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EAN : 9782021242676
448 pages
Seuil (18/08/2016)
3.34/5   46 notes
Résumé :
Le 4 avril 1968, James Earl Ray assassine Martin Luther King à Memphis et prend la fuite. Entre le 8 et le 17 mai de la même année, il se cache à Lisbonne où, en 2013, Antonio Muñoz Molina part sur ses traces et se remémore son premier voyage dans la capitale portugaise, alors qu’il essayait d’écrire son deuxième roman, L’hiver à Lisbonne. La fascinante reconstruction du parcours de l’assassin croise alors le propre passé de l’auteur pour rendre compte de l’essence ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Tenter de reconstituer fidèlement le passé conduit parfois à s'en éloigner. S'émanciper des faits, prendre des chemins détournés, écrire une autre histoire dans l'histoire... Sous l'effet peut-être de « l'intoxication par les lectures et les recherches » qui donne cette sensation étrange de se remémorer le passé comme si on l'avait vécu, Antonio Munoz Molina avec Comme l'ombre qui s'en va s'est intéressé à l'assassin de Martin Luther King, James Earl Ray. La découverte fortuite de la fuite de ce dernier à Lisbonne a suscité au fond de l'auteur une résonance intérieure et la nécessité d'écrire non pas une mais deux histoires au coeur d'un même récit.

Il y a une histoire vraie romancée, celle de Ray qui a tenté de gagner l'Afrique via Lisbonne après avoir tiré sur une figure majeure de la lutte des droits civils, et une histoire intimiste, celle de l'auteur qui raconte la déliquescence de son premier mariage. La cavale d'un meurtrier et la fuite d'un écrivain plein d'ambition pris au piège d'une vie personnelle et professionnelle insatisfaisante. Et le lien entre les deux : a priori Lisbonne où chacun éprouve la nécessité de recourir à la fiction, soit pour se réinventer sans cesse sous une fausse identité, soit pour inventer et donner vie aux autres à travers un deuxième roman Un hiver à Lisbonne.
Mais au fil des pages, ce sont les obsessions de l'auteur espagnol qui guident le récit ; la volonté de pénétrer la conscience d'un homme quelconque, presque invisible, qui a dû mener une vie clandestine. Partant à la recherche de détails, de sensations, de traces forcément fragiles et aléatoires, l'auteur trace des lignes de fuite à son travail d'archivage, il use de son pouvoir d'imagination pour réactiver toutes les dimensions d'un événement sur lequel le temps a passé et qu'aucune archive ni aucun fait ne saurait révéler. Biographie romancée ou exofiction, quelque soit le terme, l'auteur reconstitue le parcours du fugitif avec un phrasé mesuré, conscient de révéler un portrait arbitraire mais aussi convaincant. La réalité ayant parfois quelque chose d'insaisissable, l'auteur suggère que « jamais elle n'a dit le plus important de ce qu'elle aurait eu à dire »_ à charge de l'écrivain de faire le pont entre la réalité et la fiction pour rendre l'histoire intelligible. Méticuleux, l'auteur espagnol s'adonne à l'exercice avec la discipline et la rigueur qu'on lui connaît.

La démarche de A. Munoz Molina est d'autant plus intéressante qu'elle écarte le reproche récurrent de vouloir réécrire L Histoire, ou de faire de James Earl Ray sa créature. S'il se sert de la fiction pour dessiner les contours de cette histoire, c'est pour mieux faire tomber les masques. Avec la maturité qu'est la sienne, l'auteur se met à nu, dévoilant ses secrets d'écriture dans un récit qui construit et déconstruit le processus littéraire. Déterminé ou est-ce le besoin d'anticiper les reproches propres à ce genre de roman, il démystifie les liaisons entre la vérité et la fiction, ou comment l'écriture peut s'entourer de manipulations, d'impostures, de subterfuges. le roman a le mérite de la transparence narrative...

