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3,3

sur 175 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce roman est inspiré d'un fait divers odieux et dramatique qui s'est déroulé dans une communauté mennonite* implantée en Bolivie. Entre 2005 et 2009, dans la colonie de Manitoba, de multiples viols et agressions sexuelles ont été commis, pendant la nuit, sur de femmes mennonites de 3 à 65 ans. Ces actes monstrueux ont d'abord été mis sur le compte de l'imagination des femmes, d'agressions par des fantômes ou des démons, avant qu'on ne découvre qu'ils avaient été perpétrés par huit hommes de la colonie, qui utilisaient un spray à la belladone pour anesthésier au préalable leurs victimes. Ces hommes ont par la suite été condamnés et emprisonnés.
Le récit (romancé) prend pour point de départ l'idée que les coupables sont en voie d'être libérés sous caution et de revenir à la colonie. Huit des femmes victimes d'agressions se réunissent alors à la hâte en une sorte de conseil pour décider de ce qu'elles vont faire face à ce retour annoncé. Trois possibilités : ne rien faire ; partir vers l'inconnu ; rester pour affronter leurs agresseurs. Leurs discussions sont retranscrites par August, le jeune instituteur de la colonie. Houleux, orageux, ces débats sont difficiles et les enjeux et implications de chaque option sont fondamentaux, dans un contexte où les femmes sont analphabètes et ne connaissent strictement rien du monde extérieur, et où elles sont depuis toujours enfermées dans le carcan du patriarcat et de la religion, au point que c'est une révolution pour elles d'imaginer une société où "les femmes seront autorisées à penser", où "les filles apprendront à lire et écrire". Tout aussi hallucinant d'observer que, dans la mentalité de ces hommes, les femmes sont, quoi qu'il arrive, coupables de quelque chose, alors qu'en toute objectivité, elles sont les victimes pures et simples de ces monstres : "si, en effet, les agresseurs n'avaient pas été conduits en ville et que les autres hommes ne les y avaient pas suivis pour payer leur caution et obtenir qu'ils reviennent dans la colonie, où ils seront en mesure de recevoir le pardon de leurs victimes et obtenir qu'elles soient pardonnées à leur tour par Dieu, ces femmes ne se seraient pas réunies". Certaines se révoltent : "Nous n'avons pas à obtenir le pardon des hommes de Dieu, crie-t-elle, quand nous ne cherchons qu'à protéger nos enfants contre la dépravation d'hommes brutaux qui, souvent, sont ceux-là mêmes à qui nous devons demander d'être pardonnées. Si Dieu est un Dieu aimant, Il nous pardonnera Lui-même. Si Dieu est un Dieu vengeur, Il nous a créées à Son image. Si Dieu est tout-puissant, pourquoi n'a-t-Il pas protégé les filles et les femmes de Molotschna ?"
A côté de la mise en lumière de ces événements et de la condition (révoltante) de ces femmes, le récit pose beaucoup de questions philosophico-religieuses intéressantes sur le pardon, la vengeance, la foi. Il interroge aussi la vie quasi-autarcique des mennonites : "A Molotschna, la chance n'existe pas. Il est péché d'y croire. Il est honteux de pleurer. Comme tout est voulu par Dieu, rien, dans Sa création, n'est laissé au hasard. Si Dieu a créé le monde, pourquoi ne voulons-nous pas y vivre ?"
Un livre très riche, mais dont la lecture est parfois pénible : la retranscription des discussions des femmes, telle qu'elle se déroule à l'oral avec des arguments qui fusent en tous sens, donne par moment une impression de décousu, voire de cacophonie. Quant aux digressions larmoyantes d'August, elles contrastent certes avec la combativité des femmes, mais je n'en ai pas vu l'intérêt pour l'histoire. Au final, "Ce qu'elles disent" est un récit un peu froid et répétitif, original et intéressant, qui rappelle que la religion a souvent bien peu d'égards envers les femmes.
En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.

*Le mennonisme est un mouvement chrétien anabaptiste (càd en faveur du baptême des enfants une fois atteint l'âge de raison, et non dès la naissance), issu de la Réforme protestante. Les mennonites sont fondamentalement pacifistes et, en dans les colonies boliviennes à tout le moins, rejettent toute modernité, vivent essentiellement de l'agriculture et n'ont de contacts avec le "monde extérieur" que pour l'achat de matières premières et la vente de leurs récoltes (Wikipédia).

