faut-il rester sourd à ses démons ?



Pardon Mme Berest mais avec ce bouquin il me semble difficile de franchir le périphérique. Ceci dit je connais tellement de gens pour qui, juste derrière, c’est beau et abscons à la fois.





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Rien n'est noir

«  Un corps immortel de jeune soleil stoppé net dans son élan » .

«  —— Ne t’avise jamais de m’oublier «  mi amor» .

«  Folie ,maladie, peur. Part du soleil et de la joie , Jaune … »

262 critiques déjà , il est nécessaire de faire court.



Une vive émotion nous submerge à la lecture de ce voyage tumultueux ,,artistique ,fracturé , sensuel, incandescent , à fleur de peau , amour et intense souffrance , volupté tempétueuse , douleur , passion , nourri par la fougue , les excès , l’ardeur , de la personnalité de Frida Kahlo, hors normes , volcanique , aux bouffées d’amour passionnelles , infinies pour Diego Rivera , ogre, artiste ,crapaud insatiable, fatal séducteur ,homme à femmes difficile à aimer,ample peintre mural..



Frida Kahlo, excessive , fracassée, buvant beaucoup , parlant crûment , se perdant dans des fêtes , assoiffée de vie après avoir frôlé la mort, d’une jalousie excessive , provocante , indépendante, ardente , fougueuse , vive, au grand et magnifique talent , peintre magicienne .



Frida Kahlo , corsetée ,alitée , à la vie jalonnée d’épreuves incroyables.



Une enfant déjà exubérante , ses yeux éclairés par un feu inassouvi .



L’écriture de CLAIRE .B est fascinante , colorée, rythmée en diable, la plume , vive , lumineuse, habitée, épidermique.

.

Le récit sous pression , le verbe ardent ,goûteux ,passionnant d’une fièvre parfois tissée de phrases torrides!



L’auteure a choisi des couleurs vives pour illustrer ses chapitres : reflets des états d’âme de Frida, bleu, rouge ,jaune , noir et gris pour clore le récit ! .



Un ouvrage à la beauté stupéfiante , sidérante , touchante rendant un hommage magnifique à ce couple hors norme ,pétri de sensibilité, de fougue, d’ardeur et de couleurs !

Je n’ai pas réussi à faire court !
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Rien n'est noir

Un très beau livre au style éblouissant, certes, mais les relations entre Frida et Diego aussi bouillonnantes qu'elles furent ont peiné à m'intéresser. Rien n'est noir vous plaira si vous aimez le style de Claire Berest et si vous en savez assez sur Frida Kahlo pour apprécier cette évocation.





Née en 1907 dans le Coyoacán au Mexique, Frida s'est d'abord inscrite dans un des meilleurs établissements scolaires du pays. Elle souhaite devenir médecin. Un grave accident de bus met fin à cet objectif. C'est alors qu'elle commence à peindre.





En 1928, elle rencontre le peintre muraliste Diego de Rivera qu'elle épouse l'année suivante.





Certes, Claire Berest fait une grande place à l'accident qui fera de Frida une femme qui souffrira toute sa vie. Mais outre, le fait que Frida n'était pas seulement l'épouse de Diego, les anecdotes peinent à décrire un portrait complet. Sa relation avec Trotski est à peine évoquée. Bref, je suis restée sur ma faim pour ce qui est de découvrir ce peintre important.





Le style est magnifique et pourrait bien vous convaincre de lire le roman.




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Rien n'est noir

Ce roman est un petit joyau qui brille des mille feux qui habitaient Frida Kahlo. Je ne connaissais cette dame que de nom et d’autoportrait…et j’ai appris beaucoup sur elle, sur le fracassant couple bohème qu’elle formait avec le peintre mexicain Diego Rivera, dont je n’avais jamais entendu parler non plus, sur l’Accident qui a dévasté son corps, la faisant souffrir depuis ses dix-sept ans.



C’est un roman haut en couleur, absolument sensoriel, sensuel, énergique, comme son héroïne.



Il dresse un portrait qui met définitivement sous le charme de cette pétulante et tumultueuse petit bout de femme, dont les excès n’avaient d’égal que les souffrances physiques et intérieures qui ne la quittaient presque jamais depuis l’Accident qui a irrémédiablement scellé son sort en 1925.



