AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,2

sur 6221 notes
Mon nom est Frollo ;
Claude Frollo. Je suis archidiacre de Josas en cette ville de Paris, et 21 curés dépendent de moi en cet an de grâce 1482.
On me dit sévère, autoritaire, méchant et pingre, mais voici mon histoire :
Mes parents ont été emportés par la peste en 1465, je les ai à peine connus, avalé très tôt par le séminaire et les études à La Sorbonne, dévorant les sujets de théologie, de droit, et de médecine. Puis, en découvrant l'alchimie, je me suis pris de passion pour cette discipline, dévot de Nicolas Flamel et à la poursuite de la fabrication de l'or. Mais à la mort de mes parents à 19 ans, je me suis donné pour mission d'éduquer et d'envoyer instruire mon petit frère Jehan. Je crois que j'ai échoué, Jehan et son camarade écolier Poussepain sont plus enclins à faire la fête qu'à poursuivre les études.
Pratiquant en la cathédrale Notre-Dame de Paris avec l'évêque Jean de Beauvais, je fus témoin, un matin, d'un curieux incident. Trois commères comméraient devant un grand berceau de bois abandonné sur les marches du parvis. Un grand bébé emmailloté était dedans. Il avait un oeil fermé et un horrible visage, mais je décidai, en gage de bonne volonté vis-à-vis du Seigneur, de l'adopter.
J'avais l'habitude de pratiquer l'alchimie dans une petite cellule perchée au sommet de la tour septentrionale de Notre-Dame. Un jour que j'initiais le médecin du roi à cette discipline, je vis, par la lucarne nord, un être lumineux danser sur la place de Grève. Je fus subjugué ! le médecin était en train d'empêcher une araignée d'aller dévorer une pauvre mouche qui s'était jetée dans sa toile.
Je l'arrêtai :
-- Non, maître ! ....
.
En dehors de ce formidable thriller historique / "page turner" du XV è siècle écrit au XIXè, au delà de savoir qui est réellement Esmeralda et quelle va être sa destinée, Victor Hugo signe là encore un formidable réquisitoire contre la justice humaine !
Commenter  J’apprécie          487
Classique parmi les classiques, c'est avec une certaine hésitation que j'entame la rédaction de mon avis quant à cette lecture. Notre-Dame de Paris, c'est une histoire que tout le monde connaît - le principal, tout du moins -, difficile de passer outre, entre la popularité de la joyeuse version de Disney ou celle de la comédie musicale. Malgré cela, il me semble exagérément exagéré de déclarer que l'on connaît celle-ci en s'étant confronté uniquement à l'une de ses adaptations : lire l'original, c'est tout autre chose, et c'est une expérience autrement plus forte.