#CeQuellesDisent #NetGalleyFrance

Lien : https://voyagesaufildespages..
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***

Elles se pensaient en sécurité, entourées de leurs maris, leurs frères, leurs oncles... Elles croyaient que leur foi les protégerait... Elles imaginaient que la violence et la souffrance viendraient du monde extérieur... Huit femmes de la colonie mennonite de Molotschna vont faire la triste découverte d'un monde qui s'écroule. Elles ont été abusées, trahies et vont devoir faire un choix... Deux jours suffiront-ils à changer toute une vie ?

Le roman de Miriam Toews est un roman fort. Touchée par ce qu'ont vécu ces femmes, émue par la véracité des faits, j'ai été désarçonnée et bousculée par l'écriture de l'auteur.

Huis clos oppressant, Ce qu'elles disent est avant tout l'image de femmes qui se lèvent, doucement, se mettent à genoux pour plus de force, et tentent de prendre un envol mérité.

C'est un roman difficile à suivre, pas tant par les scènes de violence, plutôt brumeuses et survolées, que par l'écriture de Miriam Toews. Elle a choisi de nous plonger au coeur des discussions de ces femmes, dans leurs digressions, leurs querelles, sans que les dialogues soient détachées du texte, sans que l'on puisse réellement reprendre notre souffle.
La forme du récit se prête à la pesanteur de l'ambiance, à la lenteur de l'histoire...

C'est donc avec une pointe de regret que j'ai laissé ces femmes en marge, que je me suis sentie comme étrangère, en marge, de leur doute, de leur peur et de leur élan d'espoir et de courage.
Car il en faut pour sauter dans l'inconnu, s'effaçant devant la nécessité de mettre en sécurité ses enfants, remettant en cause sa foi et ses croyances...

Merci à NetGalley et aux Editions Buchet-Chastel pour leur confiance.
Lien : https://lire-et-vous.fr/2019..
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Miriam Toews donne voix aux femmes mennonites dans une singulier roman/récit s'inspirant d'un véritable fait divers dramatique: le viol collectif et répété organisé par les hommes d'une colonie de Bolivie dans les années 2000.

L'auteure canadienne, elle-même enfant mennonite, élevée dans un esprit ouvert et tolérant a rompu néanmoins avec la communauté pour aller à l'université. Elle garde toute légitimité pour s'intéresser de près au sujet, en poser le contexte dans une dérive sectaire fondamentaliste voire criminelle, donner éclairage sur la condition archaïque des femmes et leur rendre justice.

Le livre se concentre sur deux jours de discussions féminines:
Il faut prendre une décision communautaire avant la remise en liberté sous caution des coupables:
-ne rien faire et continuer à vivre auprès de leurs agresseurs,
-se venger ou pardonner,
-oser partir vers un monde qu'elles ne connaissent pas.

L'enjeu est de taille pour des femmes analphabètes, piégées par leur éducation et leur spiritualité. Par des personnalités différentes et des échanges passionnés et parfois belliqueux, la parole se libère, laissant entrevoir la vie quotidienne d'un mouvement évangéliste chrétien aux dérives sectaires fortes.
Et au-delà des faits dramatiques et révoltants se dévoile une intimité féminine touchante, comme une planche de survie.

Les échanges posent sur table de nombreux thèmes de réflexion autant philosophiques que théologiques, où la croyance s'oppose au pragmatisme. Une invitation à réfléchir sur les notions de courage, de vengeance, de pardon et d'amour.
C'est là tout l'intérêt du livre qui m'a paru souvent redondant par cet aspect très théâtralisé et sans pause narrative des conversations.
A découvrir…

#netgalley
#rentreelitterairesept2019
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Roman inspiré d'un fait divers qui s'est passé il y a quelques années en Bolivie , des femmes ont subi des viols durant leur sommeil .
Grande particularité , ça c'est passé dans une communauté mennonite et ce roman est écrit par une jeune femme ayant vécu sa jeunesse dans une telle communauté .
J'ai lu que l'auteur disait que la communauté où elle a vécu , était beaucoup plus moderne .
Ici dans le roman , nous sommes dans une communauté complètement fermée sur le monde extérieur , tout ce qui vient de l'extérieur est banni , interdit et les femmes sont analphabètes.
Au début vu le contexte particulier , on pense que c'est l'oeuvre du diable avant d'accepter l'impensable que c'est bien l'oeuvre des hommes .
On suit une assemblée de femmes pendant plusieurs jours , elles vont essayer de trouver une issue et ont trois solutions : pardonner , partir ou rester et se battre .
Comment vivre après de tels actes ? , comment protéger leurs enfants ? , voilà certaines questions abordées .
Ce livre pose de bonnes questions , suscite des débats et c'est une bonne chose .
Le fonds est très intéressant , la forme m'a par contre rebuté , c'est monotone .
J'aurai aimé rencontrer l'auteur , qui j'ai vu participe à des débats de lecteurs , j'aurai aimé lui poser des questions sur la vie dans sa communauté à elle , en apprendre plus sur ces hommes et ses femmes mennonites .
Une lecture très intéressante malgré quelques petits défauts .
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Ce livre s'inspire d'une histoire vraie, dont je n'avais jamais entendu parler. En Bolivie, des femmes, jeunes filles et enfants d'une colonie ménnonite (mouvement sectaire qui rejette la modernité et la technologie, ont été violées nuit après nuit pendant 3 ans par des hommes de la communauté. Ils les endormaient et les violaient.

