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Aleksandar Grujicic (Traducteur)Raphaële Balmès (Traducteur)
EAN : 9782742770328
462 pages
Actes Sud (22/10/2007)
4.06/5   9 notes
Résumé :
Regina Delavale, née Sikiric, quatre-vingt-dix-sept ans, meurt en 2002, après avoir sombré dans la folie. Récit à la fois intimiste et épique des derniers jours de sa vie jusqu'à sa naissance, Le Palais en noyer est aussi l'histoire d'une famille de Dubrovnik et celle, déchirante et tragique, d'un pays malmené tout au long du XXe siècle. On croise ici plus de cent vingt ans d'Histoire : chute des empires austro-hongrois et ottoman, guerres mondiales, essor et déclin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le Palais en noyer, Dvori od oraha,
Jergovic dés les premières pages plonge le lecteur dans un magma bouillant, celui des derniers jours d'une femme presque centenaire, Regina Delavale, sombrée dans la folie. Cette démence extrême signera son arrêt de mort. Nous sommes en l'année 2002. À partir de cette fin tragique, l'auteur remonte le temps, jusqu'à sa naissance le 5 avril 1905, pour narrer à rebours la petite histoire, celle de la famille de Regina, une famille de Dubrovnik, inscrite dans la grande Histoire tragique, celle de la Yougoslavie du XX e siècle enrichie par de multiples contes et légendes populaires.
La tempête des débuts ( en faites la fin de l'histoire ) va vite laisser place à l'humour et la verve incomparable de Jergovic qui allègera avec son burlesque, même les pires tragédies que vivront les deux histoires, par commencer celle de la terrible guerre et de ses génocides des années 90, et son préambule pendant la deuxième guerre mondiale.
En 90, ce qui va déterminer l'existence de la ville entière durant les années à venir" concerne peu la famille qui se noie dans le tumulte de sa propre décomposition interne. Puis remontant encore le temps, la mort de Tito en 1980 croise cette fois leur destin.......la mort de Staline en 1953, apporte l'espérance d'un semblant de liberté,....et en 1944, en pleine deuxième guerre mondiale, Regina met au monde sa fille Diana,.......L'histoire intime tangue aux soubresauts de l'Histoire.
Cette narration à rebours en quinze chapitres, mis en page de quinze à 1 (!) est assez déroutante, et il faut un peu de temps pour s'y habituer. Pas facile aussi de s'habituer à Regina-Diana, le duo mère-fille aux tempéraments bien trempés, une relation qui ne baigne ni vraiment dans l'amour, ni la haine, mais violente et difficile à définir. Et toujours comme toile de fond , un pays où en remontant le temps, les craquelures sociales dues aux différences ethniques et religieuses sont déjà visibles à la chute des empires ottomans et austro-hongrois, bien avant l'éclatement de la Yougoslavie. Des failles qui deviennent de plus en plus profondes et perceptibles avec les deux guerres mondiales, suivie de la période communiste.
Un livre très dense, dont les nombreuses digressions, -des chapitres entiers sur des personnages annexes-, rendent sa lecture difficile et parfois un peu longue, bien qu'il y ai aussi des chapitres passionnants. On se perd dans le temps, les histoires qui s'emboîtent, les guerres et les trop nombreux personnages. Les fréquents discours sur les pets, pisse et autres désagréments dont ses personnages semblent en raffoler, et les descriptions de scènes de tueries ou autres, d'une rare violence, ne sont pas aussi des plus agréables à lire.
Ce n'est pas le meilleur de ce que j'ai lu de lui, pourtant je le conseillerais quand même, car sa dimension burlesque et épique, ses personnages insolites qui rappellent les films d'Emir Kusturica, et la très belle histoire de son titre, en vaut largement la peine.

