L'armée des ombres, c'est celle de tous les anonymes, ces inconnus qui de 1940 à 1945 ont tenu tête à l'occupant allemand, ne supportant pas de devoir courber l'échine devant l'ennemi.
Tous ces gens qui, entrés en Résistance, ont accepté l'éventualité de la torture et de la mort,
Joseph Kessel s'en fait le chantre.
Ecrit sur le vif en 1943, dans le feu de l'action, en plein coeur des événements, cet ouvrage est un vibrant hommage à ces humains de bonne volonté dont l'auteur nous restitue les actions en saynètes, dépouillées de tout pathos, fortes, précises, percutantes, parfois drôles et toujours bouleversantes.
Un témoignage écrit dans l'urgence, avec la volonté de transmettre à chaud le parcours de ces combattants de l'ombre.
Joseph Kessel, aventurier, journaliste, écrivain, résistant et témoin de son temps trempe ici sa plume dans le sang de ces héros sans nom et transmet à l'humanité leur courage, leur volonté d'action, leur persévérance, leur sens du sacrifice, leur acceptation du pire et leur espoir de victoire sur l'ennemi et sur eux-mêmes.
On peut se demander, si, dans sa volonté de magnifier leurs exploits, l'auteur n'aurait pas embelli le parcours de ces glorieux combattants ... peut-être, et si cela est, qu'importe !
L'essentiel est d'avoir transmis cette fièvre de victoire, cet espoir d'un monde meilleur que chacun portait au fond de lui-même ; il ne faut pas l'oublier !
Aussi, rapportons ici les paroles de la fin du Chant des partisans, écrit par
Joseph Kessel et son neveu
Maurice Druon.
"C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...
Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?