La vérité sur Frankie

Ça m'enrage de voir qu'un homme puisse ainsi abuser de la crédulité et/ou de la vulnérabilité des autres . Grrr. On ne parle pas ici de se faire embrigader dans un parti ou dans une organisation avec une structure mais bien de se laisser happer par le charisme, par les sornettes, par les histoires abracadabrantes d'un seul homme ! le dénommé Frankie , diplômé "manipulation avec mention" réussit à pénétrer les cervelles de Christoph, Judith et Emma, trois étudiants dans la jeune vingtaine, à un point qu'il est difficile d'imaginer. Pour se faire, Frankie les aimera, les protégera, les guidera mais aussi les affamera (ou presque) , les isolera, les battra, les déplacera constamment, les dépouillera (ainsi que leur famille) et tout ça au nom de la sécurité nationale. Frankie leur fera croire qu'il travaille pour des services secrets, qu'il est en mission, qu'il a besoin d'eux, qu'il est poursuivit, qu'ils sont dorénavant tous en danger...et ainsi commence une fuite, une cavale sur près d'une dizaine d'années. On découvrira qu'il y aura bien d'autres victimes outre les 3 voix de ce roman soit Christoph, Judith et Emma. La narration des événements est faite à tour de rôle par chacun d'eux. On relève un événement précis, vécu , expliqué, compris différemment par ces 3 victimes. Ce sont les verbatim des entretiens avec la télévision . On y apprendra quel était leur minable quotidien, toujours dans l'attente de Frankie, de nourriture, de soins, de chaleur, de "missions terrain" . Dépossédé de tout , de leurs papiers d'identité, de leur passeport, de leur argent, de leur famille, de leur âme et de leur corps, ils ont vécu ainsi une dizaine d'années avant que ne s'achève cette fugue infernale. Un récit qui fait froid dans le dos . Un récit qui prouve que même les êtres intelligents, sensés, riches ou pauvres, ne sont à l'abri de rien et surtout pas du diable.

Une histoire vraie ? Oui, puisque cette histoire s'inspire de celle de Robert Freegenf et de ses victimes. L'auteur Tina Uebel, par l'intermédiaire de ces héros s'adresse directement au lecteur. Christoph, Judith et Emma, trois étudiants qui se sont fait manipuler par un homme se prétendant espion chacun leur tour, ils vont donner leur version de ce qu'il leur est arrivé.

Ballottés de pays en pays, de maison sordides en appartements ou grenier plus miteux les uns que les autres. Séparés, confrontés, ensemble, ennemis ou amis forcés par Frankie, tout cela pendant 10 ans de fuite. 10 ans de fuite juste sur ce que leur a dit Frankie. Frankie qui semble être pourchassé par la terre entière. Ils n'auront pas de contact avec l'extérieur ou si peu. Uniquement avec leurs familles pour leurs soutirer de l'argent. Argent qui servira principalement à Frankie. Des sommes colossales. Des parents qui se sont ruinés qui ont pris des crédits pour leurs enfants.

Ce livre est un ensemble de témoignages sous la forme d'interviews pendant lesquels chacun ca livrer sa vérité sur Frankie.
Un livre haletant qui laisse à réfléchir une foi la dernière page tournée.
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Inspiré d'une histoire vraie, ce roman raconte l'histoire de trois étudiants qui se sont fait manipuler par un homme se prétendant espion, et qui ont vécu en cavale pendant 10 ans, persuadés d'être recherchés par des ennemis.
Le roman se déroule une dizaine d'années après les faits, alors que Frankie est sur le point d'être jugé. Les étudiants maintenant adultes sont interviewés par un journaliste, et chacun d'entre eux raconte sa version de l'histoire.

Chaque récit est donc très subjectif, chacun des protagonistes ayant ressenti les choses de façon différente, ou essayant de donner une meilleure image d'eux-mêmes. Les trois récits s'entremêlent chapitre après chapitre, et l'auteur est vraiment parvenue à donner à chaque personnage une voix particulière, on peut reprendre la lecture au cours d'un chapitre et savoir instantanément qui en est le narrateur.
Il y a Christoph, qui analyse tous ces événements avec distance, Judith, qui est encore submergée par les émotions vis à vis de cette période, et enfin Emma, qui croit toujours à la réalité des mensonges de Frankie.
Le fait que ce soient des adultes qui racontent et analysent avec plus ou moins de recul le comportement qu'ils ont eu 20 ans plus tôt rend leurs récits vraiment passionnants.

