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Coup de coeur pour ce livre que je ne connaissais pas. Kessel l'écrit à Londres en 1943. Il y raconte la vie d'un résistant et à travers lui, différents faits et gestes de la résistance.
Le livre fourmille de témoignages de courage et d'abnégation de Résistants mais aussi de gens comme-tout-le-monde qui les aident. Kessel leur fait un bel éloge.
La faim et la noirceur de la guerre sont bien présentes dans le livre. Plus le livre avance, plus la Gestapo, et la police française, resserrent l'étau, ils fouillent les trains, exigent encore plus de laissez-passer et de papiers d'identité. Les jeunes réfractaires au service en Allemagne augmentent aussi, ces milliers de jeunes dans les Maquis doivent être nourris, formés, cadrés et cachés.
Ce récit est tout simplement passionnant. Il est découpé en toutes petites sections qui racontent chacune un instant décisif de cette lutte des "ombres" contre l'envahisseur.
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La Résistance, on le sait a inspiré beaucoup de nos grands poètes : Eluard, Aragon, Desnos, Char, et bien d'autres ont payé de leur personne et de leur plume pour lutter contre l'ennemi commun. Citons juste deux titres, mais qui en valent cent : « liberté » de Paul Eluard et « La Rose et le réséda » de Louis Aragon. Les prosateurs, en revanche sont beaucoup moins nombreux. Certains écrivains soutiennent clandestinement la Résistance : François Mauriac, Albert Camus, Jean Paulhan ; certains écrivent et résistent en même temps : la plupart des poètes, Jean Prevost ; enfin les résistants qui, pour témoigner, se font écrivains : le plus célèbre est bien entendu Vercors.
Joseph Kessel peut être situé dans la deuxième catégorie : Résistant depuis le début de la guerre, il passe les Pyrénées et rejoint le général De Gaulle à Londres. C'est là qu'en 1943, avec son neveu Maurice Druon, il écrit les paroles du « Chant des partisans » (musique d'Anna Marly). La même année, il écrit « L'armée des ombres » en hommage à tous ses amis combattant dans la clandestinité. Il finira la guerre comme chef d'escadrille.
Initiative personnelle, ou oeuvre de commande pour le général De Gaulle, peu importe après tout : l'essentiel est de rendre hommage aux héros de l'ombre, à cette « armée des ombres » magnifique et pathétique, portant haut les couleurs de l'honneur et de la patrie : voici les derniers mots de sa lumineuse préface :
« Jamais la France n'a fait guerre plus haute et plus belle que celle des caves où s'impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d'où partent ses enfants libres, des cellules de tortures où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.
Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France.
Mon seul souhait est de ne pas avoir rendu avec trop d'infidélité leur image ».
« L'Armée des ombres » se présente comme une suite de récits, d'anecdotes, de faits de résistance plus ou moins centrés autour de Philippe Gerbier, le chef, entouré de personnages inoubliables : les frères Jardie (l'aîné, Luc, grand-bourgeois qu'on ne devine pas organisateur de réseau, et son frère, Jean-François, homme de terrain), le Bison, ex légionnaire au grand coeur, Mathilde, qui en sait trop et que ses camarades devront exécuter pour éviter la perte de tout le réseau…
Le style est sobre, sans fioritures et d'une redoutable efficacité. L'auteur ne cache rien, ni les violences commises par les Allemands (ou les miliciens) ni celles commises par les Résistants (quelquefois à leur corps défendant), ni les manifestations d'héroïsme, ni celles de lâcheté. Nous pénétrons avec lui dans un univers particulier, où l'individu, par nécessité, se voit obligé de s'effacer devant le collectif.
Il est curieux que les deux plus grands livres écrits sur la Résistance, « le Silence de la mer » de Vercors, et « L'Armée des ombres » de Kessel, représentant les deux faces de la Résistance, celle du silence et celle de l'action, aient été portés au cinéma par le même réalisateur, Jean-Pierre Melville, avec le même souci d'authenticité, la même puissance d'émotion, le même message relevant à la fois de l'hommage à l'héroïsme, de la défense d'un certain honneur, de la difficulté de garder des valeurs humanistes en période de troubles aussi graves…
Les romans, comme les films, sont bouleversants.
Pour mémoire :
« le silence de la mer », un film de 1947 avec Howard Vernon, Nicole Stéphane et Jean-Marie Robain
« L'Armée des ombres », un film de 1969 avec Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, Christian Barbier…
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Avec "L'armée des ombres" Kessel livre un très beau texte éclairant, traversé du souffle de l'héroïsme.

En narrant les activités d'un groupe de résistants, glanées auprès de Français dont il a changé les noms et d'après des faits réels, Kessel nous embarque dans ce chapitre si spécifique de l'histoire, au moment de l'occupation Allemande, une ère sombre, où régnait la suspicion, la méfiance, la peur.

