De "
L'armée des ombres", je ne connaissais que le film avec la-musique-qui-fait-peur, et je ne savais pas (ou plus) qu'il s'agissait d'une adaptation d'un récit de Joseph
Kessel. C'est la formidable chronique de Jullius, ici même, qui m'a donné envie de le lire, et je l'en remercie.
Sur quelques années (1941-1943), on suit les activités d'un groupe de résistants autour de Gerbier, responsable d'un réseau : organisation, recrutement, logistique, opérations... tout est ra
conté sans romantisme aucun, car, prévient
Kessel dans sa préface : "Je ne me suis pas senti le droit ou la force de dépasser la simplicité de la chronique, l'humilité du document".
La puissance de ce livre est qu'il a été publié en 1943, et que
Kessel témoigne de ce qu'il a vu, entendu, vécu, mais avec suffisamment de recul pour analyser les faits sans les enjoliver. Ces pages sont les plus belles que j'aie lues sur la Résistance. du film de Melville, j'avais gardé un souvenir d'austérité, et j'ai découvert ici avec surprise un récit dur mais lumineux, porté par l'espoir et la foi en l'Homme, l'amour pour la vie et la liberté, malgré le danger, la peur et la mort. Car c'est aussi une réflexion sur l'Humanité dans toutes ses nuances.
Ce qui m'a particulièrement touchée, c'est d'y trouver des réponses à mes questions sur l'engagement, la lutte, la résistance. Qu'est ce qui pousse un homme (ou une femme) à quitter tout ce qu'il/elle aime pour une idée ? A risquer la torture et la mort pour elle ? J'ai également été très émue par l'hommage rendu -en temps réel- aux communistes, dont le rôle dans la Résistance tend à s'amenuiser dans la mémoire collective.
C'est une lecture profondément bouleversante et enrichissante, une oeuvre d'une incroyable justesse, qui donne simplement envie de dire : Merci, Monsieur
Kessel, pour nous, et pour tous ces résistants.