Et transparence narrative sans aucune limite puisque l'auteur se livre totalement, sans mesure, jusqu'à l'impudeur, jusqu'à l'ennui...ses ambitions d'écrivains étant intimement liées à sa vie familiale.
Malgré le talent de conteur de Molina, le pouvoir de séduction de sa plume élégante, la suavité de la langue si naturelle et sophistiquée à la fois,j'ai le sentiment d'avoir été un peu bernée : l'auteur impose un lien bien artificiel entre lui et Ray lorsqu'il décompose leur vie respective. Les correspondances sont à mon goût bien dérisoires. En refermant le livre, j'ai eu le sentiment que l'assassin n'était qu'un personnage secondaire, presque une excuse pour ventiler les obsessions personnelles de l'auteur, sa quête de reconnaissance sociale vampirise le texte. Au lieu de tenter de scruter les motivations de l'assassin, Molina laisse le récit « biographique » glissé vers le récit autobiographique, le texte-miroir devenant alors un subterfuge pour écrire sur soi et parler de ce que Lisbonne a fondamentalement changé dans sa vie.
Antonio Munoz Molina fait partie de ces auteurs qui m'ont toujours impressionnée par leur dextérité et leur intelligence émotionnelle. Si j'ai apprécié sa démarche didactique, j'ai été en revanche moins séduite par l'exercice d'équilibriste qu'il s'est imposé en mettant en parallèle sa vie et celle de James Earl Ray.
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James Earl Ray, délinquant de droit commun et ségrégationiste, a avoué l'assassinat de Martin Luther King lorsqu'il a été arrêté à Londres, alors qu'il s'apprêtait à prendre un avion pour Bruxelles, pour se rétracter ensuite, définitivement. Toujours très mauvais signe de fuir. Pourquoi quitter Memphis et le continent américain s'il n'était pas coupable ? Alors qu'au jour d'aujourd'hui, on ne sait toujours pas très bien ce qui s'est passé. James Earl Ray est-il innocent ? Peu probable, mais a-t-il agi seul ? Un des fils de King l'a aidé dans ses procédures en révision. Etait-ce un complot comme semble l'attester le procès d'autres personnes qui a suivi la mort de James Earl Ray ? Ou était-ce plus compliqué et l'Etat américain a-t-il lui-même commandité le meurtre de l'élément dérangeant qu'était Martin Luther King ? Aucune réponse.

Muñoz Molina, lui, a choisi l'option de James Earl Ray coupable solitaire. Et cela n'est finalement pas très important.

Car l'auteur nous emmène dans la fuite de cet homme qui passera quelques jours à Lisbonne et n'est-ce pas là pour l'auteur un merveilleux prétexte, pardon, une très belle occasion, de nous parler de l'élaboration de son ouvrage, Un hiver à Lisbonne, il y a trente ans déjà. Et de là, à nous parler de création littéraire et de sa vie à lui.

Seul bémol, dans la relation des faits et de la psychologie de Ray, Muñoz Molina tourne parfois en rond. On peut y voir d'innombrables variations sur un même thème ou des répétitions un peu fastidieuses. Cela a ralenti ma lecture mais ne m'a pas empêchée de prendre plaisir à lire ce nouvel opus.
Mon trio de tête reste toutefois inchangé et on y trouve Un hiver à Lisbonne (l'original) avec Dans la Grande nuit des temps et Pleine lune.
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A la fois roman et récit, ce livre de Antonio Muñoz Molina est inclassable, passionnant, pas très facile à lire, car l'écriture est très dense, foisonnante . Il alterne des chapitres autobiographiques et une enquête sur James Earl Ray, l'homme qui tira le 4 avril 1968, sur Martin Luther King à Memphis, car celui-ci lors de sa cavale a atterri à Lisbonne ou il espérait obtenir un visa pour aller se cacher en Angola. Muñoz Molina se rend à Lisbonne pour mettre ses pas dans ceux de Ray et profite de ce voyage pour retracer les précédents qu'il a fait dans cette ville notamment le premier lorsqu'il a écrit son premier best-seller, " L'hiver à Lisbonne ", mais également un autre lorsqu'il avait été invité pour rendre hommage à Adolfo Bioy Casares. Il profite de ses déambulations pour mettre en évidence le charme parfois désuet de cette capitale.
A travers ses souvenirs, il nous fait partager ses sources d'inspirations, la littérature, ses modèles, la musique, le jazz en particulier dont il est un passionné. Il montre comment il a décortiqué la construction littéraire de ses modèles pour construire son propre style, comment il observe les lieux pour les décrire dans ses textes, comment il construit ses personnages. Mais aussi ses interrogations lorsqu'il était un jeune écrivain, travaillant encore dans l'administration de la ville de Grenade. Il évoque sa vie familiale, la naissance de ses enfants. Il montre le bouleversement que crée pour un écrivain, la sortie d'un roman qui devient best-seller. Il aborde l'alcoolisme en littérature notamment le sien avec un témoignage saisissant et ses difficultés pour en sortir.
le motif qui l'a conduit à nouveau à Lisbonne c'est donc d'enquêter sur la présence dans la capitale portugaise en mai 1968 de Ray. Après avoir consulté tout ce qui s'est écrit sur l'assassinat de Martin Luther King, les autobiographies de James Earl Ray, il retrace sa cavale notamment son séjour à Lisbonne. Il nous fait partager les lieux, hôtels, bars, que le meurtrier a fréquenté, les démarches qu'il a faites sous plusieurs noms. Il retrouve des témoins. Dans des chapitres passionnants, il revient sur les derniers jours avant le coup de feu qui coûta la vie au Dr King. Il montre le processus qui fait d'un petit délinquant, qui adhère aux idées de Mac Carthy, qui croît à la théorie du complot communiste, un meurtrier pour l'histoire. Il retraçe le climat qui régnait aux Etats-Unis dans les années 50/60, en évoquant ce qu'a été le combat du Mouvement pour les droits civils. Au delà de Lisbonne, il se rend à Memphis et visite le musée élaboré autour de la chambre 306 du Lorraine Motel ou Luther King a été tué, au cours de cette visite il rappelle ce que fût l'horreur de la ségrégation dans cette période, les actes et les marches des noirs pour faire respecter leurs droits. Il décrit les dernières heures du leader, il aborde son épuisement devant son impuissance à faire bouger les choses.
Intéressé par l'histoire contemporaine, fasciné par le processus de construction littéraire, j'ai été emballé par ce roman ambitieux.
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Voici ma première incursion dans l'univers d'Antonio Munoz Molina et je peux vous dire que cela a été un régal !

