Éden, Dean, dong... Lire
À l'est d'Éden et mourir...
Et bing ! Encore un chef-d'oeuvre signé Steinbeck. Pour ceux qui auraient vu le vieux film d'
Elia Kazan avec
James Dean, l'incipit du commentaire fera sens car vous savez que le grand James est mort peu de temps après. Sachez simplement que le livre comporte 4 parties et que le film ne traite que de la dernière. Ce n'est donc pas peu dire que le film, tout honnête qu'il puisse être, n'est qu'un très pâle reflet du livre.
Pour les amoureux de Steinbeck, sachez aussi que ce livre est partiellement autobiographique car les Hamilton ont réellement existé, Sam Hamilton étant le grand père maternel de l'auteur et tous les noms donnés dans cette famille sont réels. La scène du baptême de l'air, par exemple, concerne la mère de
John Steinbeck.
Que dire de ce livre? le sujet semble en être le bien et le mal, mais dit comme cela, ça ne donne pas trop envie, il faut bien évidemment imaginer toute la subtilité de l'auteur, sa propre absence de manichéisme (pensez par exemple à "
En un combat douteux"), la dentelle dans laquelle il travaille la profondeur de ses personnages, la caricature à but allégorique comme dans "
La perle". Ici tout y est.
On suit donc tout d'abord le destin d'Adam Trask, fruit du premier mariage du rude Cyrus Trask, et de son frère puiné
Charles D une seconde épouse. Les deux frères, si différents sont tels le yin et le yang. Adam semble aussi chétif et rêveur que Charles apparaît robuste et prosaïque.
Puis cheminant dans le destin et dans le temps, Adam Trask va se trouver une femme et suffisamment se brouiller avec Charles pour décider de migrer en Californie afin de se séparer de son frère. D'où le titre du livre qui est un clin d'oeil à la bible : "Caïn se retira de devant l'Éternel, et séjourna dans le pays de Nôd, à l'est d'Éden." L'épouse d'Adam, Kate, s'avère être passablement handicapée de toute sorte de commisération ou d'empathie pour son prochain. Pour faire simple on peut la qualifier, au bas mot, d'impitoyable.
Celle-ci va donner naissance à des jumeaux, Aaron et Caleb, aussi dissemblables que pouvaient l'être Adam et Charles. Je ne vous en dit pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture.
Sachez encore que tout au long du livre, l'auteur alterne des événements de la famille Trask avec ceux de la famille Hamilton jusqu'à ce que les deux principaux pivots de ces deux familles, Samuel Hamilton et Adam Trask interagissent entre eux. Les personnages secondaires, Sam Hamilton et surtout le chinois Lee sont particulièrement intéressants. Alors n'hésitez plus, lisez, délectez-vous et faites passer le message car la portée philosophique et parabolique de l'ouvrage valent vraiment le détour, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.