".....savez-vous ce que c'est, les dzundzur bobe ? Vous ne savez pas ? Eh bien vous le saurez à la fin de cette histoire ."
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Quand j'ai visité Dubrovnik pour la première fois, la Perle de l'Adriatique était encore en Yougoslavie. J'avais découvert, émerveillé, cette ville médiévale enchâssée dans ses remparts entre les collines et le bleu de la Méditerranée. A l'intérieur des murs, on se promène à pied sur Stradun, la rue principale au pavement brillant, usé par le passage des siècles. On cherche un peu d'ombre pour mieux apprécier l'architecture des monastères et palais qui s'alignent entre les deux portes de la ville. Je suis revenu à Dubrovnik en famille il y a un peu moins de deux ans. La ville est toujours aussi belle, même si les touristes - notamment ceux attirés par les lieux rendus populaires par la série « Games of Thrones » - sont nombreux. L'après-midi, nous sommes partis sur la splendide île de Lokrum pour échapper à la foule et nous rafraîchir en nageant. Nous sommes revenus en fin de journée pour faire le tour des murailles avant de manger dans une des petites rues de la ville.
Lors de cette dernière visite, nous étions venus de Kotor, passant la frontière entre le Monténégro et la Croatie, rappel de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie. Entre mes deux visites à Dubrovnik, j'ai eu d'autres occasions de voyager dans la région. Je me souviens que lors d'une traversée express l'été 1989, roulant de Hongrie en Grèce en moins de 24h, j'avais été frappé que les tarifs des péages sur l'autoroute yougoslave étaient inscrits à la craie sur un tableau noir, à cause de l'inflation galopante. En 1993, j'ai aussi passé un mois en Istrie, au nord de la Croatie, travaillant comme volontaire dans un camp de réfugiés bosniaques, alors que la guerre sévissait plus au sud.
J'ai retrouvé Dubrovnik et approfondi ma connaissance de l'histoire compliquées de la Yougoslavie en lisant « le Palais en noyer » de Miljenko Jergović. Né à Sarajevo et vivant à Zagreb, l'écrivain raconte, avec humour et générosité, la vie de Regina Delavale qui meurt en 2002 à Dubrovnik, à l'âge de 97 ans. Cette histoire, il la narre à l'envers, partant du décès dans un hôpital de la presque centenaire jusqu'à sa naissance en 1905.
Ce parcours à rebours est d'abord surprenant, mais il permet de comprendre certains des événements avec le bénéfice du recul. C'est au fil des chapitres que l'on découvre les membres de la famille de Regina, ceux qui lui survivent, et ceux qui sont morts en chemin, notamment lors des tragiques conflits qui n'ont pas épargnés les Balkans au XXème siècle, de leur sortie de l'Empire austro-hongrois à l'éclatement de la Yougoslavie. Jergović conduit le lecteur dans ce labyrinthe à reculons, le tenant par la main en esquissant la trame de l'histoire de l'ex-Yougoslavie. Certains des frères de Regina se retrouvent - et meurent - dans les camps opposés, Tchetniks et Oustachis, lors de la seconde guerre mondiale. A la même époque, son mari, partage une cachette en Bosnie avec un riche armateur juif. Marin, il passera sa vie sur les mers et dans les ports, et s'attachera à, une autre femme en Amérique, laissant Regina seule à Dubrovnik. En mai 1980, toute la ville s'arrête comme prise de stupeur et de crainte pour l'avenir lorsque la radio annonce la mort de Tito.
Dubrovnik, avec ses quartiers où tous les voisins se connaissent et s'observent, est le centre du roman, qui rayonne pourtant dans toute la région, par exemple à Sarajevo, où Dijana, la fille de Regina s'enfuira pour vivre avec son ami dans les années 1970. Dans le dernier chapitre (mais le premier du point de vue chronologique, en 1904), le grand-père de Regina commande à un artisan de sculpter dans du noyer une maison de poupée. Ce sera son cadeau de naissance pour sa petite fille qui va traverser un siècle mouvementé et voir sa maison se remplir avant de se vider, au fil des événements, oscillant, comme le roman, entre comédie et tragédie.

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Au risque de vous lasser , mais j'assume, je poursuis ma balade littéraire balkanique. Cette fois, c'est du côté de Dubrovnik que ma lecture m'entraîne.
Le livre s'ouvre en 2002 sur le décès de Regina, à quatre-vingt dix-sept ans, alors qu'elle a sombré dans la folie depuis quelques mois et qu'elle rend impossible la vie de sa fille Diana et de ses petits enfants.

Le lieu : Dubrovnik donc, principal théâtre de l'intrigue, même si c'est aux quatre coins d'un territoire pris, tour à tour, dans les remous de l'Autriche-Hongrie et de l'empire ottoman puis dans les découpages et redécoupages géopolitiques du XXe siècle, que se réroule cette remontée dans le temps jusqu'à 1905.
Les acteurs : cinq générations de personnages marqués par la violence, l'amour, l'absurde, pour comprendre ce qui a forgé le caractère de Regina et de quoi se nourrit la folie furieuse qui la frappe soudain et si tardivement.