Je ne lis pas assez de littérature hispanique mais j'essaye de rattraper cette lacune, ce livre a deux temps est vraiment une très belle surprise, une très belle découverte, une lecture fascinante ! Nous sommes en 1968 et l'assassin de Martin Luther King prend la fuite. Nous sommes en 2013 et l'auteur Molina chemine sur les pas du meurtrier. Deux hommes qui vont se livrer, un roman autobiographique et biographique à la fois. Une mise en parallèle de deux existences qui n'avaient pourtant rien en commun...

Qui est cet homme qui a pu tuer l'un des hommes les plus importants du XXème siècle ? Qu'a t-il ressenti pendant et après cet acte odieux ? Qu'a t-il fait ? Qu'a t-il pensé ? Ce sont de nombreuses questions, des interrogations posées par l'écrivain qui va entrer dans la tête de ce personnage, lui donner une voix, une conscience. Bien sûr qu'il s'agit d'une oeuvre de fiction mais on voit tout le travail d'Antonio Munoz Molina pour suivre les traces de James Earl Ray... L'idée même de se raconter en racontant la vie d'un autre est aussi très ingénieuse, car elle mêle les sentiments et donne encore plus de profondeur à l'ensemble.

Comme dans tout mystère historique, l'auteur décide de faire un choix. le complot ou le meurtrier solitaire ? Il choisit le second pour mieux impacter sur le lecteur. Peu importe que ce soit la vérité, c'est sa vérité et la nôtre pendant le temps de cette lecture. On y croit, on se met dans la peau de chacun, L Histoire se mélange à l'histoire et nous sommes embarqués. J'ai eu grand plaisir à lire ce récit car il est à la fois extrêmement intéressant dans son contenu et émouvant dans son introspection des pensées de Ray et Molina.

En définitive, je vous recommande chaudement cette très belle lecture !

Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Ce gros livre, dense et extrêmement riche s'articule autour de deux trajectoires qui, dans un espace-temps différent, se croisent à Lisbonne. L'une correspond à la cavale de James Earl Ray, l'assassin du Pasteur Martin King le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee), l'autre au séjour de l'auteur, Antonio Muñoz Molina, dans la capitale portugaise en 1987. L'un fuit, l'autre cherche à construire un roman qui deviendra son premier grand succès, « L'hiver à Lisbonne », thriller mené sur un rythme de jam-session.
L'auteur effectue un énorme travail d'enquêteur, de journaliste d'investigation, en se penchant sur une masse extraordinaire de documents qui restituent les faits et gestes de James E. Ray à Lisbonne. Documents qu'il intègre à l'histoire – presque- véridique du meurtrier auquel il prête sentiments, émotions et stratégies pour ne pas se faire repérer. Ainsi naît un « personnage » au sens littéraire du terme, très fouillé, nourri, qui finit par nous devenir familier. Nous savons (presque) tout de lui : son apparence, son histoire, sa haine des Noirs, le milieu pauvre dont il est issu, véritable terreau aux idées ultra-réactionnaires, sur la base du complot, de la duplicité (médias menteurs, politiques corrompus sauf Mc Carthy, pasteurs noirs à la solde des communistes infiltrés dans le FBI, etc.). Cela n'excuse rien de l'horreur du crime perpétré depuis la minable salle de bains d'un hôtel minable de Memphis.
D'un autre côté, Muñoz Molina engage une réflexion sur l'acte d'écrire, saisissant le rapprochement entre les quelques jours passés à Lisbonne par J.E.Ray et ceux que lui-même y a passés pour préparer son roman « Un hiver à Lisbonne ».
Enfin, il se glisse dans la peau du pasteur assassiné pour restituer ce que furent ses derniers moments. Et là, cela devient un peu excessif, on finit par se lasser du procédé.