Bon, comme je l'ai dit, l'histoire est connue et reconnue, point n'est donc besoin de vous la résumer, parlons directement de ce qui nous intéresse. D'abord, il ne faut pas se méprendre à la lecture de ce roman, le personnage principal, ce n'est pas la cathédrale, comme il a été dit et répété ; pas davantage Quasimodo. C'est leur union qui est au centre de l'intrigue. Les quelques pages que Hugo lui consacre sont saisissantes et magnifiques, Quasimodo a grandi et vécu dans sa cathédrale, c'est en son sein qu'il a découvert le monde, c'est en elle qu'il se réfugiait lorsque, découvrant sa laideur et celle qu'elle révélait en ceux qui le haïssait pour cela, il a pris conscience de sa différence. Il n'est rien sans elle, tout juste un homme, mais en elle, il est heureux, il s'y adapte « comme le colimaçon prend la forme de sa coquille ». Mais cette transcendance n'est pas à sens unique. Car la cathédrale a elle aussi besoin de son bossu, de son sonneur. C'est lui qui la fait vivre, survivre lorsqu'elle est attaquée, il lui donne une âme.
L'évolution de notre jugement sur le personnage de Quasimodo est fascinante, l'on en a d'abord pitié, puis, découvrant sa méchanceté, cette pitié devient mépris. Mais c'est là oublier ce mot que grave Frollo dans la chair de la cathédrale : Anankè. La Fatalité. Quasimodo ne fait pas le choix d'être méchant, c'est ainsi que le monde l'a façonné, en contact permanent avec la haine de ses semblables, cette dernière a percé la carapace du bossu pour entrer en lui et dicter ses actions. Il était laid, donc il était rejeté, il était rejeté, donc il était méchant, remonter la chaîne de causalité serait une entreprise ambitieuse, mais envisageable en tant que le hasard n'existe pas dans ce monde créé par Victor Hugo : tout est nécessité.
« La Esmeralda » viendra pourtant prouver que ce banni pouvait aussi aimer, que la haine peut se transcender pour devenir ce que Quasimodo ne croyait jamais pouvoir enfanter. Alors bien sûr, il aimait son maître, Claude Frollo, mais c'était un d'amour de soumission, d'un amour paternel, là c'est celui avec un grand A auquel il a droit. Et il n'est d'ailleurs pas le seul, c'est elle qui provoquera ce sentiment en chacun des principaux protagonistes, c'est elle qui fera naître le meilleur pour ceux qui en sont capables ; le pire pour les autres. En parlant de « pire »...
Il est intéressant de constater que dans ce monde dicté par le déterminisme, l'on en excuse un pour mieux accabler l'autre. Quasimodo était méchant - vous excuserez le manichéisme, mais je ne vais pas m'extirper du roman -, c'est un fait, mais ce n'était pas réellement de sa faute, c'est quelque chose que nous avons déjà évoqué. Mais alors, comment blâmer davantage Frollo ? Lui aussi est méchant, mais pourquoi serait-ce davantage sa faute ? N'est-il pas simplement victime de sa destinée ? C'est l'implicite que contient cette histoire, et pourtant, il a été méchant et est mort méchant, lui qui devait également avoir des tas de raisons pour justifier cette réalité - sa solitude, la déception causée par son frère, son impossibilité de posséder celle qu'il aime comme d'être possédé par elle, etc. Injustice dans l'esprit du lecteur donc, l'un est excusé et l'autre pas, cependant qu'ils sont tous deux irresponsables de leurs actes - irresponsables de leur être.
Parlons du style. Hugo en a un, et un beau, de magnifiques tournures de phrases, superbes images, mais ce qui peut à mon avis paraître lourd, c'est cette érudition dans l'écriture, ou plutôt, cette érudition clairement revendiquée. Bien sûr il ne s'agit pas de phrases comme « je suis un savant », l'on parle bien du sieur Victor, pas du quidam certain de ses certitudes et de son savoir tout relatif. Elle se révèle dans ce recours quasi permanent et explicites à d'autres faits historiques, à des thèses philosophiques, à des textes antiques - sans même évoquer les dizaines de pages n'ayant aucun rapport avec l'histoire directe, mais qui sont présentes dans le seul but d' « éduquer le lecteur ». Je peux comprendre que ce soit quelque chose qui puisse agacer, mais je n'ai pas dit que c'était mon cas, ça devient presque un jeu qui se crée entre notre esprit et le génie de Hugo : verra-t-on la référence ? Auquel cas c'est un lien qui se tisse instantanément ; s'il ne se crée pas, la lecture de la note en bas de page saura le faire pour nous.
J'ai peu dit, il y a pourtant beaucoup à dire, c'est toujours ainsi lorsque je parle d'un classique, la peur de ne pas le traiter comme il le mérite, aussi bien dans l'encensement qu'en son contraire. Quoiqu'il en soit, cette chronique serait sans doute différente si je l'avais rédigée hier ou si je le faisais demain, elle n'est pas exhaustive et ne saurait même représenter correctement l'idée que je me suis fait de l'ouvrage, cela étant, j'ai ressenti le besoin de l'écrire, aussi éphémère soit-elle.


