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4,2

sur 6221 notes
L'envie était là depuis bien longtemps. Notre-Dame de Paris attendait patiemment dans ma bibliothèque. Cet été, je me suis enfin décidée et à l'heure de refermer cette somme, je dois bien reconnaître que je suis particulièrement déçue. Certes, maintenant, je connais l'histoire, la vraie et en soi, c'est déjà une très bonne chose parce qu'il circule sur Notre-Dame de Paris des images d'Epinal finalement fort trompeuses, mais je dois aussi reconnaître que je me suis profondément ennuyée. Je pensais être emportée par un souffle épique, une histoire palpitante et je me suis engoncée dans du détail et du descriptif qui ont eu pour conséquence de sérieusement ralentir le rythme du récit et d'émousser sensiblement mon intérêt. Je ne suis pourtant pas rétive à la littérature du 19e siècle, au contraire, mais il y avait là, comme chez Melville d'ailleurs, une couche pseudo scientifique (historique en l'occurrence ici) particulièrement indigeste. Oserais-je dire que j'ai trouvé les personnages de Hugo assez horripilants et même souvent caricaturaux. D'aucuns crieront au sacrilège, je dirais plutôt que tout cela a fort vieilli.
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La force du Mot...
Tel un couperet sur le drame de la misère humaine...
...de la magnificence de la pierre
... de la grandeur de l'histoire dans laquelle nous enfonçons.
L'Homme est attiré implacablement par la force de penser.
Merci monsieur Hugo
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Victor Hugo se veut historien. Mais il est bien plus que ça : ne lui en déplaise (même si on a toujours cette sensation d'un narrateur facétieux qui agit en cachette, qui nous illusionne dans ce jeu farcesque du "trouvez-moi !"), il est surtout un grand peintre. Il donne à ses personnages une couleur fascinante, et entreprend de pénétrer la psychologie de ces consciences, troublées par l'imprévu, par l'extra-ordinaire : un prêtre frappé de volupté, un bossu hideux épris d'une ravissante bohémienne, etc. le lecteur est ainsi invité à considérer attentivement les errances, les doutes et les peines de chacun, à s'apitoyer sur cette fatalité, maître mot du roman, vers laquelle ils s'acheminent tous irrémédiablement.

Cette fatalité en effet, imagée par la mouche prisonnière des entrelacs arachnéens, s'appuie sur une architecture romanesque époustouflante : ce n'est pas anodin de donner à un roman le nom d'une cathédrale, en particulier celui de Notre-Dame. Les mêmes sensations, les mêmes impressions à lire le roman qu'à contempler l'édifice : majesté, vertige, mais aussi solidité et finesse, qui s'accordent sans qu'on sache vraiment comment. Tout s'entremêle, chaque élément finit par trouver sa place, son sens, chaque anecdote doit finir par s'intégrer au coeur de l'histoire, et le lecteur, toujours à l'affût, guette la moindre avancée du narrateur, mais ne peut pourtant s'empêcher d'avoir le souffle coupé au moment du coup de théâtre.

Fresque sociale, fresque historique, fresque urbaine. le récit offre autant d'occasions à Hugo de méditer, plus longuement, sur la portée générale des événements, sur la valeur symbolique dont il est empreint. L'historien se révèle pour élever les événements politiques à la dignité d'événements historiques, et apposer sur l'ensemble ce cachet majestueux qui sublime le roman : nous sommes ainsi lâchés dans cet entre-deux troublé, coincé entre Moyen-Âge et Renaissance, en cette époque où Hugo voit précisément l'avènement d'une nouvelle ère, celle du livre-imprimé, succédant à l'édifice-livre (et qui arrache à Dom Claude Frollo, l'archidiacre, et très certainement à l'auteur lui-même, un splendide "Ceci tuera cela", c'est-à-dire "le livre va tuer l'édifice"). La beauté et la profondeur de toutes ces réflexions encouragent le lecteur à résister à la tentation de sauter tout bonnement certains chapitres, parfois en vain (j'ai succombé lors de la description de Paris à vol d'oiseau ^^). Car il faut bien l'avouer, avec douleur peut-être : il y a quelques longueurs... Contrairement à Quatre-vingt treize, où je n'avais pas ressenti une telle pesanteur du récit, Notre-Dame de Paris plonge généreusement dans des digressions dont il ne s'arrache qu'avec peine.