Ce qui est relaté ici, ce n'est pas le sordide, c'est le courage. le courage des femmes qui s'interrogent sur leur avenir : doivent-elles fuir ? Mais où ? Doivent-elles rester, au risque d'entretenir la haine dans leur coeur contre ces hommes et aller contre le pacifisme de leur religion ? Doivent-elles pousser les hommes en dehors de la colonie ?

Ce livre est un huis clos. Les femmes échangent, débattent, et un homme August, prends note de leurs paroles, qu'elles ne seront jamais capable de lire. Leurs pensées interrogent, touchent. Une lecture réellement dépaysante.
Merci à Buchet Chastel et Netgalley pour cette lecture.
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Ce livre m'a été conseillé par ma bibliothécaire, je n'avais jamais entendu parler de cette communauté. Avant de le commencer, j'y ai d'ailleurs fait quelques recherches, afin d'en savoir un peu plus sur le sujet.

Cette lecture me laisse plus que dubitative : je suis à la fois sidérée par les faits et un peu déçue quant au style d'écriture de l'autrice.

Il n'y a pas de chapitres, seulement quelques séparations, et il est difficile de "couper" la lecture, ce qui m'a paru un peu long par moment.

Quant aux faits (réels !!!), je suis outrée de voir ça encore de nos jours, qu'on dise à ces femmes de pardonner à leurs agresseurs, sous peine d'être jetées de leur communauté et de ne pas avoir leur place au paradis... Voilà pourquoi la religion (quelle qu'elle soit) m'horripile... de rendre la femme coupable de tout et responsable de ce qui lui arrive, juste parce que les hommes en ont décidé ainsi, parce qu'incapables de s'assumer, et de se servir de la religion et de Dieu à leur avantage, ça me rend malade... Voilà pourquoi les hommes m'horripilent également... J'aurais eu envie d'avoir ces femmes en face de moi, de les secouer une par une, et de leur crier : "Mais arrêtez de parler bon sang, arrêtez de vous demander quoi faire. Agissez !!! Révoltez-vous !!!".

J'ai pris l'habitude de lire des livres/romans de tous genres : il y en a que j'ai littéralement adorés, d'autres que j'ai bien aimés, ou un peu moins, ou encore pas du tout. Il y a ceux qui m'ont fait pleurer, rire... ou ceux, comme celui-ci, qui me mettent hors de moi...

Ce livre va rester encré en moi un moment je pense..., même si je suis incapable de dire s'il m'a plu ou non.