Il nous laisse pénétrer dans l’intimité d’un couple charismatique, tumultueux, libertin - lui parce que c’est dans son ADN, elle, par réaction - bâti sur un amour foudroyant donnant des ailes puis les brisant, mettant à genoux, faisant grandir, inconstant dans la constance, mais indestructible notamment grâce à leur soutien réciproque dans leur art.



Je quitte Fridita à regret, mais ce n’est qu’un au revoir, il ne fait aucun doute que cette lecture à la plume riche, poétique et frénétique crée l’envie d’en apprendre plus sur cette excentrique, fascinante mais toujours authentique peintre mexicaine.



En sa compagnie, rien n’est noir, je vous le confirme ! Merci, Claire Berest, vous m’avez fait passer un moment hors du commun !





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Rien n'est noir

La peinture de Frida Kahlo m'a toujours intriguée, je la trouve étrange, emplie d’un mystère, presque insondable, reflétant l'âme de l'artiste dans toute sa profondeur.

Bien que déjà très documentée sur sa vie hors du commun, j’étais curieuse d’en découvrir plus à travers le texte de Claire Berest.



L’auteure revient sur le dramatique accident de tramway qui laisse Frida handicapée à vie après « Des mois clouée dans une sorte de sarcophage tel un insecte épinglé. »

Elle devient Frida la boiteuse, « Frida jambe de bois », renonce à ses études de médecine pour se consacrer à la peinture.



Lorsqu’elle croise la route de Diego Riveira, Frida ne voit que lui, il est pourtant d’une laideur fascinante, mais il plaît :

« Un trophée que chaque femme voudrait s’épingler au corsage, s’empaler au corps sage. »

Riveira, célèbre peintre muraliste offre l’art à tous, lui qui ne l’enferme pas dans un musée mais l’expose à la rue, bien avant la création du Street Art.



Frida n’a plus qu’une idée en tête, conquérir Diego, l’épouser, l’aimer et qu’importe s’il a deux fois son âge.



A San Francisco, où il peint une allégorie de la Californie pour les murs du Palais de la Bourse, Diego la trompe :

« Les américaines sont trompeuses et dévergondées. »

Alors, Frida peint et découvre l’amour avec les femmes.

A Diego, elle dit simplement :



« Tu sais pourquoi je pleure ?

Parce que j’ai été victime de deux horribles accidents dans ma vie, Diego, le premier c’est le tramway. L’autre c’est toi, quand je t’ai rencontré. »



Sensible et passionné ce livre retrace la vie mouvementée de personnalités hors du commun. Du Mexique à Paris en passant par les Etats-Unis, d'hommes en femmes, de bonheurs en crises, la vie du couple a été des plus mouvementées.

Une belle lecture et une excellente façon de découvrir Frida et Diego.



Merci à NetGalley et aux Editions Stock.



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L'épaisseur d'un cheveu

"Il était alors impossible d'imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Etienne tuerait sa femme..."

Voici une simple citation qui veut pourtant tant dire... En ouvrant le dernier livre de Claire Berest, voici ce que vous apprendrez... Que Vive, l'épouse d'Etienne perdra la vie sous les coups de son compagnon avec lequel elle vivait depuis plusieurs années.

Mais que s'est-il passé pour que cet homme semblant sans histoire et amoureux puisse commettre l'irréparable ? Qu'est-ce qui aurait permis que ce drame puisse être évité ?



En lisant ce récit, nous nous retrouvons spectateur impuissant d'une folie qui cause plus d'une centaine de victimes par an en France. Et pour cause, Claire Berest met en lumière dans "l'épaisseur d'un cheveu" un féminicide.En tournant les pages de cet ouvrage, j'ai découvert un récit extrêmement malaisant duquel il ressort beaucoup de noirceur. J'avoue que cette lecture m'a procuré deux sentiments contradictoires ; une gêne d'entrer dans l'intimité d'un couple qui se déchire et en même temps beaucoup de curiosité malsaine pour découvrir l'élément déclencheur à ce déchaînement de violence.



Derrière une très belle couverture où le coup de pinceau donné rappelle les autres œuvres de Claire Berest où il est question d'art, j'ai trouvé la plume de l'auteure percutante tout en étant à la fois grinçante.



Finalement, le lecteur ne ressort lui non plus pas indemne de cette histoire, car, même s'il s'agit d'une fiction, la question de la violence domestique est une réalité...