Néanmoins, outre ces pauses, le rythme soutenu du récit empêche le lecteur de s'ennuyer vraiment, particulièrement en ces moments épiques de bataille où l'on est sidéré par la vitesse avec laquelle se succèdent les péripéties (cette bataille inutile, grotesque, et qui, par un revirement de fortune, par une de ces ironies tragiques dont Hugo ale secret, et qui fait toute la force de la fatalité, précipite Esméralda sur le gibet, alors qu'elle cherchait précisément à l'en éloigner...), jusqu'à la toute fin, où l'auteur, après nous avoir fait languir, ne manque pas de virer brusquement pour atteindre le sommet de l'émotion , et nous arracher une larme : "Quand on voulut le détacher du squelette qu'il embrassait, il tomba en poussière."

Bref, c'est un récit poignant, palpitant, sublime !
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Esméralda. "Plus qu'une bohémienne, c'est une salamandre,une nymphe,une déesse!"
Et ils sont tous fous d'elle:Quasimodo le borgne,"le pape des fous",le monstre bossu sonneur de cloches de la cathédrale,le sensible, le bon, l'archidiacre Frollo jaloux,comploteur,fourbe et parjure,le capitaine Phoebus joli coeur d'artichaut qui désire sans vraiment aimer.
Sur fond de cathédrale de Paris et de parvis où les abandons d'enfant sont monnaie courante,de cour des miracles, de potence où la moindre incartade est étiquetée sorcellerie,et de malentendu,dans le Paris du XV° siècle, Victor Hugo a campé son premier roman populaire, un drame où s'affrontent,le bien et le mal, la pureté et le vice.
Beaucoup d'émotions,une belle peinture de société, celle des bourgeois, celle des parias et une grande fresque historique qui avec moult détails dépeint scrupuleusement la vie de l'époque.
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Qui n'a jamais vu le dessin animé Disney "Le bossu de Notre-Dame "? Ou ecouter les chanson de la comédie musicale de Richard Cocciante "Notre-dame-de Paris"?

J'ai decidé de lire plus de classique cette année, et mon choix s'est porté sur Victor Hugo et son fameu bossu. Quelle est la réelle histoire ?

Déjà j'ai eté super bluffée par la plume de Al'auteur... très simple, non farfelue et pas soutenue. C'etait très agréable à lire !

Et qu'est ce que j'ai pesté contre Phoebus. Désolée mais c'est un gros CANARD !! Hugo a su parfaitement décrire les comportements problématiques, encore là à notre époque malheureusement.

Une histoire triste et belle, cette fin... une tragédie, pour tous les personnages quasiment...
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Je ne pouvais pas mieux terminer une année aussi riche en lectures qu'avec ce classique de Victor Hugo.
Il fait partie de ces livres dont on pense déjà tout savoir, tant il a été adapté. Et sous toutes les formes. Mais après sa lecture, on constate amèrement de l'entreprise, qui a été faite, d'édulcoration d'une oeuvre qui ne se limite pas à la tragédie de ses personnages. le triangle amoureux Quasimodo/Esmeralda/Frollo et le drame qui en résulte, bien qu'émouvant, est finalement assez secondaire. La cathédrale de Notre-Dame de Paris étant le véritable personnage central de cette histoire.

Hugo restitue à merveille le Paris du XVème siècle. Son architecture, le tracé de ses rues, les us et coutumes ainsi que le parlé propre à la population de l'époque. Il s'inscrit en tant qu'historien et interpelle le lecteur contemporain (1831) sur ce que fut le Paris de 1482, ce qui fit selon lui son authenticité, en le comparant à un Paris contemporain, dont il juge les monuments récents comme étant de pâles copies de monuments existants ailleurs en Europe. La lecture du chapitre « Paris à vol d'oiseau », peut-être rébarbative pour certains lecteurs, n'en demeure pas moins primordiale pour comprendre l'entreprise de Victor Hugo avec cet ouvrage. Car il ouvre la voie vers une compréhension et une prise de conscience de la richesse du patrimoine français. Et c'est par le biais de ce livre que la cathédrale fut sauvé de la ruine, dix ans après sa publication, grâce aux travaux d'Eugène Viollet-le-Duc.