En somme, une très agréable lecture, l'auteur est un génie et il le sait - quoi qu'à l'époque de la rédaction, il n'avait que 29 ans -, mais ça ne m'a pas gêné, au contraire, comme je vous l'ai dit. Pour autant, j'avoue que je m'attendais à un peu mieux au vu du statut que l'oeuvre possède, l'histoire est plutôt banal, mais ce n'est pas bien important, je pense qu'un bon écrivain sait faire de l'histoire la plus ordinaire du monde un chef-d'oeuvre intemporel. Ce qui m'a déçu serait davantage la platitude du roman, non pas qu'il n'y ait pas de rebondissement, je parle d'une dimension plus audacieuse que la simple description du Paris du XVème. Je m'attendais à plus de philosophie en fait - évitez de me parler du pauvre Gringoire qui n'est qu'une caricature de philosophe-poète.
J'avais déjà lu un grand roman de Hugo, L'homme qui rit, et je l'ai considéré comme un chef-d'oeuvre, il m'avait réellement bouleversé. Je n'ai pas ressenti cette même puissance à l'achèvement de Notre-Dame de Paris. Alors bien sûr, le fait que j'ai lu L'homme qui rit il y a bientôt 2 ans doit beaucoup jouer, je suis bien entendu devenu plus exigeant au fil de mes découvertes littéraires. Mais malgré ça, j'ai le sentiment qu'il manque quelque chose, que Hugo n'a fait qu'effleurer ce que lui permettait une telle histoire.
Il y a bien sûr cette envie de réintroduire l'art architectural au centre de l'Art par l'intermédiaire de cette description des merveilles qu'il peut produire qui aurait pu satisfaire cette envie de ma part. C'est un projet ambitieux, mais trop contemporain à l'auteur, il ne nous touche pas, je pense, de la même manière aujourd'hui qu'à l'époque, à l'inverse d'autres dimensions qu'il aurait pu donner à son roman. Celle de cette trop grande prétention de l'homme quant au savoir - avec la scission opérée à ce sujet entre un moyen-âge aux foules ignorantes et une Renaissance avide de savoir - aurait pu, pour le coup, réellement endosser ce rôle de réalité métaphysique dans le récit, mais elle n'est, elle aussi, qu'effleurée sur quelques pages - et puis, Hume s'était déjà attaqué à cette arrogance de la connaissance.
Ce récit reste tout de même très instructif et passionnant à suivre, mais c'est la raison pour laquelle il reste en deçà d'autres découvertes littéraires à mes yeux - pas assez philosophique. J'en attendais aussi énormément et sans doute n'aurais-je pas été déçu si j'avais fait cette découverte par l'intermédiaire d'un regard totalement vierge quant à ce dont il allait se délecter. Un excellent roman historique, cependant.
A présent, je pense m'orienter vers la poésie de Hugo, ses qualité d'écrivains sont indéniables et sans doute les a-t-il brillamment exercées dans ses poèmes ; d'autres de ses romans viendront naturellement parsemer ces lectures. Cette déception - extrêmement modérée - est loin de m'avoir fait renoncer à la découverte du géant qu'il est, elle lui a même redonné un coup de fouet - signe, sans doute, qu'elle n'en est pas une.
Commenter  J’apprécie          472
Moins pompier que « l'homme qui rit », moins fluide que « les misérables », « Notre-Dame de Paris » ne m'en aura pas moins fait secréter les mêmes hormones de plaisir propres aux oeuvres du grand Victor, dont la lecture représente pour moi le sport cérébral le plus complet : génuflexions devant le puits de science qui vous racornit l'ego aussi petit qu'un muscle contracté, étirement de l'âme, palpitations face aux scènes d'anthologie, fractionnés temps longs descriptifs – temps courts émotifs, attention constante au souffle, saut dans le passé, descente en rappel vers le tréfonds des âmes…
Il y a tout dans Hugo, homme total, et c'est pour cela que j'adore le lire, même quand c'est lourd, même quand c'est trop, même quand ça me dépasse. Ce fut d'ailleurs le cas avec « Notre-Dame » : la lecture de la préface qui contextualise le propos de l'auteur sur la cathédrale m'a fait pleurer d'inculture ! mais beaucoup éclairée sur ce personnage principal du livre et le sens de son titre initial : « Notre-Dame de Paris, 1482 ».

Mais l'avantage de ce roman est qu'il peut se lire à différents niveaux, et qu'à l'échelon le plus simple, celui de la tragédie qui met en scène Frollo, Quasimodo et Esmeralda, il y a bien assez de terrible, de profondeur et de beauté pour satisfaire un lecteur avide de grandeur hugolienne. Comme beaucoup, je ne connaissais l'histoire que par bribes et raccourcis ; je me joins au concert de voix qui ont déjà chanté ici qu'en accomplir la lecture intégrale apporte une plénitude dont il aurait été dommage de se priver !

