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EAN : 9782374981024
256 pages
Wombat (15/02/2018)
4.5/5   4 notes
Résumé :
[PEUT ETRE LU INDÉPENDAMMENT DES TOMES PRÉCÉDENTS]

Après avoir raconté son enrôlement et les débuts de la Seconde Guerre mondiale, l'artilleur S. Milligan relate les événements de janvier à mai 1943. L'opération Torch, la campagne de Tunisie et la victoire des Alliés en Afrique du Nord sont évoquées de son point de vue de grand adolescent à l'humour ravageur, plus intéressé par les filles et le jazz que par la politique.
Que lire après Mémoires de guerre, tome 2 : Opération renard du désertVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je remercie (du fond du coeur, vraiment) les éditions Wombat ainsi que Babelio et sa précieuse opération Masse Critique, qui m'ont permis d'accomplir un début d'oeuvre de rédemption : j'ai honte de le dire, mais je n'avais jamais entendu parler de Spike Milligan.
Je ne sais pas trop par où commencer pour faire part de mon émerveillement, si ce n'est pour préciser que je viens de mettre 25 citations dans le bousin pour mieux vous aider à prendre la mesure de cet OLNI. Et encore, je me suis retenu de ne pas en mettre davantage, tant ce bouquin est un feu d'artifice de vannes déjantées et d'anecdotes uniques en leur genre. Il en tombe quasiment à toutes les pages.
Je ne pense pas être particulièrement bon public. Je dirai même qu'il est rare que je m'esclaffe devant un livre. Or, j'ai un peu perdu le compte du nombre de fois où j'ai éclaté de rire devant celui-ci.
Alors, quoi ? N'est-ce finalement qu'une grosse farce souvent accrochée en-dessous de la ceinture ? Car oui, il faut en convenir, les vannes sont régulièrement orientées "cul", quand elles ne sont pas un peu scato... Comme on dit, ça fait toujours rire ! Et puis, c'est quand même le journal d'un type qui avait 25 ans à l'époque. Que celui qui n'a pas encore eu 25 ans lui jette la première pierre !
Est-ce donc juste une grosse bouffonnerie ? Assurément, non.
Sans jamais se départir d'un humour singulier et d'un sens de la répartie ravageur (ravagé ?), Milligan rend ici un témoignage qui sonne incroyablement juste. La deuxième guerre mondiale vue à hauteur d'homme, qui plus est à travers les yeux d'un troufion de base pas particulièrement motivé ni pour tuer, ni pour mourir. Il a 25 ans le mec, et lui ce qu'il aime, c'est rigoler, le jazz et les gonzesses. Comment lui en vouloir ?
Le nombre de fois où j'ai cru retrouver le témoignage de mon grand-père dans ces anecdotes que seul quelqu'un qui l'a vécu peut raconter, tordant le cou aux idées reçues de tous ceux qui sont arrivés après. Cette histoire d'Allemands qui veulent se rendre, mais le lieutenant britannique, ça l'arrange pas, il n'en veut pas, alors il leur dit de dégager... "Non, nicht prisonniers !" Y auriez-vous cru, si un témoin oculaire n'avait pas pris la peine de le raconter ?
Et puis, le quotidien peu brillant du soldat : choper la dysenterie, être malade à cause des cachets anti palu, devoir côtoyer des abrutis, des racistes, des mythomanes, des petits cheffaillons médiocres, ou au contraire des personnages forçant l'admiration : la guerre est, hélas, une aventure humaine ; si extrême qu'elle révèle les meilleures facettes de l'humain comme les pires.
La mort qui rôde, aussi, toujours prête à frapper, en dépit des bons mots et des blagues sorties pour essayer de se rassurer, tout en ayant conscience d'être "bien mieux loti que les fantassins".
Bref, tout cela respire une authenticité de tous les instants. Et en plus, malgré la gravité du sujet, c'est vraiment, mais alors vraiment drôle. Un véritable tour de force, et cette traduction (brillante) est assurément l'une des meilleures idées de l'année !
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Spike Milligan, mort en 2002, est un total inconnu de ce côté du Channel. Ce n'est pas spécialement étrange. On peut à juste titre penser que Raymond Devos et Fernand Raynaud sont des inconnus parfaits dans le Commonwealth.

Spike Millilgan manie un humour soooo British avec pas mal de calembours intraduisibles en français, sous peine de leur faire perdre de leur saveur. Par ailleurs, cet humour est assez "ancien", les sketches (trouvables sur Youtube) sont assez datés (l'âge d'or se situe dans les années 50), et souvent contextuels. Non seulement, l'humour est British, mais les références sont British aussi. Il pratique un humour qui trouve son ancrage dans la culture anglaise (irlandaise, ou du commonwealth). Il a donc inspiré les Monty Pythons et bien d'autres comiques (Dave Allen, par exemple).