L'armée des ombres, des petites mains, des risque tout, des amoureux de la France, une armée de fous éclairés, une armada éclatée, déstructurée, aux contours changeants, aux identités multiples, d'hommes et de femmes qui savaient le combat perdu d'avance, mais qui cependant étaient convaincus qu'il n'y avait pas d'alternative à la résistance.

J'ai apprécié ce livre car au delà de son caractère instructif, Kessel parvient à créer de grands moments d'émotion en donnant de l'épaisseur à ses personnages. de plus, son récit est riche de réflexions qui me sont allées droit au coeur, dont la suivante :

Qu'aurais-je fait, moi, en ces temps troublés, en ces temps de terreur ?

"L'armée des ombres" nous éclaire sur la question en nous délivrant de riches anecdotes sur ces innombrables Français, qui, le temps d'une désobéissance, d'une prise de risque, d'un acte solidaire, ont su se montrer vaillants, ont su écouter leur courage.
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Pas fioritures, on entre directement dans le vif du sujet avec ce livre écrit en 1943, dont l'auteur a modifié les faits (les lieux, les noms) afin que personne ne soit reconnu par les allemands, la France étant toujours occupée.

Avec émotion et authenticité, il retrace, en partie, les années noires de la France sous l'occupation allemande, où des hommes et des femmes choisissent la résistance, une liberté dans l'ombre plutôt qu'une vie d'esclave, on imagine très bien la vie terrifiante des protagonistes, qui dans les premières heures furent considérés comme des terroristes par beaucoup de français…

Des hommes et des femmes ordinaires dans des circonstances extraordinaires, nous donnent des leçons de bravoure, d'abnégation, de don de soi.

» Dernière invention des questionneurs de la Gestapo.
On fait tourner une fraise de dentiste dans la gencive jusqu'à ce que la molette attaque l'os de la mâchoire. »

5 hommes sur 300. C'est le nombre de survivants dans le groupe de résistants suivi par Kessel au bout de quelques mois d'activité. 3 mois. L'espérance de vie d'un nouvel engagé.

Un livre qui colle à l'âme, impossible à oublier, chargé d'espoir.

« Je préfère, Monsieur, une France rouge à une France qui rougisse »

Aurais-je été meilleure ou pire que ces gens si…. ?

» Nous sommes portés par des milliers et sans doute par des millions d'hommes. […] Personne ici n'a d'orgueil ni même le sentiment de la puissance. Nous savons que nos soldats changent cent fois de nom et qu'ils ne possèdent ni abri ni visage. Ils vont en secret dans des chaussures informes sur des chemins sans soleil et sans gloire. Nous savons que notre armée est famélique et pure. Qu'elle est une armée d'ombres. L'armée miraculeuse de l'amour et du malheur. Et j'ai pris conscience ici que nous étions seulement les ombres de ces ombres et le reflet de cet amour et de ce malheur. «

Adapté au cinéma en 1969, par Jean-Pierre Melville, qui mêle ses souvenirs d'ancien résistant à ceux de Kessel, le film joue sur les silences et les regards, la scène de l'exécution du traître est aussi impressionnante que chez Kessel, voir peut-être même plus.

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Bien que la thématique de la seconde guerre mondiale m'intéresse grandement dans la littérature, je dois avouer que j'ai peiné quelque peu a la lecture de cet ouvrage de Kessel. Non pas que le sujet n'ait pas bien été traité, en fait, il était même très intéressant de lire sur la Résistance, mais il est narré d'une façon que je n'ai pas tant accroché. J'ai trouvé le style difficile. Souvent les narrateurs changent sans préavis, amenant une certaine confusion. Et aussi, les phrases sont longues, répétitives, n'amenant pas de rythme au récit, qui avait pourtant tout pour me plaire. Une lecture très en demi-teinte pour moi. Dommage !
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J'ai vu et revu le film de Jean Pierre Melville. Un chef d'oeuvre cinématographique. Et énorme étourderie, je n'avais jamais lu le livre de Joseph Kessel. C'est chose faite. Quelle découverte, quel plaisir de lecture. Parmi les romans ou témoignages (car écrit pendant la guerre) évoquant la Résistance, c'est l'un des meilleurs. Tous les lycéens devraient aujourd'hui le lire. Il est admirable et à mon avis doublement meilleur que le film. Tellement humain, tellement vrai. Une de mes difficultés a été d'ailleurs de gommer le physique des acteurs du film de Melville, Lino Ventura en tête. Si différents dans le livre de Kessel. le film est sombre, alors que dans le roman, la vie pétille dans les personnages, tel Saint-Luc. A lire et à relire.
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C'est à Londres, en 1943, que Joseph Kessel, conteur inégalable et premier chroniqueur de notre temps, a écrit "L'armée des ombres", qui n'est pas seulement l'un de ses chefs-d'oeuvre mais le roman-symbole de la Résistance que l'auteur présente ainsi : "La France n'a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n'a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie [...]