Je tiens à remercier Version Femina pour la découverte du dernier roman de Claire Berest vers lequel je ne me serai pas forcément tourné, car, dès le début nous connaissons l'issue et pour lequel il n'y a plus d'espoir. Pourtant, je suis contente de lui avoir donné sa chance, car j'ai pu retrouver la plume d'une auteure que j'apprécie même si le sujet évoqué est moins lumineux que ceux que l'on découvre dans ses précédents écrits...
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Artifices

Ce livre et un puzzle, entre polar et (presque) livre d'art. Qu'est-ce qui lient : Abel, flic suspendu sans savoir pourquoi, Lisa une étudiante en art, Mila une artiste contemporaine dont personne ne connaît le visage, Jean de La Fontaine, le 14 juillet et les orchidées ? Ce livre est construit autour d'un un scénario efficace, en plus de nous introduire intelligemment dans une partie infime du monde de l'art moderne Très belle reconversion pour C. Berest. Beau moment de lecture.
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Artifices

Merci à NetGalley et aux éditions Stock pour cette lecture

Abel, un policier consciencieux et méticuleux vient d’être suspendu, ce qui le plonge dans des angoisses sans fin.

Mila, une artiste plasticienne célèbre, mais dont personne ne connaît l’identité, s’interroge sur sa carrière.

L’auteur brouille les pistes et je me souviens m’être demandé « et donc ? » au quart de la lecture. Un peu de patience, les indices arrivent. Pas très clairs, il est vrai, du moins au début. Un cheval est retrouvé à Beaubourg, il n’y a pas eu d’effraction.

Patience, patience, d’autres indices vont arriver, ils s’emboîteront parfaitement.

Claire Berest nous plonge dans l’univers de l’art contemporain, quelque chose qui me fascine. Mais non, je ne comprends pas tout à l’art contemporain et plutôt souvent rien que quelque chose. Mais ça me fascine. J’ai donc été ravie de trouver des passages sur l’art contemporain. Je connaissais Marina Abramović, mais je n’avais jamais entendu parler de Piero ou encore Maurizio Cattelan. Bref, j’ai adoré les digressions sur l’art contemporain.

Le livre peine à démarrer, mais j’ai passé un très bon moment.


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Rien n'est noir

Rien n'est noir est une évocation à la première personne,  de certains moments marquants dans la vie de Frida Kahlo. Des récits qui alternent des moments très émouvants et d'autres assez crus, reflétant la personnalité de cette femme blessée, révoltée et provocatrice, qui a dû s'affirmer face à son ogre de mari Diego Rivera, peintre engagé politiquement et grand muraliste mexicain.Un récit sous tension, une évocation plus émotionnelle qu'historique organisée selon les couleurs primaires, bleu, rouge et jaune pour finir par une "non couleur", le noir.



J'ai trouvée cette biographie un peu brouillonne, plus orientée vers une narration émotionnelle, Claire Berest privilégie le récit à fleur de peau, toujours sous pression et qui empêche toute sérénité, une volonté probablement de l'auteure mais qui peut surprendre des lecteurs qui privilégient un récit plus classique ou historique. Cette tension est néanmoins bien rendue, Frida Kahlo n'ayant cessé de souffrir dans sa chair et dans son être, mais toujours exigeante. Et ayant vu le film porté par Salma Hayek, j'ai pu retrouver certains épisodes et certaines images qui m'ont permis de suivre les souvenirs de l'artiste, le récit étant quelquefois désordonné et l'exercice consistant à faire parler une personnalité célèbre restant difficile.

Rien n'est noir reste une évocation intéressante, épidermique et émotionnelle d'une grande femme peintre. 
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Rien n'est noir

J’avais découvert les oeuvres de Frida Kahlo par une exposition il y a une quinzaine d’années, je pense, qui était passée par Bruxelles. J’avais été émerveillée par ses oeuvres, si troublantes par leurs messages multiples. A cette occasion et parce que je souhaitais en connaître plus sur sa vie, je m’étais procurée sa biographie écrite par Hayden Herrera, dévorée tant j’avais été fascinée par la vie hors du commun de ce personnage mais aussi parsemée d’épreuves difficiles.



