Temps d’île
Qui m’appelle de la voix
d’un oiseau qui crie?
Quel amour m’aime, quel amour
m’invente des caresses,
caché entre deux airs,
simulant la brise?
Le palmier, qui l’a mis
- celui qui me rafraîchit
avec des souffles d’ombres et de soleil -
là où moi je le souhaitais?
Le sable, qui l’a lissé,
si lisse, si lisse,
pour qu’en traits infiniment légers
la main m’écrive,
sur une amante que je n’ai jamais vue,
sur une amante cachée,
parmi la pudeur de l’écume,
messages d’ondines?
Pourquoi me donne-t-on tant de bleu
sans que je le demande,
le ciel qui l’invente,
la mer, qui l’imite?
Quel est le Dieu qui au huitième jour
m’a tracé cette île,
commerce de beautés,
bourse sans cupidité?
Ici, terre, ciel et mer,
vendant
écume. sable, soleil, nuage,
trafiquent allègrement;
sans fraude ils s’enrichissent,
- des gains très purs -,
pour des aurores ils donnent des astres,
ils échangent des merveilles.
Le temps des îles: on le compte
avec des chiffres magiques;
l’heure n’a plus de minutes:
soixante délices;
avril passe tel trente soleils,
et un jour est un jour.
Qui en emportant les angoisses,
a donné forme au bonheur?