Concernant l'histoire, je l'ai trouvée tellement incroyable qu'elle aurait sans doute pu paraître trop irréaliste si elle n'avait pas été inspirée de faits réels.
Au début du livre, on se demande bien comment ces trois étudiants plutôt intelligents ont pu se laisser manipuler ainsi, puis supporter tant de sévices sans jamais se rebeller.
Pourtant, au cours de la lecture, on comprend mieux les tactiques de Frankie pour les convaincre de ses mensonges, puis pour les rendre dépendants de lui, jusqu'à leur donner l'impression que sans lui, il n'y a aucune issue. Au fil des récits des personnages, on est fasciné par l'intelligence de cet homme qui parvient à jouer sur la corde sensible de chacune de ses victimes afin de mieux les contrôler.

La seule chose que je regrette un peu est qu'il n'y ait aucun chapitre du point de vue de Frankie. de fait, il reste toujours un personnage flou et insaisissable, et on ne comprend pas vraiment ses motivations ou sa personnalité. En même temps, le fait qu'on ne connaisse jamais "la vérité sur Frankie", rend le personnage (et le roman) encore plus fascinant.

Au final, j'ai beaucoup apprécié cette lecture et je remercie chaleureusement Babélio et les Éditions J'ai Lu pour m'avoir donné l'opportunité de lire ce roman.

Il est certains livres qui ne peuvent se raconter.
"La Vérité sur Frankie" en fait partie.

Inspiré de faits réels, Karine Uebel retrace le parcours de ces trois jeunes étudiants, tombés sous l'emprise du charismatique Frankie, rencontré "par hasard", de dix ans leur ainé.
Personnage mystérieux, aussi fascinant que détestable, cet homme dont on sait peu de choses les prend sous son aile et tente de leur faire découvrir le sens de la vie, à grand renfort de récits si peu crédibles qu'il parvient à semer le doute. Ses talents de manipulateur détruisent peu à peu Christoph Judith et Emma, jusqu'à maitriser leurs émotions et détruire tous leurs repères.

C'est dans un état de délabrement psychologique avancé qu'ils dévoilent leur version de l'aventure qu'ils ont vécues ensemble, dix ans après les faits, lorsque leur "bienfaiteur" est sur le point de comparaitre en justice.

Prenant tour à tour la parole, chacun se perd dans ses souvenirs, déstabilisant le lecteur de par la construction du récit.

Le style direct et décousu choisi par l'auteur, la brièveté des chapitres, le langage cru, sans fioritures, ne sont pas sans rappeler le phénomène Chuck Palahniuk ( "Fight Club").

On arrive à la fin de ce livre sans même s'en rendre compte, aspiré dans cette spirale infernale, à l'instar des protagonistes.

Une réussite en la matière.

Une très bonne interprétation d'un incroyable fait divers... le principe des témoignages croisé est ici bien maitrisé.

Inspirée d'une histoire vraie, la rencontre entre Frankie et trois jeunes d'une vingtaine d'années, les mène vers dix ans d'errance en Europe, durant lesquels, ils croiront avoir servi la cause de l'anti-terrorisme de leur pays. Sous quelle influence ? Celle d'un manipulateur expert dans le choix de ses victimes, subjuguées car « il a quelque chose, malheureusement, on pourrait appeler ça du charisme ». C'est nous qui les entendons, tous les trois, séparément, lors de vingt rencontres auxquelles ils ont droit de façon alternative. Il y a Christoph, qui, dix ans après, est encore ce gamin charmé : « Je vivais ! » ; Judith, plus prompte à feindre le recul qu'à assumer sa propre soumission ; Emma, la plus sous emprise, qui se croit subir un interrogatoire auquel elle a été préparé par son ancien mentor. Notre glace sans teint ? Ce roman qui nous empêche de hurler.
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Critique réalisée à l'occasion de la Masse Critique du 31 janvier 2013.

Ils sont trois, trois étudiants plutôt banals, Christoph, Judith et Emma. Et puis il y a Frankie. Frankie dont on ne sait pas grand chose, à part peut-être qu'il est barman, et qui prend peu à peu place dans le groupe d'amis. Ensemble, ils voyagent le temps d'un week-end, ensuite d'un été, ils profitent de la vie. Puis un jour, Frankie se confie à Christoph. Il appartient aux services de l'anti-terrorisme et il a besoin de son aide. Christoph marche dans la combine. C'est bientôt au tour de Judith et d'Emma. Tous les quatre se lancent dans la clandestinité sous la houlette de Frankie. Christoph, Judith et Emma, qui se remettent corps et âme à leur leader, vont subir l'enfermement, des sévices physiques et psychologiques sans jamais s'opposer à Frankie, sans jamais remettre en cause le bien-fondé de leur “cause”. Leur cavale va durer dix ans.

Inspiré par un fait divers réel, l'histoire de Robert Freegard qui s'est fait passé pour un espion du MI5, “La Vérité sur Frankie” est un roman glaçant sur les mécanismes de la manipulation qui se mettent en place chez les individus qui en sont victimes.

