Ces 4 nouvelles parlent toutes de l'instabilité et de l'angoisse dans le rapport conjugal, du point de vue de l'époux. Les deux premières nouvelles sont très réjouissantes à mon goût : il y a la vision de l'homme, et puis on s'imagine celle de son épouse. Profondes, bien écrites, poétiques, les deux premières nouvelles m'ont divertie, et je ne leur ai pas trouvé de goût amer du tout, si ce n'est celui du chocolat. Dans la deuxième moitié du livre, je me suis un peu ennuyée mais sans excès.
Dans "Eau amère", on voit comment, au fil de l'usure du temps et, surtout, à cause d'un élément déclencheur, un mariage prendra fin de manière inattendue ; dans "La mort à la bouche", on suit le doux délire d'un homme apparemment situé en dehors de la dite normalité ; dans "Le mal de lune", il est question d'un couple marié depuis peu, et où l'épouse découvre que son mari est un loup garou; finalement dans la dernière nouvelle, un couple vit une crise à cause de la culpabilité ressentie par la femme au sujet de la mort de leur enfant.
Les personnages sont des hommes à la fois amoureux et hantés par leur femme, ou au contraire expiant quelque – légère - culpabilité intime, et la confessant, comme ça, à un inconnu de passage. Beaucoup de fantaisie, d'extravagance, de théâtralité, de comique, et presque aussi parfois de grotesque. La "scène" du duel, ou la nouvelle sur le loup-garou sont, par exemple, caricaturales.
Pour certains, les textes sont emprunts de métaphysique que je n'ai pas eu la patience, cette fois-ci, de prendre le temps de clarifier à mon esprit. Une autre fois, peut-être, plus en détail. Ce recueil de nouvelles, telles qu'elles sont rassemblées autour du mariage, ainsi que de la femme, laisse penser que ces sujets ont inspiré chez Pirandello beaucoup de remous oniriques, passionnels, et beaucoup de questionnement philosophiques.
A découvrir donc.
Commenter  J’apprécie         110
Et les étoiles tremblent toutes au ciel. Vous les regardez. Beau métier aussi que celui des étoiles ! Que font-elles là haut? Rien. Elles regardent également dans le vide et l'on dirait qu'elles en ont un frisson ininterrompu. Et si vous saviez comme j'aime le hibou, au milieu de toute cette douceur, quand il se met à sangloter au loin, angoissé. Il pleure, lui aussi, de la même douceur.
Assailli par le vent, je gagnai le couvert des arbres. A un certain moment, je ne sais pourquoi, je me retournai du côté de la maison qui me présentait son autre façade. M'étant attardé à regarder, je me penchais en avant pour tenter de discerner à travers l'obscurité si ce que je croyais voir était vrai : près de la fenêtre de la chambre où Mirina s'était retirée pour pleurer sa sœur, à l'étage inférieur, il y avait comme une ombre qui s'agitait. L'avais-je dans les yeux, cette ombre ? Je me les frottais si fort qu'ensuite, pendant un certain temps, il me fut impossible de distinguer quoi que ce soit, comme si des ténèbres plus épaisses m'avaient fondu dessus pour m'empêcher non pas de voir, mais de croire à ce que je pensais avoir vu. Une ombre qui gesticulait ? L'ombre d'un arbre agité par le vent ?
J'étais si loin de soupçonner que ma femme pût me tromper.
(Quand j'étais fou…)
Dans ce film, la romancière et critique littéraire italienne Daria Galateria et l'auteur et traducteur Jean-Luc Nardone, présentent le roman "Les Dix mille mulets" de Salvatore Maira à paraître le 2 juin 2021.
Sicile, 1949. le jeune éleveur de bétail Pepino Maiorana vient d'obtenir un marché mirifique : fournir dix mille mulets à la Grèce pour solder la dette de guerre de l'Italie. Il devra trouver les bêtes dans toute l'île, les conduire à Messine, les soumettre à une commission et les embarquer pour le Pirée, cent cinquante à la fois, en anticipant les dépenses avec de l'argent qu'il ne possède pas.
Pepino doit faire face en outre à deux obstacles majeurs : sa famille et la mafia. Mais il continue obstinément, zigzaguant entre les doutes et les menaces, convaincu qu'il tient là l'occasion de sa vie. Il trouvera un allié inattendu dans un singulier commissaire de police, Giulio Saitta, l'autre personnage central du roman qui, marqué par l'assassinat de son épouse, nourrit son désir de vengeance. Son enquête fait apparaître les puissances politiques, religieuses et mafieuses qui, dans l'ombre, intriguent pour mettre la main sur l'Italie. L'aventure individuelle de Pepino se fond ainsi dans l'histoire générale d'une Italie qui s'efforce de renaître et ne s'est pas débarrassée des forces maléfiques de la Seconde Guerre mondiale.
"Les dix mille mulets" est une épopée populaire tragi-comique qui mêle faits historiques réels et intrigue romanesque, dans laquelle on croise toute une foule de personnages désespérés, comiques, solitaires, qui essaient avec autant d'énergie que d'imagination, et sans trop de scrupules, de se réinventer une existence sur les décombres de la guerre. C'est aussi un roman choral qui recrée une Sicile disparue, à la fois séduisante et impitoyable, tragique et incroyablement vivante.
Salvatore Maira, né à San Cataldo en Sicile en 1947, a enseigné le cinéma à l'université La Sapienza à Rome. Il est l'auteur d'essais sur le théâtre baroque, sur la relation entre le cinéma et la littérature, sur Pirandello et Verga. Il a écrit et réalisé des longs métrages reconnus dans de nombreux festivals internationaux : "Valzer", par exemple, conçu avec un unique plan séquence a reçu le prix Pasinetti à la 64e Mostra de Venise. Il est également l'auteur d'un deuxième roman "Ero straniero" (2019).
+ Lire la suite