Citations sur Ce qu'elles disent (65)
« Salomé poursuit : Et quand nos hommes nous ont usées jusqu’à la corde, quand ils ont fait de nous des femmes qui, à trente ans, ont l’air d’en avoir soixante, des femmes avec un utérus qui, littéralement, menace de tomber sur le sol immaculé de notre cuisine, des femmes finies, ils se tournent vers nos filles. Et s’ils pouvaient nous vendre à l’encan ils le feraient sans hésiter. »
Si j’ai bien compris, nous, les femmes, avons déterminé trois choses auxquelles nous estimons avoir droit.
Lesquelles ? demanda Greta.
Nous voulons que nos enfants soient en sécurité, répond Mariche. Elle s’est mise à sangloter doucement, elle a du mal à parler, mais elle poursuit quand même. Nous voulons rester fidèles à notre foi. Nous voulons pouvoir penser.
Rien n'est cru avec autant de ténacité que ce que nous connaissons le moins. (Montaigne)
Qu’est-ce que va veut dire, en gros ? Que “ le monde”, si nous ne le connaissons pas, ne peut pas nous corrompre ? Sommes-nous libres parce nous ignorons que nous sommes en prison ?
Pourquoi cette évocation - l'amour, le souvenir de l'amour, le souvenir de l'amour perdu, la promesse de l'amour, la fin de l'amour, l'absence de l'amour, le besoin brûlant, brûlant d'amour, le besoin d'aimer - provoque-t-elle un tel déchaînement de violence ?
Je demande aux femmes si elles accepteraient de me laisser souffler un instant.
Une fois de plus, Ona Friesen me lance un regard inquisiteur. Peut-être est-elle aussi intriguée par l'idée qu'on puisse se permettre de souffler un instant (il est très vraisemblable qu'elle n'ait jamais entendu l'expression, même en traduction) ou par la possibilité du souffle qu'on retient, la vive douleur de la pensée inexprimée, le récit de la vie, le fil qui lie, noue, retient. Un répit, une pause, un souffle retenu. Le récit.
Les femmes consentent à ma requête.
(page 61)
Elle continue de crier : elle détruira toute créature vivante qui s'en prend à son enfant, elle arrachera ses membres un à un, elle profanera son corps et l'enterrera vivante. Elle mettra Dieu au défi de la frapper à mort, là, sur-le-champ, si elle a péché en mettant son enfant à l'abri du mal et en détruisant ce mal pour qu'il ne puisse plus s'attaquer à d'autres. Elle mentira, elle persécutera, elle tuera les méchants et elle dansera sur leurs tombes et brûlera en enfer pour l'éternité avant de laisser un seul autre homme assouvir ses pulsions violentes sur le corps de sa fille de trois ans.
Il fait du bien aux guérets celui qui, en tournant la charrue obliquement, rompt en sens inverse des mottes qu'il a soulevées en creusant le sillon.
Il est possible de quitter quelque chose ou quelqu'un dans un état d'esprit donné et d'arriver ailleurs dans un autre, tout à fait inattendu.
Ona s'excuse de nouveau et ajoute qu'elle a aussi songé à l’Épître des Philippiens et à ce qui est bon. La liberté est une bonne chose, dit-elle. Préférable à l'esclavage. Et le pardon est une bonne chose, préférable à la vengeance. Et l'espoir qu'engendre l'inconnu est une bonne chose, préférable à la haine du familier.
pages 119-120.