Le récit est rapporté par trois points de vue, celui de Christoph, le “complice” désabusé, Judith, la victime traumatisée et en colère, et Emma, toujours manipulée et paranoïaque. Sur la forme, il s'agit de témoignages enregistrés, on ne sait pas très bien par qui, sûrement par la télévision en vue d'un reportage. Chacune des trois victimes raconte des morceaux de leur cavale avec Frankie, on suit les trois fils d'une même histoire. Il est d'ailleurs intéressant de confronter les points de vue. Certains événements rapportés changent radicalement en fonction de qui les raconte.

Au fur et à mesure, Frankie tisse sa toile à coups de pseudo-missions et de départs précipités à travers l'Europe, principalement de l'Est. Son influence est effrayante. Elle conduit Christoph, Judith et Emma à se monter les uns contre les autres, persuadés d'être “l'élu” de Frankie. Leur lavage de cerveau est effarant. Ils ne se rendent pas compte qu'ils n'ont aucune vraie mission d'agent secret à part rester cloîtrés des jours durant, cela ne les interpelle pas. Frankie se rend indispensable. Personne n'ose rien faire sans son autorisation expresse. Ils lui obéissent aveuglément. Preuve que sa domination psychologique est totale, les trois victimes peuvent rester enfermées sur son ordre dans des endroits sordides, sans eau ni nourriture, dans un froid glacial, alors que les portes sont ouvertes et qu'ils pourraient s'échapper pour regagner le monde réel.

Tout au long du récit, on s'interroge. Qui est Frankie ? Que veut-il ? Pourquoi a-t-il tous ces points de chute dans différents pays de l'Europe de l'Est ? Que fait-il quand il part plusieurs jours ? Que fait-il de l'argent qu'il soutire sans aucune difficulté à ses victimes ? Malheureusement, à la fin du roman, on n'en sait pas beaucoup plus sur Frankie, juste qu'il a fini par se faire prendre, qu'il y aura un procès et qu'il y a d'autres victimes qui ont été manipulées de la même façon que les trois protagonistes principaux.

“La Vérité sur Frankie” est une grande réflexion sur la perte de repères des individus sous influence, sur la terrifiante facilité de certains manipulateurs à faire croire les plus grosses énormités à des personnes stables, qui ne présentent aucune prédisposition à la domination psychologique, à les faire accepter des sévices inimaginables et à obtenir leur total dévouement.
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La vérité sur Frankie
Tina Uebel, traduite par Stéphanie Lux
Éditions Ombres Noires, 2012

Christoph, qui s'appellera, au fil de dix longues années : Jonas, Alex, Mikaël, Falk, Martin. Christoph perd son nom, son âme, sa vie dans ses multiples identités.
Emma, elle, sera Penelope, y perdra un enfant, un autre, qui lui seront arrachés par celui-là même qui les a engendrés.
Judith, deviendra Lena, avant de n'être plus rien du tout, carbonisée, nettoyée par le feu d'une passion fanatique, absolue, indélébile, pour Frankie, les mots de Frankie.
Frankie lui, n'a qu'un nom, Frankie n'a qu'un visage. Mais de la bouche de Frankie coule sans cesse un torrent de mensonges dont la force repose sur l'idée que c'est « nous contre les autres ». En ces lendemains de 11 septembre, comment refuser que les agents existent, que des espions travaillent dans l'ombre, que des cellules dormantes attendent qu'on vienne les réveiller ? Et pourquoi Frankie ne serait-il pas l'un de ces hommes du secret ?
On a envie de secouer Christoph et Judith, de coller des claques à Emma. de leur crier à tous : ouvrez les yeux, soyez raisonnables, comment pouvez vous croire Frankie ? Et surtout, on a très envie de mettre Frankie à l'ombre, et de jeter la clef, loin, loin, tant son cynisme, son égoïsme, sa malhonnêteté sont repoussants.
Oui, mais si Frankie avait raison ? Est-ce que pour sauver son pays on ne peut pas passer des jours enfermés dans un grenier, sans manger, sans faire le moindre bruit, à attendre la délivrance ? Est-ce qu'on ne doit pas supporter le froid d'une maison sans chauffage ? le rationnement absolu de la nourriture ? Toutes les privations ? L'isolement total ? Et demander, pour la cause, encore et encore, de l'argent à sa famille ?
[...] la suite sur le blog de Jeanne Desaubry
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Très agréablement surprise par cette lecture. le fait qu'on vive /entende les témoignages des protagonistes donnent énormément de relief au récit. Petit bémol, la fin arrive un peu trop rapidement à mon goût. Ce livre est angoissant et stressant. Ces jeunes ont l'air intelligent. D'où la question : est ce que ça pourrait nous arriver?