Jamais la France n'a fait guerre plus haute et plus belle que celles des caves où s'impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d'où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.

Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France.



Mes impressions :
Publié en pleine guerre, en 1943. L'écriture n'est pas à mon goût, car au roman sont mêlés des témoignages, mais quelle leçon de Patriotisme !
Gerbier, résistant, s'évade, et doit condamner le traître qui l'a donné.
Luc Jardie (inspiré de Jean Cavaillès, le philosophe-résistant ) est chef d'un réseau de résistance. Il a sous ses ordres Mathilde, inspirée de Lucie Aubrac, qui a un courage formidable ainsi que Gerbier, le narrateur, Jean François, son frère, et "le Bison", le tueur.
La fin est éblouissante, tant en ce qui concerne la mise à mort des résistants dans un champ de tir que du choix cornélien de Mathilde, prisonnière, entre la liberté de ses enfants et donner son réseau.
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Et moi qu'aurais-je fait?
Une question lancinante qui poursuit le lecteur tout au long de la lecture de ce livre... et encore bien après.

Car je l'avoue, c'est la question qui me hante depuis longtemps et qui me motive à lire autant de livres sur la 2ème Guerre mondiale.
Mais pourrais-je y répondre un jour?
C'est la lecture de ce livre, pendant mon adolescence, qui a provoqué mon intérêt pour cette période, pour essayer de comprendre.

"L'armée des ombres" est un livre sur la Résistance individuelle et collective pendant la 2ème Guerre mondiale. La Résistance commence individuellement: indiquer une mauvaise route à un Allemand, retirer des plaques d'égouts après le couvre-feu...
Puis la Résistance s'organise en réseaux et devient collective: acheminer du courrier, distribuer des tracts, organiser des sabotages.

Mais certains résistants sont arrêtés, torturés, fusillés ou déportés. Certains choisissent une autre alternative: le suicide. La mort plutôt que la trahison. Surtout ne pas trahir ses camarades.

Au fils des pages, le titre prend tout son sens: c'est bien une "armée" tapie dans l'ombre qui porte des coups à l'occupant en le désorganisant, de multiples façons (sabotages, relations avec l'Angleterre, émissions de messages radios), dans son projet d'asservissement de la France.

Mais l'émotion nous gagne devant les exécutions sordides des condamnés qui n'hésitent pas à chanter la Marseillaise face à leurs bourreaux.

Un livre sur le courage immense d'hommes et de femmes engagés pour une seule idée: la liberté, mués par une seule force: le courage.
Un livre pour ne pas les oublier car lire ces pages c'est un peu les faire revivre.


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Je ne connaissais pas Joseph Kessel et quelle decouverte !

En s'appuyant sur des témoignages bien réels il a réalisé une chronique à peine romancée de la vie clandestine d'un groupe de résistants français et plus généralement de l'esprit et du quotidien des Français sous l'occupation allemande, quel que soit le cotés qu'ils aient choisi.

Il raconte la révolte, l'engagement absolu, les opérations terroristes et les exécutions sommaires, la lutte acharnée au mépris du danger, le secret et le silence, la peur et l'angoisse permanentes qu'il faut dépasser, puis l'emprisonnement, la torture, la déportation.

L'écriture admirable de Joseph Kessel m'a donné une impression de réalisme incroyable et m'a fait plonger dans l'atmosphère sombre, silencieuse, oppressante dans laquelle ont vécu ces hommes et ces femmes qui se sont sacrifiés et ont mis leurs proches en dangeŕ pour retrouver la liberté. Notre liberté en fait.

Une lecture absolument indispensable, pour ne pas oublier leur sacrifice, le prix qu'ils ont dû payer, se souvenir que la liberté n'est jamais totalement acquise et qu'il faut se battre sans cesse pour la conserver.
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Paru en 1943, alors que la France est toujours occupée par les Allemands, ce roman nous immisce au coeur de la Résistance, aux côtés de celles et ceux qui se sont battus au prix de leur vie pour la liberté.

Depuis Londres, Joseph Kessel a recueilli de nombreux témoignages pour tisser ce récit. Une succession d'anecdotes avec pour fil conducteur plusieurs personnages, dont le principal Philippe Gerbier, qui est un des piliers de ce réseau clandestin.

Les multiples visages de la Résistance nous sont dépeints ici avec une écriture fluide, qui va à l'essentiel et se concentre sur les faits.

On découvre comment s'est organisé ce vaste réseau, leurs différentes actions, la faim dans les maquis, la nécessité de se cacher sans cesse, les arrestations, les recrutements et les trahisons.

Un texte poignant, nécessaire qui, sans être larmoyant, nous replonge parmi ces hommes et ces femmes au travers une galerie de personnages issus de tous les milieux. le courage de Mathilde fait partie pour moi des moments forts de cette lecture.

Un récit passionnant et terrible. Des ombres anonymes unies pour un même combat que Joseph Kessel nous fait revivre avec émotion.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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