Ce roman de Claire Berest est centré sur l’histoire d’amour entre Frida Kahlo et Diego Riviera, peintre aussi talentueux de vingt ans son aîné. Passionnée par le travail de cette âme sœur dès sa sortie de l’adolescence, Frida lui vouait une adoration sans borne qui se mua en amour. Comme tous les êtres qui s’aiment, les séparations étaient monnaies courantes et les souffrances tant physiques que morales parcheminaient le chemin quotidien de ce couple.



Bien entendu, c’est un roman mais pas que. On y découvre la genèse de cet amour mais aussi celle de certaines oeuvres de Frida et de Diego. Cela attise la curiosité du lecteur de se plonger dans le travail artistique de ces deux figures majeurs de l’art mexicain. J’ai trouvé que c’était sublimement bien écrit et ai beaucoup aimé ce livre qui pourrait s’apparenter à une biographie, tant les sentiments semblent réels. L’écriture est sensible et touchante. Doté d’un style que certains pourraient abhorrer du fait de son manque de fluidité, il est poétique et prête à la contemplation.



J’ai dévoré ce recueil en très peu de jours et me suis perdue agréablement dans les sentiments si forts qui unissaient ces deux artistes, voyageant aux quatre coins du monde avec eux et ressentant l’inclination de ces deux personnages à part entière. Je comprend le succès retentissant de ce livre à la rentrée littéraire, succès amplement mérité pour ma part.



Ma seule déception a été de quitter ces deux êtres auxquels je mettais attaché et avec qui j’aurais encore passé un petit bout de chemin en leur compagnie.



Encore une fois, ce livre sélectionné pour nous jurées est doté d’une très belle couverture représentant Frida et Diego et qui est l’oeuvre de David Simonetta.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2020.
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L'épaisseur d'un cheveu

Morte sous les coups de son mari



Étienne a tué son épouse Violette, dite Vive. En déroulant la chronique - ordinaire - de leur vie de couple, depuis leur rencontre dix ans plus tôt jusqu'à ces instants fatidiques, Claire Berest réussit un roman aussi brillant que glaçant sur un banal féminicide.



Étienne Lechevallier «était parti pédalant en direction du Petit Brazil l’humeur joviale, car une seconde journée débutait pour lui, dévolue à son projet personnel qu’il jouissait encore de tenir en toute clandestinité, habillant l’escapade d’un charme secret; il était alors impossible d’imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Étienne tuerait sa femme.»

Dès les premières pages, le lecteur connait l'épilogue de ce roman, mais il n'en reste pas moins passionnant. Parce que sa construction, par des sortes d'ondes de choc successives, vont nous permettre de remonter le temps, de découvrir comment Étienne et Violette se sont rencontrés, comme leur couple a pris son envol puis comment l'usure du couple a failli causer leur séparation trois ans avant l'issue fatale.

Mais Étienne avait alors choisi de taire ses griefs, de faire profil bas parce qu'il ne concevait pas sa vie sans son épouse.

Alors pourquoi est-il cette fois passé à l'acte? C'est ce que le déroulement des jours précédant le féminicide vont nous apprendre. Et c'est la partie la plus réussie d'un roman implacable. Car il raconte comment des détails à priori sans importance prennent soudain une folle importance, comment un esprit déstabilisé construit son scénario diabolique pierre après pierre. Un rendez-vous pour un concert de musique classique qui n'est pas honoré, une alliance qui n'est plus portée, les traditionnelles vacances en Italie remises en cause jusqu'à cette scène de ménage en public avant LA soirée annuelle organisée par la maison d'édition d'Étienne et où il espère que son épouse lui apportera son entier soutien. Car, après son rachat par un grand groupe, son poste de correcteur est désormais sur la sellette, même s'il "faisait partie des murs". Il avait du reste été convoqué le matin même par l'éditrice pour être "recadré". Pour lui qui "traquait en limier les répétitions, les incohérences, redondances, et toute rupture de rythme ou de registre non justifiée", le coup est rude.

Claire Berest montre parfaitement comment la mécanique infernale se met en route dans un esprit très cartésien, comment il construit la trahison, l'humiliation. Et le déni.

Parsemant son roman de procès-verbaux d'audition par la police criminelle, la romancière réussit un roman percutant et glaçant. Car en le refermant, on se dit que le temps des féminicides est malheureusement loin d'être éradiqué.