Commenter  J’apprécie          452
Peu importent les processions, cérémonies et autres célébrations, quand la Esméralda danse avec son tambourin et sa chèvre sur le parvis de Notre-Dame, tous les yeux sont rivés sur la belle bohémienne. Les femmes médisent d'elle, les hommes la convoitent. de Claude Frollo, l'archidiacre qui a tenté de l'enlever à Gringoire le poète qu'elle a épousé pour le sauver des truands de la Cour des miracles, en passant par Quasimodo, le sonneur de cloches bossu, borgne et boiteux, nul n'échappe aux charmes de celle qu'on appelle aussi l'Egyptienne. Pourtant, le coeur d'Esméralda ne bat que pour le capitaine de la garde, le beau Phoebus de Châteaupers.

Roman d'amour, roman historique, roman monumentale dans tous les sens du terme, Notre-Dame de Paris est un livre qui s'apprivoise. L'écriture y est riche, parsemée de citations latines et s'échappant souvent en longues digressions bien éloignées d'Esméralda et de ses prétendants. Victor Hugo a bien des choses à dire…sur Notre-Dame, d'abord, et les restaurations qui l'ont défigurée, sur l'architecture, l'imprimerie, sur Paris, le Moyen-Âge, sur la religion et l'Eglise, les puissants et les miséreux, la justice, la peine de mort, etc.
Parfois on s'y perd, parfois on s'ennuie…Mais Hugo nous ramène dans le giron de la cathédrale, nous envoûtant avec ses personnages attachants, irritants, aimables ou détestables. L'amour et ses pièges, ses mirages, ses obsessions, ses trahisons y côtoie l'amour le plus pur, le plus désintéressé, le plus noble. Mais quand on aime, on ne fait pas toujours les bons choix. Esméralda l'apprendra de cruelle manière car on n'est pas ici dans la bluette, dans la comédie musicale, dans le monde de Disney. Ici règnent la misère, la cruauté, la folie et la mort rôde.
Hugo donne la parole au peuple de Paris. Sa princesse est une bohémienne, son prince un bossu. C'est eux qu'ils parent de la générosité, de la bonté, de l'humanité. Mais son personnage le plus beau, le plus grand, reste la cathédrale; Notre-Dame la sombre, la vieille, la laide que certains voudraient voir raser et que l'auteur défend bec et ongles. Il en fait le lieu de toutes les passions où cohabitent le Bien et le Mal, l'ombre et la lumière, le beau et le laid.
Quand on sait que son récit a contribué à sauver l'édifice, on ne peut que louer la force d'évocation et de persuasion de l'auteur.
Ce grand roman se doit d'être lu, malgré ses défauts, malgré les envolées lyriques, les digressions, la lourdeur parfois de l'écriture.
Parce qu'il a sauvé Notre-Dame, parce qu'il donne voix aux petites gens, parce qu'on se laisse entraîner dans la ronde de sa ribambelle de personnages, parce qu'il fait partie du patrimoine français.
Commenter  J’apprécie          431
Si Notre-Dame de Paris avait fait partie de la rentrée littéraire 2019, nul doute que je l'aurais descendu en flammes dans une chronique incendiaire dont j'ai le secret, au sortir d'une lecture tantôt exaspérante, tantôt ennuyeuse (Vous les entendez les soupirs ?)

Du haut de ma pensée étriquée de lectrice contemporaine, j'aurais clamé haut et fort qu'un roman, ça doit raconter une histoire passionnante, façonner des personnages inoubliables, tenir le lecteur en haleine. Je me serais longuement plainte de la rupture du rythme de la narration par l'arrivée intempestive de chapitres relatifs à l'architecture de Paris au Moyen Age. Je vous aurais dit que ça sent le roman de jeunesse un tantinet longuet et pas abouti d'un gamin ambitieux de 24 ans.

Oui mais voilà ! Ce roman date de 1830.
Oui mais voilà ! Monsieur Hugo en est l'auteur.

Trêve donc de billevesées, pauvre ignorante, ce roman est un monument ! Si fait !
Autres temps, autre style, autre analyse.

Même si, vous l'aurez compris, ma lecture fut loin d'être extatique, j'ai tout de même apprécié plusieurs facettes de ce roman dont le personnage central est une cathédrale.

Il me fut très agréable de retrouver la beauté d'une langue française magnifiée par un Victor Hugo en pleine période romantique. Comment rester de marbre devant la description de la passion de Quasimodo pour les cloches de Notre-Dame, de ses sentiments lorsqu'il est cloué au pilori ou de ceux d'une mère retrouvant sa fille perdue ?