Reste qu'il est iconique en Angleterre, avec Peter Sellers (dont on ne repasse pas assez les films) ou Secombe, avec qui il formait le Goon Show. Trouvable sur Youtube aussi, à condition que l'on manie correctement la langue de Shakespeare.

Evidemment, les sketches feront la part belle à la seconde guerre mondiale. Ce livre, mi-élucubrations, mi-souvenirs est la parfaite illustration de l'humour de Spike Milligan. Autodérision... il ne rate jamais une occasion de se moquer de lui. Vitriol... tailler un costard à son voisin est une seconde nature. Mais aussi facile... car tout jeu de mot, même foireux, est bon à prendre.

Ici, Milligan raconte 5 mois de campagne nord-africaine en tant qu'artilleur, de janvier à mai 1943. C'est assez barbant pendant pas mal de pages. Car il raconte les non-événements, la lente progression de l'armée, la recherche de filles, d'alcool, le temps passé à se planquer des corvées... Je n'ai accroché qu'à partir du moment où les affrontements avec l'ennemi se produise. A ce moment-là, une tension se crée et on a un comique plus acéré, acerbe, farouchement anti-militariste, qui trempe sa plume dans le sang des camarades. En ce qui me concerne, cela s'est produit à mi-livre.

Ce qui ressort réellement, ce sont les photos totalement hors sujet auxquelles Milligan colle une légende en rapport avec la guerre. Hilarant (mais absolument impossible à raconter). Les dessins de la main-même de Milligan valent aussi le détour.

On peut enfin louer le travail de l'éditeur, Wombat, qui exhume un livre intéressant. Si j'ai bien lu, il s'agit d'une nouvelle traduction... et là, le bât blesse. Car l'usage du passé simple rend le texte assez indigeste. On n'utilise plus ce genre de temps, surtout si on veut donner un ton dynamique, fluide, au récit. Certains passages en deviennent lourdingues et le texte en subit les conséquences.

Quoi qu'il en soit, je ne regrette pas de m'être replongé dans cet humour British si particulier, grâce à Masse Critique de février, et aux Editions Wombat.
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Artilleur Milligan, au rapport ! Et quel rapport !!
Ils sont en Algérie puis en Tunisie, dans les sables, les cailloux, la chaleur, le soleil et… Les tirs allemands.
Milligan nous raconte sa guerre presque au jour le jour, les manoeuvres, les veilles sous le feu de l'ennemi, bref une guerre « normale ». Sauf que, sous la plume de Spike Milligan, cela prend une toute autre tournure.
J'aurais pu noter une citation par page tant l'écriture est brillante, incongrue, des salves hilarantes, un humour « so british » pour expliquer, raconter la guerre vue d'en bas, du côté des troufions, de ceux qui vont au casse-pipe. Les discussions de chambrée, plus souvent sous une toile de tente ou dans une maison bombardée tournent, bien sûr, autour du sexe. Il faut bien une soupape et les cuites sont les bienvenues, tout comme la sacro tasse de thé, arrosée ou pas.
Les bidasses se font des farces entre eux, souvent niveau CE1, mais il faut bien se défouler, rigoler pour évacuer la peur.
A travers ces galéjades et autres bons mots, j'ai senti le désespoir du soldat Milligan et de ses copains, senti l'odeur de la trouille, des bombes, écouté leurs peurs de mourir, ressenti leurs joies également.
Un livre, loin des pleurs et des jérémiades qui en dit long sur la vie du simple troufion en opérations de guerre qui est là parce que on lui a dit faut y aller, sans grande envie de tuer son prochain, mais peut-être celui d'après, surtout si il parle allemand.
Peut-être que si les officiers avait écouté son conseil, la guerre aurait duré moins longtemps. « Il suffirait de lâcher cinquante femmes de ménage anglaises sur le bunker du Führer. En une semaine, le Hun serait brisé.
- Ça va comme ça maintenant ! P¨lus question que ces types piétinent mon plancher ciré avec leurs bottes de cavalerie : Arrêtez votre char avec votre Stalingrad de malheur et assez-vous donc ! Je vous apporte une bonne tasse de thé et un petit pain au fromage pour M. Goering. »
Tout est à l'avenant, je me répète, hilarant, désopilant mais pas la grosse Bertha, non, de l'humour anglais siouplait et, comme dirait l'autre, ça sent le vécu.
Artilleur de l'absurde, Soldat Spike Milligan, je vous fais chevalier de l'ordre de la rigolade… Mais pas que. Derrière votre humour il y a le désespoir, la peur, la mort, le sang et les autres.
Le livre est agrémenté de photos détournées, de dessins de l'auteur commentés. Un livre à recommander par la médecine
La traduction de Thierry Beauchamps garde le sel des réparties « troufionnes ».
Bien envie de lire « Mon rôle dans la chute d'Hitler » premier tome de son journal de guerre


