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Citations sur L'Armée des ombres (138)

Ces gens auraient pu se tenir tranquilles. Rien ne les forçait à l’action. La sagesse, le bon sens leur conseillait de manger et de dormir à l’ombre des baïonnettes allemandes et de voir fructifier leurs affaires, sourire leurs femmes, grandir leurs enfants. Les biens matériels et les liens de la tendresse étroite leur étaient ainsi assurés. Ils avaient même, pour apaiser et bercer leur conscience, la bénédiction du vieillard de Vichy. Vraiment, rien ne les forçait au combat, rien que leur âme libre.
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Je reviens de Londres (...). Là-bas, c'est vivre en France qui paraît admirable. La faim, le froid, les privations, les persécutions dont nous avons pris l'habitude par force, touchent là-bas l'imagination et la sensibilité à un point extrême. Quant aux gens de la résistance, ils suscitent une émotion presque mystique.On sent déjà se former la légende.
Si je disais cela ici, je ferais hausser les épaules. Jamais une femme qui rechigne des heures entières dans les queues, pleure d'impuissance en voyant ses enfants s'anémier, maudit le gouvernement et l'ennemi qui lui enlèvent son mari pour l'envoyer en Allemagne, fait des bassesses auprès du crémier et du boucher pour avoir une goutte de lait ou un gramme de viande, jamais cette femme ne croira qu'elle est un être exceptionnel. Et jamais le garçon qui, chaque semaine, transporte une vieille valise pleine de nos journaux clandestins , l'opérateur qui pianote nos messages de radio, la jeue fille qui tape mes rapports, le curé qui soigne nos blessés, et surtout Félix, et surtout Le Bison, jamais ces gens ne croiront qu'ils sont des héros, et je ne le crois pas davantage.
Les opinions subjectives et les sentiments n'ont aucune valeur. La vérité est seulement dans les faits. Je veux, quand j'en aurai le loisir, tenir note quelques temps des faits que peut connaitre un homme placé par les événements à un bon poste d'écoute de la résistance. Plus tard, avec le recul, ces détails accumulés feront une somme et me permettront de former un jugement.
Si je survis.
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La France est une prison. On y sent la menace, la misère, l'angoisse, le malheur comme une voûte pesante et qui s'affaisse chaque jour davantage sur les têtes. La France est une prison, mais l'illégalité est une évasion extraordinaire. Les papiers ? On les fabrique. Les tickets d'alimentation ? On les vole, dans les mairies. Voitures, essence ? On les prend aux Allemands. Gêneurs ? On les supprime. Les lois, les règles n'existent plus. L'illégal est une ombre qui glisse à travers leur réseau. Plus rien n'est difficile, puisque l'on a commencé par le plus difficile : négliger ce qui est essentiel : l'instinct de conservation.
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Ils étaient des centaines d'hommes pris à leur famille, à leurs travaux, à leur ville, à leur vérité, et parqués dans des camps sur une simple décision de fonctionnaires pour une durée sans limite, comme des épaves sur une plage vaseuse que la mer n'atteint plus.

p.21
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Cette question des enfants est pesante. Ils sont des centaines et sans doute des milliers à n'avoir plus ni père ni mère. Fusillés, emprisonnés, déportés. Je connais des cas où les enfants ont accompagné jusqu'aux portes des prisons leurs parents arrêtés et ont été chassés du seuil par les gardes.
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La résistance a pris la forme d'une Hydre. Coupez-lui la tête, il en repousse dix, à chaque jet de sang.
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Je crois que chez les gens de la résistance, il se produit une évolution en sens inverse selon les tempéraments. Ceux qui étaient doux, tendres, pacifiques, se durcissent. Ceux qui étaient durs comme je l’étais, comme je le suis encore, deviennent plus perméables aux sentiments. L’explication ? Peut-être les gens qui voyaient la vie sous des couleurs riantes se défendent par une sorte de bouclier intérieur au contact des réalités souvent affreuses que découvre la résistance. Et peut-être les gens qui avaient comme moi une vue assez pessimiste de l’homme, s’aperçoivent dans la résistance que l’homme vaut mieux que ce qu’ils pensaient de lui.
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Alors Gerbier dit à l’oreille de Legrain :
- On ne lâche jamais un camarade chez nous dans la résistance.
Legrain s’était tu.
- La résistance. Tu entends ? dit encore Gerbier. Endors-toi avec ce mot dans la tête. Il est le plus beau en ce temps, de toute la langue française. Tu ne peux pas le connaître. Il s’est fait pendant qu’on te détruisait ici.
Dors, je promets de te l’apprendre.
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- la résistance tu entends ? dis encore Gerbier.Endors toi avec ce mot à la tête.Il est le plus beau, en ce temps,de toute la langue française.Tu ne peux pas le connaitre.Il s'est fait pendant que l'on te détruisait ici.
Dors je promets de te l'apprendre.
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Ces gens, disait Gerbier, auraient pu se tenir tranquilles. Rien ne les forçait à l'action. La sagesse, le bon sens leur conseillait de manger et de dormir à l'ombre des baïonnettes allemandes et de voir fructifier leurs affaires, sourire leurs femmes, grandir leurs enfants. Les liens matériels et les biens de la tendresse étroite leur étaient ainsi assurés. Ils avaient même pour apaiser et bercer leur conscience, la bénédiction du vieillard de Vichy. Vraiment, rien ne les forçait au combat, rien que leur âme libre.
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