Arbre
5
Midi éclate
la pierre ouvre ses racines.
Géométrie de la flamme
soulevant des dalles d’ombre
inquiétant la perspective
confondant tunnels et ponts
séchant le bois les battements du cœur
dénudant les tambours
du sexe et de la peau :
La ville du Sud vit menacée.
//Traduit de l’espagnol par Claude Couffon
Terre prochaine
23
Extrait 3
Il faut
éloigner de la main
la frêle toile d’araignée de tes pas
de tes cris et de tes gestes
pour retrouver une autre fois
la tentation du navigateur :
les câbles détachés
l’étoile qui déchire l’horizon
l’image de la rose des vents
ardent sur le parchemin des plages.
//Traduit de l’espagnol par Claude Couffon
Terre prochaine
12
Reconnaissables
entre les wagons rouillés du faubourg
ferroviaire
dans les cours industrielles
imbibées de pétrole
dans les entrepôts des douanes
parmi les changements clandestins
et les ancres tordues
rongées pat les coraux.
Là où l’asphalte
recouvrit les adieux
où le dernier tremblement de terre
rompit les degrés submergés.
//Traduit de l’espagnol par Claude Couffon
Arbre
19
Près de ma ville sans mémoire
brûle un bois de grands eucalyptus.
Des signes impalpables restent dans mes livres
de vieux jambages oubliés
apparaissent sur tous mes papiers.
N’efface pas ce chant ces cendres
ces feuilles de boldo de lithi ces aiguilles de pin
poèmes écrits dans un cahier d’écolier
saules mimosas chardons
il pleut un chant obscur sur la mer
et les plages
les toits des maisons
et les vagues.
Le vent oublie
les mots à peine dits
dans sa trame de brins.
Le vent vient du soleil ou du ciel
de là-haut de l’aube et de la mémoire.
Ici nous oublions entre tous ces murs
que la lumière est un éclat sans mots
et le mot une poussière illuminée.
//Traduit de l’espagnol par Claude Couffon
Terre prochaine
6
La perspective montre
le voisinage de l’étonnement
la céramique antique des coteaux
les chemins mal tracés
et par-delà le rire
du semeur des mouettes
et l’éclat des vagues d’obsidienne :
la parole défaite
et le geste fugace.
Partout la ville se cache
Comme le blé du poème.
//Traduit de l’espagnol par Claude Couffon
Festival Voix Vives 2017
Pleins feux : Luis Mizon
Images et montage : Thibault Grasset - ITC Production.