Lire Notre-Dame de Paris, ce n'est pas uniquement lire un formidable. C'est aussi contribuer, à une petite échelle, à la sauvegarde d'un patrimoine millénaire.
Plus d'un coeur a saigné à la vue de la cathédrale en flamme ce 15 avril 2019. Un cinglant rappel que ce que l'on croit comme solidement établi peut disparaître en une fraction de seconde
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Bien que j'ai eu un peu de difficulté avec certains passages du roman, en partie parce qu'il y a des phrases en latin, en partie parce qu'il y a des mots vieillots datant du XIXe siècle, et en partie parce qu'il y a énormément de notes qui renvoient à la fin du livre, j'ai fini par en venir à bout et à voir la fin du récit qui est tout simplement génial. Il s'agit ici d'une histoire tragique et dramatique qui m'a forcé à "sortir de ma zone de confort".
La Esmeralda est victime de la folie et de la sauvagerie des hommes qui l'entoure, bien que Quasimodo tenta de la protéger à un certain moment. L'archidiacre Claude Frollo est un vrai salopard. le poète Pierre Gringoire, s'en tire trop facilement. Malgré toutes les difficultés que l'on peut avoir en lisant ce récit, le roman est un chef-d'oeuvre qu'il faut lire au moins une fois dans sa vie. Victor Hugo nous a offert un ouvrage monumental et je suis heureux de m'être acharné jusqu'au bout.
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Un roman riche et passionnant qui parle notamment d'architecture, d'histoire et de politique tout en racontant un récit tragique construit autour du désir, de l'amour naïf et de la mort.

Victor Hugo passe beaucoup de temps à donner une leçon d'architecture aux lecteurs, à décrire l'évolution de Notre-Dame et présenter le Paris de l'époque avec son organisation et ses lieux notables. Si ces informations sont intéressantes pour reconstituer le contexte du roman, je les ai trouvées parfois bien mal amenées puisqu'elles constituaient des chapitres entiers qui entrecoupaient l'histoire sans s'y lier pleinement. Au lieu de s'entremêler, l'exposition et le récit semblent se placer côte à côte, ce qui est un peu dommage car cela m'a parfois sortie du roman. On sent que l'auteur s'est passionné pour le sujet, allant jusqu'à expliquer l'emplacement de chaque pont et chaque porte en indiquant qui les avait bâtis, mais il semble parfois se perdre entre son désir de partager son savoir et celui de raconter une histoire.

L'intrigue, quant à elle, est prenante malgré la lenteur avec laquelle elle évolue. On se retrouve avec une jeune femme naïve amoureuse d'un homme vain, un archidiacre torturé par son désir pour cette même jeune fille, et d'un jeune homme rejeté pour son apparence qui se prend d'affection pour la personne qui a su faire preuve de bonté à son égard en lui donnant à boire. Une situation qui, habilement menée par Victor Hugo, ne peut que mener à la chute.
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Quelle déclaration d'amour à l'architecture de Paris, à un Paris disparu ou en voie de disparition.
Il est difficile de lire ce roman avec le foisonnement de ses adaptations. L'histoire nous est en grande partie connue, la plume moins. Il y a certes quelques longueurs dans les premiers chapitres ainsi que des raccourcis dans l'évolution des personnages (la relation entre Phoebius et Esmeralda). Les éléments d'intrigue sont en grande partie évaporés et pour ceux et celles qui ne connaissent pas l'histoire, de nombreux retournements de situation sont somme toute prévisibles.

Néanmoins, ce roman historique, partie prenante du romantisme du 19ème siècle revitalisant le Moyen-Âge, joue en permanence de la relation amour/haine, amour de l'autre, haine de soi, amour de soi, haine de l'autre. Tous les personnages principaux sont confrontés à cette questionnement du renoncement de soi pour l'amour de l'autre et de l'acceptation de soi au détriment de l'amour de l'autre.