Le livre est intéressant, dense, documenté mais à la fin passablement indigeste. C'est dommage car les réflexions et analyses, tant sur le plan de la création littéraire que sur le tragique fait divers en lui-même, méritent qu'on s'y attarde et qu'on y réfléchisse, le sujet du racisme et de l'intolérance étant malheureusement encore d'actualité aujourd'hui.
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critiques presse (2)
Lexpress
06 septembre 2016
Le récit de la cavale de l'homme qui a tué Martin Luther King. Etouffant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
31 août 2016
Retraçant la cavale hallucinée du meurtrier de Martin Luther King, l'auteur retrouve à Lisbonne les traces de sa propre jeunesse.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Les musiciens de jazz étaient ou avaient été dépendants de l’héroïne ou de l’alcool, ou des deux comme Charlie Parker. Billie Holiday, vers la fin, tenait à grand-peine debout et chantait avec une lenteur pâteuse d’alcoolique, Allan Poe, Baudelaire, Paul Verlaine embaumé vivant dans l’absinthe, William Faulkner embaumé dans le bourbon, Malcolm Lowry se sacrifiant au gin et au mezcal, Carson McCullers le visage livide et les yeux injectés de sang, Marguerite Duras gonflée par l’alcool comme une grenouille ou comme une outre, Raymond Chandler, Ernest Hemingway, Dashiell Hammett, les meilleurs parmi les meilleurs, l’aristocratie de la littérature et du delirium tremens.
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Quand nous nous rappelons qui nous étions dans notre jeunesse, ce qui émerge est l'image que nous avions de nous-mêmes à l'époque. Voilà pourquoi lorsque nous voyons un jeune homme, il nous donne l'impression d'être plus enfant ou moins adulte que nous ne l'étions à son âge, pour cette raison et peut-être aussi parce que la condescendance nous guette. Et en même temps, le jeune homme regarde un adulte de l'âge de ses parents comme déjà très éloigné de la jeunesse, presqu'installé dans le déclin.
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J'étais maladivement convaincu, comme tant d'aspirants écrivains de province, que la véritable vie se trouvait ailleurs, que l'imagination est plus riche et plus puissante que la réalité, le désir plus précieux que son assouvissement, que les géants sont plus mémorables que les moulins à vent et les histoires de fiction plus parfaites que le futur hasardeux, répétitif et sans éclat de la réalité.
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Il y a 3 075 agents du FBI consacrés uniquement à cette enquête, dit ces jours-ci un rapport de J. Edgar Hoover ; on a dépensé jusqu’à présent 781 407 dollars ; les agents ont parcouru 332 849 miles au cours des recherches ; le Département de la Justice passe en revue une par une 2 153 000 demandes de passeport aux Etats-Unis : la police criminelle canadienne doit en examiner 200 000 ; on a vérifié 53 000 empreintes digitales.
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On se rend compte d'une erreur à l'instant précis où elle devient irréparable, une seconde ou un dixième de seconde après l'avoir commise, ou même plus tôt, pendant qu'on la commet, tout en sachant qu'on se trompe mais en continuant, témoin impuissant de ses propres actes ou de sa propre inertie fascinée et désastreuse. Plus tard, on revit de nombreuses fois ce moment, on l'examine rétrospectivement comme on examine un insecte sous la loupe, détail par détail, seconde par seconde, dans la tranquillité d'une pièce fermée de l'intérieur, ou au coeur d'une insomnie, couché sur le dos sur le dur sommier d'un châlit, dans une cellule.
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