On pense bien entendu à Ceci n'est pas un fait divers de Patrick Besson, autre chronique d'un féminicide, raconté cette fois du point de vue des enfants de la victime et à Une simple histoire de famille d'Andrea Bescond qui souligne elle aussi la banalité de ce mal trop ordinaire. Un peu comme dans Hommes d'Emmanuelle Richard, même si dans ce cas son «héroïne» a réussi à échapper à la mort pour pouvoir raconter sa relation, son emprise. Trois romans qui éclairent, chacun à leur manière, celui de Claire Berest qui confirme ici tout son talent.




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Artifices

Je suis partie confiante après avoir adoré Rien n’est noir. Ici aussi il y est question de peinture mais plutôt l’art gore. L’autrice s’est lancée dans un polar avec tous les codes à la mode. Chapitres courts alternés de différents personnages qui finiront par être liés. Un flic suspendu de ses fonctions, une voisine étrange, une collègue amoureuse, une artiste qui n’a jamais montré son visage. Seulement la sauce ne prend pas. Des trucs vraiment bizarres sans réponse, des scènes pas convaincantes, on a du mal à y croire à ce polar.
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Gabriële

Dépaysement garanti avec cette immersion dans la vie de Gabrïel, arrière grand-mère des deux sœurs écrivaines. Et quelle femme ! Musicienne qui veut rester célibataire pour se consacrer à son art. Jusqu’à ce qu’elle croise le chemin du peintre Francis Picabia, flambeur, exclusif, instable. Amie de Apollinaire et autres artistes connus, délaisse ses enfants pour voyages, puis séjour en Amérique, ménage à trois, alcool, drogue. Personnage fascinant qui a influencé le monde de l’art. Morte à 104 ans.
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Artifices

Il arrive parfois que plusieurs enfants reçoivent de la part des fée un même don à leur naissance... ici c'est celui de l'écriture.



Après la découverte d'Anne Berest à la lecture de "La carte postale", j'ai pris également beaucoup de plaisir, voire dévorer "Artifices" de Claire Berest.



Dans ce roman policier, l'auteure nous emmène dans une enquête mêlant un passé que les personnages aimeraient oublier et le monde de l'art contemporain. Si vous êtes friands d'histoire de l'art, d'happenings, de ou autres performances de l'artiste serbe Marina abramovic et que vous aimez les policiers, n'hésitez pas à vous offrir ce roman qui vous fera découvrir la capitale révolutionnaire et ses musées sous un autre jour !
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Rien n'est noir

« Un corps immortel de jeune soleil » stoppé dans son élan.

Une vie débordante « pleine de fourmillements dans les mains », soudainement brisée. Le corps alors cassé en mille morceaux, c'est une vie corsetée, alitée, jalonnée d'épreuves qui attend Frida Kahlo, à l'aube de la vingtaine.

Une vie démolie, quand on a vingt ans, c'est repartir de zéro, se réapprendre, avoir peur ... Pour Frida, au tempérament tumultueux, ce fut aussi aimer, exulter peut-être parfois mille fois plus pour mettre le mal en sourdine, colorer la vie « [elle] fait le spectacle vivant en arborant ses jupes d'Indienne de Tehuantepec, ses châles rebozos et ses huipiles brodés », la rendre pétillante, fascinante.

Ce dernier adjectif, je l'emploierais bien pour qualifier l'écriture de Claire Berest, et à ce "fascinante", j'ajouterais follement rythmée, colorée et passionnante.

L'auteure nous embarque dans la vie mouvementée et chaotique de Frida, elle dépeint ses souffrances, ses traumatismes, ses amours et plus particulièrement sa relation quelque peu houleuse avec Diego Rivera.

Une biographie originale ou dans l'intimité d'une grande dame à la destinée hors norme contée avec talent. J'ai été littéralement happée par cette lecture.

"Lettres ; frida kahlo par frida kahlo", publié chez Christian Bourgois m'attend ! Hâte !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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L'épaisseur d'un cheveu

Etienne, Etienne, Etienne, ho  tiens toi bien !!!



Une plume exquise esquisse un toxique personnage dont on sait dès le chapitre un (celui qu'on retient) qu’il va assassiner sa femme.



Le ton est rapidement donné, le roman est très court, ne perdons pas de temps en circonvolutions inutiles.