La lecture a été bien plus agréable que je ne l'avais anticipé, le souffle épique et dramatique de la vie d'Esmeralda y est pour beaucoup. Néanmoins, au final, j'aurais préféré moins de péripéties et davantage d'introspection, on reste finalement très en surface des personnages et on doit principalement déduire leurs états psychologiques et historiques de leurs actes. Ce qui n'est pas sans déplaisir non plus pour le lecteur.
Un classique qui mérite son titre.
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L'anarchie des extrêmes dans le Paris du Moyen-âge.

Le début donne une impression étrange, par cette entrée inutilement subtile et lente par un contexte historique sur un lieu très précis, l'actuel palais de Justice, lieu où il ne se passera pas grand chose. On s'incarne ensuite en Gringoire, poète raté qui vagabonde dans les rues de Paris, se dirigeant candidement dans la Cour des Miracles et rencontre la fameuse Esmeralda. Puis on quitte le corps de Gringoire qui finalement sera secondaire, pour se contextualiser dans la vie, depuis la naissance, de Claude Frollo et Quasimodo, qui sont eux les deux vrais personnages du roman avec Esmeralda.

L'un, Claude Frollo, puits de science, s'acharnera par un amour terriblement possessif envers Esmeralda.
L'autre, Quasimodo, être cumulant toutes les difformités possibles, offre un amour attentionné et gratuit, sans espoir de retour à Esmeralda.

Le roman est incroyablement violent dans ses péripéties, tout y passe, humiliation, enlèvement, torture, assassinat, châtiments corporels en public, condamnation à mort, l'attaque-braquage de Notre Dame… Victor Hugo excelle dans les images, les métaphores et on prend autant de plaisir à lire les descriptions de ce qui est beau que de ce qui est mauvais.

Au-delà de tout ça, c'est bien plus un roman politique qu'un roman historique. le roman est surtout historique dans les moeurs, historique dans l'architecture, mais pas historique au sens classique du terme, vous n'apprendrez que peu de choses sur Louis XI, sauf à renforcer les grands traits ou caricatures qu'on a sur lui, sa personnalité.

Politique, politico-religieux donc car Claude Frollo déraille complètement à cause, sans doute, de son voeu de chasteté, c'est en cela qu'on a pu dire que Victor Hugo était anticlérical, même s'il est lui-même croyant mais anticlérical disons envers les règles chrétiennes au sens large.

Mais Claude Frollo est-il vraiment une bonne représentation des prêtres, de la sphère ecclésiastique ? A première lecture, on peut penser que non, car tout est trop singulier, trop particulier chez Claude Frollo pour en faire une généralité : une désastreuse enfance par la perte de ses parents, le fardeau de son petit-frère qu'il éduque seul - un extraordinaire appétit pour les sciences - un rejet total des femmes au point de les exclure dans les lieux saints qu'il fréquente - la terrible peur qu'il inspire aux enfants…. Son penchant pour les sciences occultes, l'alchimie notamment, considérée comme de la sorcellerie. Si encore il avait du succès, mais non il est même très impopulaire dit-on dans le livre.
Bref il est tellement singularisé par Victor Hugo qu'il serait contradictoire de critiquer la fonction ecclésiastique en prenant un cas si extrême. Tous les prêtres de l'époque n'étaient pas comme Claude Frollo et Victor Hugo lui-même en fait un être hors norme.
A moins que cela soit justement une habilité de sa part pour éviter des reproches trop directes au motif d'être anticlérical. Ou alors une façon de marquer l'esprit et l'imagination car on imprègne mieux une idée au travers d'un fou aux idées extrêmes que d'un prêtre à tempérament moyen.
Donc voeu de chasteté finit tôt ou tard par faire exploser tout un tas de vices résultant de pulsions réfrénées, ce qui motive son obsession malsaine pour Esmeralda. Oui pourquoi pas, mais a-t-on obligé Claude Frollo dès sa naissance à embrasser la fonction ecclésiastique ? C'était pourtant réfléchi, attendu, et décidé en toute conscience. Et puis surtout, pourquoi Esmeralda ? Pourquoi succomber si violemment et facilement après quinze années d'exercice, passer d'un extrême à l'autre, pour une fi-fille de 16 ans qui danse bien ? N'a t-il jamais vu d'autres filles auparavant ? Alors bon, si l'on nous parle d'une bête fauve sortie de sa cave et que l'on jette sur la première belle fille qu'il voit dans sa vie, d'accord, mais là Claude Frollo, il avait sans doute l'habitude de garder son sang-froid en présence de belles filles, donc où est le mystère ? La beauté plus qu'extraordinaire d'Esmeralda ?
D'accord acceptons qu'elle soit hors-norme. La belle Esmeralda et son talisman fatal qui change tout à coup le caractère et la destinée de chacun. Très bien, c'est une sorte de sorcière sans le savoir, envoutant avec une forte gravité son entourage.
Mais n'a t-il pas trop tiraillé les extrêmes entre Claude Frollo et Esmeralda pour qu'on puisse en déduire une position clairement anticlérical ?

