J'ai terminé ce bouquin, constitué de deux recueils de poèmes de l'espagnol
Julio Llamazares. J'ai lu quelques uns de ses romans, que j'ai adorés, et je suis content de retrouver ici les mêmes thèmes et la même ambiance, qui me touchaient droit au coeur, et aussi cette ce cher León, la région natale de l'auteur. Je ne suis pas un grand lecteur de poésie et des livres comme celui-ci m'encouragent à en lire davantage.
Le premier recueil, La lenteur des boeufs, me rappelle la nature du nord de l'Espagne, les régions montagneuses où, jadis, les bergers faisaient paître leurs troupeaux. Peut-être en reste-t-il encore, qu'en sais-je. Dans tous les cas, c'est un monde en voie de disparition et les poèmes nostalgiques de Llamazares l'expriment bien. Évocations de paysage, temps qui passe qui rime avec solitude et oubli, souvenir d'une jeunesse perdue, comme ce monde. Les vingt poèmes qui se suivent pourraient se lire individuellement mais on y perdrait un je-ne-sais-quoi. Mieux vaut les réciter les uns à la suite de l'autre pour s'imprégner de cette atmosphère précieuse.
Le deuxième recueil, Mémoire de la neige, est plus énigmatique. Ça m'a pris un certain temps le cerner. Mais il est tout aussi intéressant. Il traite du même paysage montagneux, de la nature, avec ses arbres, ses fleurs et ses animaux, même ses rivières. Un narrateur inconnu fait parfois connaître sa présence. Il marche, vers le nord toujours. Il marche mais ses pensées sont tournées vers le passé lointain, tellement lointain, jusqu'aux racines celtes de son peuple, où bardes et guerriers se disputaient les faveurs de dieux aujourd'hui disparus. Ici encore, mieux vaut enfiler les poèmes d'une traite pour se laisser raconter ce semblant d'histoire. Sans presse, toutefois, afin de laisser les mots et la musique imprégner et que le lecteur en trouve un sens.
Ce que j'aime de cette édition de Fédérop, c'est qu'elle est bilingue, la page de droite étant la traduction francçaise de la page de gauche, espagnole. Je lisais les poèmes dans leur langue d'origine, me laissant bercer par la belle et douce (et exotique !) sonorité hispanique. Mon espagnol n'était qu'à moitié suffisant, je devais régulièrement regarder à côté pour la traduction de plusieurs mots, mais je continuais quand même. Je crois que ça a aidé à sentir cette atmosphère précieuse. Ce fut un beau voyage…