Etienne est correcteur, correcteur de manuscrits. Est-ce une raison pour ‘corriger' sa femme ?



Il ronge son frein de réaliser enfin son grand projet connu de lui seul et se perd en écumant les mondanités planifiées pas Vive, sa photographe d’épouse depuis dix ans mais avec qui il forme déjà un vieux couple, sans enfant.



L’ennui conjugal semble installé,  trompé occasionnellement par des présences amicales de circonstance. Tout semble prétexte à accrochage, surtout le vernissage où ils se rendent, différemment intéressés, c’est peu dire.



Tout l’irrite, Etienne, l'agresse.



Personne n'arrive à sa hauteur, hauteur reconnue par personne, semble-t-il par ailleurs.



Il boue, fulmine, s’agace, se constipe (au propre, si j'ose dire) et, du coup, perd un temps précieux qu'il aurait pu (du) consacrer à son grand projet.



Sa femme aussi semble mener un projet nouveau qu'il ignore, alors cela l’énerve, le contrarie et tout part en jus de boudin (normal, pour un constipé).



Nous sommes dans la tête d'Etienne.

Drôle d'intérieur.

Sombre, aigre, rance, ça sent le renfermé, l'ordre obstiné du maniaque.

Fantaisie :zéro.



Une place y a été faite pour Vive, mais au forceps, parce qu'elle fait bien dans son paysage à lui, à la condition qu'elle suive les règles par lui établies…quoique…



Puis, patratrack, tout craque et se détraque !



Une contrariété, un pet de travers et explose le chat qui dort, toutes griffes dehors.



L'ordre établi était un leurre, l’expression de la crainte qu'il inspire à son insu.



Une jolie exploration psychologique du drame qui couve sous un crane sans rides qui semblait le reflet d'une quiétude intérieure.

Une personnalité feinte, fabriquée minutieusement pièce par pièce, lisse comme le siphon à Chantilly qui n’attend que la petite impulsion pour laisser échapper la pression trop longtemps retenue.



Par flashback ou au gré de l’enquête criminelle menée après la découverte du corps de l’épouse, l’histoire du couple nous est narrée, forcément tragique, une tragédie lente à se déclarer mais indubitablement liée au cerveau troublé d’un mari perturbé depuis l'enfance.



Très belle écriture, très belle lecture, la chronique d'un féminicide annoncé.

 

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Rien n'est noir

Je fus séduite par le roman Gabriële écrit à quatre mains, par les deux sœurs Anne et Claire Berest et édité chez Stock en 2017 . Et c'est donc avec un grand plaisir et une certaine curiosité, que j'ai souhaité lire ce nouveau roman de Claire Berest Rien n'est noir.



Un roman qui nous raconte la vie de cette femme peintre Frida Kahlo. Je ne connaissais rien de sa vie, je n'avais en tête, comme beaucoup d'entre nous, que des photos de portraits d'une femme coiffée haute en couleur. Mais mes connaissances s'arrêtaient là.



C'est ainsi que j'ai plongé dans le récit tout à fait bouleversant de la vie de cette femme incroyable ! Avec talent et une grande sensibilité, l'auteure redonne vie à Frida, elle devient vivante sous sa plume. Son Accident, son amour inconditionnel pour le fameux peintre Diego Rivera, qui pour la petite histoire, nous apprenons a fréquenté Françis Picabia, l'arrière grand père des sœurs Berest !! Comment elle est venue à la peinture qu'alors qu'elle se destinait à la médecine. Comment la maladie a été une épreuve terrifiante où chaque partie de son corps criait douleur. Ses amitiés... et puis son voyage seule à Paris, sur invitation d'André Breton qui lui promet une exposition. Elle déteste Paris, elle déteste ces gens, ces bavards pédants comme elle aime les surnommer, le seul qui selon ses confidences qui trouve grâce à ses yeux, c'est Marcel Duchamp, très grand ami du couple Picabia par ailleurs, avec qui il formait un magnifique trio !!! Elle les rencontre tous, Picasso et sa muse ..... jusqu'à ce qu'elle sente la guerre arrivée et décide de rentrer retrouver son amour. Son amour, pas une époque formidable pour eux ces années là. Mais non je ne vais pas vous en dire davantage, je vous invite à lire ce roman savoureux sur un monde beau et triste à la fois. Personnellement que je n'envie pas du tout .... Cette superficialité, ces jalousies, ces tromperies .... l'alcool, la drogue pour oublier, créer, vivre selon ce que nous affirment ces artistes. Mais qu'est ce que vivre ? Qu'est ce créer ?