Et Quasimodo, représente-il le peuple ? Ce peuple brutal, soumis, n'ayant pas le droit à la parole mais ayant un coeur qui sommeille. le peuple qui est intérieurement bon inconsciemment. le peuple, comme Quasimodo, qui a un petit coeur et qui n'attend qu'un acte généreux, un acte gratuit pour faire preuve de générosité en retour.
Pourquoi pas, mais la générosité que Quasimodo donne en retour à Esmeralda n'est pas si gratuite que cela. Quasimodo a une lourde dette morale envers elle par sa tentative d'enlèvement raté en pleine rue. Malgré cela, Esmeralda vient le secourir lors de ses châtiments corporels punitifs sur la place publique en lui apportant de l'eau, lui qui est hideux, lui qui a toujours été exclu, moqué et humilié et qui se trouve miraculeusement aidé par la jeune fille qu'il a agressé. Si Quasimodo eut été beau, peu traumatisé dans son existence et s'il n'avait pas au préalable agressé Esmeralda, il aurait été très certainement indifférent à l'acte bienveillant d'Esmeralda au sens où cela n'aurait pas changé sa destinée.

La vraie générosité sincère vient bien d'Esmeralda, celle qui donne spontanément et sans attendre en retour, mais Esmeralda assurément ne représente pas le peuple, elle est bien trop idéalisée, elle qui conserve toute sa pureté angélique même élevée dans la Cour des miracles, repère de filous et crapuleux, oui elle est un peu irréaliste quelque part, trop beau pour représenter quoi que ce soit.

Au-delà de ça, qu'est-ce que cette naïveté excessive d'Esmeralda pour Phoebus ? On veut bien admettre qu'elle ait que seize ans mais tout de même, pourquoi cet amour si passionnée après une brève entrevue nocturne dans un lieu lugubre suite à des déclarations faussement romanesques de Phoebus qui n'est qu'un fanfaron beau parleur et très impatient lorsqu'il s'agit de séduire. Oui Phoebus a sauvé Esmeralda en pleine rue, mais bon il a fait son métier de capitaine de garde, rien d'extraordinaire non plus. En plus on sentait qu'Esmeralda repoussait ses avances tout comme elle a repoussé violemment les avances de Gringoire, puis elle cède facilement (trop ?) tout en s'attachant subitement à lui d'une manière totalement irrationnelle. Au mieux cela aurait pu être une relation charnelle, mais surement pas un amour passionnel, or, Esmeralda vit cela comme un amour sincère et profond tout au long du roman, ce qui semble totalement artificiel, au point même de lui faire perdre la raison puisqu'elle hurle son prénom au moment même où elle était cachée et protégée par Paquette en prison, ce qui causera sa perte.