Parmi les nombreuses digressions sur l'architecture de Paris au Moyen Age, le chapitre "Ceci tuera cela" a retenu toute mon attention.
Victor Hugo y explique par le menu (en sept services, on est bien d'accord!), que le livre popularisé par l'imprimerie de Gutenberg supplantera l'architecture dans l'éducation des peuples et deviendra le moyen d'expression le plus populaire. Quand on voit la variété de l'édition actuelle et la sobriété de l'architecture contemporaine, je me dis que sa vision était prophétique.
Par extrapolation, quand mes filles soutiennent des projets artistiques de qualité via du crowd funding sur Internet, je ne peux également m'empêcher de penser que nous vivons une autre révolution.

Au final, je sors de ce roman noir gothique plus avertie qu'auparavant, avec un sentiment d'humilité face au puits de culture historique et architectural qu'est Victor Hugo.
Nosce te ipsum.
Lien : https://belettedusud.wixsite..
Commenter  J’apprécie          432
Notre-Dame de Paris, quand je l'ai lu, j'étais assez jeune, ado en fait, quelque peu rêveuse et boutonneuse... et j'étais complètement submergée par cet univers, la cour des miracles, Quasimodo, la belle Esméralda et sa petite chèvre blanche. C'était à la fois inquiétant et troublant. Moi j'étais amoureuse de Quasimodo et je ne comprenais pas pourquoi Esméralda était attirée par ce beau capitaine, prétentieux et peu aimant... Remarquez que... tout à coup, je me souviens que lorsque j'ai vu la Belle et la Bête de Cocteau, j'étais aussi amoureuse de la bête... Mais revenons à nos moutons !!!... Plus tard, j'ai vu le film et pour une fois je n'ai pas été déçue. Parfois, que dis-je, souvent ! Et même la plupart du temps, le livre permet le développement d'une foultitude d'émotions fabriquées par notre imaginaire en temps réel. Cela va du dessin des personnages, de la construction environnementale à toute une perception naturelle que notre interprétation s'attache à mettre en place. Tandis que les images d'une filmographie réduisent et surtout imposent de façon irrémédiable notre réception première. Je revois la scène où Esméralda apporte à boire à Quasimodo attaché au pilori et surtout celle où ils sont unis et réunis pour l'éternité. Mais non ! Dans le livre comme dans le film, j'ai bien retrouvé tout cette constance. Il y a bien là, toute la force et toute la consistance des valeurs de l'humanité qui sont représentées. du meilleur au pire, il y a bien là, tout de ce qu'il peut advenir de l'homme, selon qu'il sera aimant ou redoutable et en conséquence je suis toujours un peu amoureuse de Quasimodo...
Commenter  J’apprécie          431
La cathédrale Notre-Dame de Paris a une place privilégiée dans ce roman gothique de Victor Hugo . Situant l' intrigue au moyen-âge , dans et aux alentours de cet édifice , l' auteur décrit la société qui y vit .Il s' intéresse aux misérables , les rejetés de la société , les parias . La laideur est présente mais il n' y a pas que ça car on retrouve aussi l' injustice et l' ignorance .Tout baigne dans la laideur .
Cette histoire est cruellement belle et bien décrite par l' auteur qui signe là un chef-d'oeuvre .
Commenter  J’apprécie          426
Une lecture qui renvoie dos à dos, les complotistes, les anciens et les modernes, les raisonneurs de toute sorte soucieux de tirer profit d'un drâme pour faire avancer leur conceptions non hugoliennes de l'histoire.
Il suffit de lire et relire :
"...les mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument, sans respect pour Charlemagne qui en avait posé la première pierre, pour Philippe-Auguste qui en avait posé la dernière."
ou encore :
"le temps est aveugle, l'homme est stupide"
ou bien :
"Si nous avions le loisir d'examiner une à une avec le lecteur les diverses traces de destruction imprimées à l'antique église, la part du temps serait la moindre, la pire celle des hommes, surtout des hommes de l'art. Il faut bien que je dise des hommes de l'art, puisqu'il y a eu des individus qui ont pris la qualité d'architectes dans les deux siècles derniers."
Victor Hugo, une fois de plus, fait oeuvre de bon sens en rappelant la dimension novatrice et perpétuelle de la cathédrale de Paris qui s'accomode du temps comme elle s'accomode des hommes :
"Trois choses importantes manquent aujourd'hui à cette façade. D'abord le degré de onze marches qui l'exhaussait jadis au-dessus du sol (...) le degré, c'est le temps qui l'a fait disparaître en élevant d'un progrès irrésistible et lent le niveau du sol de la Cité. Mais, tout en faisant dévorer une à une, par cette marée montante du pavé de Paris, les onze marches qui ajoutaient à la hauteur majestueuse de l'édifice, le temps a rendu à l'église plus peut-être qu'il ne lui a ôté, car c'est le temps qui a répandu sur la façade cette sombre couleur des siècles qui fait de la vieillesse des monuments l'âge de leur beauté."
Il nous rappelle que Notre Dame n'est rien sans les hommes mais que les hommes ne seraient rien sans Notre Dame.
Un livre à relire, non pour faire pénitence, mais pour affirmer avec Hugo que :
"L'homme, l'artiste, l'individu s'effacent sur ces grandes masses sans nom d'auteur ; l'intelligence humaine s'y résume et s'y totalise. le temps est l'architecte, le peuple est le maçon."
Une leçon pour les prétendus donneurs de leçon du XXIème siècle.
SALUTAIRE !
Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          412
Bon, comme je me vois assez mal "critiquer" ce monument, (ouai je sais on l'a déjà faite), je vais juste dire que et d'une je ne comprends pas comment ça se fait que je n'avais lu que quelques morceaux de ce bouquin sans me décider à le lire plus tôt, surtout que j'aime la plume de Victor Hugo depuis toujours.
Cela me reste un mystère (de Paris) (Ok je sors).
Et de deux, même si je connaissais l'histoire par coeur, lire l'original, il n'y a pas à tortiller, c'est différent. A partir de l'arrestation d'Esmeralda, j'ai eu du mal à le lâcher, et je dois avouer que je suis passée par toutes les couleurs émotionnelles de l'arc-en-ciel.
Je suis heureuse de constater que Victor, dont les alexandrins me faisaient vibrer à 15 ans, me fait toujours le même effet à 50, c'est mon vieil amant littéraire...