[Lu en novembre 2019]
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Belle histoire que celle de ces femmes qui ont une grande décision à prendre. Ce huit clos est original et l'histoire de August se mêle à l'histoire de ces femmes et également à celui d'Ona. L'écriture et l'histoire m'ont bien plu, mais j'ai eu énormément de mal à rentrer dans ce récit. J'ai trouvé les personnages de On a et de August très attachants. Ce livre est un hommage aux femmes de toute la terre.
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Le récit est, en partie, le compte rendu d'une assemblée générale des femmes de trois générations de la colonie mennonite de Molotschna. August Epp, l'instituteur, est chargé de le retranscrire, ces femmes ne sachant ni lire ni écrire. Elles s'expriment toutes en bas-allemand, plautdietsch, une langue médiévale exclusivement orale.
Entre 2005 et 2009, ces femmes ont été victimes de viols. Pendant que les hommes sont partis en ville, ces femmes se réunissent pour décider ensemble quelle alternative prendre. Les hommes leur ont laissé trois choix : partir, ne rien faire ou rester.
Les corps de ces femmes sont striés de marques de cordes, piqûres d'insectes, une a même le doigt sectionné.
La réunion commence par un débat : les femmes sont-elles des animaux ?
Leur corps ne semble être qu'un outil quelconque pour ces hommes contrôlant tout, même le temps. Elles ne savent rien du monde extérieur ni de la langue qu'on y parle. Les agressions avaient, au départ, étaient mises sur le dos de la fameuse imagination féminine débordante par Peters, le chef de la congrégation, malgré les traces de sperme, de sang et de cordes sur les corps des victimes à leurs réveils.
Peu à peu, c'est l'idée de déclaration révolutionnaire exprimant les droits des femmes au sein de la colonie qui se met en place, un manifeste qui proclame les revendications des femmes.
Mais le choix des mots est primordial : qu'écrire, pourquoi ?
Et quel choix faire ?
Il y a bien des sujets comme la communauté, la liberté, qui auraient sûrement mérité d'être plus amplement développés dans ce roman.
De plus ce livre à un petit côté socialiste et intellectuel qui m'a dérangé et que j'ai eu du mal a imaginé chez ses femmes qui n'ont reçu aucune instruction. Certaines de leurs expressions sonnent faux dans ce que l'auteur nous montre comme leur éducation. L'auteur n'est jamais loin de ses personnages.
C'est, je pense, avant tout un livre militant. le style est un peu répétitif, pas vraiment poétique, ni tragique d'ailleurs. C'est un peu flou, un peu brouillon. C'est tellement dommage, il y avait là matière à écrire de belles pages. Mais le plus important est d'avoir posé un éclairage sur ce fait divers à la fois horrible et glaçant à notre époque dite civilisée.
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J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman pourtant intéressant. L'écriture, les noms des participantes pour me repérer, les propos philosophiques tenus par des femmes illettrées, la redondance des propos m'ont gêné, je n'ai pas adhéré , n'y ai pas cru un seul instant.
Pourtant le thème est d'actualité : la libération des femmes face au patriarcat, à l'influence paternaliste, à la soumission sexuelle exercée, à la force de la religion qui avilit la femme. Par contre ce livre m'a permis d'aller plus loin et de faire des recherches sur les mennonites que je ne connaissais pas.
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Bolivie 2009. Voici déjà 4 ans qu'au sein de la colonie mennonite de Manitoba, des enfants, jeunes filles, femmes, se réveillent couvertes de coups, sang, violées, sans n'avoir rien perçu. La seule explication donnée à ces femmes est qu'en raison de leurs péchés, Satan les a punies. Mais elles ne croient pas à cette explication. Il s'avère que des hommes au sein de la communauté ont endormi ces femmes avec un puissant anesthésiant et les ont agressées durant la nuit. La plus jeune n'avait que 3 ans. La plus âgée n'avait plus de dents en raison des coups portés.

L'auteur, mennonite, relate dans ce roman la réunion de 8 femmes qui doivent prendre une décision. Rester, se battre ou partir. August, instituteur considéré comme un sous-homme,va retranscrire aux côtés de ces femmes les minutes de leurs décisions. Personne ne doit savoir ce qui se fomente. Aucune ne sait écrire. Leurs pensées, ce qu'elles veulent faire, vont être consignées par lui. Prises dans les rets d'une religion qui les oppresse, ne parlant pas l'espagnol, ne sachant ni lire ni écrire, que faire ? 

Ce sujet m'intéressait et je connaissais le mode de vie de ces mennonites mais je dois avouer que j'ai manqué d'émotions pendant cette lecture. L'auteur retrace de façon très factuelle, minutée, les réunions de ces femmes. Il n'y a aucune émotion alors même que le récit se consacre aux échanges entre ces femmes. 
J'ai dans un premier temps pensé que cela était dû à l'éducation de ces femmes (et de ces hommes) où la manifestation du sentiment amical, amoureux, n'a pas sa place.
Par ailleurs il y a trop de digressions dans le récit et l'on a du mal ensuite à se réinstaller dans l'histoire.
Le seul moment où j'ai été émue fut à la fin lors du monologue d'August et lorsque l'on apprend certains faits sur sa vie.
L'auteur révèle très bien les contradictions de cette communauté et l'impasse dans laquelle se trouvent ces femmes : si elles ne pardonnent pas à ces hommes, elles iront en enfer ; si elles pardonnent à ces hommes, ils ne seront plus excommuniés et regagneront la communauté. de plus ce roman a le mérite de mettre en lumière des fait trop longtemps cachés au sein d'une communauté repliée sur elle-même.
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