La fatalité, Victor Hugo jouit avec sa fatalité, il prend ses personnages comme des marionnettes et les jette contre un mur qui s'appelle fatalité. Claude Frollo est fatalement fanatique, lui qui fonçait tête baissée dans les sciences, change brutalement de direction pour foncer vers Esmeralda, sans marche arrière, comme si Esmeralda était devenue sa pierre philosophale.
Esmeralda devient fatalement amoureuse de Phoebus en une seule nuit par un amour qui nait subitement au plus haut et qui ne décroîtra jamais.
Louis XI est fatalement calculateur, froid, radin, ne pensant qu'à renforcer son pouvoir monarchique par tous moyens, à peine si Victor Hugo lui reconnait quelques qualités.
Tout est un peu fatalement ridicule d'une certaine façon. Est-ce qu'on se sent triste quand Esmeralda est définitivement condamnée ? Bah non, elle est trop pure, trop naïve, pas au point de mériter sa condamnation non plus mais ça ne m'émeut pas non plus.
Est-ce qu'on ressent de la peine pour Claude Frollo tombant dans des délires au point d'avoir des hallucinations seulement pour ne pas savoir maîtriser son ardent désir pour Esmeralda ? Bah non, il est fou, il délire, il complote, il divague dans la rue, il manipule désespérément Esmeralda, il meurt poussé par Quasimodo du haut de la Tour, tout cela fait un peu ni chaud ni froid car il est tellement fou, tellement inconscient qu'il est impossible de l'apprécier ou de le juger comme un être humain, lui aussi est surréaliste.

L'architecture et Victor Hugo : Tout comme les mots ont un sens, les pierres ont un sens également. Il se plait alors à nous décrire comparativement le moyen-âge de Paris et le Paris du 19ème par des chapitres très lourdement digressif et tente d'expliquer l'impact des changements de physionomie de la ville sur les moeurs.
Au premier chapitre on mange déjà une bonne vingtaine de pages sur l'avant/après palais de justice, ensuite l'avant/après place de l'Hotel de ville, place de Grève avant, l'avant/après Notre-Dame, et l'avant/après Paris dans sa globalité. Il y a à boire et à manger, j'ai bien aimé notamment la relation faite entre les anciennes enceintes et fortifications de la ville, qui ont compressé les bâtiments les uns sur les autres au point d'avoir entrainé des surélévations sauvages, un rétrécissement des rues, et donc un bordel sans nom, favorisant ainsi des quartiers comme la fameuse Cour des miracles.
Très bien mais tout cela est mal inséré dans le livre, ce qui rend la lecture très très désagréable. Il saupoudre ses chapitres sur l'architecture un peu partout dans la première moitié du livre et au moment ou vous commencez à accrocher aux personnages, Hop là Victor Hugo nous fait une interruption, comme une pause PUB, façon PUB de l'architecture de Paris.

Les juges et les exécutions barbares et Victor Hugo : le coeur n'existe pas chez les juges ou trop rarement, d'ailleurs n'importe qui peut-être juge, comme le magistrat sourd décrit dans le roman. La barbarie des exécutions excite le peuple dans le plus mauvais sens, on se précipite en famille, de toute classe sociale pour voir le spectacle public qu'est une condamnation à mort ou des châtiments corporels. D'ailleurs on condamne à peu près tout sur la base d'infractions pénales très floues comme la sorcellerie ou le vagabondage. Tout cela renforce le côté violent au livre qui lui ajoute encore un peu plus de relief.

Les petits seigneurs et Paris : « Paris était un assemblage de mille seigneuries qui la divisaient en compartiments de toute formes et de toutes grandeurs. de là mille polices contradictoires, c'est à dire pas de police » Tout est dit dans cette phrase, c'est ce qui explique l'abandon total d'une zone entière de Paris donnant naissance à la Cour des miracles, et qui explique même l'attaque des truands de la Cour des miracles à Notre Dame sans opposition directe. Quelle force locale pouvait contenir une foule de 6000 hommes ? Personne, personne hormis Louis XI qui, se réjouissant d'abord du vacarme généré dans Paris, qui serait vu inévitablement comme une fragilité excessive des petits seigneurs et donc augmentant la légitimité de son propre pouvoir royal, n'a réagit que lorsque Notre Dame était clairement et directement attaqué. Notre Dame est tellement sacrée et symbolique qu'une attaque en ce lieu est une insulte directe au roi, Louis XI était en plus sincèrement catholique.


De tout cela on en conserve sans doute pour longtemps de très belles images symboliques, poétiques et politiques de Victor Hugo. Que l'on aime ou non, cela ne laisse pas indifférent, le livre dans sa globalité impressionne et marque durablement l'esprit.
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