Alors oui, même s'il a une tendance agaçante à délayer ses descriptions et à s'y complaire, il a bien le droit de cabotiner par moments, comme dit mon homme "quand on est le meilleur dans sa partie, on a le droit de se la péter"...
Et Victor, il peut "se la péter" sans problème, tant ses personnages - tous, du plus grand au plus petit - sont hauts en couleurs, merveilleusement gouailleurs et discutailleurs, il y a des dialogues pour gourmets dans ses écrits, c'est juste pur jus de bonheur !

Par ailleurs, il y a des synchronicités troublantes : outre que j'ai visité Notre Dame de Paris il y a peu (ceci explique sans doute cela (haha !)), j'ai commencé hier "Space Opera" de J. Vance, pour avoir la surprise de découvrir que le vaisseau s'appelle...

Le Phébus ! ça ne s'invente pas... ;-)

Commenter  J’apprécie          400
Peut-on encore trouver quelque chose à dire sur ce chef-d'oeuvre ? Franchement, je n'en suis pas sûre.
Je dirai simplement que cette histoire est pour moi, l'une des plus belles de la littérature française.

Flamboyante histoire d'amour « Notre-Dame de Paris » est aussi un roman symbolique dans lequel chaque personnage incarne une dimension de la société.
L'oppression de l'église pour Frollo, le peuple des oubliés avec Quasimodo.
Quant à Notre-Dame, plus qu'un décor, elle est un personnage à part entière, épique et fantastique.

J'ai relu ce livre avec le même plaisir et la même émotion que cinquante ans auparavant.

Commenter  J’apprécie          392





Lecteurs (31193) Voir plus



Quiz Voir plus

Notre-Dame de Paris de Victor Hugo

Comment se nomme l'auteur de la pièce de théâtre se jouant dans les premiers chapitres ?

Jehan
Gringoire
Vladimir
Barnabé

8 questions
289 lecteurs ont répondu
Thème : Notre-Dame de Paris de Victor HugoCréer un quiz sur ce livre

{* *}