Foisonnant, baroque, tragique et extravagant à la fois, ce roman est impossible à résumer tant il y a de personnages et de destins qui s'entrecroisent. Enrichis des diverses cultures et religions qui composent la mosaïque balkanique, naissent alors un style mouvementé et un imaginaire violent, pulsionnel, parfois cru, et qui n'est pas, par certains aspects, sans rappeler Cent ans de solitude.

Tout à la fois fresque historique et saga familiale, c'est aussi le roman de la honte et de la culpabilité qui s'enracinent dans l'esprit d'une femme pourtant née sous d'heureux auspices. Pour le comprendre, il vous faudra plonger dans cette histoire qui s'ouvre sur le chapitre XV et remonter le temps jusqu'au chapitre I qui baigne dans une étonnante douceur et nous dévoile enfin le pourquoi du titre . le début est un peu destabilisant, aussi rien ne vous empêche de commencer par la fin (mais ça serait vraiment dommage), sachez alors seulement que les apparences sont souvent trompeuses !

La richesse et le lourd passé de la Yougoslavie font éclore de biens beaux romans sous la plume de ses auteurs. Qu'ils soient croates, serbes, bosniaques, ils ont tous une griffe balkanique inimitable au bout de laquelle pointe une autodérision salvatrice.


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Superbe épopée intime. Roman impressionnant, tant par sa qualité que par son ampleur. le palais en noyer est une fresque familiale, qui suit, à rebours, le destin d'une femme, depuis sa mort à 97 ans en 2002 jusqu'à sa prime enfance. Simultanément, l'auteur trace un panorama de toutes les tribulations et misères que connut le peuple yougoslave depuis la fin des Habsbourg jusqu'à celle du communisme, en passant par les deux guerres mondiales.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Eh regarde,c'est la tête de Pira Trola", Gabriel poussa Diana du coude au moment où Hamlet s'entretenait avec la tête de mort." La tête de qui ?"Elle ne comprenait pas ce qu'il lui montrait." De Pira Trola, l'idiot de la ville.Il n'avait pas de famille et quand il est mort, au lieu de l'enterrer, on l'a découpé pour les besoins de la faculté de médecine.Le théâtre s'est fait prêter la tête. J'ai proposé qu'on mette Pira Trola sur l'affiche parmi les noms des comédiens, mais on ne m'a pas écouté.Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs, sa tête est sur le plateau bien plus longtemps que ceux qui ont leur nom sur l'affiche." p.113
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.....il serait faux de penser que les gens honnêtes sont perdants. Tout va bien pour eux parce qu'ils peuvent vivre tels qu'ils sont.S'il est facile pour un assassin d'égorger son voisin, pour ceux qui ne le feront jamais, la vie n'en est pas plus difficile .Le problème c'est quand le destin brouille les rôles et que rien ne dépend plus de l'individu. p.440
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Elle se promena avec le bel inconnu bras dessus, bras dessous, confirmant ce à que la ville entière savait déjà . Toute femme marchant au bras d'un homme non marié n'était pas pour autant considérée dévergondée, Regina cependant devint immédiatement une pute. À cause de la beauté d'Aris. p.316
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Quand on est petit et que la vie se compte en jours, non en années, il arrive souvent des choses mystérieuses, mais plus encore des déceptions, et on acquiert alors la certitude que les mystères n'existent plus. p. 49
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Il n'y a pas de secret, en réalité, il est simplement difficile d'accepter qu'il faille si peu aux gens normaux pour devenir fous et si peu aux fous pour être normaux. p.197
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Videos de Miljenko Jergovic (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Miljenko Jergovic
Le vendredi 13 juillet 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie de recevoir Emmanuel Ruben pour évoquer les récentes publications de "Le coeur de l'Europe" (éditions La Contre Allée) et de "Terminus Schengen" (éditions le Réalgar), et pour effectuer un parcours au sein de la littérature d'ex-Yougoslavie. Il évoquait Milos Crnjanski, Ivo Andric, Aleksandar Tisma, Danilo Kis, Milorad Pavic et David Albahari, tandis que le librairie Charybde 2 évoquait Faruk Sehic, Miljenko Jergovic et Goran Petrovic.
Ceci est l'enregistrement de la première heure de la rencontre.
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