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Truculent et hilarant Spike Milligan redonne de magnifiques lettres de noblesses au comique troupier.
Même daté, et pour cause, l'humour est irrésistible, élève le niveau de plusieurs crans même dans les passages obligés du genre (les femmes, la vie de groupe...) et démontre encore plus l'absurdité de beaucoup de situations.
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critiques presse (1)
LeMonde
15 juin 2018
Toute la fantaisie absurde de l’humoriste britannique explose dans le deuxième tome de ses Mémoires de guerre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
- Halte ! Qui va là ?
- Hitler, répondis-je.
- Impossible, il est rentré il y a 10 mn.
- On ignore qui on est. On fait partie des amnésiques anonymes de l'armée.
- Quel est le mot de passe ?
- On donne notre langue au chat. Quel est le mot de passe ?
- J'attends ! répliqua la sentinelle.
- Nous aussi... Tu peux nous donner un indice ?
- L'indice est : "quel est le mot de passe ?"
- Une minute, dit Edgington, je l'ai noté sur un bout de papier... Aaaaah, le mot de passe est "poisson"
- Non, ça c'était celui de la nuit dernière.
- Frites ?
- Non.
- Shirley Temple ?
- J'sais pas pourquoi ils m'ont mis de faction, soupira la sentinelle, démoralisée. Ces deux dernières heures, 70 gus se sont pointés et y'en a pas un pour se rappeler du mot de passe ! (...) Que Churchill aille se faire foutre !
Nous l'acclamâmes bruyamment et il nous laissa entrer.
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(...) quatre Allemands sortirent d'un abri-tranchée, les mains en l'air.
- Kamerad ! lança leur porte-parole.
Peu habitué aux teutons, Smythe ne sut comment réagir.
- Ouste ! s'exclama-t-il. Dégagez !
- Kamerad Herr General, insistèrent-ils.
- Vous nicht prisonniers, moi occupé, foutez-le camp ! répliqua-t-il (...)
Néanmoins les Allemands le suivirent comme des enfants perdus.
- Oh, bon sang, faites-les monter dans le camion et emmenez-les.
- Où ça, mon lieutenant ? demanda le conducteur Bennett.
- N'importe où ! Conduisez-les n'importe où et dites leur de s'en aller ! Dites "ouste" et tirez-vous !
Ainsi, Bennett les transporta-t-il à proximité du régiment (...) puis les fit descendre et repartit. Là-dessus les infortunés Allemands servirent immédiatement de cibles aux artilleurs.
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(...) nous prenions des cachets de Mepacrin, un médicament antipaludique, trois fois par jour, avec des résultats regrettables, car des artilleurs se mirent à jaunir. Woods partit se coucher anglo-saxon et se réveilla chinois.
- Oh, regardez, chop-chop ! m'exclamai-je. Toi combatt' le soldat teuton déguisé en mandalin-citlon.
Pauvre Woods... Cette âme simple tomba en dépression.
- Ça s'en ira, le consolai-je.
- Non, ça s'en ira pas. J'ai essayé de frotter toute la matinée. Je m'suis arraché la peau mais c'est toujours jaune en dessous.
- Ce qu'il vous faut, c'est un avocat, dit le lieutenant Mostyn. Vu votre état, rien ne vous empêche de poursuivre l'armée britannique pour avoir changé votre nationalité sans votre consentement.
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- Ce thé a un drôle de goût, dis-je
- C'est le bromure, répliqua l'artilleur Devine. Ça t'empêche d'avoir des pensées coupables pendant les combats. Elles risqueraient de te faire manquer ta cible.
(...)
Le bromure produisit son effet : les onanistes se révélèrent moins actifs et nous allâmes tous nous coucher plus tôt. L'artilleur Moffat n'aimait pas le bromure. C'était un scientiste chrétien. Il s'arrêta de boire du thé au cas où ça "affecterait sa virilité". Le caporal lui dit qu'il y en avait aussi dans la nourriture. Il cessa également de manger et se contenta de fruits locaux, en conséquence de quoi il contracta une dysenterie virulente. Il ne pesait plus que 45 kg lorsqu'il décida de repasser au corned beef.
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- Bon sang ! cria l'artilleur Forrest paniqué, (...) Y'a des soldats noirs qui se battent de notre côté.
Je lui expliquai qu'il s'agissait de la 4ème division indienne.
- Je savais pas qu'on les laissait combattre pour nous (...) C'est vrai quoi, on peut pas faire confiance à ces maudits négros. Mon père dit que c'est tous des fainéants et qu'on peut pas se fier à eux.
Je lui révélai qu'un cinquième de la 8ème armée était composé de "négros" et qu'à cet instant précis, il n'y avait plus que des "négros" entre lui et les boches. Cette nuit-là, je l'entendis pleurer sous ses couvertures et chuchoter à son fusil chargé :
- J'espère que les Allemands leur flanqueront une bonne raclée !
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