J'approuve assez l'éthique de Frida quand elle confie ne pas vouloir être célèbre, qu'elle n'honorera pas une invitation à Londres ..... Elle peint d'abord pour elle !



L'émotion est vive à lire Claire Berest et je la remercie tout particulièrement de nous emmener à travers Rien n'est noir, dans un voyage artistique à fleur de peau d'amour et de douleur.

#RienNestNoir #NetGalleyFrance Rentrée littéraire septembre 2019
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Artifices

Une belle couverture, de celle où je regrette de ne pas exposer la version papier dans ma bibliothèque …



De beaux phalaenopsis traités de façon graphique.

Je me suis plongée avec un réel plaisir dans ce roman que j'ai trouvé original dans les thèmes présents et dans la structure du livre qui alterne entre les différents personnages, Abel, Camille et Elsa et qui déroule une fable dans les titres.



L'art contemporain, avec cette artiste Mila, est au centre de ce livre et j'ai vraiment apprécié cette mise en avant au sein de cette enquête peu ordinaire.



Les personnages sont tous intéressants et le duo de flics fonctionne bien, même si très vite bancal car Abel Bac est mis à pieds dès le début du livre.



Abel Bac, le personnage central, est tentouré d'un immense aura de mystère, à en devenir terriblement magnétique et profondément attirant…



Sa nouvelle voisine, Elsa, va s'immiscer dans sa vie très réglée (ou dérèglée... ).



Fantasque, étonnante, intrigante, elle va s'imposer dans l'univers intime de Bac.



L'équipière, Camille, quant à elle, sans son équipier, va œuvrer pour découvrir la vérité, les vérités , celle d'Abel et celle des performances artistiques intrigantes.



Mais voilà, je vais m'arrêter ici car sinon je vais "divulgâcher" cette histoire. Ah Ah !



Une très bonne lecture que j'ai dégustée avec un plaisir certain.



Une écriture agréable, une originalité séduisante dans le monde de l'art contemporain.



Une noirceur que les artifices peuvent parfois cachés !



Un livre noir mais au final lumineux.



L'art peut nous aider à rendre le noir plus beau.



N'est-ce pas là l'essentiel, quand on traverse les ténèbres



de voir une petite loupiotte tremblante ?



On nomme ça l'espoir ♥



#Artifices #NetGalleyFrance






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L'épaisseur d'un cheveu

La quatrième de couverture annonce : Étienne tuera sa femme dans trois jours. Pas de suspense, donc, mais peut-être quelque chose à comprendre ? Eh bien non, L’épaisseur d’un cheveu de Claire Berest est un livre banal sur un phénomène effrayant.



Étienne Lechevallier a décidé d’entreprendre un grand Projet. Il y travaille dans un café où le serveur ne semble jamais se souvenir de lui. Il est aussi heureux qu’on puisse l’être même si son emploi de correcteur est loin d’être assez reconnu à son goût. Le soir même, il se rend à une exposition d’art avec sa femme, ensuite, il dîne au restaurant avec elle et Vincent, un de leurs amis. Et là, elle glisse comme en passant qu’elle ne pourra pas l’accompagner au concert de Mahler le lendemain. Comment est-ce possible ? Premier dérapage.



Le roman devient intéressant quand une discussion du couple donne à entendre son point de vue à elle, Vive, ce sera à peu près le seul. J’aurais aimé avoir d’autres points de vue, camarades de faculté, enseignants ou encore collègue. Mais las, on sait juste qu’Étienne ne se sent pas apprécié.



L’interrogation d’Étienne par la police m’a laissée perplexe. Dommage, ça aurait aussi pu être un passage passionnant.



Comme souvent, Claire Berest saupoudre ses textes d’informations sur des artistes contemporains. J’aime beaucoup, mais ça ne compense pas le peu d’intérêt du livre. Écrire un roman du point de vue de l’assassin d’une femme représente une vraie difficulté, impossible de s’identifier ou de s’attacher à lui. Néanmoins, le défi n’a pas été relevé.


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